Gale, Tuberculose, Scorbut, et Syphilis en voie de prolifération à Paris ?
Non, pas possible, avec le meilleur système de santé du monde ? Vraiment ?
Ri-di-cu-les !
« avril 2004 | Accueil | juin 2004 »
Gale, Tuberculose, Scorbut, et Syphilis en voie de prolifération à Paris ?
Non, pas possible, avec le meilleur système de santé du monde ? Vraiment ?
Ri-di-cu-les !
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Cité par Claire, voici des extraits d'un document présenté lors d'une conférence par Mamadou Koulibaly, Secrétaire général adjoint du Front Populaire Ivoirien (FPI), et Président de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire depuis 2001. Ce document accuse ouvertement la France d'être à l'origine des formations de troupes rebelles visant à renverser Laurent Gbagbo. Petit extrait:
(...)"L'expression "Opération pour le maintien de la paix" est particulièrement ironique puisqu'elle est utilisée pour masquer le fait que le soulèvement des civils qui a abouti à la crise était un coup monté et perpétré par l'intervention de la France qui s'est rangée du côté des rebelles.
Le gouvernement de Laurent Gbagbo s'était aperçu qu'il devait libérer l'économie Ivoirienne en faisant fi de la domination française. Cela aurait permis à la Côte d'Ivoire de s'ouvrir à tous ceux qui souhaitent lui tendre la main pour relever son économie, et de susciter la libre compétition pour l'achat du cacao qui demeure la principale culture d'exportation du pays. La France a perçu ce signal d'ouverture comme une menace pour ses intérêts. Elle a préféré à Laurent Gbagbo son adversaire, le général Guéi, qui avait perdu les élections et capitulé lorsque le peuple a réclamé les vrais résultats qu'il tentait de confisquer."(...)
C'est bien sûr à prendre au conditionnel, mais j'y crois pour ma part. En effet, les témoignages des horreurs commises en divers points du continent noir au nom de "la politique africaine de la France" ne cessent de s'accumuler. Je l'ai déjà relaté ici, mais lors du colloque sur la mondialisation organisé par les cercles libéraux en décembre 2003, un avocat ivoirien m'avait longuement briefé sur ces tenants et aboutissants particulièrement peu reluisants des troubles survenus alors, et m'avait alors confié que la haine de la France se répandait de façon endémique dans toutes les classes sociales de Côte d'Ivoire.
Autre pays, autres horreurs. L'excellent Jubal Harshaw a récemment publié une formidable fiche de lecture d'un ouvrage courageux d'un journaliste du Figaro (lien), retraçant le rôle hélas semble-t-il de plus en plus avéré d'une certaine France dans ce qui restera l'un des massacres les plus atroces de la fin du siècle des horreurs. Toujours au nom de la préservation par l'état Français d'intérêts fort éloignés de ceux des populations en place, du respect de la vie, et j'en passe.
La première leçon de tout ceci est que la diplomatie française semble prête à toutes les bassesses lorsque de vilains politiciens étrangers veulent (justement) libérer leurs économies de son influence, de ses monopoles nuisibles. Je ne devrais pas personnellement me sentir sali par les horreurs commises par des gouvernants sur lesquels je n'ai somme toute que peu de prise, mais je ne puis m'empêcher d'éprouver une honte croissante vis à vis de ce pays, de ce passeport. Que l'on ne me parle plus de la France, pays des droits de l'homme. Si tant est que cette maxime ait eu le moindre fonds de vérité au cours de l'histoire ancienne, cela fait longtemps que tout cela est bel et bien terminé.
La seconde leçon à tirer de ces lamentables agissements est que le capitalisme n'est profitable au plus grand nombre que lorsqu'il évolue dans un cadre libéral, c'est à dire expurgé de toute intervention de l'état hors garantie des droits de propriété. Lorsque des capitalistes veulent utiliser la puissance politique, financière ou militaire des états pour protéger des monopoles injustement conquis, lorsqu'ils recourent à des forces de nature socialiste pour s'abriter de concurrents dangereux, cela ne peut qu'aboutir à l'appauvrissement, l'injustice, et parfois, l'horreur.
