S'il y a bien un domaine dans lequel tout gouvernement se croit obligé d'intervenir économiquement ou de légiférer, c'est bien celui de la promotion des technologies dites "vertes". Subventions, protections normatives et législatives, remises fiscales, aucune intervention ne semble de trop pour nos politiciens afin de promouvoir les énergies renouvelables, les matériaux isolants, défendre l'agriculture bio, les voitures à petit moteur, ou que sais-je encore. Seul problème: ces subventions aident-elle vraiment à promouvoir les meilleures éco-technologies ?
Je passerai rapidement sur le caractère faussement écologique de certaines de ces technologies, comme les bio-carburants, dont le bilan désastreux a déjà été abordé ici maintes fois, ou les éoliennes, qui massacrent indistinctement les paysages et les oiseaux, alors que leur incapacité à produire l'électricité lorsque l'on en a vraiment besoin conduisent à construire des centrales thermiques hautement génératrices de rejets de CO2 pour compenser les creux de production des centrales éoliennes...
Afin de simplifier le débat, admettons, pour la démonstration qui va suivre, que toutes les technologies soutenues actuellement par l'état soient écologiquement pertinentes. Cela rendrait-il pour autant leur soutien par l'état intelligent ?
Prenons l'exemple des subventions aux panneaux solaires, telles qu'elles existent, par exemple, en Californie à une grande échelle. Tout autre exemple pourraît être traité de façon similaire. Si les tuiles et panneaux solaires sont soutenus par le législateur, c'est parce que celui ci s'est aperçu que, si les technologies solaires devaient se vendre sur leur mérite propre, elles ne trouveraient guère preneur, car le solaire, malgré ses promesses, n'est pas aujourd'hui rentable. L'économie d'achats d'électricité permise par les panneaux ne compense pas le coût de l'investissement pour l'instant.
Certes, il ne fait d'ores et déjà aucun doute que dans un avenir plus ou moins proche (envisageable mais non programmable...), cette situation changera. Le rendement des cellules solaires devrait, selon toutes les projections tendancielles crédibles, continuer à progresser, alors que leur coût devrait diminuer. Pour peu que des technologies efficientes de stockage de l'énergie produite lors des creux de consommation arrivent simultanément à maturité, le bilan coûts-avantages du solaire sera encore amélioré. Il arrivera donc un moment où l'installation de panneaux solaires sur les toits sera désirable par elle même pour les consommateurs, même sans subvention.
La question qui se pose au législateur consiste donc à savoir s'il est préférable de "laisser faire" le temps, ou de provoquer une anticipation des acheteurs sur le calendrier plus ou moins prévisible du progrès technologique en subventionnant les technologies vertes à leur stade actuel de maturité.
Or, ces subventions présentent quelques gros défauts:
- Tout d'abord, en permettant à leurs promoteurs de vendre leurs technologies actuelles sans se préoccuper de leur rentabilité, elles les incitent à réduire la part de leurs marges consacrée à la recherche d'amélioration de leurs produits. Après tout, si le produit subventionné crée une rente de situation, pourquoi hâter son évolution ?
- En outre, l'expérience montre que toute subvention permet de vendre le produit aidé plus cher que s'il n'était pas aidé. Le consommateur du produit aidé le paie donc deux fois: une fois en tant que contribuable, une fois en tant que consommateur. L'existence de subventions tend donc à réduire notre pouvoir d'achat, pas à l'augmenter, contrairement à ce que bien des politiciens croient encore...
- D'autre part, lorsque ces technologies auront atteint leur point de rentabilité sans aide, elles arriveront sur des marchés sur lesquels les acheteurs les plus motivés par ce type de produits auront déjà investi parfois lourdement --- malgré la subvention --- dans des équipements de génération antérieure. Aussi ces produits "matures" arriveront ils sur un marché déjà encombré: celui qui aura payé cher pour couvrir son toit de cellules solaires de première génération hésitera à tout démonter pour les remplacer par des cellules dernier cri lorsqu'elles seront enfin rentables. Le risque est donc grand de minimiser le gain de long terme permis par ces technologies, et donc, par anticipation, de réduire les investissements susceptibles de procurer ces gains.
Les subventions ou autres formes d'incitation à l'achat de produits immatures agissent donc comme des accélérateurs de changement à court terme, mais comme des retardateurs de progrès technologiques à long terme.
En outre, les produits "verts" étant en concurrence avec l'ensemble des autres postes de dépense des ménages, la subvention conduit ceux-ci à allouer leurs ressources à des produits non rentables (donc qui consomment plus de ressources qu'ils ne produisent de valeur) au détriment de produits non aidés, mais rentables pour leurs producteurs, donc consommant moins de ressources que la valeur qu'ils induisent. Voilà qui est en contradiction avec les définitions de base du développement durable. La rentabilité est un élément indubitablement indispensable de la durabilité d'un développement.
Les technologies économes en ressource primaires non renouvelables telles que les énergies fossiles, voire capables de s'en passer totalement, ont de toute façon vocation à supplanter naturellement les moyens actuels de production ou d'économie d'énergie. Plus le prix des énergies primaires tendra à augmenter, et plus la recherche d'alternatives sera stimulée. Il suffit d'être patients, et les mécanismes de marché imposeront les bonnes technologies au bon prix au meilleur moment.
