« Prévisions personnelles : le système bancaire tiendra, mais la récession économique sera dure et l'état français affaibli | Accueil | Logement : le Conseil d'Analyse Economique veut importer la crise des subprimes ! »

jeudi 09 octobre 2008

Commentaires

Flux Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.

Jesrad

En diluant fortement les actions des investisseurs existants, est-ce que cette mesure ne risque pas de faire fuir ces derniers, liquidant au passage ce qui reste des banques et achevant la nationalisation totale du système bancaire ?

Ce plan pourrait aussi mettre en péril la solvabilité... de l'état. Ou alors je n'ai pas tout compris ?

Spinoza

Salut,je sais que ce n'est pas trop l'endroit,mais est ce que quelqu'un aurait un lien direct vers une boutique ou je puisse trouver les tee schirt aleternative libéral ? Perso je trouve pas,et je suis particuliérement interessé par le "mouton socilaiste".

ST

Oui, même interrogation que Jesrad, à laquelle se rajoute une chose qui m'échappe : tout le monde semble penser que seul l'Etat à les reins assez solides pour injecter du capital dans les banques (donc les nationaliser, au moins partiellement), et qu'en plus ca devrait être rentable à terme. Or l'Etat, déja très endetté, ne pourrait pourtant faire cela qu'à crédit. Au regard des montants dont on parle, j'ai du mal à comprendre pourquoi le marché, les épargnants, etc. qui disposent de ressources autrement plus conséquentes quand on regarde les volumes en question, ne seraient pas plus à même de faire cela, et avec un meilleur discernement sur le choix des institutions à sauver et celles à laisser tomber.

En outre si c'est l'Etat qui fait ça, il va emprunter l'argent qui va lui permettre de nationaliser les banques : ceux qui vont lui prêter cet argent auraient aussi bien pu l'injecter directement dans les banques. Ceux là ne veulent donc pas prendre le risque de l'investissement direct, mais acceptent les intérets que leur versera l'Etat, au motif qu'il est sûr car disposant de l'arme de l'impot pour se renflouer. De la même manière, si l'Etat nationalise en faisant tourner la planche a billet (plus difficile desormais car nécessite une cohésion européenne sur la question), c'est indirectement l'argent du contribuable, via la taxe invisible que représentera l'inflation, qui sera utilisé pour renflouer le capital des banques. Dans TOUS les cas de figure, c'est toujours le même qui paye. Et celui qui paye ne recevra jamais la monnaie de sa pièce. Il ne touchera pas d'intérets, ni de dividendes, ni de plus value sur une supposée vente future des actions dans un élan de reprivatisation, car tout le surplus sera de toute manière aspiré par la machine étatique.

Deux questions :

N'y aurait-il pas une solution sans intermédiation de l'Etat qui ferait des déposant les actionnaires direct de leurs établissements bancaires en échange des liquidités qu'on leur aurait ponctionné de toute facon ?

Est ce que le probleme général de la spirale infernale de la confiance ne vient pas surtout de l'incertitude quand à l'action possible de l'Etat et les garanties qu'il va offrir ou pourrait offrir ? Si les Etats indiquaient une fois pour toute et clairement : aucune intervention, aucune recapitalisation via argent public, aucune garantie des dépots etc ... est ce qu'alors une grande incertitude ne serait pas levée et les capitaux privés, pourraient tenter leur chance dans la recapitalisation ou le renflouement des liquidités de telle ou telle institution, sans craindre que dans 15 jours l'Etat ne nationalise pas ses investissements, ou ne sauve le voisin avec de l'argent public, faussant la concurrence future sur le marché bancaire ?

Je suis pas sûr d'être parfaitement clair, mais le côté inéluctable du passage par l'Etat pour renflouer le système bancaire me ... comment dire ... parait un peu dur à avaler.

ST.

vincent

@ jesrad: "Faire fuir les actionnaires": pour l'instant, ils ne peuvent pas vendre. Risque nul.

Ceci dit, si l'état les en.... trop fort, ils ne reviendront pas de sitot. Bref, à court terme, non, à long terme, de toute façon, les investisseurs seront plus rares et plus exigeants.

Le coût du dispositf brit' incitera les banques à n'y recourir qu'en cas de dernière extrêmité. Les créanciers et les actionnaires devront essayer de trouver des accords pour renforcer leurs bilans et ne passer par la case "échiquier" qu'en tout dernier recours.