Libéraux, protégez nous des mauvais penchants des mauvais capitalistes. Et de l'état Français par la même occasion.
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Au delà de l'émotion suscitée par la mort dans des circonstances particulièrement horribles de quatre usagers d'un aéroport français, on ne peut que se poser certaines questions quant à la façon dont sont construits les bâtiments publics en notre médiocrassie Française.
4 morts, 750 millions d'euros gaspillés,
et le ridicule en prime.
Tout d'abord, notons que je ne me souviens pas avoir entendu parler, dans un autre pays industrialisé, d'aéroport ou d'édifice majeur récemmment construit et s'écroulant en dehors de toute cause exogène majeure (Tremblement de terre, Tim Mac Veigh, Ben Laden, ...). Notez que ma mémoire est sûrement sélective, et que d'aucuns me ressortiront peut être le contre exemple censé me clouer le bec dans les 12 heures qui suivent. Avis aux amateurs (et inutile de me citer la piscine géante de Moscou, je parle de bâtiments et de pays qui jouent en division I...).
Laissons aux experts le soin de déterminer les causes de l'écroulement de ce bâtiment encore présenté par diverses revues comme une "prouesse technologique et architecturale" au moment de son inauguration. Si on en croît l'expérience du traitement par la justice d'affaires comme l'explosion de l'usine AZF, gageons que tout sera fait pour incriminer les intervenants privés du projet et dégager le maître d'ouvrage public de toute responsabilité dans ce désastre qui, outre ce qu'il nous a coûté en vies et nous coûtera en argent, nous couvre une fois de plus de ridicule aux yeux du monde éduqué.
Néammoins, j'aimerais comprendre pourquoi en France, la construction d'un terminal d'aéroport coûte 750 millions d'Euros, soit environ 5 milliards de nos anciennes roupies.
J'aimerais sovoir pourquoi les espaces fonctionnels des deux aérogares de Roissy (1 et 2) se caractérisent par leur inconfort et leur mauvaise prise en compte des utilisateurs, bien que ce soient "des prouesses architecturales", d'après nos propriétaires d'infrastructures publiques relayés par nos médias complaisants.
J'aimerais savoir pourquoi il est impossible de trouver des places pour s'asseoir dans les aires d'enregistrement de bagages dès que le trafic atteint une certaine importance. J'aimerais savoir pourquoi ces mêmes espaces deviennent incirculables dès que les banques d'enregistrements accueillent un flux tout juste significatif de passagers. J'aimerais savoir pourquoi chaque travée du terminal 2 (sauf la zone Air France...) accueille tout au plus deux cafés avec quelques misérables places assises et quelques boutiques Duty Free exiguës alors que tous les aéroports européens que je connais (Milan-Malpensa, Rome, Prague, Bruxelles, Madrid, zürich, et même Athènes... ) possèdent des espaces d'enregistrement absorbant sans aucune difficulté les longues files d'attentes, et proposent aux passagers en attente de nombreux espaces de café-restauration aux nombeuses places, des boutiques nombreuses et spacieuses, une propreté inconnue sous nos latitudes parisiennes ?
Certes, aucun de ces aéroports étrangers ne peut prétendre remporter un prix d'architecture. Mais bien que je ne connaisse pas leur coût, je suis prêt à parier qu'aucun d'entre eux n'a coûté (hors pistes) beaucoup plus de 750 millions d'Euros, et ce pour tout le bâtiment, pas pour un simple terminal. Et franchement, qu'est-ce que cela peut bien faire à un type normal qu'un équipement typiquement fonctionnel par essence, généralement situé au milieu de nulle part et encadré par des hangars de fret et des entrepôts à perte de vue, ait reçu un prix de Rome ? (ce qui n'est de toute façon pas un gage de beauté, soit dit en passant...).
Ah mais c'est que voyez vous, nos maîtres d'ouvrages publics, soucieux de l'image de la France, ont décidé qu'un aéroport devait à tout prix magnifier le génie architectural Français (comme l'opéra bastille ou la très grande bibliothèque...), sans se demander si le fait que l'on ne puisse pas s'y asseoir et y manger correctement aux heures de pointe n'était pas de nature à détériorer ladite image. Les italiens, les tchèques, et tous les autres pays ayant vendu la gestion de leurs aéroports à l'affreuse logique privée capitaliste, ne savent que construire des supermarchés du voyage aérien, sans âme et sans esprit.
