Pax americana ou projet pour l'humanité ? Par Drieu Godefridi, co-directeur du Hayek Institute. Extrait :
Au-delà de l'ONU et de l'UE, c'est la philosophie même des relations internationales qui évolue sous nos yeux. L'attentisme traditionnel des Européens et la paralysie onusienne ne sont plus de mise : le temps est à l'action. Le régime de Saddam Hussein était une dictature parmi les plus abjectes de notre planète, ayant gazé sa propre population et menaçant l'humanité entière avec ses armes de destruction massive : rappelons que les inspecteurs de l'ONU, en 1998, ont rapporté que le régime saddamite disposait des moyens de produire des milliers de litres d'anthrax et de gaz VX (140 litres suffisent à tuer des centaines de milliers de personnes). Personne n'a jamais prétendu que Saddam était prêt à lancer des ogives nucléaires à destination des cinq continents : mais comment imaginer que l'on prenne plus longtemps le risque d'un seul attentat chimique ou biologique dans une grande ville américaine, israélienne ou européenne ? Faut-il rappeler pourquoi les Américains sont spécialement sensibilisés à ce type de risque ?
L'auteur souligne que la "recomposition à marche forcée" du paysage géopolitique proche-oriental n'est pas sans risque (les démonstrations de force de certains fondamentalistes Chi'ites irakiens nous le rappellent) mais estime raisonnables les chances de l'Irak d'évoluer vers une société laïque et démocratique. Qui vivra verra.
Mais la doctrine qui garantissait la sécurité des dictateurs de tous ordres au nom de la souveraineté des états semble derrière nous. Les dictatures qui constitueraient la moindre menace pour les états libres devront désormais compter avec le fait que les démocraties - 45 d'entre elles soutenaient la coalition emmenée par les USA, n'en déplaisent à ceux qui dépeignent l'action américaine comme "unilatérale"- sont prêtes à assurer leur sécurité en employant la force s'il le faut.
A l'heure où des régimes dictatoriaux, prêts à toutes les folies si leur survie est mise en danger par les poussées revendicatives de leurs populations opprimées, peuvent facilement se doter d'armes incroyablement destructrices, et en menacer les démocraties, dont l'existence durable et prospère constitue la preuve de leurs propres échecs, ce changement dans la façon de concevoir les relations internationales parait inévitable. Le jusqu'au boutisme pacifiste n'est assurément plus la réponse adéquate aux menaces que la prolifération des armes nucléaires et bactériologiques fait peser sur les pays libres.
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