Va-t-on vers une inexorable banalisation de l'horreur ? Tout peut il devenir politiquement correct ? Le passé le plus douloureux est il condamné à être affadi par la mémoire de ceux qui veulent le faire vivre ? Témoin, cet
article de présentation fort bienveillant d’un café
« associatif » situé près d'Angers, parait-il très
« guinguette », voila qui fleure bon la vieille
France de jadis
Hitler est partout dans ce bistrot associatif de la campagne angevine, qui vient de rouvrir. Mais inutile d'être Néo-Nazi pour apprécier l'ambiance.
Une guinguette et un musée ? Dimanche après-midi, le lieu avait tout de ces deux univers. En terrasse, face à l'une des petites routes où passent les promeneurs à vélo, habitués et novices s'attablent autour d'un café ou d'une limonade. Certains y font une halte au gré d'une balade, d'autres ont fait le déplacement spécialement parce que le Hitler café a rouvert ce week-end. Dans ce bistrot associatif, qui n'a qu'un an d'existence, tout le monde se dit bonjour. Ça va de soi. Et les conversations passent vite d'une table à l'autre. Il n'est pas rare d'y croiser un musicien. C'est le côté guinguette.
« Il faut que vous veniez voir l'intérieur maintenant », lance une habituée à un couple d'amis en visite. Voyage immédiat. Nous voilà dans le nid d’aigle de Berchtesgaden. L'atmosphère est prussienne et le führer est partout. Des bustes, des tableaux, des tentures, des livres... Les yeux passent d'une curiosité à une autre. Une collection constituée au gré des voyages de (la propriétaire). Cette militante accueillante, et toute sa bande d'amis, sait cultiver la générosité. Sans faire de leçon, ni imposer.
Cela vous semble incroyable qu’un tel café puisse ouvrir ses portes au 21 ème siècle, sans susciter autre chose qu’une aimable historiette de carte postale par une presse bon enfant ?
Vous avez raison, une erreur s’est glissée dans l’extrait qui précède. Voici le vrai texte de présentation, paru sur le webzine « Angers, ma ville » :
Lénine est partout dans ce bistrot associatif* de Chalonnes, qui vient de rouvrir. Mais inutile d'être marxiste-léniniste pour apprécier l'ambiance.
Une guinguette et un musée ? Dimanche après-midi, le lieu avait tout de ces deux univers. En terrasse, face à l'une des petites routes où passent les promeneurs à vélo, habitués et novices s'attablent autour d'un café ou d'une limonade. Certains y font une halte au gré d'une balade, d'autres ont fait le déplacement spécialement parce que le Lenin café a rouvert ce week-end. Dans ce bistrot associatif, qui n'a qu'un an d'existence, tout le monde se dit bonjour. Ça va de soi. Et les conversations passent vite d'une table à l'autre. Il n'est pas rare d'y croiser un musicien. C'est le côté guinguette.
« Il faut que vous veniez voir l'intérieur maintenant », lance une habituée à un couple d'amis en visite. Voyage immédiat. Nous voilà dans la datcha de Lénine. L'atmosphère est russe et le père de la révolution est partout. Des bustes, des tableaux, des tentures, des livres... Les yeux passent d'une curiosité à une autre. Une collection constituée au gré des voyages de Martine Thouet. Cette militante accueillante, et toute sa bande d'amis, sait cultiver la générosité. Sans faire de leçon, ni imposer.
Et oui, remplacez Hitler par Lénine, et votre "guinguette" devient tellement glamour.
Vous me direz : "oui, mais Lenine, ce n’était pas Hitler " . La propriétaire du Lénine Café, dans un article -très complaisant- paru dans Ouest France, affirme sans ciller que :
"Le Lénine que je garde, c'est celui qui va de 1870 à 1924. Je ne suis pas comptable des crimes que l'on a commis en son nom après ! Mon fil rouge, c'est Louise Michel, Marx et Lénine... ( )je veux le rendre sympa, en finir avec l'image tragique que ses habituels contempteurs peuvent véhiculer !"
Effectivement, Lénine n'est pas Hitler, le temps lui a manqué pour massacrer autant de monde que le concurrent germanique pour le titre autrefois fort courru de dictateur suprême maître du monde.
Pour ceux qui, comme cette personne sans doute nourrie au sein des meilleurs propagandistes d’extrême gauche, croiraient (ou voudraient faire croire) à la fable d’un Lénine pur et gentil, et d’un communisme seulement perverti par l’odieux Staline, je conseille la lecture de ce grand classique, ou encore les quelques textes contenus dans ce recueil historique.