Mais qui pensent au confort de leurs usagers, et ne s'écroulent pas après un an d'existence. Sûrement un hasard.
En France, les décideurs politiques décident des résultats de concours d'architecture selon des critères relevant au mieux de la pure vanité intellectuelle, au pire... mieux vaut s'abstenir d'autres hypothèses, sans s'occuper des avis techniques émis par des techniciens, des ingénieurs ou des assureurs, il ne manquerait plus que des gens de l'art aient leurs mots à dire. Nos politiques veulent laisser une trace dans l'inconscient collectif, ils veulent leur pyramide, leur opéra, leur chateau de Versailles... Il faut que ça jette, que ça pète, que çà fasse causer dans les gazettes et les chaumières. Quant à la qualité technique des architectes et de leurs projets, défense de critiquer les amis de nos princes sous peine de passer pour des imbéciles qui ne comprennent rien à la grandeur de l'art et de la culture française post-moderne.
Et c'est ainsi que l'on se retrouve avec une bibliothèque impropre à la conservation de livres fragiles, un opéra dont les parements se détachent et tombent sur la voie publique, un hôpital Georges Pompidou implanté en zone inondable, conçu par un architecte spécialiste des... aéroports et dont le système d'eau chaude favorise la formation des légionnelles, un bâtiment du parlement européen faisant l'objet de plusieurs milliers de réserves au moment de sa réception, une école d'architecture dont les poutres porteuses éclatent faute d'une étude de sol suffisante, et dans laquelle la température atteint 50° (Celsius, si si) dans les salles de classe en été... liste absolument non exhaustive. Les dépassements astronomiques de devis sont la norme, et si tous ces menus scandales de la construction Française font régulièrement les gorges chaudes de la presse satirique ou d'un rapport de la cour des comptes, sur le fond, rien ne change, les mêmes dysfonctionnements se reproduisent ad nauseam, jusqu'à ce que quatre passagers meurent.
Mais bon, rassurons nous, "les familles sont assurées de notre plus grande émotion, les enquêtes sont en cours et toute la lumière sera faite...". Le Show continue. On peut passer à autre chose. Jusqu'où ? Jusqu'à quand ?
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Pas d'humeur à bloguer sérieux en ce moment. Alors faisons dans le superficiel de café.
A quoi travaille le législateur quand il ne sait plus quoi faire des armées de fonctionnaires qu'il emploie dans ses administrations centrales ? Et bien, en 1983, alors que la France mitterrandienne sortait de sa gueule de bois d'après 1981 et tentait de se sortir du marasme économique dans lequel les politiques pré-marxistes de 1981/82 l'avaient plongées, par une politique "de rigueur" dont les plus âgés se souviennent encore (par exemple, interdiction de partir en vacances à l'étranger avec plus de 2000 Francs, c'est beau, la liberté vue comme çà...), bref, en 1983, disais-je avant de me perdre en d'indigestes digressions, les ministre de l'agriculture, celui du commerce et le secrétaire d'état à la consommation prenaient un bijou d'arrêté fixant la composition réglementaire de... la ratatouille surgelée.
On y apprend que dans la ratatouille réglementaire, les aubergines et courgettes ne doivent pas être pelées (Beuuuurk), que les poivrons ne doivent pas être épluchés (c'est tellement meilleur, pourtant...), mais correctement épépinés (non, sans blague ? çà ne serait sûrement pas venu à l'esprit d'un fabriquant de ratatouille surgelé...), que les légumes doivent être de "qualité usuelle" (ah c'est sûr, çà éclaire !), et qu'il ne saurait y avoir moins de 30% de tomates ! ça ne laisse pas grand chose pour la courgette, çà.
