« Logement défiscalisé: la déprime | Accueil | Faut-il laisser aux "riches" la possibilité de se soigner mieux ? »

mercredi 27 février 2008

Commentaires

Flux Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.

Robert Marchenoir

D'accord. Mais cette chanson idyllique des emplois à valeur ajoutée qu'il faudrait valoriser, de l'économie de la connaissance qui ouvrirait à tous les Occidentaux des lendemains radieux, omet une vérité si peu politiquement correcte que même les libéraux ne la crient pas sur les toits: tout le monde ne peut pas occuper des emplois intellectuels à haute valeur ajoutée et salaire élevé.

D'abord parce que toute société n'a pas besoin que d'ingénieurs de haut niveau et de financiers polytechniciens pour fonctionner. En fait, s'il n'y avait que cela, on mourrait de faim et de froid.

Ensuite parce que la plupart des gens n'ont pas et n'auront jamais les qualités requises pour occuper ces nouveaux fameux emplois à haute valeur ajoutée.

Evidemment il ne faut surtout pas le dire. L'inégalité foncière et éternelle des êtres humains ne peut même plus être rappelée, tellement elle est taboue.

En s'abstenant de penser cela, on condamne beaucoup de gens au chômage. La vulgate ambiante interdit de dire: tu seras ouvrier, mon fils. Mieux vaut l'oisiveté.

stan

Sauf que les services a la personne ne sont pas delocalisables, et que les emplois a forte valeur ajoute, sont demandeurs de ces services justement!

michel

en réponse à Robert Marchenoir, l'existence d'une large fraction de la population n'ayant que des qualifications de niveau modeste ou pas de qualification du tout ne doit pas conduire à condamner les délocalisations. Produire à des coûts supérieurs aux normes internationales du marché ne peut que pénaliser l'économie tout entière. Il y a suffisamment de potentiel d'emplois dans le commerce, les services, le BTP, pour donner du travail à tout le monde, à la condition d'un dynamisme économique général élevé. Ce qu'il faut, c'est rechercher des solutions à l'échec scolaire, apporter une formation professionnelle au très grand nombre, et être compétitifs pour pouvoir équilibrer une balance commerciale par suffisamment d'exportations.Dans cette optique, offrir des solutions professionnelles aux élites, éviter qu'elles ne s'expatrient en trop grand nombre, attirer des élites étrangères est primordial, car il est évident que le dynamisme économique suppose l'apport de cadres aussi compétents que possible.

Robert Marchenoir

"Il y a suffisamment de potentiel d'emplois dans le commerce, les services, le BTP, pour donner du travail à tout le monde, à la condition d'un dynamisme économique général élevé."

Oui, il faut l'espérer, Michel. Mais il y a un discours libéral occidental idyllique qui dit en gros: nous on sera les maîtres du monde avec des gros salaires et des boulots intéressants, et les Chinois seront nos esclaves.

Les gens qui disent cela ont oublié de demander leur avis aux Chinois. Un indice: ces derniers prévoient eux aussi d'être les maîtres du monde -- et dans pas trop longtemps.

Et puis, quelle sera la nature des emplois non délocalisables? On attache des espoirs exagérés, à mon avis, aux "services à la personne" (*). Mais une société ne peut pas fonctionner avec uniquement, d'une part, des ingénieurs polytechniciens et des directeurs du marketing, et, d'autre part, des nounous, des accompagnatrices de personnes âgées et des coiffeurs à domicile pour cadres de multinationales stressés. Ca ne fait pas une économie.

Par ailleurs, les fameux "services à la personne" sont de plus en plus occupés par des immigrés. Cela laisse en plan la question des emplois disponibles pour la masse des Français.

En d'autres termes, il ne suffit pas de ne pas empêcher les délocalisations. Encore faut-il encourager les créations d'emploi. Et bâtir une économie qui permette l'ascension professionnelle. Quelles sont les perspectives de promotion d'un esclave attaché à un ordinateur dans un call-center (call-centers d'ailleurs délocalisables et déjà délocalisés...)?

(*) A tel point qu'une nouvelle licence professionnelle porte ce nom, sans doute dans le but de se faire bien voir: "Arts du clown - services à la personne".

Je vois d'ici les cohortes d'artistes-clowns chômeurs tout dépités que leurs "services à la personne" ne soient pas appréciés à leur juste valeur, et réclamant la création de nouveaux postes de clowns-fonctionnaires.

