D'après cet article de vnunet, l'APOM (association des producteurs d'oeuvre multimédia) a déposé fin mars un "plan de sauvetage de l'industrie du jeu vidéo". Elle fait suite à une demande de propositions faite par JP Raffarin en ce sens fin 2002.
Que comprend le projet de l'APOM ? Essentiellement, la possibilité pour cette industrie d'accéder à des fonds d'aides publiques et d'avances sur recettes (Anvar, RIAM, FAEM) et de bénéficier du futur cadre fiscal "amélioré" réservé aux entreprises innovantes.
Spécialité bien française: un secteur médiatique est en difficulté, on va aller chercher dans la poche des contribuables de quoi distribuer des aides publiques pour réparer les erreurs des dirigeants de ce secteur. C'est le même raisonnement qui a prévalu lors de la création de primes d'état à l'achat de voitures neuves (les "baladurettes" et "jupettes"), et qui permet de financer en permanence des secteurs "prioritaires" et "structurellement faibles" comme la presse et l'agriculture.
Question: en quoi les salariés et les actionnaires du jeu vidéo méritent-t-il un traitement de faveur financé par les contribuables, plus que ceux de la caravane, du textile, du bateau de plaisance ou de l'agro-alimentaire ? Ou que les employés des salons de coiffure, des agences d'intérim, des épiceries de quartier ?
L'argent prélevé pour financer ces aides appauvrit ceux qui le paient, ce qui créée un manque à gagner pour l'ensemble de l'économie, tout cela pour financer des entreprises en difficulté parce que leurs dirigeants n'ont pas été avisés à un moment donné de leur histoire.
De surcroît, au nom de quoi décide-t-on que certaines jeunes entreprises sont plus "innovantes" que d'autres et doivent bénéficier d'un "cadre fiscal amélioré" ? Croyez vous que l'agro alimentaire ou le bateau de plaisance n'innovent pas parce qu'ils ne sont pas côtés au nouveau marché ou au Nasdaq ? Que le commerce n'innove jamais ?
L'économie française est marquée par la multiplication de ces petites aides sectorielles que tel ou tel lobby a arrachées à la faveur de circonstances favorables, et que l'immense majorité des contribuables, individuels ou entrepreneurs, financent sans en être bénéficiaires.
M. Raffarin doit donner sa réponse à ces propositions le 19 avril lors d'une grand-messe des éditeurs de produits multimédia. Monsieur Raffarin, le bon sens et l'équité vous recommandent de dire NON. Non aux aides sectrielles pour le jeu vidéo, et oui au démantellement (brutal ou progressif) de tout notre système d'aide sectorielles.
Vous venez je crois d'une formation appelée "démocratie libérale". Or les politiques d'aide sectorielles ne sont ni démocratiques ni libérales.
Anti-démocratiques car inéquitables: elles consistent à prélever chez les contribuables de quoi financer un privilège sectoriel.
Anti-libérales car elles constituent une authentique prime à la médiocrité (vous avez mis vos boites en faillite, venez chercher vos sous, vos aides, vos exemptions...), et surtout une distorsion de concurrence intersectorielle.
En effet, un secteur subventionné peut réduire artificiellement ses prix de ventes, alors que l'ensemble de l'économie non subventionnée doit augmenter ses prix pour faire face au coût des dispositifs publics ainsi mis en place. Lorsque le consommateur choisit d'allouer ses ressources entre tel ou tel type d'achat, le vendeur de biens subventionnés est favorisé par rapport à l'autre.
Ajoutons que les frais de gestion administrative de ces dispositifs sont souvent élevés, ce qui alourdit encore la charge des cochons de cotisants.
Il faut démanteler d'urgence tous ces systèmes d'aides sectorielles publiques, qu'ils existent sous forme de subventions, ou d'exonérations fiscales. Il faut en finir avec ces "cadres fiscaux améliorés" pour tels ou tels intérêts catégoriels, au détriment des autres.
Et avec l'argent ainsi économisé, si l'on pouvait baisser les cotisations sociales pesant sur les salaires ne serait-ce que de quelques pour-cent , et ce pour toutes les entreprises et pour tous les salaires, petits et gros, alors vous verriez que notre économie exsangue commencerait à nouveau à respirer.
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