Non seulement les bureaucrates qui ont pondu ce genre d'ânerie n'avaient rien de mieux à faire, mais en plus, ils ont un goût de $*@#&?%£ en matière culinaire. Je suppose qu'à l'ENA, il n'y a pas d'option "cuisine". Bien entendu, un chargé de mission (catégorie A), un chef de bureau (A+), un sous directeur(A+ Bonifié, nécessairement issu d'un grand corps de l'état), un directeur d'administration centrale (grand corpsard rémunéré "hors échelle"), et ce pour chaque administration centrale concernée - notez que pour simplifier le processus, il y a trois directeurs d'administration centrale qui sont responsables de l'application de cet arrêté, voir le dernier article-, ainsi qu'au moins un conseiller de cabinet ministériel par ministère (soit un grand corpsard, soit un copain du ministre), et la signature de trois ministres, ont été nécessaires pour élaborer ce texte crucial pour la lutte contre la malbouffe. Et je n'ai parlé que des catégorie "A", il a évidemement fallu mobiliser des assistants et des secrétaires aussi. Et je suppose qu'il a fallu réunir une commission de sommités culinaires (pourtant, le célèbre CNAC, qui fit les choux gras de la cour des comptes et du canard enchaîné à une certaine époque, n'existait pas encore...) pour définir ce qu'était une vraie ratatouille française. Et peut être a-t-il fallu organiser des dégustations ? allez savoir...
Contribuables, dormez tranquille, l'état vous protège !
Trouvé via Christian "lord of the webrings" Scherer
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D'où viennent les stocks (20 tonnes !) de gaz toxiques et assez difficiles à fabriquer saisis chez un groupe terroriste satellite d'alQaeda à Amman (cf. ce post) ?
C'est effectivement une très bonne question, et curieusement elle semble très peu intéresser nos médias. Sachant que les terroristes semblent avoir amené ces armes de Syrie, que l'on ne sait pas ce que sont devenus les stocks de Sarin et de VX de Saddam Hussein, mais que l'hypothèse d'un transfert en Syrie de ces armes a souvent été évoquée... Vous voyez où je veux en venir ? John Loftus, expert des question terroristes, estime dans cette interview qu'il est extrêmement probable que les armes saisies proviennent des réserves d'ADM non détruites de Saddam Hussein. Et que cela mériterait une enquête du congrès des USA.
Et un peu d'investigation de la part de nos journalistes, sans doute, mais là, il ne faut pas trop en demander...
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Les médias francophones qui nous avaient seriné entre autres que Bagdad serait un nouveau Stalingrad, que Moqtada Al Sadr jouissait du soutien populaire, nous disent aujourd'hui que l'armée américaine est composée de tortionnaire fascistes et que la pratique de sévices discrédite totalement l'opération Iraqi freedom.
Avec la précision qui lui est coutumière, le major de l'armée suisse Ludovic Monnerat revient sur l'affaire des tortures à la prison d'abu Ghraïb: il y a eu à l'évidence des négligences dans l'organisation et le choix de l'encadrement de certaines unités pénitentiaires, il y a indiscutablement eu des faits hautement répréhensibles commis au sein de ces unités, mais en aucun cas cela ne peut être assimilé à une dérive totalitaire de l'armée américaine dans son ensemble. Et la notion de torture est ici employée de façon fort extensive par nos médias. Il fut un temps peu éloigné où des militaires français envoyaient de l'électricité dans les valseuses de leurs victimes, et le moins qu'on puisse dire est que les faits reprochés aux quelques brigades de marines incriminées, s'ils sont graves, sont très loin de ces sommets d'inhumanité.
Et le fait que des enquêtes soient ouvertes, et aboutiront sans doute à des sanctions lourdes, prouve si besoin en était la supériorité morale des démocraties occidentales qui savent, en cas de dérive grave qu'aucune n'a réussi à éviter au cours de son histoire, rechercher les causes du mal et sanctionner, sur des régimes tels que celui du "regretté" (par nos médias et certains de nos politiciens...) Saddam Hussein, qui pratiquait les tortures et assassinats de masse dans l'indifférence générale.
