De lui, Bernard Tapie, dont l'analyse politique des bassesses du PS est souvent juste, a dit en substance: "il est le meilleur d'entre eux, mais vous verrez, les socialistes l'auront tué avant qu'il ne puisse arriver à leur tête !"
Manuel Valls, c'est de lui qu'il s'agit, ne devrait donc pas, si la prédiction se concrétise, survivre à la prochaine guerre des chefs annoncée au sein du PS. Dommage, car son discours tranche très singulièrement avec la vulgate paléo-marxiste molle exprimée par la plupart des vieux éléphants de la base, qui avait abouti à obliger la candidate socialiste à partir en campagne avec un programme qui la donnait perdante à tous les coups...
Ne nous emballons pas, Valls n'est tout de même pas Ron Paul. Mais lorsque il déclare (via les auteurs du blog "Gauche Libérale") :
"Le renouveau de la gauche française sera très difficile car il passe par des analyses qui nous conduisent souvent à faire le même diagnostic que la droite sur l'état de notre pays et sur les réformes dont il a besoin. Mais il faut passer par un constat lucide du monde dans lequel nous sommes, pour ensuite inventer de nouveaux concepts." (1)
(...)
J'admire profondément les Etats-Unis, il faut toujours être attentif à ce que pensent les intellectuels et les responsables politiques américains."
Tout de même, on se dit que quelque chose bouge chez les éléphants. Y serions nous pour un petit quelque chose, nous, modestes blogueurs libéraux ? Valls ose même employer the "L" word en termes non péjoratifs.
"La gauche française se heurte en fait à une difficulté paradoxale, c'est que la droite ici n'est pas libérale. En angleterre, c'est le thatchérisme qui a permis à la gauche de rompre avec l'étatisme. En France, on ne voit rien d'équivalent."
Enfin un socialiste qui ose dire ce que les vrais libéraux se tuent à répéter dans le vide sidéral depuis des années: la droite française n'est pas libérale !
Malheureusement, Valls retombe dans les vieux démons du socialisme archéologique lorsqu'il affirme que le monde actuel est "trop libéral" et qu'il faut "l'humaniser". Mais je suppose aussi qu'il sait jusqu'où il ne peut pas violer sa base. Peut-il oser affirmer que les problèmes de certains grands pays sont dûs aux ravages du socialisme rampant ? Non, je suppose, quand bien même il y croirait.
J'ai toujours pensé que le libéralisme aurait toute sa place dans un débat politique serein lorsqu'un socialiste pourrait tenir de tels propos sans se faire massacrer au sein de son propre parti. Espérons qu'une éventuelle motion Valls au prochain congrès fera mieux que la motion Bockel (0,88%) au moment de l'élaboration du programme du parti... Et que la prédiction de Bernard Tapie se révèlera, pour une fois, fausse.
Sa tâche ne sera pas facile, jugez en d'après le niveau des commentaires de certains adhérents de base sur son blog... Car le PS, c'est aussi Mélenchon, Emmanuelli, Marie Noëlle Lienemann, Gerges Frêche, et quelques autres caciques proches de l'extrême gauche dont le point de vue est absolument irréconciliable avec les idées d'un Valls ou d'un Bockel. Espérons que contrairement à ce dernier, Valls ne soit pas réduit à claquer la porte pour aller jouer les utilités au sein d'un gouvernement conservateur dirigiste de droite...
n'auriez vous pas vu le reportage sur les paradis fiscaux hier soir sur France 2??? tous les clichés y était...
Rédigé par : mica | vendredi 16 mai 2008 à 18h53
n'auriez vous pas vu le reportage sur les paradis fiscaux hier soir sur France 2??? tous les clichés y était...
Rédigé par : mica | vendredi 16 mai 2008 à 18h54
Manuel Valls est le seul à avoir compris où était la brèche qui s'était ouvert devant nous, la chance qu'avaient les socialistes en France: la droite française est tout SAUF libérale! nous avons la chance d'avoir une droite conservatrice sur quasiment tout, y compris au sens économique. Il y a de réelles perspectives de rénovation, à gauche, pour constituer un véritable projet de société. Il est un des rares malheureusement à l'avoir compris. Bien à vous
Rédigé par : Timothée | mardi 20 mai 2008 à 17h33
C'est incroyable comme certains gauchistes sont capables de renier leurs convictions de toute une vie, sans que cela les gêne !
Delanoe dans son nouveau livre (De l'audace) :
"M. Sarkozy se veut souverain omnipotent. Le libéralisme c'est le contraire, c'est la tolérance devant les démarches individuelles. Je suis libéral, la droite ne l'est pas. La gauche doit se réapproprier avec fierté le mot et la chose", écrit-il.
"Si les socialistes du XXIe siècle acceptent enfin pleinement la libéralisme, s'ils ne tiennent plus les termes de 'concurrence' et de 'compétition' pour des gros mots, c'est tout l'humanisme libéral qui entrera de plein droit dans leur corpus idéologique", ajoute-t-il.
Par contre il détruit tout en rajoutant qu'il met des limites à son acceptation du libéralisme - il ne peut être selon lui "un fondement économique et même sociétal".
Quelle cohérence impressionnante !!!
Rédigé par : Landry | mercredi 21 mai 2008 à 10h54
Le jour que nous attendions est-il arrivé?
Vincent, dans ton excellent article "Libéralisme: définition et courants", tu dis «En effet, un observateur du monde politique me confiait que "le libéralisme sera populaire en France lorsqu'au sein du PS, un courant social-libéral pourra se développer et se revendiquer comme tel, sans susciter une réaction pavlovienne de rejet immédiat, hors de toute analyse critique, ce qui est le cas actuellement."»
Je ne peux qu'appuyer cette observation. Il semblerait qu'elle devienne enfin réalité!
Bien évidemment, ce retournement de veste de la part de ceux qui ont si longtemps galvaudé le terme "libéralisme" peut prêter à sourire (J-F Kahn, Philippe Val, Manuel Valls et aujourd'hui Bertrand Delanoë). Mais c'est une bonne chose, si, comme je le crois, l'observateur dont parlait Vincent a raison.
Cependant, ma crainte est qu'il se passe la même chose que ce qu'il s'est passé aux États_unis où la gauche a détourné le mot "liberal" pour se l'approprier. Là-bas "liberal" ne signifie pas du tout "libéral", et les libéraux ont été contraints de se trouver une nouvelle dénomination: "libertarian". Devrons-nous également changer de dénomination, connaissant la faculté des gauchos de pouvoir changer la signification des mots à l'aide des outils médiatiques, éducatifs et culturels?
Rédigé par : Mateo | mercredi 21 mai 2008 à 13h57