@ ST et Jesrad: mettre en péril la solvabilité de l'état: oui, j'en parle dans la note immédiatement précédente. Pas à court terme, mais à moyen long terme. Plus que les mesures bancaires (la France semble peu touchée, à part dexia et natixis, par les risques majeurs) ce sont toutes les injections d'argent public dans l'économie qui inquiètent. Sans parler de l'inflation... Et la BCE osera t elle nous sauver en cas de cessation de paiement, au risque de compromettre la valeur de l'Euro ? Pas sur...

Pour l'angleterre, j'ai pas leurs ratios - pas vraiment le temps de chercher


@ST: tout à fait d'accord sur la façon dont les choses "DEVRAIENT" se passer.

mais l'état a depuis longtemps fait le choix implicite d'intervenir, parce qu'il garantit les les dépots bancaires, et que donc laisser les faillites se multiplier retombera quand même sur la tête du contribuable ! De plus, on s'aperçoit que si certains états garantissent et d'autres pas, ceux qui ne le faisaient pas se trouve obligés de le faire quand même...

L'état a bâti tout un tas de règle pour encadrer le système bancaire mais n'a pas prévu d'emergency process en cas de risque de faillite. Il aurait du soit laisser le système s'organiser, soit, s'il voulait à tout prix intervenir, prévoir aussi une sorte de "super chapitre 11 - en cas de gros merdier, brisez la glace". Qui aurait sans doute contraint les actionnaires à mieux surveiller ce que faisaient leurs dirigeants.

Les solutions que vous préconisez telle que la titrisation des dettes sont également préconisées par d'autres économistes, et j'en ai parlé en bien par ailleurs, mais elles sont très longues en temps normal, et faute d'être prévues en version "quick and easy" par notre système normatif qui prévoit tout sauf l'essentiel, et bien, ce genre de solution se heurte à des problèmes juridiques nombreux quand l'urgence systémique rode.


Que "les gens" fassent plus confiance en l'état qu'aux banques: ce ne sont pas des M. tout le monde, mais des investisseurs institutionnels, en fait, qui prêtent aux banques ou aux états. Assez peu de particuliers en direct. Donc ils connaissent les tares du bilan des banques, donc ils "ont les foies" --- "a lier won't trust anyone else" ---. Ceci dit, des DF de certaines assurances commencent à se dire qu'ils font une connerie à prêter si bon marché aux états alors que les "bonnes" banques sont prêtes à rémunérer l'argent nettement plus cher. je suppose que ça va se normaliser, maintenant qu'elles ont une garantie de socialisation du risque...

Hélas, à long terme, les effets pervers se paieront cher: lorsque le risque est socialisé, la déresponsabilisation guette...


Jesrad

"pour l'instant, ils ne peuvent pas vendre. "

Hmmm, on disait ça aussi à une certaine époque, dans un certain pays, pourtant les actionnaires ne se gênaient pas pour revendre à un prix décoté leur papier, en main propre, sous le manteau. Si la même chose arrive aujourd'hui, ouille.

"Au regard des montants dont on parle, j'ai du mal à comprendre pourquoi le marché, les épargnants, etc. qui disposent de ressources autrement plus conséquentes quand on regarde les volumes en question, ne seraient pas plus à même de faire cela, et avec un meilleur discernement sur le choix des institutions à sauver et celles à laisser tomber. "

En fait, le marché ne sauve pas les banques parce qu'il a décidé qu'elles devaient couler. L'état s'agite, ici, parce qu'il a décidé de sauver les banques malgré la sentence du marché. L'avenir nous dira lequel des deux avait raison. Et c'est nous qui paierons le ticket d'entrée pour assister au spectacle.

michel

Je le répète, en France, la situation des banques est plutôt enviable par rapport à celle existant dans d'autres pays. Le talon d'Achille français n'est dans ses banques, mais dans l'Etat et les entreprises. Et cela nous promet une crise moins spectaculaire et explosive telle qu'on l'observe au dela de nos frontières, mais une crise plus longue, profonde et pernicieusement douloureuse.

L'Etat, trop endetté, réagit à la crise par des interventions financières massives en faveur d'intérêts catégoriels. Il emprunte à tour de bras, ce qui ne constitue qu'une fuite en avant.

