Entendu samedi matin sur BFM, dans l'émission de David Marty, "In Vino", l'histoire suivante, que je résume de mémoire (également relatée par "le Blog Luxe"), et qui me met hors de moi :
En 2005, le Parisien Libéré publie un reportage sur la réussite économique de la Champagne et de son merveilleux vignoble. En encadré, pour illustrer son propos, le quotidien publie un banc d'essai de "quatre grandes bouteilles", de diverses marques.
Il ne s'agissait ni d'un publi-reportage, ni d'un article de commande, aucun achat d'espace publicitaire de la part des vignerons ou d'un organisme viticole champenois n'a été effectué dans "le Parisien" dans la période encadrant la publication de l'article. Le journal n'a donc pas fait figurer le traditionnel avertissement aux demeurés que nous sommes :"Attention, l'alcool rend con les politiciens, ça pourrait aussi vous arriver. Buvez avec modération, parce que si on vous ne le dit pas, vous ne saurez pas que se saoûler, c'est maaaal", ou quelque chose de ce genre.
Une "association", l'ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie), dédiée à la lutte contre les méfaits de l'alcool, a porté plainte contre le Parisien. Après... Deux années de procédure (!), en décembre 2007, le quotidien a été condamné à payer 5000 Euros d'amende pour non respect de la loi... Evin, ça ne s'invente pas, sur la publicité sur les alcools.
Le plus beau: "l'association" en question est financée à 87,9% par... L'état, eh oui, et elle emploie, tenez vous bien... 1380 personnes !!!
L'état emploie donc, sous le couvert d'une pseudo-association, histoire que cela se voie moins, une quasi administration de 1380 péri-fonctionnaires dont l'une des missions consiste à harceler les organes de presse qui osent publier des articles contraires aux préjugés du législateur, et qui pourraient inciter, horreur suprême, le français moyen à se saouler quotidiennement au Krug brut millésimé. On le sait, le Français est un idiot, dont Louis XIV et Napoléon avaient bien compris qu'il fallait les gouverner d'une main ferme. Ah mais. Cela vaut bien que l'état fournisse à l'ANPAA 88% d'un budget de 66 Millions d'euros, dont 46 millions de masse salariale (cf. leur rapport financier 2007) !
L'ANPAA vient d'ailleurs de récidiver en faisant condamner la maison Moët et Chandon à 30 000€ d'amende (beau score !) pour avoir osé, tenez vous bien, mener avec les brasseries "Flo" une campagne visant... à donner une image positive du champagne ! Toujours selon le Blog Luxe:
Dans son arrêt, la Cour a jugé que cette publicité avait "pour effet de créer une association d'idées entre la consommation de ce champagne rosé et le fait de voir la vie en rose, ce qui dans le langage commun signifie avoir une approche euphorique de la vie."
On imagine sans peine que désormais, toute publicité pour le Champagne devra être associée à des évènements désagréables: enterrements, contrôles fiscaux, vote de lois à l'assemblée, Grenelle de la bêtise, etc... Et que surtout, elle ne devra en aucun cas donner une image positive du champagne. Genre: "Boire du champagne tue, contrairement au ridicule". La pub qui doit donner une image triste d'un produit : il fallait y penser, la France l'a fait !
Les élus sont des types comme vous et moi, qui, une fois réussi leur examen d'embauche un peu particulier auprès des électeurs, croient que leur mission consiste avant toute chose à emmerder par tous les moyens possibles lesdits électeurs, en leur imposant leurs préjugés, quels qu'ils soient.
Puis ils créent, avec votre argent, des armées de bureaucrates chargés de s'assurer de la pérennité de l'emmerdement ainsi suscité, lesquels justifient leur salaire en saisissant n'importe quel prétexte pour pratiquer un authentique harcèlement ou racket légal. Gageons que l'exceptionnel succès de l'ANPAA dans sa lutte contre les lobbys de la bulle lui vaudra la reconnaissance de l'assemblée et un budget en hausse dans les années à venir.
Et la liberté d'expression, et la liberté de la presse, dans tout cela ? Des concepts surannés, sans aucun doute. L'entendez vous, le rire sarcastique de toutes les ANPAA de France ?
"La liberté, c'est bon pour moi, mais celle des autres, mon bon monsieur... Elle doit être encadrée par la loi, et de préférence la mienne, sans quoi n'importe qui peut faire n'importe quoi ! Le monde est trop complexe pour que les gens simples puissent exercer leur liberté de façon optimale ! L'état, les élus, et notre merveilleuse administration doivent guider
le pauvre con d'électeur vers les chemins du bonheur collectif, respectueux demonl'intérêt général...Oh, et puis, assez philosophé: Rien à battre, de la liberté d'expression, pourvu que nous puissions trouver une justification à nos salaires d'ANPAA-fés. Alors tremblez, bouilleurs de crus, journaux, restaurateurs, salariés agricoles, exploiteurs du sang de la terre, blogueurs à la con, parce qu'à la moindre virgule de travers, on ne vous ratera pas !"
Voilà ce qui arrive lorsque l'on permet, sous couvert de démocratie, à des individus de voter des lois qui violent le principe de la déclaration de 1789 selon lequel la liberté des uns ne peut être limitée que par celle des autres. Aujourd'hui, interdiction de vanter les mérites gustatifs d'un alcool, ou de diffuser des propos incitant les citoyens à vouloir s'affranchir du monopole de l'insupportable sécurité sociale. Demain, répression de l'apologie des produits gras ou des propos visant à remettre en cause "le modèle social français", "le multiculturalisme béat", "l'histoire officielle", "la grandeur de la nation française", "le soutien à la dépénalisation des drogues" ? mais où s'arrêteront-ils ?