Qu'importe, le mal est fait. L'orientation systématiquement exagérée dans un sens anti-américain donnée par nos médias de cette affaire risque de condamner définitivement toute chance de voir l'opération "Iraqi freedom" réussir à acquérir une quelconque légitimité auprès de la plus grande masse des opinions européennes. Et l'exploitation de ces images par les médias sous contrôle des vizirs qui tiennent le moyen orient en coupe réglée réduira l'attractivité du "modèle américain" aux yeux d'une partie des populations qui auraient pu exercer une pression de plus en plus forte sur ces pouvoirs dévoyés.
L'objectif de l'opération "iraqi freedom" était de propager à terme la démocratie au moyen orient. Le dérapage lamentable de certaines unités pénitentiaires et les exagérations anti américaines qu'ils autorisent pourraient, par les dommages médiatiques ainsi créés, compromettre plus encore qu'elle ne l'était déjà sa réalisation.
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Ca n'a pas grand chose à voir, quoique. En mai 1954, 11.000 Français furent faits prisonniers à Dien Bien Phû. Seulent 3000 revinrent de leur détention, 8000 décédèrent. Curieusement, notre éther médiatique est muet sur les traitements qui leurs furent infligés. Mais il est vrai que les tortionnaires étaient de gentils communistes qui ne faisaient que se venger de vilains coloniaux, pas des salauds d'américains vendus aux puissances capitalistes multinationales.
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Zek propose un plan original pour permettre aux américains de se sortir sans trop de mal de la crise. Au delà des outrances de langage dont le zèbre polémiste est coutumier, l'idée parait intéressante.
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Nicolas Sarkozy a enfin trouvé la source de tous nos malheurs économiques, l'origine des délocalisations qui nous menacent, de la hausse excessive de l'Euro, voire même peut être des désastreuses conséquences de la canicule et de la défait à la coupe du monde. "Les Français épargnent trop et ne consomment pas assez". Ah les cons de français, tout est leur faute, ces abrutis ne réagissent pas comme des professionnels face aux difficultés, ils épargnent au lieu d'enrichir nos commerçants ! Avec un peuple aussi stupide, comment voulez vous redresser l'économie, mon bon monsieur ?
Depuis que je m'intéresse de plus ou moins loin à la politique, j'ai toujours entendu nos chers ministres, qu'ils soient premiers ou des finances, voire même certains présidents implorer les français de solder leur épargne et de se vautrer pendant qu'ils le peuvent encore dans les affres certes fort agréables de la consommation. Certains créèrent même des primes spéciales pour pousser les français à consommer dans tel ou tel secteur: les "balladurettes" et "jupettes" destinées à relancer les ventes d'automobiles sont restées célèbres.
Problème: au dela de l'intrusion toujours mal venue d'un politicien dans la vie quotidienne des ménages français induites par de telles déclarations et actions (Pourquoi un politicien devrait il se mêler de ce que je fais de l'argent que je gagne ?), la "relance de la consommation" prônée par Nicolas Sarkozy est elle la bonne réponse aux problèmes que nous rencontrons ?
Imaginez que (a) la providence (b) un travail acharné (c) mon cerveau exceptionnel <rayez la mention inutile> me permette de disposer d'une somme de 15.000 Euros, prête à dépenser. Je peux bien sûr m'offrir la tournée des grands ducs dans tous les trois étoiles michelin que compte notre beau pays, me goberger des mets les plus fins et me désaltérer des plus grands vins, sans oublier de changer le canapé du salon. Indiscutablement, j'aurais consommé, contribué à réinjecter du cash dans l'économie, qui permettra aux heureuses entreprises bénéficiaires de ma frénésie consumériste soudaine de créer de la valeur, rémunérer des salariés, etc...
Mais je pourrais aussi décider de créer, je ne sais pas, moi, une librairie libérale en ligne (c'est un exemple, pas un projet, inutile de vous emballer...), ou m'établir comme consultant indépendant, ou que sais-je encore. Naturellement, si je ne crois pas en mes capacités de devenir le nouveau nabab de l'édition, je puis me contenter de m'associer à un créateur que je juge talentueux en souscrivant à une augmentation de capital dans sa start up. Et si je n'ai pas la chance d'avoir rencontré le nouveau Bill Gates, je puis confier mes sous à un fonds d'investissement spécialisé, ou encore prêter cet argent à une entreprise sous forme d'obligations, ce qui me rapportera quelques intérêts.