Pierre

Vous préconisez quoi Mr Marchenoir ? La semaine de 35 heures ? Les emplois-jeunes ?
Socialiste !

Mateo

"Mais il y a un discours libéral occidental idyllique qui dit en gros: nous on sera les maîtres du monde avec des gros salaires et des boulots intéressants, et les Chinois seront nos esclaves."

N'importe quoi! Ce n'est pas le langage d'un libéral… En général, c'est plutôt s'ils continuent à s'ouvrir au monde, ils nous rattraperons d'ici quelques (dizaines d') années :) "

Et ce n'est pas parce-qu'il est préférable que nous laissions les travaux à faible valeur ajoutée aux pays qui ont un important avantage comparatif que cela veut dire que les emplois restants seront concentrés uniquement sur les "services à la personne"…

Et on ne dira rien sur le passage des "immigrés qui viennent piquer le boulot des Français"…

@Pierre:
Non, Mr Marchenoir n'est pas socialiste. C'est un conservateur. Mais il est vrai qu'il arrive plus souvent qu'on ne le croit que socialistes et conservateurs se rejoignent sur le plan économique. C'est le côté constructiviste.

PS: l'esclavage a été aboli il y a bien longtemps… Sauf dans l'imagination de quelques marxistes.

michel

Pour faire avancer ce débat, je propose de considérer qu'il y a globalement trois façons de créer de la croissance suivant les atouts des uns et des autres:
1 - Pour les pays riches en ressources naturelles, pétrole notamment, et relativement peu peuplés, tirer un maximum de revenus des ressources, et en investir une partie dans l'économie mondiale, en visant à terme une politique de rentiers. Koweit, Emirats, et même Norvège sont dans ce cas.
2 - utiliser une masse de main d'oeuvre peu couteuse et suffisamment formée pour produire massivement des biens industriels qui s'exportent facilement grace à leurs coûts attractifs.
3- développer des ressources intellectuelles pour créer des biens et services innovants à forte valeur ajoutée, quitte à les faire fabriquer dans les pays du type 2. Dans ces pays de type 3, experts et techniciens permettent de réaliser les plus-values qui financent les importations et les services locaux dont les consommateurs ont besoin. Ces pays ne peuvent compter que très partiellement sur l'industrie pour satisfaire leurs besoins.
La difficulté, pour les pays du type 3, est de conserver leur avance sur les pays du type 2. En effet, la Chine et l'Inde, entre autres, ont le potentiel nécessaire pour former une partie minoritaire, mais nombreuse, de leur population à la même créativité et la même expertise que les notres, tout en conservant une masse de travailleurs peu rémunérés disponibles pour la production industrielle. Il y a là, pour les décennies à venir, une compétition très aléatoire, avec des pays pétroliers qui acquiérent des parts grandissantes de nos entreprises et donc des profits, des pays industriels émergeants qui nous concurrencent de plus en plus sur notre terrain, et nos pays occidentaux qui tentent de conserver leur avance technologique, tout cela sur fond de population mondiale dont la croissance numérique est forte, la croissance consommatrice encore plus forte, et la disponibilité de ressources naturelles de plus en plus aléatoires.
Sauf à réaliser des usines sans ouvriers, ou à laisser se dégrader les revenus ouvriers, nos économies occidentales ne pourront que perdre peu à peu la partie fabrication des produits. Mais cette partie ne représente qu'une faible part de la valeur ajoutée globale. C'est donc sur tout ce qui est en amont (créativité et développement) et en aval (distribution et services) de la production industrielle que se joue notre capacité à maintenir les hauts standards de vie auxquels nous sommes parvenus.
J'ajoute que si nous, occidentaux, conscrions une part plus importante des revenus que nous engendrons dans le financement de nos entreprises, c'est à dire dans l'épargne productive, de la même manière que d'autres investissent leurs bénéfices pétroliers, nous nous constiturions une sécurité supplémentaire pour le moyen et le long terme. Cela veut dire, peut-être, faire preuve de plus de dsicernement dans nos achats de biens indutriels et conscrer plus à notre épargne.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.

Ob'lib' 2.0

  • |  RSS | | http://www.wikio.fr

    Partager cette page | Mon profil Facebook | mon fil twitter

Mon fil Twitter

distinctions

  • Wikio - Top des blogs | Wikio - Top des blogs - Politique