Les entreprises, souffrant de charges sociales et fiscales excessives, pénalisées par un euro trop cher pour les clients outremer,entravées dans leurs initiatives par un vértable carcan de réglementations secrétées par la longue tradition dirigiste de notre Etat, les entreprises dis-je se voient victimes maintenant de restrictions draconniennes de crédits bancaires. Les projets d'invesissements doivent être différés. Plus grave, les banques abaissent leurs lignes de crédits à court terme, ceux qui financent l'activité de tous les jours. Comprenons bien: une entreprise qui bénéficiait d'une ligne d'escompte correspondant à 50 jours de chiffre d'affaires, se voit brusquement imposer un plafond de 40 jours. De plus la banque refuse de financer certaines de ses factures à des clients moins bien notés par les agences d'évaluation de risque commercial. Que peut faire cette entreprise, si elle n'a pas la trésorerie suffisante, sinon réduire son chiffre d'affaire en proportion de la réduction de ses crédits ? ce qui veut dire baisse de production, chômage partiel, CDD non renouvelés, licenciements. Pour certaines même, le dépot de bilan menace.

Par contrecoup, l'Etat, la Sécu, les Assedic voient leurs recettes chuter. Ah, si nous avions un endettement public raisonnable, ce serait gérable. Ce n'est pas le cas. Immanquablement, en dépit de toutes les promesses, les prélèvements fiscaux et sociaux vont s'accroitre. Pour l'Etat, cela parait déjà décidé. On envisage début 2009 les taxes Borloo dites taxes carbone. Ces taxes ont la caution vertueuse de la sauvegarde de la planète, providentiel prétexte. Ce ne sera qu'une seconde taxe indirecte s'ajoutant à la TVA. Les Assedic relèveront leurs taux de cotisation. La sécu aura le choix, de majorer les cotisations ou de diminuer les prestations (d'où des cotisations plus fortes aux mutuelles obligées de prendre le relais). Adieu retraites !

A ces prélèvements nouveaux, comment des entreprises parfois exsangues, vont-elles pouvoir répondre ? Voyez-vous l'engrenage, le cycle pervers qui s'enclanche ?

L'Etat français me parait plus fragile que les banques. Les PME et les entreprises moyennes, qui n'ont pas l'assise internationale des grandes du CAC40, connaîtront beaucoup plus de faillites que les banques. Cessons de focaliser sur nos comptes bancaires pour mieux nous préparer à l'austérité.

Mais l'Etat peut-il faire quelque chose, me demandez-vous ? Et je réponds bien sur.

La dépression sera largement mondiale. Dans ce contexte, il convient d'être meilleur que les autres, à défaut, être moins mauvais. Rétablissons d'urgence la compétitivité des entreprises. Cure d'amaigrissement forcé du budget de l'Etat. Les niches fiscales et subventions passées au crible fin de leur utilité. Plus de remplacement des départs de fonctionnaires. Alléger le travail des fonctionnaires en renonçant à toutes les interventions qui ne devraient pas relever de l'Etat. Obligeons les collectivités territoriales et locales à restreindre leurs budgets. Un audit général et rondement mené s'impose. Baissons l'impôt sur les bénéfices commerciaux. Supprimons toutes les tracasseries administratives qui paralysent l'action économique. Cessons de faire fuir les patrimoines par l'imposition de la fortune, qui rapporte quasiment peanut au Trésor, pire même car les détenteurs de gros patrimoines partent à l'étranger avec leurs gros revenus imposables. Donnons de la France l'image d'un pays favorable pour les capitaux et les élites étrangères. Notre bien être social devra être le fruit de la santé de notre économie et cesser de dépendre de l'Etat providence. Où sont les hommes d'Etat capables de suffisamment de pédagogie et de crédibilité pour faire adhérer les français à une telle démarche ? Margaret Thatcher, Tony Blair, Pourquoi n'avez-vous pas d'héritiers français ?

Vincent Poncet

Le pb actuel des banques est d'être très leveragé, càd que le ratio bilan/fond propre est grand, de 20 à 40 voire 60 selon les institutions. Ce qui fait qu'une perte de quelques pourcents sur un actif du bilan peut rendre la banque insolvable.
Il faut donc trouver un moyen rapide de réduire le ratio d'effet de levier tout en ne touchant pas ou peu à l'argent public, les contribuables n'ont pas à payer les erreurs des banquiers, de leurs actionnaires et créanciers qui ont bien profité de bons gains jusqu'alors.