Dans cette seconde hypothèse, l'impact de ma décision sur le volume de cash injecté dans l'économie sera le même: au lieu de donner mon argent à MM. Veyrat et Troisgros, "je" (comprendre:"moi, ou les gens à qui j'ai délégué mon investissement") le verserai à un hébergeur de site, un grossiste en livres, et quelques autres fournisseurs du même accabit, qui de la même façon créeront de la valeur et rémunèreront des salariés. Et ainsi de suite.
Mais il y a une différence fondamentale entre ces deux utilisations que je pourrais faire de mes quinze mille euros: dans le premier cas, une fois l'argent dépensé, il ne me resterait plus rien que des bons souvenirs et des kilos en trop que je pourrais étaler dans un canapé tout neuf en songeant à changer ma télévision. dans l'autre cas, il me resterait des actifs dont j'espèrerais bien arriver à tirer, grâce à (a) la providence (b) un travail acharné (c) mon instinct exceptionnel <rayez la mention inutile>, des revenus supplémentaires.
Ce faisant, et si je me révèle bon investisseur, je pourrais peut être, moi aussi, à terme, créer ou faire créer des emplois, augmenter mes revenus, consommer plus,... Mais de surcroît, si je réussis, c'est que mon investissement aura permis à des clients de trouver des produits ou des services qu'ils ne trouvaient pas, ou qu'ils trouvaient à de moins bonnes conditions, auparavant. J'aurais donc contribué à améliorer l'offre globale disponible à la population concernée par mes offres, soit en élargissant son choix, soit en diminuant ses coûts d'achat. J'aurais donc augmenté le pouvoir d'achat au sens le plus large, de mes clients. Donc favorisé la consommation.
Si toute l'épargne des français allait dans la seule consommation, alors ce processus vertueux, répété par des milliers d'individus, et source des incommensurables progrès de niveau de vie que la part capitaliste de l'humanité a connu ces deux derniers siècles, serait grandement ralenti.
De même, si les entreprises cessaient d'investir pour distribuer toute leur marge brute sous forme de pouvoir d'achat aux salariés et aux actionnaires (ce qui irait bien dans le sens de la "relance de la consommation" prôné par Nicolas Sarkozy), le même processus vertueux d'amélioration de l'offre et donc du pouvoir d'achat des consommateurs, serait fortement obéré.
Tout çà pour dire que l'épargne productive n'est pas l'ennemie de la croissance, bien au contraire, mais qu'elle en est le principal moteur.
Vous m'objecterez, parce que vous ne vous êtes pas encore endormis à ce stade de votre lecture, bravo, que si plus personne ne consomme et tout le monde cherche à investir, il ne restera plus beaucoup de revenus à messieurs Veyrat et Troisgros, ainsi qu'au gérant du magasin "home salons" de mon quartier, et que mon investissement risque de valoir bien peu de choses au bout du compte. C'est exact, un équilibre entre consommation et épargne est nécessaire, mais la nature humaine et le marché font assez bien les choses, si on ne cherche pas à entraver l'investissement, cet équilibre tend à s'établir assez naturellement. En un raccourci certes un peu facile, on peut dire que l'épargne, c'est ce qui reste quand nous estimons avoir satisfait nos besoins de consommateurs...
Revenons à notre point de départ. Si relancer la consommation n'est pas la bonne piste à suivre pour notre ministre des finances, cela signifie-t-il qu'il doit au contraire chercher à "relancer l'investissement productif" ?
Surtout pas, malheureux ! "relancer", cela signifie en général "aider" dans la bouche de nos technocrates, et pour "aider", il faut augmenter des impôts. La seule façon de permettre à l'équilibre entre la consommation et l'investissement de s'établir, consiste d'une part à ne pas obérer excessivement les capacités d'investissement des personnes à haut potentiel d'épargne en surtaxant les hauts revenus de façon dogmatique, et à ne pas décourager l'investissement en promettant à ceux qui réussissent l'enfer fiscal.
