Le génie français est-il en vous ? Pourriez vous prétendre à l'un des plus hauts postes à responsabilité de l'administration française ? Pour le savoir, répondez honnêtement et sans réfléchir à la question suivante:
Question : "A quoi sert une assurance maladie ?"
Si vous avez répondu: "A prendre en charge les coûts occasionnés par la survenance d'une maladie", alors, désolé d'être brutal, mais vous n'avez rien compris au génie Français et vous ne serez jamais admis à l'ENA, ce creuset sans limite d'où ce génie s'extrait tel le pétrole jaillissant d'une roche bitumineuse. Le caractère "primaire" de votre logique est à vrai dire consternant.
Sachez, détenteurs ordinaires du passeport de France, que le génie français est incarné par le directeur de la CNAM, un certain M. Van Roekeghem, qui propose, dans une nième tentative de colmater les brèches d'un système de santé que ses fondements absurdes vouent à la faillite, de dérembourser... un certain nombre de traitements liés aux affections de longue durée. Bref, une assurance maladie qui, sous certaines conditions, n'assure plus la maladie, voilà une innovation conceptuelle qui méritait une investigation approfondie.
Un des proches collaborateurs de M. Van Roekeghem a accepté d'éclairer la lanterne d'Ob'Lib':
"Mais, Msieur, une assurance maladie qui ne rembourse pas la longue maladie ne perd elle pas sa raison d'être" ?
Ha Ha Ha, vous êtes décidément de bien basse élévation intellectuelle. Mais il est là, le génie Français ! Une assurance maladie qui n'assure plus la maladie ! Personne n'y avait pensé avant ! Voilà qui redonne à la France la place incontestée de leader de l'exploration des solutions politiques aux problèmes du monde, assurément ! L'assurance maladie qui n'assure pas est à la santé ce que l'art contemporain subventionné est à la culture: un aboutissement de la démarche déconstructive des vieux schémas intellectuels qui nous empêchent d'inventer le monde de demain, un paradigme novateur qui transcende les frontières de l'impossible...
"Vous voulez dire: un gigantesque foutage de gueule ? A quoi bon sauver la sécu si elle est à chaque nouveau plan de sauvetage vidée de sa fonction première, de sa substance ? Une assurance qui n'assure pas, quel intérêt ? "
Qu'il est amusant... Mais le génie français, vous en faites quoi ? Notre modèle social si habilement renouvelé par des concepts transgéniaux, pouvez vous le rayer d'un simple trait de plume ? Non, indécrottable manant, sachez que ni le génie français, ni les très confortables rémunérations de très hauts fonctionnaires qu'il autorise, ne sauraient souffrir de telles remises en question !
"Je suis touché par tant d'élévation intellectuelle, O, grand vizir de l'inspection des finances, mais dites moi, si, malgré ce trait de pur génie, vous ne parveniez pas à enrayer l'explosion des déficits de la sécurité sociale, comment pourriez vous encore innover dans le renouvellement du génial modèle social français ?"
Hé hé... rassurez vous, nous avons plus d'un tour dans notre besace. S'il le faut, nous inventerons le forfait inhospitalier pour vous décourager d'aller à l'hôpital, l'assurance vieillesse qui n'assure les vieux que lorsqu'ils sont jeunes, l'euthanasie pour convenances comptables, la métastase des cotisations ! Nos ressources en génie français sont inépuisables. Tout comme le pétrole, pour en trouver, il suffit de creuser plus profond encore le trou de la sécu...
"Mais ne croyez vous pas qu'il faille avant tout changer le comportement usagers et prestataires de santé ?"
Certes, certes.... Nous avons déjà commencé, en inscrivant dans la loi en décembre 2006 des sanctions très dures contre toute personne qui inciterait les français à essayer de quitter le système de santé génial qui est le nôtre. Comme l'a dit en son temps la divine Martine Aubry, nous ferons le bonheur des français malgré eux ! A la schlague, s'il le faut. Mais nous devons aller plus loin.
Pour ce faire, nous inscrirons le droit à la bonne santé opposable dans la constitution, afin d'obliger tous les français à être en bonne santé par décret. Nous ne parlerons plus de "malades", mais de français en recherche de leur optimum de santé. Il faut sortir des schémas classiques: "malade", "en bonne santé", ces concepts sont rétrogrades. Demain, grâce au génie français, les gens exprimeront leur état en pourcentage de l'optimum de bien-portance, afin de souligner que la plupart des maladies ne touchent finalement qu'un nombre très limité d'organes. Les français découvriront que même dans les pires moments de souffrance, il existe en eux un potentiel de santé incroyablement élevé. Et du coup, ils n'éprouveront même plus le besoin de disposer de soins, puisqu'ils sauront qu'ils sont de toute façon en bonne santé !