Plutôt que d'injecter du capital, il serait bcp plus simple de réaliser ce qui se passe pour le bilan en cas de liquidation de l'entreprise. càd que les actions disparaissent, les dettes junior deviennent des actions, les dettes seniors deviennent des dettes junior, etc...
Se faisant le pb de liquidité qui était de ne pas arriver à payer les engagements courants avec des recettes ou des réserves courantes se voit limiter, en effet, en transformant les dettes junior en actions, il n'y a plus à payer de traites desssus, ce qui libére donc des besoins de cash de la banque qui peut donc continuer à tenir ses opérations sans discontinuité de service. Dès lors, on peut en même temps réduire le ratio d'effet de levier, continuer le service de la banque, donc limiter la crise de liquidté, sans toucher à l'argent des contribuables.
Certes, les créanciers perdent dans l'affaire, mais il faut bien que quelqu'un paye les erreurs des banquiers, et les créanciers des banques ayant prété à des entités fortement endettées ont pris leur risque, ils doivent l'assumer, et ce n'est pas au contribuable de le faire pour eux.
Dès lors, il conviendrait d'établir un statut de shifting de séniorité ou auto-deleveraging pour les entreprises financières qui portent un risque de crise systémique en cas de défaut. En dessous d'un certain ratio, l'autorité de régulation ou même le management de l'entreprise pourrait déclencher ce shifting de séniorité. Bien sûr, les créanciers junior ne seront pas contents, mais devenant immédiatement actionnaires, ils auront le loisir de pouvoir restructurer l'entreprise si ils souhaitent pouvoir limiter leurs pertes. Et si ceux-ci n'y arrivent pas, et bien un autre shifting de séniorité donnera la main aux créanciers sénior. Ce dispositif permet d'avoir des pertes saignantes parmi toutes les parties prenantes, ce qui les incite à restructurer au plus vite, tout en continuant les opérations courantes et donc en limitant le risque systémique.

Bref, il n'y a pas de pb de liquidité, simplement des bilans de banques trop leveragé qu'il faut restructurer.

Cette idée a été présentée par Bill Ackman pour la restructuration de Fannie mae et freddie mac : http://www.scribd.com/doc/3956819/Fannie-Mae-RestructuringFinal
et par steeve randy waldman du blog interfluidity
http://www.interfluidity.com/posts/1222026860.shtml

michel

@ Vincent Poncet,
Une petite taquinerie pour commencer: pourriez vous introduire un lien vers un lexique de vocabulaire bancaire anglais-français ou bien écrire "effet de levier" à la place de "leverage" ou "changement" à la place de "shifting", sinon il n'y aura plus que des spécialiste pour lire les commentaires du blog. Merci.

Votre solution est techniquement théoriquement concevable. Toutefois, son application juridique dans le très court laps de temps nécessité par l'urgence la rend difficile à envisager. Déjà, se pose le problème du droit applicable et de la juridiction compétente dans des affaires largement internationales. Ensuite, la transformation de dettes junior en actions pose problème car, en droit français, commme dans la plupart des droits de pays démocratiques, la société est un contrat entre personnes consentantes, et donc il faudrait obtenir l'accord de tous les créanciers juniors pour la transformation de leurs créances en actions, ce qui est irréaliste, ou bien obtenir un consentement de la masse de ces créanciers dans le cadre d'un concordat, procédure qui prend des mois pour un concordat coventionnel (souvent dit "concordat amiable"), des années pour un concordat judiciaire. Il existe une solution bien plus simple et rapide, 24 à 48 heures si tous les partenaires concernés acceptent d'y travailler nuit et jour. La voici:

La banque défaillante dépose son bilan et est mise sous administration judiciaire. Une autre banque, ou une société d'exploitation réunissant des capitaux de diverses banques et organismes volontaires, prend en location-gérance l'actif. La loi interdit aux anciens dirigeants d'avoir des intérêts ou des postes de dirigeants dans la société d'exploitation. Le juge commissaire à l'administration autorise immédiatement le paiement des créances les plus liquides, c'est à dire ceux intéressants les comptes courants et les comptes d'épargne. Cette mesure peut (et doit à mon sens) s'étendre aux créances plus longues parvenues à terme, SICAV, assurance-vie, etc.(Pour les créances d'autres banquiers et fournisseurs, c'est à voir). La société d'exploitation bancaire doit s'être engagée, de préférence dans ses statuts mêmes, à exécuter ces paiements ordonnés par le juge à partir des actifs qu'il gère, augmentés si nécessaire de ses fonds propres et capitaux d'emprunts propres.

