Il y a un an, en septembre 2006 : le candidat Nicolas Sarkozy confirmait
publiquement son intention de conduire une réforme des régimes spéciaux
de retraite. A l'époque déjà, les syndicats du rail ont menacé
de
faire grève. L'Institut Hayek publie alors un
communiqué de
presse qui, à la relecture, n' a pas pris une
ride.
Aujourd'hui, septembre 2007: le président confirme sa volonté de
réformer ces
régimes, dont il stigmatise avec raison l'indignité. La force des mots employés par Nicolas Sarkozy donne à penser que pour une fois, il est déterminé à aller jusqu'au bout: les hostilités sont clairement déclenchées, revenir en arrière reviendrait à perdre la face de façon particulièrement humiliante face aux syndicats. Le président doit maintenant tenir le cap, et montrer vraiment s'il porte en lui quelques un des gènes réformateurs d'une Thatcher ou d'un Reagan, ou s'il n'est qu'un clone de Jacques Chirac.
Les plus grincheux
diront que c'est l'ensemble du système de
pensions qui devrait être réformé et pas seulement les 532 régimes
spéciaux que
compte notre pays. Mais en terre de France, où le courage politique
n'est pas habituel, cela représente une avancée incontestable.
En réponse à la déclaration d'intention du gouvernement, les syndicats de la SNCF,
unanimes, CFDT, CGT et Sud Rail, promettent une
rentrée
sociale musclée, pour défendre l'un des régimes spéciaux visés, le
régime de retraites des cheminots. Ces syndicats, une fois de plus,
manifestent leur intention de
provoquer des désordres qui perturberont la vie des français, causeront
des pertes considérables à l'économie tout entière, alors que la
réforme qui sera proposée est portée par un gouvernement
soutenu par une majorité légitimement élue, plutôt largement, et qui a
clairement annoncé au cours de la campagne électorale sa volonté d'en
finir avec les inégalités les plus criantes en matière de retraite.
Il serait abusif de réduire la question des régimes spéciaux à celui de
la SNCF, mais gageons que dans les semaines à venir, les cheminots
seront plus qu'omniprésents "à la pointe de la lutte contre la remise
en cause des acquis". Il n'est donc pas inutile de rappeler quelques
éléments essentiels de la privilégiature actuelle dont bénéficient les
employés et retraités de la SNCF.
Quelques extraits du
communiqué de septembre 2006
(...)
SNCF, le grand racket
Il n'est pas inutile de rappeler les caractéristiques actuelles de la retraite des personnels de la SNCF :
- retraite à 55 ans pour l'ensemble du personnel, et à 50 ans pour les conducteurs de locomotives. (régime général: 60 ans minimum)
- Retraite complète, à 75 % du dernier salaire (6 derniers mois), pour 37 ans _ d'activité. Les conducteurs bénéficient de "bonifications de service" qui écourtent notablement cette durée d'activité (25 années de service peuvent suffire) et/ou permettent d'aller bien au-delà des 75 % (jusqu'à 90%). (régime général: 50% de la moyenne des salaires des 25 meilleures années, après 42 ans de cotisations).
- Pour les retraités de moins de 60 ans, possibilité de cumuler un autre salaire avec la pension, sans limitation.
- Indexation des pensions sur les salaires des cheminots actifs (et non sur l'indice des prix) ;
Les conséquences de ce système sont bien connues : on compte actuellement 175.000 actifs à la SNCF, pour 312.000 pensionnés. Bien entendu, il n'est pas possible d'assurer l'équilibre financier d'une retraite par répartition dans un tel contexte, et c'est l'état qui couvre le déficit. L'article 30 du décret 83-817 du 13 septembre 1963 portant application du cahier des charges de la SNCF met à la charge de l'état le comblement intégral du déficit du régime spécial de retraite, sans la moindre limitation ! Ainsi, la subvention d'équilibre prévue pour 2005 s'élevait à 2,515 milliards d'euros, cadeau de l'ensemble des contribuables aux retraités de la SNCF. (source minefi, pdf )
Le total des pensions versées s'établit à 4,4 milliards d'euros, mais cette somme ne serait donc que de 1,9 milliards si le système était auto-financé. Autrement dit, 25 millions de ménages paient chaque année une taxe spéciale d'environ 100 euros pour plus que doubler la retraite perçue par 300.000 cheminots ! Il est instructif de mettre ce chiffre en regard de la masse salariale, 7,7 milliards d'euros, et du montant des recettes de trafic (voyageurs + marchandises) qui s'élèvent à 8,35 milliards d'euros.
Outre la subvention gouvernementale d'équilibre, une énorme part patronale de 33,94 % des salaires est affectée à la seule prestation retraite, deux fois plus que dans le secteur privé. Ce sont les usagers captifs du monopole qui paient la douloureuse à chaque billet de train acheté.