Vous comprenez donc que notre proposition de déremboursement des traitements pour affections longues n'est qu'une première composante d'une longue série de mesures visant à transformer radicalement les schémas paradigmatiques anciens qui polluent l'intelligence française depuis trop longtemps.
"Merci, Docteur Knock, pour toutes ces lumineuses explications"
Non, moi, c'est Diafoirus, Knock, c'est mon patron.
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Comment peut-on parler du Génie Français sans parler de cette bonne vieille ligne Maginot ?
Je vous sens un peu aigri sur ce post...
Faites comme moi, sortez, allez regarder les jupes qui fleurissent. En France, on sait foncer dans le mur, mais avec le sourire ! C'est ça le génie français.
"Nous gagnerons parce que nous sommes les plus forts !"
Rédigé par : Pierre | mercredi 25 juin 2008 à 10h50
@Pierre : De qui est la dernière citation ? de Raymond Domenech ?
Rédigé par : Landry | mercredi 25 juin 2008 à 10h57
Ce qui est extremement rigolo:
- l'assurance maladie Francaise est en train de s'effondrer. Systeme concu egalitairement, il est devenu une machine a combines completement inique exactement comme ce qui s'est passe en ex-URSS.
- au fur et a mesure que le machin s'effondre de ses propres faiblesses (des la conception), les aparatchiks accusent l'etranger (mondialisation, liberalisme) d'etre la cause de cette faillite.
Le non-remboursement des maladies longues sera impute au mechant ultra-liberalisme alors qu'il est cause par ce systeme socialiste et personne d'autre.
- comme l'ex-URSS on obtient donc un systeme vicie a la base qui s'effondre, et dont tout le monde pense que c'etait un bon systeme qui aurait tres bien tenu sans les mechants d'en face. Fort de cette analyse erronee, tout le monde sera pret a se fourvoyer a nouveau dans un systeme tout aussi mauvais.
Rédigé par : gnarf | jeudi 26 juin 2008 à 11h54
> @Pierre : De qui est la dernière citation ? de Raymond Domenech ?
Presque ;)
Elle est d'un commandant de l'Armée Française (Weygand je crois) en 1939.
No comment ;)
Rédigé par : Pierre | vendredi 27 juin 2008 à 11h36
"le dossier pharmaceutique", encore une !
IL n'y a pas plus d'une heure trente environ, j'étais à la pharmacie pour acheter mon renouvellement d'ordonnance. Une fois terminé, la vendeuse se lance à "m'informer" d'une nouveauté (ça vient juste de sortir, paraît-il) : le dossier pharmaceutique. IL s'agit tout simplement d'un enregistrement régulier sur la carte vitale de chaque médicament acheté (à compter du jour de l'information du client). Objectif : à chaque demande d'achat d'un nouveau médicament, le pharmacien pouvant ainsi visionner la liste des traitements réguliers du client pourra lui opposer un refus de vente en cas d'interaction. Une mesure pour soit-disant "lutter plus efficacement" contre l'interaction. Et ben voyons ! les pharmacies en rêvaient depuis si longtemps, c'est plus qu'une évidence. IL fallait bien finir par l'inventer ce système permettant de cadrer, de mater ces indécrotables clients suffisamment souverains de leur propre personne (dont je fais partie !) pour oser traiter une pharmacie comme tout autre commerce en "exigeant" qu'on leur délivre "ce qu'ils veulent, quand ils le veulent et en quantité voulue". C'est donc fait ! Vous pensiez pouvoir encore le harceler longtemps, ce médecin traitant qu'à l'évidence vous avez choisi pour sa complaisance reconnu de tous, pour qu'il vous prescrive "ce que vous lui demandez", en vous laissant "prendre vous-même vos responsabilités" quand bien même il n'en est pour le moins "pas très chaud" ? Tref de ces beaux rêves, ces temps-là sont terminés ! Avec une ordonnance en main "non conforme à la non-interaction", la pharmacie mettra son véto ! Celle-ci niera bien sûr ce fait "à présent" que ce système est laissé au "libre choix" du client, non "encore" imposé ! Et bien entendu on nous fera croire encore une fois qu'il ne le sera jamais, que ce n'est là que du "conseil", pour notre "bien" (toujours la même rangaine qu'ils ont appris par coeur au CM2 de la Précaution). Et une fois de plus les enfants-citoyens naîfs, les petits moutons français bien obéissant à Big Mother, croiront ce bobar sur parole et pas une réaction ne se manifestera !