A la fin de la période d'administration judiciaire, la société d'exploitation bancaire achète le fond de commerce (généralement très déprécié) de la banque sous administration judicaire. L'ancienne banque est alors mise en liquidation et ses créanciers se payent sur la dépouille de la bête, généralement très faisandée.

Le Juge a le pouvoir de rejeter les créances se présentant sous la forme de parachutes dorés des anciens dirigeants (rejet justifié par le fait que le montant convenu excède le dommage subi par le dirigeant révoqué et n'est pas opposable aux créanciers; ou même rejette en raison des fautes inexcusables de ces dirigeants, car "nul n'est entendu [par le tribunal] lorsqu'il allègue sa propre turpitude", vieux principe de droit qui s'applique en toutes circonstances).

Les anciens actionnaires perçoivent ce qui reste après paiement des frais de justice, des créances privilégiées (Etat, sécurité sociale, créanciers bénéficaires d'hypothèques, nantissements...), les anciens actionnaires en fait ne reçoivent rien du tout, et c'est justice, car ils sont des associés responsables à concurrence de leur apport ...

La législation pour tout cela existe. Il suffit de légiférer sur des dispositions spécifiques la rendant plus facilement applicable au cas de faillite bancaire et adaptée à la situation d'urgence spécifique à de tels cas.

Un tel schéma pourrait avantageusement être inclus dans les dispositions d'un traité international (type OMC par exemple)qui obligerait les pays signataires à mettre leurs législations en harmonie.

C'est en tous cas la solution que j'aurais voulu voir appliquer au cas du Crédit Lyonnais des années 1990, ce qui aurait évité d'utiliser l'argent du contribuable pour sauver la mise aux dirigeants véreux d'alors et aux actionnaires.

michel

un petit codiçille à mon commentaire précédent qui va me permettre de vomir mon sac de fiel.

Dans l'affaire Crédit Lyonnais, si la solution de dépôt de bilan suivi immédiatement de la reprise par une société bancaire d'exploitation avait été retenue, la justice aurait pu,- à la découverte des ingérences graves du Président Mitterand auprès de la banque en faveur des ses amis Tapie, Pelat et autres -, ou elle aurait plutôt du déclarer le citoyen Mitterand dirigeant de fait, solidairement et indéfiniment responsable sur tous ses biens personnels,sitôt éteinte son immunité présidentielle. Bien entendu, Tapie et les héritiers Pelat auraient été mouillés dans le même caca. Ca m'aurait fait plaisir.

Comme vous voyez, un droit inspiré des principes libéraux, le droit que m'ont appris mes professeurs, les illustres Rodière, Vedel, Trunc, Perrot etc...pas le droit actuel, salmigondi indigeste d'élucubrations d'inspiration grandement énarchique, un droit libéral donc existe. Encore faut-il vouloir l'appliquer.

Le libéralisme est vivant et efficace, mais il est entravé et baillonné.

Voila, je me sens l'estomac léger maintenant.

vincent

@ Vincent Poncet

La solution que tu évoques est de bon sens, j'ai évoqué des alternatives allant dans ce sens précédemment (cherche "zingales" sur le moteur de recherche de ce blog. L'article de Hussmann, lié dans la présente note, va dans le même sens)

Mais, comme l'explique fort bien Michel, cette solution se heurte aujourd'hui à de nombreuses difficultés juridiques pour pouvoir être mise ne place très rapidement. Simplement parce que l'état régulateur qui prétend tout prévoir n'a pas prévu ce type de crise, d'une part,

d'autre part, pour ce qui est du plan Paulson, l'alternative obligeait les créanciers à convertir leurs créances en action, ce qui d'une part leur faisait perdre une partie de leur créance, d'autre part, et peut être ai-je négligé ce point en première analyse, parce que dans leur propre bilan, l'obligation de "Fair Value Accounting" déjà débattue ici les oblige à tout de suite risquer une dégradation des valeurs titrisées dans leur bilan ! et donc renforce leur risque d'insolvabilité comptable.

En outre, une "titrisation de masse" catalysée par le trésor pouvait présenter aux USA ou en Angleterre des difficultés constitutionnelles ou juridiques que je ne connais pas. Les anglais semblent tout de même avoir intelligemment limité les risques pour leurs contribuables. La vieille city n'est pas encore morte !

Enfin, le lobby des institutions détentrices de dettes est peut être plus puissant auprès de Paulson que celui des contribuables...

"pas de crise de liquidité", dis tu: c'est un peu la question centrale du moment, "crise de liquidité ou crise de solvabilité"...

