En 1990, après que les pays Baltes se soient émancipés du bloc soviétique, en même temps que les anciens "satellites" de l'Europe de l'est, leur situation était peu enviable: appareil de production décrépit, absence d'investissements, commerce au point mort, crise monétaire... Les dégats de décennies sous la coupe des communistes étaient particulièrement importants.
Parmi eux, l'Estonie a choisi dès le début une politique résolument libérale orthodoxe pour se sortir de ces difficultés. Ainsi, dès 1991, les barrières aux importations et aux exportations, les subventions intérieures, et les entraves à la circulation des capitaux investis et de leurs dividendes furent unilatéralement abolies. L'absolue égalité des investisseurs estoniens et étrangers en matière d'investissement, d'accès aux marchés, de droit d'établissement, et de droits de propriété en général, fut décrétée (même s'il faut reconnaître que les comportements anti-russes ne furent pas rares, ils furent l'effet de comportements individuels, pas de dispositions légales). Une fiscalité totalement proportionnelle (Flat tax (*qu'est-ce que c'est ?) intégrale, au taux relativement élevé de 26%, sur revenus et dividendes) fut établie. Seul Hong Kong avait jusqu'à présent offert à ses résidents de telles conditions pour commercer (avec un taux d'imposition bien plus faible il est vrai).
Une banque finlandaise analyse les résultats d'une décennie de cette politique (dans ce document au format pdf) : il apparait que l'Estonie est de loin l'ancienne "république" de l'URSS qui a le mieux réussi, et que malgré sa petite taille et son absence de ressources naturelles, elle obtient des résultats comparables voire meilleurs que ceux des anciens pays satellites les plus performants (République Tchèque entre autres), tant en terme de progression du niveau de vie que de lutte contre le chômage. Ajoutons que l'Estonie est un pôle d'excellence en matière d'utilisation performante des nouvelles technologies de l'information. Tout n'y est pas idéal, mais il faut se souvenir d'où ce pays sortait seulement 10 ans auparavant...
Le malheur, pour l'Estonie, est que cette liberté de commercer va être remise en cause parce que les dirigeants estoniens ont fait de l'adhésion à l'Union Européenne leur priorité. Cela peut se comprendre, car l'UE représente 58% du commerce extérieur de l'Estonie. Mais cette volonté d'adhésion les oblige à abandonner leur législation libre échangiste, à la fois simple et efficace, pour celle, alambiquée, fraudulogène et protectionniste, de l'UE: barrières douanières, quotas et subventions (agricoles et fonds structurels) sont au menu.
Les dirigeants espèrent que l'abaissement des barrières à l'exportation vers l'UE qui en résultera compensera les effets pervers bien connus de telles règles, à commencer par la hausse des prix des importations hors UE, et une moindre obligation de compétitivité des entreprises locales vis à vis des concurrents hors union. Qui vivra verra, mais on ne peut qu'être sceptique.
Mais il est regrettable que l'Union Européenne ne cherche pas à profiter de l'adhésion de nouveaux membres pour rénover ces législations protectionnistes dont tout indique aujourd'hui qu'elles sont contre productives. L'Estonie ne serait pas obligée de renoncer à son modèle visiblement si efficace si l'Union Européenne n'imposait pas à ses adhérents une convergence de type dirigiste et colbertiste de leurs politiques économiques.
trouvé via Johan Norberg
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