Entendu sur BFM: le groupe de presse allemand Axel Springer renonce à lancer en France l'équivalent de son quotidien à succès "Bild" en France. Motifs invoqué: trop risqué.
Au fur et à mesure qu'ils avançaient dans leur étude de faisabilité, les chefs de projet d'Axel Springer se sont aperçus que le modèle monopolistique français de distribution de la presse verrouillé par le monopole du syndicat CGT du livre rendait leur aventure non viable. Selon l'expert interviewé par BFM:
- les unités d'impression des NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne) sont obsolètes et inadaptées à la production d'un quotidien en couleur moderne
- leurs salariés sont également d'un autre âge, mal formés aux techniques les plus récentes,
- les exigences du syndicat CGT du livre, "productivité faible et salaires élevés", sont exorbitantes, et donc...
- ...de fait les coûts de distribution de la presse, plus élevés que partout ailleurs, obèrent gravement les marges des journaux, tout en contribuant à rendre la presse française plus chère. A part les échos et l'équipe, on peine à identifier un quotidien français gagnant de l'argent.
- L'organisation des points de vente, elle aussi verrouillée par le système NMPP, est jugée trop rigide et insuffisante en nombre.
Axel Springer en est arrivé à la conclusion que lancer un tel projet nécessiterait 300 Millions d'Euros de mise de départ au lieu des 120 Millions prévus initialement, par analogie aux coûts observés ailleurs. Le journal devant être vendu plus cher que prévu, le risque d'échec n'en devenait que plus grand. Le groupe, déjà présent dans la presse magazine en France, a donc renoncé à son expansion dans la presse quotidienne.
60 ans de monopole cégétiste sur la distribution de la presse quotidienne française ont abouti à une situation industrielle désastreuse, où les titres ne survivent que grâce à des aides de l'état (TVA à 2,1%, etc...) qui représentent 12% de leurs ventes selon un rapport sénatorial de 2003. Dans tous les autres pays développés, ou la presse est réellement libre, elle est économiquement florissante.
Cette situation dissuade de nouveaux acteurs d'entrer sur notre marché, alors que les mêmes qui défendent l'exception française des NMPP dénoncent la concentration croissante de la presse aux mains de deux grands groupes (Lagardère et Dassault). Le monopole confié aux NMPP en 1947 avait pour objectif "d'assurer la pluralité de la presse" en permettant à tout nouveau titre d'être distribué. Cherchez l'erreur.
Pour que renaisse une presse vraiment libre, plurielle et florissante, libérez-la de l'état et du monopole des NMPP !
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Mise à Jour, Vendredi soir: "banquise tropicale" ajoute une précision intéressante: le renoncement du groupe Springer entrainera 42 licenciements 300 autres postes prévus ne verront pas le jour.
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