@ Michel: à propos du codicille: vous posez la question cruciale de notre époque: l'aptitude de certains réseaux de voleurs d'utiliser l'état pour d'abord "se servir" puis ensuite s'exonérer de leur responsabilités personnelles par divers moyen de dénaturation du droit libéral justement fondé sur la notion de responsabilité.

Ce qui en outre donne aux anti libéraux l'occasion de hurler au loup libéral, parce qu'ils ne font pas la différence entre un loup capital-étatiste-mafieux et un saint-bernard libéral...

Et pour être franc, même si des écoles libérales ont théorisé sur les causes, les solutions opérationnelles et pragmatiques pour créer des contre pouvoirs efficaces restent à parfaire. C'est une priorité que je me fixe pour les semaines à venir.

Mateo

@ Michel

Juste pour te dire "bravo" pour l'ensemble de tes commentaires. Es-tu dans la banque/la finance?

Tu dis que tes professeurs t'ont enseigné le droit libéral, j'en conclue donc que tu n'as pas étudié en France :D
Plus sérieusement, ça m'intéresserait de savoir dans quel genre d'école/fac on enseigne les principes du libéralisme.

michel

@mateo

Non Mateo, je ne suis ni dans la banque, ni dans la finance. J'ai fait mes études en France, dans une grande école de management. A cette époque, la France, c'était quelque chose de grand, savez-vous? J'ai 66 ans, avec une carrière successivement de cadre de grandes entreprises, de chef d'entreprise, de chômeur, et de cadre de la fonction publique.

Les professeurs que j'avais étaient tous de grands noms dans leurs spécialités respectives. Ceux de droit, entre autres, avaient une classe internationale, des sommités comme il n'en existe plus aujourd'hui. Ainsi Vedel, qui a conseillé non seulement le Général de Gaulle pour la constitution de 1958, mais qui a bâti les constitutions de maints pays dans le monde, et Rodière, incomparable en droit commercial et des sociétés. Pourquoi je connais la banque ? Parce que j'ai eu à négocier avec les banques, comprendre de façon pratique leur système, et...je le confesse, les rouler un peu dans la farine quand les affaires allaient très mal. Le droit ? parce que j'ai eu à l'utiliser, en France et à l'international, et que je me suis rendu compte que dans une affaire, il valait mieux apporter à l'avocat des dossiers bien argumentés quand au fond, et ne leur faire confiance que pour les subtilités de procédure. Bref, j'ai roulé ma bosse.

Aujourd'hui, nous vivons une crise plus grave, et très différente, que celle de mai 1968, et qui aura des conséquences plus profondes et plus durables encore. Rassurez-vous, nous avons connu pire en 1939-45 ! C'est à nous tous de faire en sorte qu'il résulte de cette crise les réformes profondes dont la société a besoin.

Cette crise n'est pas la crise du libéralisme. Parce que le libéralisme ne s'exerce véritablement nulle part dans le monde actuel. Les idées libérales ont été utilisées par nombre de grands de ce monde parce qu'elles sont justes, et offrent des perspectives d'épanouissement aux hommes, tandis que tous les autre systèmes se sont traduits par l'oppression d'une minorité sur les peuples. Mais voila, les gouvernants des peuples qui aspirent à la démocratie et à la liberté ont perverti le libéralisme, par toutes sortes de manoeuvres destinées à abuser les peuples et à profiter des situations créées. Quand aux entreprises, les plus grandes d'entre elles vivent de connivence avec les forces du pouvoir et s'arrangent pour que l'intervention publique fausse le jeu du marché à leur profit. Les cocus de l'affaire sont les entreprises moins grandes, qui ne trouvent de salut que dans la qualité de leur gestion, la créativité de leurs chercheurs, la compétence de leurs personnels.

Vous devez refonder le libéralisme. On ne peut plus se contenter de réciter Adam Smith, Tocqueville, Bastiat, Hayek, qui sont tous des personnages immenses. Il faut aujourd'hui innover, faire progresser la théorie à la lumière d'événements que les grands anciens ne pouvaient pas connaître.

Je sais que Vincent a des idées très pertinentes, très novatrices à ce sujet.Je ne doute pas qu'il vous les propose bientôt. Je dois vous avouer que je suis très proche de Vincent, un jeune (par rapport à moi) d'une remarquable intelligence et d'un sens moral très élevé. Je veux le soutenir, car l'avenir appartient aux gens de son âge. Moi, je n'ai plus que mon message à léguer.