Ajoutons que selon divers documents de source syndicale, il faut prévoir une explosion du nombre de départs à la retraite en 2007-2008, ce qui provoquera simultanément une baisse du nombre des cotisants, et une augmentation du nombre des pensionnés, et donc une forte augmentation de la subvention d'équilibre versée par l'état. Il est plus que temps d'arrêter l'hémorragie.
Voila donc ce régime spécial, privilège exorbitant, que les syndicats veulent maintenir coûte que coûte, au mépris de toute considération d'équité, de solidarité et de légalité.
Les pensions, et le reste...
Le dossier noir des comptes du chemin de fer ne se limite pas au seul aspect de la retraite de ses agents. Il s'y ajoute de semblables gabegies dans la gestion du système de prévoyance, lui aussi dérogatoire. S'y ajoutent les généreuses contributions de l'état et des collectivités territoriales au chiffre d'affaires de la SNCF et de RFF (Réseau Ferré de France, organisme public propriétaire des voies), les déficits d'exploitation récurrents des deux organismes... La SNCF peut compter sur l'attribution généreuse de 1,5 milliards de fonds publics au titre de sa mission de service public, et sur 2,5 milliards ponctionnés à RFF au titre de la maintenance des infrastructures, alors que la redevance payée par la SNCF à RFF pour l'utilisation du réseau est inférieure à 2,3 milliards. Comprenne qui pourra les raisons de ces allers retours comptables...
Au total, d'après le rapport du 8 juillet 2004 de la "mission parlementaire d'évaluation et de contrôle portant clarification des relations financières entre le réseau ferroviaire et ses partenaires publics" (tout un poême...), ce sont 10,597 milliards de fonds publics qui ont été consacrés au transport ferré en 2003 (10,883 milliards estimés, en 2004), soit bien plus que les recettes de trafic de la SNCF, 20% du produit de l'impôt sur le revenu, un quart du déficit annuel de l'état, 400 euros par foyer, près de 3.000 Francs. Et cela se reproduit chaque année.
(...)
Analogie rapide: Le gouffre de la SNCF coûte au contribuable l'équivalent d'un scandale du Crédit Lyonnais tous les 3 ans ! Et tout cela pour une qualité de service globalement déplorable, malgré un TGV plus cache misère que vitrine.
A l'époque, nous affirmions que
Pour qu'un dirigeant français ose la voie de la fermeté, il devra sentir qu'une part importante de la population est prête à le soutenir. Il est temps que la majorité silencieuse donne de la voix. Si les semaines à venir voient se réaliser la menace de grève, elle doit manifester clairement sa réprobation, par tous moyens légitimes : les manifestations, les pétitions, l'envoi massif de courriers aux gouvernants et aux élus de la nation. Elle doit soutenir activement l'effort des groupes de pression qui luttent pour l'équité en matière de retraite (exemple). Il faut que la société civile responsable se mobilise enfin, comme elle a commencé à le faire en 2003 grâce à l'action de l'association "liberté chérie", contre le terrorisme syndical de ceux qui veulent perpétuer la grande extorsion de fond opérée à leur profit, tout en prétendant que leurs actions défendent les "acquis sociaux" de tous les français.
(...)
Notre pays ne sortira pas de la sclérose qui le consume à petit feu tant que ne sera pas réalisée la conjonction d'un pouvoir qui assume toutes ses responsabilités et d'une population qui le soutient explicitement.
(...)
La situation est inchangée: si les syndicats, cheminots en tête, venaient à exercer un chantage à la grève, alors il faudra que la société civile responsable réagisse par tous les moyens respectueux du droit pour donner au gouvernement la force de ne pas reculer.
La réforme en France, quelle qu'elle soit, passe par le processus suivant:
Blocage de la France par les syndicats, réaction ou non du pouvoir et la France qui se redresse ou non.
Car la vraie réforme que les français attendent c'est la réforme de l'Etat, remise en cause de tous les avantages acquis par la contrainte des syndicats depuis près de 50 ans. Et à ce moment là ils font comme d'hab. Ils bloquent la France. Que va faire M. Sarkozy alors ? Il a 2 options, l'une de ne rien faire, l'autre de faire passer avec sa majorité présidentielle au Parlement ou par référendum, une loi, enlevant à tous les fonctionnaires "tenant" d'un service public, le droit de faire grêve, sauf .... d'être révoqués sans droit à la retraite.
Et tout se passera là. Car tout le reste n'est que discours et gesticulations. Quant à ceux qui reprochent au gouvernement de ne pas négocier sur une chose aussi importante que les régimes spéciaux, qu'ils se disent bien, que dans les faits, cela fait bien 30 ans que la négociation sur ces régimes est engagée. Pour quel profits pour la société de ceux qui produisent ? Aucun si ce n'est des régimes toujours plus iniques pour les autres français.... et avec leur argent !
Encore un instant Monsieur le Bourreau !....
Rédigé par : Libéralisateur | mardi 18 septembre 2007 à 13h10
100% D'accord. M'est à vis qu'au final, le verre sera à moitié vide, ou plein, selon sa vision.
Rédigé par : vincent | mardi 18 septembre 2007 à 20h12