Le think tank Flamand "Work for all" (travail pour tous) publie les résultats de ses recherches sur les effets des différents types de politiques conduites dans l'union européenne en terme de croissance, de niveau de vie et d'emploi.
Notamment, l'étude livre une très intéressante comparaison des résultats des politiques conduites par la belgique et l'Irlande depuis 1984, année où ces pays étaient dans des situations comptables et budgétaires comparables mais où l'irlande était nettement plus pauvre que la Belgique.
L'étude, menée uniquement à partir des chiffres officiels publiés par l'OCDE, est hélas traduite dans un français approximatif, mais ses conclusions sont implacables et rejoignent très clairement les conclusions de l'étude de Gwartney et Lawson évoquées ici même il y a peu. (version française | version anglaise)
En 1984, les gouvernement de l'Eire et de la Belgique dépensaient tous les deux entre 51 et 55% du PIB de leurs pays respectifs. En 2004, cette proportion est tombée à 35% en Eire alors qu'elle est toujours de 51% en Belgique. Le gouvernement Irlandais a délibérément parié sur la baisse des taux d'imposition marginaux et la libéralisation de son marché du travail, alors que la Belgique s'évertuait à résoudre ses difficultés par des politiques interventionnistes et Keynesiennes.
Résultat, en 20 ans, le PIB/h a augmenté de 42% en Belgique, de 36% en France où les mêmes politiques ont été suivies, et de... 167 % (cent soixante sept, pas une faute de frappe) en Eire. Si l'on ajoute à cette croissance les effets d'une moindre taxation, on constate que le revenu moyen disponible après impôts a cru de... 190%. L'Irlande était le second pays le plus pauvre par habitant de l'union en 1984, il est le second plus riche aujourd'hui. Les taux de chômage Belges et Français se trainent aux alentours de 10% alors qu'en Irlande, moins de 5% semble la norme depuis plusieurs années, avec des durées de chômage sans commune mesure avec les nôtres. Le problème numéro un des employeurs irlandais est de conserver leurs salariés, alors qu'en Franco-Belgie, le problème numéro un des salariés est de ne pas perdre leur emploi.
D'autres conclusions annexes de l'étude, qui demandent à être étayées par de plus amples recherches, renversent certains préceptes pourtant solidement ancrés dans le discours de nos politiques:
- Les taux d'intérêts bas ont beaucoup moins d'influence sur la croissance que les pressions fiscales marginales.
- L'inflation n'est sous contrôle en europe continentale que grâce à l'ouverture des frontières plus grande aux produits issus des pays émergents. en revanche, les prix des services et prestations "home made" en Europe augmentent plus rapidement, la hausse des charges devant bien se répercuter quelque part...
- L'exemple Irlandais montre que la désindustrialisation des économies n'est absolument pas inscrite de façon indélébile sur les tables de l'avenir des économies occidentales. En Eire, ces emplois ont augmenté de 32% en 20 ans.
- Si, en pourcentage du PIB, les dépenses sociales Irlandaises ont baissé, elles ont augmenté fortement en valeur absolue. Favoriser la croissance par la baisse des prélèvements obligatoires n'est donc pas à terme un facteur de baisse durable des prestations. Notamment, les allocations familiales ont augmenté de plus de 200%... Qui a parlé "d'enfer social" ?
- Enfin, la réduction des taux de pression fiscale imposés aux plus riches a eu pour effet... D'augmenter la part relative de la contribution des dits plus riches dans les ressources de l'état, car l'évasion fiscale ne payant plus, celle ci a dramatiquement diminué. Le même phénomène a été constaté lors de nombreux "tax cuts" abondamment documentés (par exemple ici) au cours de l'histoire.
Selon les auteurs de cette étude fort bien documentée, il ressort que les preuves de l'échec des politiques keynesiennes fondées sur la relance par le déficit et une forte redistribution autoritaire des revenus sont accablantes, alors que le succès des pays qui ont choisi de privilégier la stimulation de l'offre en réduisant le prélèvement étatique sur la réussite ont engrangé des succès probants. Il serait temps que les politiciens et les médias d'Europe continentale cessent de diaboliser ces politiques d'inspiration libérale pour des raisons démagogiques et idéologiques et regardent en face les résultats acquis lors d'expériences réussies pour expliquer à leurs opinions les nécessaires changements de cap à opérer pour nous sortir de difficultés qui n'ont que trop duré.
Le lecteur pourra lire également le résumé de l'étude de J. Gwartney évoquée plus haut.
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