Vous, les jeunes libéraux, vous allez connaître des périodes ardues, stressantes. Les opinions évoluent à l'inverse de vos idées. Pourtant, vous avez une opportunité historique d'émerger enfin, parce que vous étiez paralysés par une société sclérosée dans ses habitudes détestables.

Mais pour cela, vous ne devez pas être dogmatiques. Il faut que vous compreniez qu'une société manipulée par des forces dirigistes et des réseaux élitistes, une société trop ignorante des arcanes d'en haut, ne peut passer tout d'un coup du noir au blanc, de la servilité à la responsabilité. Il vous faut faire preuve de persuasion et de pédagogie.

allez, Mateo, bon moral, et surtout combativité !

michel

@ vincent et mateo

Il y a un détail que je veux immédiatement rectifier. J'ai parlé de droit libéral, et vous avez tous les deux repris l'expression. Mais c'est un pléonasme. Il n'y a de Droit, avec un D majuscule, que dans un contexte libéral. Dans toute autres situations, il n'y a que des recueils de réglements, de la législation... Relisez Hayek, "Droit, Législation et Liberté". Lorsqu'on parle d'Etat de Droit, on ne peut parler que d'un état libéral, où la liberté, l'intégrité des hommes, leur dignité et leur propriété sont garanties par des pricipes de droit et des lois conformes à ces principes. Cela n'existe pas dans les systèmes totalitaires, cela ne colle pas avec le socialisme où la collectivité prime sur l'individu (et donc le domine), cela ne va pas non plus avec le dirigisme étatique qui empile des règlements opportunistes sans souci de cohérence et surtout sans véritables principes directeurs.

J'ai un petit point de désaccord avec Hayek. J'ai du mal à concevoir un "ordre spontané", un droit issu de la nature. Je crois en l'esprit du droit, c'est à dire un ensemble de principes issus des aspirations communes aux hommes, d'être respectés, de pouvoir vivre sans contrainte avec ses aspirations et ses valeurs, etc ... L'esprit du droit vient donc de la nature des hommes, et non de la nature. La différence n'est pas déterminante par rapport à la thèse d'Hayek, mais elle a son importance. A partir de cet esprit qu'ils ont en commun, les hommes forgent ensemble une législation qui forme la règle du jeu social. J'arrêterai là, car on ne peut philosopher indéfiniment dans des commentaires de blog.

cailean bochanan

Il est absolument faux que le plan anglais soit meilleur que celui de Paulson: c'est seulement que les anglais son bien plus malin. Il n'y aura aucun element de control de l'etat dans ce plan. l'etat ne prendra pas non plus d'actions dans les banque. Ils ont regle tout simplement £500 milliards(billion) aux banquiers pour rien!

Veulliez lire mes articles sur ce theme dans mon website:

http://inthesenewtimes.com

cailean bochanan

Il est absolument faux que le plan anglais soit meilleur que celui de Paulson: c'est seulement que les anglais son bien plus malin. Il n'y aura aucun element de control de l'etat dans ce plan. l'etat ne prendra pas non plus d'actions dans les banque. Ils ont regle tout simplement £500 milliards(billion) aux banquiers pour rien!

Veulliez lire mes articles sur ce theme dans mon website:

http://inthesenewtimes.com

Vincent Poncet

@michel
La proposition consiste juste à déclarer l'entreprise en faillite si elle ne satisfait à un ratio de solvabilité, concept qui existe déjà dans la plupart des pays, sauf qu'au lieu d'attendre des années pour gérer la liquidation, on fait simplement tourner les séniorité d'un coup, selon un mode qui serait a priori défini dans la loi sur les faillites des entreprises financières "trop grosses pour faillir", résultat correspondant de toutes façons à ce qui se passe en cas de faillite d'une entreprise normale. Mais il faut bien voir que l'on ne parle pas d'entreprises "normales". Ces banques avec leurs effets de levier énorme sont une création du monopole monétaire. Ce sont des créations de l'Etat. Et le droit actuel les considèrent déjà comme des entreprises qui ne sont pas comme les autres. Surtout du fait que ces entreprises jouissent de la rente du privilège de création monétaire, la contrepartie, c'est que si elles disparaissent, elles mettent tout le système à mal, et les créanciers le savent bien, ils prêtent aux banques sans se soucier de ce que font les banques parce qu'ils se disent qu'en cas de pb de la banque, l'Etat sauvera leurs créances.
On peut parler de contrats, certes, mais étant dans un système totalement collectivisé (la monnaie et le crédit), leurs contrats impliquent une partie tierce : les utilisateurs forcés de prendre leur monnaie de singe. Aux yeux de libéraux, leurs contrats ne devraient pas valoir mieux que des contrats de vol de tiers, car c'est bien de cela dont il s'agit.