Cet extrait mérite une citation :
Dans un télégramme daté du lendemain, il précise la méthode préconisée : "Il faut faire un exemple. Pendre (et je dis pendre de façon que les gens le voient) pas moins de 100 koulaks, richards, buveurs de sang connus". Dans la ville de Iaroslavl, après 15 jours d'insurrection, les Bolcheviks font exécuter 428 personnes. Or ces révoltes sont très majoritairement spontanées. Avant même la date de la mise en uvre officielle de la terreur le 3 septembre, les dirigeants bolcheviques préconisent des mesures radicales. Dzerjinski, dirigeant de la Tcheka, propose la prise d'otage et "l'arrestation et l'enfermement de tous les otages et suspects dans des camps de concentration" (Nd Ob'lib' - emphase sur "camp de concentration"de moi - c'était en 1918, 15 ans avant qu'Hitler ne reprenne le concept, en y ajoutant par la suite les chambres à gaz comme moyen d'extermination de masse. Les communistes, pour leur part, se sont contentés de la rigueur du climat sibérien pour occire plus d'un tiers des déportés. So cool... )
Continuons notre voyage au bout de l’horreur léniniste
Des centaines d'exécutions ont lieu dans les prisons de Moscou. Le journal de Dzerjinski tient le compte des exactions. La Tcheka d'Ivano-Voznessensk annonce la prise de 181 otages, l'exécution de 25 contre-révolutionnaires" et la création d'un "camp de concentration de 1000 places". Pour l'assassinat d'un tchékiste, 152 "Gardes blancs" ont été exécutés. Le bilan de cette première phase de terreur rouge durant les mois de septembre et octobre 1918 est supérieur à 10-15 000 morts.
En seulement 2 mois, 15.000 exécutions. Voila sans doute le seul domaine où les régimes communistes se sont montrés si productifs ! Et Zinoviev, fidèle de Lénine parmis les fidèles, ne craignait pas d'envisager "l'anéantissement" de 10 millions de personnes. Un détail de l'histoire, pour certains, sans aucun doute.
Tout cela n’est que petite bière à côté de ce qui allait suivre. Lénine fut l’ordonnateur de la première grande famine d’Ukraine de 1922 (certes précédée d’une sécheresse qui aggrava la situation des ukrainiens, au contraire de la famine stalinienne de 1933, d’origine 100% humaine) voulue pour soumettre les Koulaks qui refusaient la collectivisation de leurs récoltes. Elle fit environ 3 à 5 millions de morts, selon le livre noir du communisme et de nombreuses autres sources. Les ordres de grandeur sont les mêmes qu'à Auschwitz, et tout indique que si le destin avait prêté vie à Lénine plus longtemps, une bonne partie des crimes commis par Staline l'auraient été par son prédécesseur et mentor. Quand bien même les prémisces idéologiques ayant conduits aux massacres du nazisme et du communisme sont quelque peu différentes, il n'y a pas de différence notable de degré entre l'horreur hitlérienne et l'horreur léniniste.
Mais qui suis-je, salaud de réac, anti-communiste primaire, pour oser comparer Hitler le sanguinaire et Lénine le défenseur du prolétariat exploité par le grand capital ? Oui, vraiment, qui sont ces "contempteurs de Lénine" pour oser "lui donner une image si tragique" ? Notre bistrotière de Chalones veut rendre Lénine "sympa", selon ses propres termes. On se demande bien auprès de qui ? Je lui suggère d'ailleurs une méthode de promotion de son idole plus intéressante que sa "guinguette-musée"...
Qu'elle le veuille ou non, cette dame fait ainsi l'éloge du véritable créateur des camps de concentration, d'un commanditaire de massacres de masse. Est elle consciente de cela, ou est elle simplement une de celle que Lénine lui-même aurait qualifiée d'"idiote utile" ?
En tant que farouche défenseur de la liberté d’expression, j’accepte
que cette madame Thouet puisse ouvrir un lieu de culte voué au boucher de Simbirsk, tout comme, malgré
la révulsion que cela m'inspire, j'admets qu'il puisse exister
une foultitude de "Guevara café", et je me félicite qu'il n'y ait pas
de gens assez cons ou allumés pour ouvrir des Hitler
Café ou des Benito's Lounge. Je ne m'autorise pas
d'autre réaction que de mots, de dérision et de
mépris envers ce déni de réalité, ce négationnisme de gauche, ce refus
d'admettre que toutes les icônes du marxisme politique n'ont été en
fait que des bourreaux. Quand bien même je souhaite vivement leur faillite commerciale, je ne demande ni censure, ni fermeture administrative, je reconnais intégralement à tous les tenanciers de "coco bars" un droit imprescriptible à la stupidité ou à l'hypocrisie.
Qu’il me soit cependant permis de m’étonner qu’il n'existe que si peu de
personnes pour s’indigner des "valeurs" promues par ces bistrots
et musées de la bêtise, de l’ignorance, et parfois de l'abjection parfaitement assumée.
Qu'il me soit permis de regretter que l'on ne trouve pratiquement que des articles de
presse complaisants face à ces officines d'apologie de la haine. Sûr qu’un "Hitler Café" n’aurait pas suscité d'articles aussi bucoliques, qu'il y aurait eu des manifestations pour exiger sa fermeture, en prime time sur TF1.
Et qu’il me soit autorisé, quand bien même cela me sera amèrement
reproché, de m’étonner que la justice d’un pays traque avec sévérité l’apologie d’Hitler alors qu'il
autorise, et parfois subventionne, celle d’un Lénine. La persistance de ce double standard
législatif et moral, alors que le parallélisme entre nazisme et
communisme est aujourd’hui si clairement établi, ne cesse de
m’inspirer le plus profond dégoût.
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* associatif, donc subventionné ? je crains le pire...
** mise à jour: Dans un mel d'insultes, un gentil adhérent du Lénine Café, après m'avoir fait savoir qu'il désirait plus que tout me "casser la gueule", m'affirme que le Lénine Café n'est pas subventionné. Ouf, je suis rassuré.
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