Les négociations de Hong Kong sur la libéralisation des échanges mondiaux vont sans doute échouer à cause essentiellement de l'intransigeance Française refusant toute amorce de réforme de la Politique Agricole Commune, dont les effets pervers ont été largement décrits dans de nombreux organes de presse. La position de nos dirigeants, il est vrai appuyée par quelques autres gouvernements européens, rend impossible l'adoption d'un compromis communautaire acceptable par les pays de la zone Asie-Caraïbes-Pacifique, partisans d'une libéralisation totale des échanges.
Nous savons, car nos médias l'écrivent enfin, que nos subventions et nos barrières douanières freinent l'accès à nos marchés aux produits agricoles des pays émergents. Nous prenons conscience qu'ils placent ces mêmes produits en situation d'infériorité sur leur propre marché intérieur face à la concurrence déloyale des produits « made in G8 » vendus au dessous de leur coût de revient grâce aux subventions. Nous savons que l'essentiel des aides de la PAC va vers une minorité de gros producteurs, qui pourraient fort bien vivre sans.
Les Français qui suivent l'actualité savent aussi que la PAC représente environ 10 milliards d'euros d'impôts, qu'ils doivent payer d'une façon où d'une autre.
Ce qu'ils savent moins, c'est qu'ils paient cet impôt deux fois: une fois sous forme de prélèvements, une seconde fois en payant leurs achats alimentaires plus cher qu'ailleurs. Une étude du Policy Exchange Institute, relayée par le Globalisation Institute montre qu'aux USA, où les aides agricoles sont certes conséquentes mais 2 fois et demie moins élevées qu'en Europe, le pain revient à l'acheteur 1.45 fois moins cher qu'en France, et la Viande 1.56 fois. Le différentiel avec l'Allemagne est encore plus élevé. Le consommateur Européen paie ses produits alimentaires en moyenne 42% plus cher que si les subventions étaient démantelées, le consommateur américain 10%.
Or, les achats alimentaires représentent une part beaucoup plus importante du budget des familles modestes que des classes moyennes ou supérieures. Les surcoûts inclus par la PAC représentent donc pour ces ménages une taxe plus élevée que pour les autres, un véritable "impôt régressif" extorqué aux plus faibles au profit des grands propriétaires agricoles, dont la liste est soigneusement tenue secrète chez nous.
Mettre fin à la PAC, libéraliser les échanges agroalimentaires, non seulement donnerait de meilleures perspectives aux économies des pays en développement, mais de plus doperait sensiblement le pouvoir d'achat des Européens, et donc des Français, et en premier lieu de milliers de familles modestes, ce qui constituerait un indiscutable élément de progrès social.
Mais aucun politicien Français n'osera affronter le lobby des gros agriculteurs. Le progrès social, c'est juste un slogan creux pour discours électoral.
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