Alors que les 13.000 morts dus à la canicule ont fait voler en éclat les dernières illusions que le Français moyen pouvait nourrir à l'égard de son système de santé, dont "on" nous rabâchait à l'envi qu'il était le meilleur du monde parce qu'une étude biaisée de l'OMS l'avait décrété, - oui je sais, je fais des phrases trop longues, et alors ? - l'Ifrap, pour ce retour de vacances, livre une très longue analyse excellemment documentée et etayée des dysfonctionnements du système de santé gaulois en général, et de l'hopital en particulier. Bravo à Bernard Zimmern et à son équipe pour leur fantastique travail.
Quelques extraits:
La bureaucratie foisonnante, paralysante et souvent destructrice se retrouve à grande échelle dans le monde français de la santé. Le premier entretien que nous avons eu dans le cadre de cette étude nous a permis de rencontrer un chef de service de l'hôpital de la Pitié récemment en retraite. L'une des premières réflexions qu'il nous a faites est que lorsqu'il était arrivé à la Pitié, l'hôpital avait un directeur, un adjoint, un économe, un chef du personnel et 10 employés pour 1500 lits. Trente ans plus tard, pour 1200 lits, il y avait un directeur général, 11 directeurs et autant d'adjoints et 200 employés. L'évolution du rapport entre le nombre de lits et le nombre d'administratifs est ici impressionnant : quinze fois plus d'administratifs qu'auparavant !
(...)
Les résultats de cette comparaison sont peu favorables au système français. On constate que le taux de remboursement moyen des médicaments par l'assurance maladie (Sécurité Sociale) y est de 54%, alors qu'en Europe, Allemagne excepté (48%), ce taux est plus élevé : Italie 65%, Suède 71%, et même Royaume-Uni 90% (source : OCDE). Certains objecteront que cette mauvaise note est contrebalancée par le fait que le prix des médicaments chez nous est plus faible que chez nos voisins, ce qui est parfaitement vrai pour un médicament donné mais moins exact si l'on tient compte de l'usage des médicaments génériques. Retenir cet argument serait toutefois méconnaître une autre réalité qui le détruit complètement : la surconsommation de médicaments en France est telle que la facture de médicament par habitant y est beaucoup plus forte que dans le reste de l'Europe : 352$ par an en France, contre 292$ en Allemagne, 313$ en Italie, 236$ au Royaume-Uni ou 224$ en Suède (source Ministère de la Santé Drees). Il suffit d'ailleurs de multiplier cette facture moyenne annuelle de médicament par le taux moyen de non remboursement indiqué ci-dessus pour obtenir le montant moyen annuel restant à la charge du patient : 162$ par habitant en France ; 152$ en Allemagne ; 110$ en Italie ; 65$ en Suède ; 24$ au Royaume-Uni. Le constat est hélas en notre défaveur.
Le deuxième sujet étudié a été le taux de remboursement des soins et biens médicaux par l'assurance maladie. Toujours de même source (OCDE), ce taux est en France de 74% contre 75% en Italie, 86% en Suède, 91% en Allemagne et 93% au Royaume-Uni. A nouveau, il est en notre défaveur. Le résultat est presque de même nature pour le troisième sujet étudié, à savoir le taux de remboursement des soins hospitaliers : 92% en France, 98 ou 99% en Allemagne, Suède et Royaume-Uni, 85% en Italie. Troisième constat en notre défaveur. On notera que les trois sujets retenus couvrent la plus grande partie des dépenses médicales. Avec des taux de remboursement globalement moins favorables qu'ailleurs en Europe, le système français ne peut prétendre être plus égalitaire que les autres. C'est le contraire qui est vrai, n'en déplaise à notre amour propre. Ce caractère moins égalitaire est encore accentué par l'importance des dépenses de santé des Français : 9,7% de leur PIB contre 7.5% en moyenne européenne.
La troisième partie du document propose des pistes de solution sur lesquelles les libéraux les plus orthodoxes pourront tiquer, car elles ne s'affranchissent pas totalement de l'état. Mais elles n'en constitueraient pas moins un gros progrès par rapport à la situation actuelle. Espérons que le débat annoncé par le gouvernement sur la réforme de santé fera jaillir d'autres pistes. Il n'en reste pas moins que le diagnostic de l'Ifrap est à lire de toute... urgence, bien sûr.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.