Et bien moi, je vous invite vous libéraux ainsi que tous les français, lorsque cette info vous sera donnée à vous aussi lors de votre prochain achat en pharmacie, à utiliser "à fond" ce libre choix en "refusant tout simplement cette proposition" ; à faire comme j'ai fait moi-même et répondre ce que j'ai répondu lorsque cette vendeuse m'a dit que c'était dans MON intérêt pour MA santé : "moi Madame, je m'estime "propriétaire" de ma propre santé." Vous l'auriez vu baisser la tête et continuer à taper sur son ordinateur en ne dégoisant plus un mot ! NE NOUS LAISSONS PLUS FAIRE ! Dépêchons-nous avant qu'on ait droit chez l'épicier à tant de grammes de confiture et chez MagDo à tant de hamburgers par an ; voulons-nous vraiment attendre d'en arriver là ? Alors qu'il est si simple de dire non !
Peut-être ce message pourrait-il choquer y compris des libéraux ?! "Quand même avec les médicaments on ne rigole pas", pourraient penser certains d'entre vous. Moi je considère qu'il ne peut y avoir de demi-mesure en matière de propriété de sa propre santé : ce qui est valable pour la nourriture, le tabac, l'alcool et le cannabis doit l'être aussi pour les médicaments. Risquer sa vie d'une manière ou d'une autre, quelle différence ? Non pas que je plaide "en faveur de l'interaction", mais revendique le droit de "garder les rênes de mon propre contrôle" : si je crains une interaction en achetant un médicament, je suis assez grande pour "poser la question moi-même au vendeur".
ALLEZ, SANS TARDER : TOUS AU BOYCOTTE DU DOSSIER PHARMACEUTIQUE !
Têtatutelle
Rédigé par : tetatutelle | vendredi 27 juin 2008 à 21h12
@ tetatutelle
l'inscription sur la carte vitale des traitements pharmaceutiques a une utilité difficilement contestable. Certaines interactions peuvent être très dangereuses. Si par exemple vous tombez malade au cours d'un voyage, le praticien, médecin ou pharmacien, peut vérifier facilement l'innocuité des traitements à prescrire ou à délivrer. Il ne s'agit pas là de lutter contre la surmédication, mais d'accroître la sécurité du patient. On avait autrefois créé dans ce but le carnet de santé, qui est tombé en désuétude, car jamais tenu à jour ni porté sur soi. L'inscription des données sur la carte vitale permet de pallier ces inconvénients.
Rédigé par : michel | samedi 28 juin 2008 à 07h31
Et bien je reste en désaccord avec vous ; le carnet de santé était au contraire responsabilisant et cette (fausse) négligence des gens à son égard était une façon indirecte de faire comprendre qu'ils n'avaient rien demandé. "On ne peut sécuriser personne contre sa volonté", en matière médicale comme en n'importe quel domaine. Ex révélateur à la Banque Postale (je ne connais pas le fonctionnement des autres banques), où ils n'en seraient pas à ça près de vous laisser crever de faim tout votre WE si par malheur en vous présentant au bureau de poste un samedi à 11h55 il vous manque par malheur un numéro ou truc de ce genre pour qu'on consente à vous délivrer l'argent que vous demandez, cet argent qui vous "appartient en propre" et dont pourtant vous ne pouvez disposer à votre guise soit disant pour votre "sécurité". (problème évidemment résolu si vous disposez d'une carte de retrait au distributeur, mais ça n'est pas là une raison suffisante). A la pharmacie, ils donnent au moins encore le choix mais ça se terminera un jour comme à la Banque Postale. Maintenant on pulule de protections, c'est trop ! Mon taux de libéralisme est pourtant loin d'atteindre les 100 % (moyenne de 12/20 au test), mais sur les libertés individuelles je suis peut-être encore pire que vous (je me qualifierait volontiers de "libertarienne de gauche" à la Vallentyne), en tout cas autant que Sabine Hérold à qui je donne entièrement raison lorsqu'elle parle de la France comme d'une "grande nurserie" : c'est exactement cela !
Je souhaitais de toute façon rappeler les coordonnées de mon blog personnel (oui hélas, j'aurais besoin d'être soignée de la maladie de l'étourderie mais n'ai encore pas trouvé le traitement !): http://tetatutelle.joueb.com
Bonne lecture et peut-être à bientôt pour vos commentaires
Têtatutelle
Rédigé par : tetatutelle | samedi 28 juin 2008 à 20h50