L'institut Constant de Rebecque, think-tank libéral lausannois, édite un très intéressant réquisitoire contre l'harmonisation fiscale européenne, qui taille en pièce les arguments des apparatchiks bruxellois en faveur de cette volonté que les grands pays inefficaces tentent d'imposer aux économies flexibles, mobiles et en forte croissance (un exemple brillant à l'intérieur de l'UE: l'Irlande).
Concept promu par les états les moins aptes à se réformer, l'harmonisation fiscale de l'Europe est déjà fortement avancée, pour le plus grand désagrément de ses habitants: taux de TVA minimaux, prélèvements minimaux sur l'épargne, harmonisation des bases fiscales, etc... Le rapport nous apprend que l'UE fait pression avec la plus abjecte mauvaise foi, en exerçant un chantage quasi mafieux sur des états indépendants et souverains comme la Suisse, pour les obliger à accroitre leur prélèvement sur la richesse de leurs citoyens, et réduire la capacité, pour les européens les plus fiscalement pressurés, de "voter avec leurs pieds" en allant élire domicile sous des cieux plus cléments. L'UE en est venue à considérer une fiscalité "basse" comme... une subvention d'état, comme si l'argent laissé dans la poche de ceux qui l'ont gagné constituait un cadeau du souverain magnanime à ses sujets, tout argent gagné appartenant par défaut à l'état "saigneur" (oui, avec un a) ! Une telle vision totalitaire des rapports entre états et individus laisse pantois.
Or, les arguments de l'UE en faveur de l'harmonisation, afin de réduire "la concurrence dommageable inter-états" et "les inégalités fiscales frappant les entreprises", ne sont pas seulement immoraux. Ils sont autant de non-sens économiques.
La concurrence fiscale entre états, couplée à la capacité des agents économiques de s'établir librement là où le rapport qualité prix des états est le meilleur, oblige les états les moins performants à se réformer pour pouvoir conserver sur leur sol les agents économiques les plus efficaces. En outre, les sommes que les "paradis fiscaux" permettent de sauver de la gloutonnerie fiscale des états permettent aux entreprises, agents économiques bien plus efficaces, d'améliorer plus encore leur offre de services et de produits accessibles aux citoyens, et donc leur pouvoir d'achat, y compris sur le territoire des pays fortement imposés. Il est donc probable que, sans paradis fiscaux à ses portes, l'Europe serait moins riche qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Dans un tel contexte, il est vivement souhaitable que la Suisse continue de résister au chantage à l'encerclement douanier exercée par une union européenne dont la marche actuelle vers plus de centralisation bureaucratique et moins de "concurrence libre et non faussée" ne laisse d'inquiéter. Conclusion du rapport de l'institut Constant:
Face aux dangers impliqués par une cartellisation des fiscalités en Europe, la Suisse continue de jouer un rôle essentiel. La dissidence éclairée de la Suisse contribue de façon sensible à la préservation et à l’augmentation de capital productif dans le respect des choix et des droits individuels, dans l’intérêt bien compris de tous les Européens et de l’avenir de l’Europe.
Si certains pays sont devenus des paradis fiscaux, c'est bien que d'autres sont devenus des enfers. La grandeur, pour un homme politique, ne serait-ce pas de vouloir que son pays ressemble au paradis, au lieu de vouloir l'enfer pour tout le monde ?
A lire, le rapport de l'institut Constant, "Le cartel fiscal européen et le rôle de la Suisse".
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Trouvé via le blog "point de vue libéral"
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