De surcroît, il conviendrait que l'état commence enfin à supprimer ses déficits pour pouvoir réduire sa dette, ce qui suppose une réduction plus que drastique de ses dépenses, bien au dela des quelques économies annoncées, bienvenues mais insuffisantes. Car les emprunts de l'état (et des collectivités) drainent aujourd'hui une part significative de l'épargne des français, le plus souvent par l'intermédiaire d'investisseurs dits "institutionnels". Cette épargne là ne favorise en rien l'investissement productif, et tend à augmenter les impôts, ce qui réduit d'autant la capacité d'investissement des individus, et donc contribue à réduire à terme la capacité de consommer du plus grand nombre. Toutes les épargnes ne se valent donc pas.
Un rythme soutenu d'investissements productifs, s'il sacrifie quelques points de consommation à jouissance immédiate, en les reportant sur la consommation de "biens et services d'investissement" (ce que les manuels scolaires appellent de façon réductrice les biens d'équipement), est la seule garantie d'une croissance régulière de nos revenus ultérieurs. Contrairement à ce qu'affirme M. sarkozy, "trop d'épargne" ne tue ni la croissance ni l'économie.
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Sur ce sujet, je ne puis que vous encourager à lire cette tribune de septembre 2003, écrite par Alain Madelin dans Le Monde, qui dit la même chose, mais en mieux, c'est pour çà qu'il est député et pas moi. Extrait:
Il s'agit, dit-on, de relancer la consommation pour favoriser la croissance. Le raisonnement a déjà servi en 2002 pour accompagner les baisses d'impôt. Sans résultat. Il serait d'ailleurs surprenant que le déplacement vers la consommation d'un millième du PIB puisse doper la croissance, d'autant qu'une baisse d'impôt de 1,7 milliard apparaît comme une bien faible ristourne par rapport aux quelque 60 milliards d'impôts différés que représentera le déficit 2004 et que cette baisse est au surplus fortement compensée par de multiples prélèvements, à l'instar de la hausse de 3 % sur le diesel.
Il y a un an, analysant la crise de la zone euro, je pronostiquais une croissance tendant vers zéro pour la France en 2003. Aujourd'hui, fort des prévisions de ceux qui entrevoient la sortie d'un tunnel dont ils n'avaient pas vu venir le début, le gouvernement table sur un retour de la croissance de 1,7 %. Souhaitons-le. Mais si la croissance revient, nous le devrons davantage à la croissance américaine qu'à la politique du gouvernement.
Il est temps de renoncer aux approches néokeynésiennes et aux recettes éculées (soutien artificiel à la consommation, augmentation de la prime pour l'emploi, allégements de charges pour compenser le surcoût des 35 heures et les augmentations du Smic...). Dans une économie ouverte sur le monde, comme l'économie française, ce n'est pas la demande qui fait défaut, mais l'offre compétitive.
L'objectif des baisses d'impôt n'est pas de relancer la consommation, mais de doper la croissance. Pour être efficaces, pour agir comme multiplicateur de croissance, les baisses d'impôt doivent s'inscrire dans le cadre d'une réforme fiscale d'ensemble audacieuse et s'accompagner d'un effort important d'économies budgétaires. Ce sont les conditions d'un sursaut et d'une modification des comportements favorable à la croissance.
CQFD
Rédigé par Vincent Benard dans economie | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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Souvenez vous. Lors des trimestres 3 et 4 de l'année 2003, la croissance du PIB américain (en rythme annuel) a enregistré des taux record à 8,2 et 9,2% !! Des chiffres inconnus sous nos latitudes, dont le second constitue un record de ces 20 dernières années. Pourtant, un mystère demeurait: alors que ces chiffres de croissance affichaient une évolution insolente, la création d'emploi semblait totalement atone. "Seulement" 294.000 demandeurs d'emplois en moins sur les 8 mois après la fin de la guerre en Irak, çà parait beaucoup vu d'une ANPE de campagne, mais aux USA, où la population active dépasse les 150 millions d'âmes, c'est parfaitement négligeable.
Les économistes "sérieux" qui analysent les tendances lourdes de l'économie dans nos journaux et sur nos radios se perdaient en conjectures sur la source de cette mystérieuse atonie. Et les publications les plus anti américaines de trouver en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire l'argument choc:"la croissance provoquée par les baisses d'impôts injustes de George W. Bush ne profite qu'aux riches". Puisqu'on vous dit que les USA sont le pays le plus injuste du monde, un authentique enfer libéral !
