Faut il avoir confiance en l'état pour développer la prospérité des citoyens d'une nation ? L'intervention de l'état peut elle être bénéfique à l'économie ?
Le graphe ci-dessous devrait faire réfléchir les admirateurs de l'intervention étatique:
plus l'état intervient, moins la croissance est forte
Cela mérite une petite explication: les auteurs ont analysé pour 23 pays de l'OCDE sur 37 ans (format PDF), de 1960 à 1996, soit 23X37=851 mesures de référence (dont 61 dans la tranche inférieure à 25%, essentiellement concentrées dans les premières décennies de l'intervalle), la croissance de ces états en fonction de la dépense publique, exprimée en pourcentage du PIB. Les moyennes sont sans appel: plus la dépense publique est forte, plus la croissance est faible: en moyenne, des dépenses publiques en augmentation de 10% du PIB signifient 1% de croissance annuelle en moins. Les auteurs constatent également que tous les pays concernés ont augmenté le poids de leurs dépenses publiques dans les 40 dernières années, avec pour corollaire une baisse des croissances moyennes observées. Enfin, tous ceux qui ont à un moment donné inversé la tendance haussière de leurs dépenses publiques ont retrouvé des taux de croissance augmentés.
"Certes, direz-vous, mais ce ne sont que des moyennes, n'y a-t-il pas des exemples qui combinent dépense publique élevée et croissance élevée ?"
Pour être parfaitement honnêtes, les auteurs précisent que la dépense publique n'est pas le seul facteur corrélé à la croissance, mais que ce facteur explique 42% des différences de croissance observée entre nations. Autrement dit, un pays dont l'état dépense beaucoup peut voir son résultat final en terme de croissance plus élevé ou plus bas que la moyenne mesurée par l'étude en fonction de divers facteurs: résultats des principaux partenaires commerciaux, lancée des années immédiatement précédentes, guerre, situation politique, qualité des réglementations applicables, etc... Toujours est il que le diagramme ci dessous montre clairement que plus la dépense publique est élevée, plus la moyenne diminue, et plus il est difficile d'obtenir une croissance supérieure à ladite moyenne:
une dispersion plus resserrée à droite de la courbe...
La conclusion des auteurs est claire: plus l'état s'écarte de son coeur de métier (garantie des droits de propriété, infrastructures, éducation) pour financer un état providence de plus en plus large, plus il appauvrit ses citoyens sur le long terme.
"Tout cela, c'est de la théorie. Mais 1% par an en plus ou en moins, est-ce si grave ? Comment cela se traduit-il en termes réels ? "
Je me suis "amusé" (non, ce n'est pas vraiment le terme qui convient...) à calculer, en fonction des données fournies par l'étude, ce qu'aurait été l'écart de croissance en France si le niveau des dépenses publiques était resté le même qu'en 1974 (soit 36.7%) du PIB, au lieu de se fixer durablement à 48% voire 50% et plus dès le début des années 80.
Le PIB réellement observé à augmenté de 62% (monnaie constante) entre 1980 et 2003, soit une augmentation moyenne de 2.0% par an (maxi: +4,6% - mini: -0.9% , source insee). Ce n'est certes pas si mal, à première vue. Oui, mais en appliquant une croissance moyenne de 3.5% correspondant à 36,7% de dépenses publiques, sur les 24 mêmes années, on aurait obtenu une augmentation du PIB de 128%, soit 41% de croissance supplémentaire. En retenant une hypothèse plus basse de 3% de croissance moyenne, le PIB aurait tout de même augmenté de 103% (doublé, en bon français), soit un résultat encore supérieur de 25% à celui observé.
Un mauvais choix de politique opéré à la fin des années 70, amplifié au début des années 80, donnant la priorité à l'augmentation des dépenses publiques, nous a donc fait perdre entre 25 et 41% de richesse totale, soit, ramené au nombre d'habitants, entre 12 et 26% par français. Ce qui correspond à l'ordre de grandeur de l'écart de croissance observé avec des pays comme la Grande Bretagne et les USA sur la même période. Cette croissance complémentaire, non contente d'augmenter notre pouvoir d'achat, aurait sans doute permis de ramener les taux et la durée de moyenne du chômage à des niveaux faibles, voire négligeables, et par conséquent aurait beaucoup fait pour réduire la pauvreté, bien plus que toutes les mesures dépensières et démagogiques censées résoudres nos problèmes économiques et qui les ont en fait amplifiés. De surcroît, un état mieux géré ne connaîtrait sans doute pas les problèmes actuels pour financer son action régalienne, ce qui limiterait l'augmentation de l'insécurité.
Ce qui est fait est derrière nous, nous ne pouvons hélas revenir en arrière d'un coup de baguette magique. Mais pour l'avenir, ne pourrions nous pas admettre une fois pour toutes que les observations des chiffres réels et tangibles au sein de l'OCDE réfutent les théories d'inspiration keynesienne qui servent encore de référence à nos politiciens, et réorienter la dépense publique dans le bon sens, c'est à dire en forte baisse ?
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