Après un peu plus d'un an de blogging et avant la période estivale, je ne puis faire autrement que me poser la question fondamentale qui hante tout blogger moyen à un moment de son existence. Dois-je continuer ?
Ce n'est pas que les sujets suceptibles de combler ces colonnes manquent. Des perspectives d'exploration spatiale privées nées de la réussite du projet de Burt Rutan, à des sujets nettement moins enthousiaismants comme, dans le désordre et de façon non exhaustive, l'inscription du principe de précaution au niveau constitutionnel, l'accord sur une constitution européenne entérinant le droit à plus d'intrusion dans nos vies d'une bureaucratie incontrôlable, la libération de Joëlle Aubron, le plan Raffarin pour orienter la consommation automobile des ménages, les écoeurantes orientations pro-dictatoriales de la diplomatie française, la réformette paramétrique de l'assurance maladie, la charge des dinosaures franco-allemands pour l'harmonisation fiscale de l'europe sur le modèle des pays les plus taxatifs, empêchée in extremis par l'intransigence salutaire de Tony Blair, le terrorisme des agents extrêmistes d'EDF et les réponses mollassonnes de l'état actionnaire, le plan Borloo pour rendre encore plus improductif l'investissement dans la pierre et inscrire dans les gênes de ce pays l'irresponsabilité locative, l'anti-américanisme sans retenue de nos "mainstream" médias, que même la commémoration des sacrifices du débarquement de 44 n'a pas calmé, l'adoption de la LCEN et la préparation de lois contre l'homophobie ou toute critique de l'islam (à quand l'embastillement pour ceux qui racontent des blond jokes?), le triste état de nos institutions judiciaires mis cruellement en relief par le lamentable ratage d'Outreau, les déclarations anti-juives de Michel Rocard, la (non) participation aux européennes, j'en passe des pires et des meilleures, ce ne sont pas les sujets d'indignation, d'analyse, de propositions qui manquent.
Pourtant, vous aurez remarqué que ce dernier mois, l'animation de ces colonnes s'est faite rare. Je pourrais invoquer un trip en Lozère profonde loin de tout ordinateur pendant plus d'une semaine, la consommation excessive de tripoux et d'aligot qui en a résulté, le transfert d'u-blog à Typepad qui me donne des boutons (mon avis: typepad, c'est de la ..... Voila, c'est dit. bref je reste sur u-blog), mais ne le cachons pas, le malaise est plus profond: je me pose de sérieuses questions sur l'utilité de cette modeste feuille de cyber-chou. L'accumulation des faits nauséabonds précédemment évoquée et la quasi-absence de débat de fond, la complaisance entendue, que ces faits provoquent dans nos mass media, me donnent à croire que ce ne sont pas les 200 visiteurs/jour (dans les bons jours) que drainent ce blog qui vont enrayer l'apparament inexorable dégénérescence gauchisante des esprits majoritaires de notre pays.
J'ai l'impression que la cause est entendue, l'immense majorité des français veut que l'état continue de s'occuper de son avenir, que les plus grandes masses de mes compatriotes croit que leurs problèmes viennent de l'absence de l'état dans les derniers espaces de liberté qui leur restent, et qu'ils applaudissent en nombre aux mesures Borloo contre l'exclusion, parce que lutter (=dépenser plus) contre l'exclusion, c'est bien, ou encore qu'ils plébiscitent les lois liberticides qui remplissent les colonnes du journal officiel parce que laisser les gens qui ne pensent pas comme la moyenne exprimer des idées déstabilisantes, c'est mal, sans se demander si la dégradation continue des performances sociales de notre pays n'est pas justement largement corrélée à l'interventionnisme croissant de l'état partout où la société civile obtient, ailleurs, de meilleurs résultats.
Bref, je doute.
A ce stade, renoncer serait contre-productif. Mais je pense que je dois passer moins de temps à bloguer derrière un écran, parce que franchement, la plus grande partie de ma cible potentielle s'en fout, et prendre mon courage à deux mains, pour ne pas dire me donner un grand coup de pied au derche, pour aller défendre mes convictions dans le vrai monde.
Quand à ce site, je pense que sa formule doit évoluer (je ne sais pas encore comment) pour augmenter le lectorat, susciter de nouvelles vocations (la blogosphère libérale française, malgré un relatif dynamisme, semble marquer le pas...), et améliorer mon rapport fatigue/résultats. Je vais m'y atteler. En attendant, les parutions resteront sporadiques, sauf nième changement d'avis de ma part, je suis assez inconstant dans la déprime.
Je tenterai aussi de renouer avec des travaux de fond plus conséquents pour l'institut Hayek, parce que malgré leur relative difficulté d'approche, les produire se révèle souvent passionant.
Si vous avez des idées pour propager les convictions libérales chez des gens qui pensent "état" uniquement par la faute du matraquage ambiant, mais qui pourraient être vite murs pour une conversion, je suis preneur.
Bonnes vacances !
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