Toute loi permettant de sanctionner des actes qui ne créent pas de préjudice direct à la liberté ou la propriété d'autrui devrait être déclarée de facto inconstitutionnelle par n'importe quel juge. On en est très loin.
Je me suis toujours demandé pourquoi les journalistes se croyaient obligés de glisser la petite mention "à consommer avec modération" à chaque fois qu'ils parlent de vin ou d'alcool, bien que rien ne les y oblige, bien que cette mention ne s'impose qu'aux publicitaires.
Je les croyais lâches; ils étaient peut-être prudents, tout simplement.
Cette histoire est à gerber. Quant au jugement qui condamne une pub parce qu'elle dit du bien du produit, on croit rêver.
Pourquoi pas, mais alors il faut interdire complètement la pub pour l'alcool. Le tribunal n'est pas en tort, c'est la loi qui est hypocrite. Si "le contenu d’une publicité ne doit comporter que des informations objectives sur le produit et ne peut comporter une mise en scène", comme l'affirme l'association plaignante, on n'a en réalité le droit de publier que des listes de prix, avec une petite photo (à la rigueur).
Tout le reste est à la merci d'une assoce mal lunée avec du temps sur les bras et des "militants" payés par le contribuable.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 30 janvier 2008 à 00h54
Il me semble, en suivant votre lien, que l'argumentation monopoliste et anti-libérale de la Sécu semble s'être étoffée sur son site, depuis la dernière fois que je l'ai consulté. Remarquez la drôle de phrase qui termine la page: "Fragiliser la Sécurité sociale, c'est mettre en péril notre pacte républicain." Sur le portail de la Sécurité sociale...
Je ne vois pas bien quelle légitimité possède un organisme d'assurance-maladie (qui nous coûte la peau du cul) pour pérorer sur le pacte républicain. On a beaucoup trop laissé la bride sur le cou à ces gens-là, et maintenant ils se prennent pour le roi de France.
On notera aussi la dernière phrase du communiqué du ministre de la santé d'il y a un an: "La contrepartie des droits reconnus à tous les résidents en France est l’obligation pour tous de cotiser à ce socle commun de protection sociale."
Eh oui. Tous les résidents en France. Y compris les immigrés illégaux, qui sont mieux couverts par la Sécu que les Français eux-mêmes. Y compris les immigrés légaux, qui peuvent décrocher une carte de séjour pour la seule raison qu'ils sont porteurs de maladies graves, comme le montre le récent scandale de faux certificats psychiatriques délivrés contre rémunération par un médecin hospitalier de Marseille. Mais, chut! il ne faut surtout pas en parler, ce serait raciste...
Et pour faire accepter cela, il faut au moins menacer de prison ceux qui suggèrent qu'on pourrait être beaucoup mieux couverts pour nettement moins cher si l'on supprimait le monopole de la Sécu... et si l'on cessait de creuser le trou cette dernière pour soigner le monde entier.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 30 janvier 2008 à 01h26
A vomir !!!!!
Rédigé par : ALLLLLLL | mercredi 30 janvier 2008 à 11h01
Vincent : j'aime cet article au verbe radical et sarcastique sur les excès de notre pays ra...viné.
Le renouveau des libéraux français sera dans la défense d'un message puissant, dénonçant sans ambages les aberrations de nos décideurs politiques.
Pour être entendus, il est temps que les libéraux français insistent moins sur leur sens de la tolérance et passent davantage à l'offensive.
Il faut déranger au lieu de se ranger !
Bravo pour ce post !
Rédigé par : Archilibéral | mercredi 30 janvier 2008 à 22h07
Merci pour ce post... forcément "anecdotique" diront les idéologues étatistes... tout comme la douane le dirait (cf. le post en lien).
Rédigé par : Josick d'esprit agricole | samedi 02 février 2008 à 14h21
Très remarquable article, intéressant et très bien écrit. je l'ai envoyé à la Ligue du Contribuable qui publie aussi "le CRI du contribuable", pour qu'ils enquêtent un peu sur cette ANPAA, ses agissements et son utilité.
LS
Rédigé par : Luc SEMBOUR | lundi 04 février 2008 à 00h41
Il semble que lors de la dernière révision du code pénal, on aie supprimé le crime de liberticide. Il est vrai qu'avant sa suppression, il existait certes, mais aucune peine n'était prévue.
Or, maintenant le liberticide est devenu la principale activité des gens qui disent nous gouverner. Voyez la dernière loi sur le tabac, dont les justifications, pour autant qu'on les entende, sont ridicules: à les en croire, le tabac ferait plus mourir ceux qui ne fument pas que ceux qui fument. (Il va donc falloir que je me remette à fumer)
Au nom de la Démocratie, qui, ainsi, est devenu un système totalitaire, des tas de gens veulent faire notre bonheur malgré nous. Il vaut mieux, pour notre santé, marcher à pied, laissant la chaussée aux voitures de fonction de la mairie de Paris!
Mais si l'on appose actuellement des affiches affirmant que "votre voix sera déterminante", dans le même temps, on viole la démocratie et le vote populaire sur le traité de Lisbonne. Avec de pauvre arguties.
Toutes ces dispositions liberticides viennent de l'action de quelques lobbys, qui, dans le système actuel des partis tenus par un petit nombre de personnes qui contrôlent les investitures, conduit nos "représentants" à voter n'importe quoi.
Le seul moyen pour que nos élus prennent un peu la mesure de leurs responsabilités, c'est de leur faire connaitre par l'exemple les dangers du saturnisme.
Particulièrement dans la tête.
Mais depuis 1830, nos élus, par prudence, ont tout fait pour nous désarmer.
Rédigé par : Buridan | lundi 11 février 2008 à 18h04