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Mais justement, l'État n'encourage-t-il pas l'investissement dans ces domaines, et donc la recherche? Sans ces subventions, pas de rentabilité et donc pas d'investissement et pas de recherche, non?
PS: en fait, c'est Mateo, qui se fait l'avocat du diable ;)
Rédigé par : Candide | mardi 27 mai 2008 à 02h11
Bonjour,
Pour ma part, je pense qu'il s'annonce une véritable catastrophe économique, avec les suites du Grenelle et son lot de subventions-incitations, notamment dans le logement.
Les particuliers et entreprises sont assez intelligents pour savoir faire le calcul économique de la rentabilité d'un investissement dans le domaine des économies d'énergie; dans un système libre , hors subvention, on considère généralement un délai raisonnable de retour sur investissement de l'ordre de dix ans à quinze ans.
D'ailleurs, les automobilistes qui choisissent le surcoût à l'achat du moteur diesel savent qu'il devient rentable après quelques années, sans nul besoin d'incitation.
Toute subvention, alimentée par prélèvement sur la collectivité (impôts ou taxes), qui aurait pour effet de donner une fausse ou artificielle rentabilité est effectivement une destruction pure et simple de richesse, quelque soient les (bonnes?) intentions des grenelliens.
Ce n'est quand même pas compliqué à comprendre: la tonne de CO2 économisée ne peut pas avoir un prix infini.
Est-ce qu'on pourra compter sur des hommes politiques un tant soit peu instruits en économie élémentaire et suffisamment persuasifs pour éviter le massacre des deniers publics, lors des futures lois Grenelle. J'en doute.
Merci.
Rédigé par : penthievre | mardi 27 mai 2008 à 18h12
@ penthièvre: très juste. La plupart des économistes qui adhèrent au discours catastrophiste sur le CO2 considèrent que le cout de la tonne économisée ne doit pas excéder 25 Euros. Or la plupart des moyens subventionnés ont un cout nettement supérieur, le dernier bouquin de Gérondeau est très documenté sur ce point
Sur le logement, également d'accord: voir l'article "grenelle de l'environnement, waterloo du logement", sur mon autre blog:
http://www.crisepublique.fr/2007/11/grenelle.html
@ Matéo: je parlais uniquement des subventions "à l'achat". Quitte à donner un os à ronger aux dépenseurs publics, qu'ils subventionnent de la recherche universitaire sur des pré-technologies encore très loin de la maturité, me gêne moins (à condition que les labos récepteurs soient bien géré, autre problème...), du moment que les résultats de la recherche ainsi financée ne puisse être accaparée par des intérêts particuliers sans en payer le coût.
Le secteur privé a souvent su investir pour développer des produits innovants sur des secteurs "prématures" sans aide des états. Les premiers micro-ordinateurs, par exemple, n'ont pas eu besoin des états pour émerger.
Rédigé par : vincent | mercredi 28 mai 2008 à 00h06
Oui, je sais, je jouais le rôle du candide: c'est ce qu'aurait rétorqué un collectiviste de droite ou de gauche peu au fait du fonctionnement de l'économie.
Par contre, je parlais également de subventions faites au fabriquant (que ce soit en lui versant directement ou en subventionnant l'achat de ses produits). Et pour le collectiviste si on ne subventionne pas, pas de recherche car pas de rentabilité à court terme…
En fait, je peux à la limite concevoir que l'État finance la recherche fondamentale. Pour la recherche appliquée c'est une autre histoire…
Rédigé par : Mateo | mercredi 28 mai 2008 à 10h08
Hypothèse : "les mécanisme de marché imposeront au bon moment les bonnes technologies et au bon prix " (de mémoire).
Problème : LE BON MOMENT C'EST MAINTENANT,IL EST MÊME PEUT ÊTRE DÉJÀ PASSE.
Conclusion : Le marché ne fonctionne pas...non je plaisante !
La vraie conclusion,c'est que c'est technologie sont déjas moin cher que le pétrole(baril éolien à 50 dollars).Mais ce n'est pas pour autent qu'elle offre une rentabilité suffisant en proportion du capital investi.
Proposition : Libérer de l'épargne par le désendettement de l'état(et oui,tout se tien),la capitalisation des systèmes sociaux,et emetre autent de cotas CO2 que ce que peut absorber la planète.
Rédigé par : Spinoza | jeudi 29 mai 2008 à 20h07
En fait,il se passe la même chose à l'échelle planétaire qu'il y a quelques années à Cuba.
Petit rappel : Le gouvernement socialo-collectivise avait décidé de fournir l'eau gratuitement à l'ensemble de la population.
Bilan : Une explosion de la consommation,certains laissaient les robinet ouvert !
La situation mondial actuel est identique.La planète est une ressource collectivisé,donc gratuite,sur le quelle les individu ne se sentent pas responsable.
Polluer,c'est gratis.Et chaqu'un se dit que de tout façon à sa petite échelle cella ne sert à rien de réduire ça consommation
Il est temps de privatiser l'atmosphère !(entendre par la étendre le systéme des crédit carbone à tout les acteurs de l'économie,et en abaisser le volume à ce qui est absorbable par la planète)
Rédigé par : Spinoza | jeudi 29 mai 2008 à 20h21