J’ai eu l’occasion de parler de l’échec du Kibboutz en tant que preuve ultime de l’échec de toute forme de collectivisme, fut-il volontaire.
John Stossel, traduit par l’institut Molinari, nous rappelle fort opportunément à l'occasion de la fête de Thanksgiving que les colonies anglaises d’Amérique du XVIIème siècle ont, elles aussi, connu leurs expériences de collectivisation volontaire des ressources, qu’elles abandonnèrent bien vite. Extrait :
"Quand les pèlerins ont d'abord fondé la colonie de Plymouth, ils ont organisé leur agriculture selon un principe de collectivisation des ressources. L'objectif était de tout partager de manière égale, aussi bien le travail que la production.
Presque tous ont souffert de la faim.
Pourquoi ? Quand des personnes peuvent obtenir la même chose avec peu d'efforts ou avec beaucoup, la plupart ne fourniront que de faibles efforts. Les colons de Plymouth feignaient la maladie plutôt que de travailler à l'accroissement de la propriété commune. Certaines volèrent même, en dépit de leurs convictions puritaines. La production totale était trop faible pour l'ensemble de la population, et il en résulta la famine. (…) Cela dura deux ans.
« Quand il est apparu clairement que la famine devait également se poursuivre l'année suivante, si rien ne venait l'en empêcher, écrit le gouverneur William Bradford dans son journal, les colons commencèrent à réfléchir aux moyens de faire pousser plus de maïs qu'auparavant afin d'obtenir une meilleure récolte et de ne plus continuer à vivre dans la misère. Après de longs débats, [...] Nous avons donc accordé à chaque famille une parcelle de terre. »
Le peuple de Plymouth est ainsi passé du socialisme à la propriété privée des terres. Les résultats furent spectaculaires.
« Cela a été un grand succès, écrit Bradford, chacun est devenu plus travailleur, de telle sorte que plus de maïs a été planté que les années précédentes. [...] À partir de ce moment, les récoltes devinrent abondantes et, à la place de la famine, Dieu donna beaucoup aux colons ; la face des choses avait changé, pour le bonheur de beaucoup [...]"
John Stossel appelle cette page de l'histoire américaine la "leçon oubliée de Thanksgiving". Il y en a selon moi une autre, tout aussi importante.
En 1623, la faiblesse des technologies accessibles aux cultivateurs de nouvelle Angleterre condamnait la collectivisation à la faillite rapide, ce qui força tout naturellement l’Amérique à faire le choix d’une société fondée sur la liberté, l'entreprise et la propriété privées.
A l'opposé, au XXème siècle, lorsque les expériences collectivistes furent imposées à de nombreuses populations, les technologies accessibles à ces régimes, malgré le retard d’investissement que les pays communistes accumulaient au fil du temps, leur permirent d’éviter les famines extrêmes, sauf, naturellement, lorsque les dirigeants communistes s’en servirent comme d’une arme de répression de la paysannerie insoumise. Le communisme mit donc bien plus longtemps à s’effondrer, car les fragments de technologies péniblement copiés à l’ouest permettaient aux régimes communistes de reculer le "seuil de douleur" qui aurait rendu les soulèvements massifs inévitables.
Les libéraux ne doivent donc pas croire que la bête immonde est morte à cause de ses échecs et crimes du passé : plus le progrès technologique - qui nait de la compétition des entreprises dans un monde libéral - ira croissant, plus les gens pourront avoir l’impression que le collectivisme, rampant ou déclaré, n’est pas un facteur de misère insurmontable. Si nous venions à négliger de combattre les idées communistes avec détermination, si la mémoire du passé se brouillait à l'excès, alors nous serions, plus que les générations passées, vulnérables face à de nouvelles tentatives d'asservissement.
"Les libéraux ne doivent donc pas croire que la bête immonde est morte à cause de ses échecs et crimes du passé "
Morte? Elle n'est que plus insidieuse, plus sournoise...
Rédigé par : Simon | mardi 04 décembre 2007 à 22h16