Patatras, sur le seul mois de mars, la création d'emploi officielle atteint 308.000 emplois. Soit plus que lors des 8 mois précédents. Nos experts se font alors plus discrets. D'aucuns se risquent à affirmer que "usuellement, le décalage entre la croissance et la reprise de l'emploi est de 6 mois, et que cette fois ci, il a été de 9". Point barre. "Ah non ! c'est un peu court !", eut dit Cyrano de Bergerac. En fait, ce rebond à la hausse du chiffre de l'emploi était parfaitement prévisible.
Car ces analystes "sérieux" ou des journalistes économiques performants auraient pu avec un peu de jugeotte trouver l'origine du problème. De nombreux autres critères montraient que le chiffre des créations d'emplois était totalement incohérent avec tous les autres indicateurs de l'économie US. Les tensions inflationistes, la pression à la hausse sur les salaires, la faiblesse des demandes d'indemnisation du chômage, et d'autres indicateurs sectoriels, montraient au contraire l'existence d'une forte tension sur le marché du travail américain. Donald Luskin, directeur des investissements pour trends macrolytics, et chroniqueur régulier pour Capitalism Magazine, dévoile le pot au roses:
"(...)As well it should, because all along another jobs report prepared by the same government agency — but using a different methodology — has painted a different picture. Instead of the 294,000 jobs in the payroll report, the "household survey" has shown 628,000 new jobs.
Weekly claims for unemployment insurance have been running lower than they were a decade ago, when payroll jobs were expanding at eight times the current rate. The March employment index of the Institute for Supply Management is at a 17-year high. The Bureau of Economic Analysis of the Department of Commerce just calculated that average wages have been growing at more than a 5% annualized rate.
With all that evidence, it has made no sense that this one measure — the payroll report — is alone in showing such sluggish job growth. It's broken. But what exactly is wrong?
In part, it's because the payroll report looks only at jobs at existing companies and government entities. In a time of economic turnaround, when lots of people start brand new small businesses or go to work on their own, this method is going to miss a lot of the jobs being created.
Theoretically, the Bureau of Labor Statistics adjusts for this problem, by reviewing nationwide unemployment insurance data to scale-up its results to reflect new businesses that have been created. But in practice, it does this adjustment only once a year, in February. Right now, the results from February reflect the data that were available then, which went only through the second quarter of 2003 — right in the middle of the war in Iraq. A lot has changed since then in the economy, but the BLS won't revise its adjustment factors until next February.
Economist Brian Wesbury, with the bond firm Griffin, Kubik, Stephens and Thompson, has used more recent data to create his own version of the payroll jobs report. Based on this, he thinks the Bureau of Labor Statistics has underestimated job creation since last June by at least 734,000. He says he's talked to the Bureau's bureaucrats, and reports they are "set in their ways," and that they won't update their data until next February. "
En clair, la méthode de calcul retenue par la statistique officielle américaine ne prend en compte qu'avec 6 à 18 mois de retard les créations d'emplois dans les entreprises nouvellements créées, la prise en compte tardive de ces créations n'intervenant qu'une fois par an, en Février. Et voila pourquoi les chiffres de Mars sont si élevés, et les chiffres précédents si faibles. Et voila pourquoi le chiffre de mars 2005 devrait être excellent, car il prendra en compte les emplois dans de nouvelles entreprises générés par la croissance record du dernier trimestre... 2003 !!
Bref, un instrument statistique déficient élaboré par une bureaucratie refusant de remettre ses méthodes en question est utilisé par tous les médias, certains professeurs, et une partie des décideurs, dont parait-il Alan Greenspan lui même, pour analyser l'économie américaine ! L'origine de la thèse comme quoi il existerait un "décalage entre la reprise de la croissance et le reflux du chômage", ainsi que la croyance en l'existence d'une "croissance sans emploi" trouve donc au moins partiellement sa source dans une faiblesse de l'appareil statistique public américain... Mieux vaut en rire !
Rédigé par Vincent Benard | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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