Méfiez vous des courbes -- Le multibloggueur Emmanuel Boubacha nous initie sur Moneyzine aux joies de l'interprétation impossible des courbes et autres graphiques, auxquels ont peut faire dire absolument tout ce que l'on veut, tout est question d'échelle. Et voila pourquoi certains experts pronostiquent une reprise, et d'autre un krach. Répondez sincèrement à la question en bas de la note...
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Novlangue: "alléger la pression anthropique" -- Un certain Michel Tarrier vient de publier un opuscule intitulé "Faire des enfants tue" -- C'est vrai, après, on est un peu essoufflé, en général. Ce monsieur, sans doute ami des deep-ecologists (exemple), qui voient en l'être humain un perturbateur de l'ordre naturel des choses, voudrait qu'une politique anti-nataliste très coercitive soit mise en oeuvre. Synthèse effectuée par "alerte-environnement":
Au programme :
Mise en place de politique gouvernementales de dénatalité en suivant l’exemple chinois, Ajouter le pacte anti-nataliste au pacte écologique, Assurer exclusivement le renouvellement des générations par les flux migratoires, Création d’un délit environnemental pour les parents (!!!!!!).
Pour Michel Tarrier, la vie humaine est un fléau à combattre de toute urgence : "Il faut faire preuve d’un esprit de prospective en acceptant ce banal paradoxe de stratégie collective : en ne donnant pas la vie, on respecte celle des autres. (…) Mettre un terme au fléau démographique humain pour alléger la pression anthropique qui s’exerce sans commune mesure sur les ressources et redonner leur place aux autres espèces est une solution à adopter dans la plus grande urgence."
Si l'on suit la rhétorique de ce monsieur, Hitler, Mao et Staline, qui ont plus exterminé que n'importe qui, ont en fait oeuvré au respect de la nature en allégeant la pression anthropique qui s'exerçait sur elle. C'était donc çà !
Bien qu'habituellement respectueux de la vie d'autrui, je ne suis pas loin de penser que monsieur Tarrier me comblerait d'aise en allégeant la planète de sa pression anthropique.
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Pétrole, pétrole --- Alors que certains experts prévoient un pétrole à 200 $ pour la fin de l'année, d'autres estiment que le prix de la précieuse huile de roche va s'effondrer. C'est le cas d'Alan Reynolds, économiste au Cato Institute, dont je partage le point de vue:
"Firms that can't raise prices will find profit margins squeezed - and will have to cut back on production and jobs. Even if some producers of energy-intensive products can raise prices enough to cover higher energy costs, they'll nonetheless sell fewer of their products because of those higher prices. So they too will have to cut back on production and jobs.
Nine out of 10 previous postwar recessions began shortly after a big spike in the price of oil. Yet those recessions always slashed oil prices dramatically. People who have been predicting both a nasty US recession and $200 oil prices are contradicting themselves."
Naturellement, une guerre au moyen orient pourrait faire mentir cette prévision... Rien n'est jamais sûr.
Mais sachant que nombre de grand pays (Inde, Indonésie, Chine, entre autres) sont en train de couper les subventions à l'essence, et de prendre des mesures drastiques pour réduire leur consommation, on peut supposer que la recherche de l'efficacité énergétique va considérablement progresser dans ces pays dans les années à venir. Ce qui laisse fortement espérer un retour à des prix plus raisonnables dans les 12 mois.
Au fait, le saviez vous ? La France n'importe aujourd'hui que 77% de la quantité de pétrole qu'elle importait en 1973 (source INSEE). Contrairement à une idée reçue, de nombreux pays occidentaux accroissent leur efficacité énergétique de façon régulière. La hausse actuelle des prix va précipiter le mouvement et le propager aux pays émergents.
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"Faire des enfants tue"... Et si le film "Les Fils de l'homme" était prophétique ? Il suffirait que des olibrius pareils arrivent au pouvoir...
Rédigé par : Carr | dimanche 08 juin 2008 à 19h50
Qu'il y ait une détente sur le marché du pétrole au cours des prochains mois, rien d'impossible. A moyen terme toutefois, il ne faut pas s'attendre à du pétrole bon marché, et la tendance longue est forcément haussière. D'abord, l'accroissement de la demande, émanant principalement des pays émergeants se verra opposer une limitation de la production. Limitation d'abord par la rareté de la matière première, la découverte de nouvelles réserves pétrolières étant de plus en plus coûteuse et ne répondant pas aux besoins prévisibles. Limitation par la structure d'un marché dont l'offre principale est soumise à la loi d'un nombre limité d'états producteurs qui s'entendent dans le cadre de l'OPEP, et qui trouvent bien des avantages à produire peu, mais cher, car cela leur rapporte plus d'argent qu'ils n'en peuvent dépenser et leur permet de faire durer la filière de leur pétrole national le plus longtemps possible. En face de cette offre, il y a une demande universellement répartie, et une quasi-inélasticité du marché, car les économies consommatrices n'ont pas suffisamment oeuvré pour se rendre moins dépendantes des hydrocarbures classiques. L'ajustement, dès lors, demande de nombreuses années pendant lesquelles l'énergie se paiera au prix fort. Le relais peut être assuré par d'autres énergies fossiles, tels que les carburants liquides tirés du charbon, dont les ressources sont nettement plus importantes et autrement réparties. L'Afrique du Sud utilise cette filière, héritée de l'époque de l'embargo pour cause d'appatheid. Les sables asphaltiques et les schistes bitumeux offrent également des solutions relativement durables. L'énergie nucléaire a plusieurs siècles de matières premières à sa disposition, à condition d'accepter les surgénérateurs permettant d'utiliser les ressources de l'isotope 238 de l'uranium et celles du thorium.
Le problème est que toutes les solutions citées rencontrent une opposition farouche de la part de ceux qui n'acceptent pas le risque que feraient courir les émissions de CO2 ou la difficulté de maîtrise technologique liée aux surgénérateurs. Que faire face à un pétrole à 200 US $, et pourquoi pas 300 ou 400 ? Faire les efforts nécessaires pour passer à de nouvelles matières premières, tout en adoptant des comportements économes et en recherchant à limiter les risques ? Refuser tout risque lié aux changements de technologie, et voir l'économie mondiale sombrer dans des désordres gravissimes ? La sécurité absolue, telle que pronée par le principe de précaution malencontreusement inscrit dans notre constitution, mène à l'impasse dans le domaine de l'énergie. Elle nous a conduit à stopper nos éfforts de dévelopement de notre filière surgénérateurs. Actuellement, ce principe appliqué à l'échelle mondiale paralyse les efforts en vue de mettre en place des installations devenues rentables de synthèse de l'essence à partir du charbon ou d'extraction à partir de kérogène (huiles lourdes, sables asphaltiques, schistes bitumeux). Ce faisant, l'adaptation des économies mondiales est ralentie, et les conséquences en matière d'approvisionnement énergétique sont douloureuses.
Rédigé par : michel | jeudi 12 juin 2008 à 10h25