Sinon, techniquement, je ne vois pas en quoi cela serait plus compliqué que tout ce que sont en train de faire les Etats et les banques centrales.
Aussi, je ne comprends pas vos considérations d'ordre de droit international. Une entreprise est bien d'un droit national et chaque pays a ses propres lois sur les faillites et surtout sur la réglementation bancaire.

Sur votre proposition, ce que je ne comprends pas, c'est si elle est réalisable sans interruption de business et sans avoir l'accord de toutes les partis prenantes. Dans le cas contraire, cela occasionnerait un gel des engagements vis à vis de ses contreparties et donc contribuerait à la crise de liquidité, ce que l'on cherche justement à éviter.

@vincent
Pour le fait que les contreparties créancières pourraient avoir des pertes, oui, c'est certain, mais cela ne les met pas en faillite, à moins bien sur qu'il s'agisse d'une banque avec un fort effet de levier, mais ses créanciers perdront tout autant que les créanciers de la première, je ne vois pas le pb, puisque c'est justement la question du trop fort effet de levier qu'il faut traiter. Et au final, il faut bien qu'il y ait des préteurs de leur propre capital. Ceux-là auront des pertes, mais pas d'insolvabilité. Il n'y a pas d'insolvabilité lorsque l'on prête sa propre épargne, simplement des pertes.
Je ne comprends pas ton point sur la titrisation. Je parle essentiellement de la partie dette (commercial papers & bonds) du bilan d'une banque, pas de ce qu'elle a titrisé et vendu.
Sur "crise de solvabilité vs crise de liquidité", par définition, une banque à réserve à fractionnaire est insolvable, car il n'est pas possible de rembourser tous ses clients, la même unité monétaire a été prêté à de multiples personnes par l'effet multiplicateur du crédit bancaire. L'objet de son business est de se débrouiller pour rester liquide, jusqu'à ce que ses placements (à fort effet de levier vis à vis de ses fonds propres) s'effondrent et que ses déposants commencent à prendre peur.
Mais bon, avec le système proposé, en éliminant les engagements vis à vis des créanciers au fur et à mesure, on élimine largement les pbs de besoin de liquidité, car une créance éliminée implique bien que l'on élimine les engagements de paiements réguliers qui y étaient liés. Dès lors, on libère bien des marges de manœuvres de liquidité.
Du point de vue du bilan, à chaque actif correspond un passif. La structuration du passif importe peu (sauf bien sûr pour les dépôts qu'il faut bien entendu faire passer pour des créances les plus séniors). Donc une perte d'un actif doit occasionner une perte sur un passif, et si il n'y a plus de capital, il est tout naturel d'impacter la partie dette.

michel

@ vincent poncet

"Aussi, je ne comprends pas vos considérations d'ordre de droit international. Une entreprise est bien d'un droit national et chaque pays a ses propres lois sur les faillites et surtout sur la réglementation bancaire."

Un grand groupe bancaire est une multinationale, qui peut couvrir jusqu'à 150 pays. C'est pourquoi je pense nécessaire un traité international fixant, entre autres, des normes pour le traitement à appliquer aux banques menacées de cessation de paiement ou déjà en cessation de paiement.

"Sur votre proposition, ce que je ne comprends pas, c'est si elle est réalisable sans interruption de business et sans avoir l'accord de toutes les partis prenantes"

Ma proposition est d'un usage courant, et se pratique depuis toujours. Dès qu'on a trouvé le ou les candidats à la reprise de l'affaire en cessation de paiement, le dépôt de bilan est prononcé. Sans transition aucune, les dirigeants sont remplacés, le personnel et les actifs passent immédiatement sous le contrôle et la responsabilité du locataire-gérant. Pour les clients qui n'ont pas de créances sur l'entreprise déchue, l'affaire est transparente. Les actionnaires, créanciers, fourniseurs et sous-traitants de l'entreprise défaillante ne sont pas consultés, et souvent, ils tombent de haut. Le comité d'entreprise lui est informé juste avant le jugement du tribunal, sans pouvoir s'opposer à la décision.

Il est commis un juge (un collège de juges pour les entreprises géantes) qui suit le déroulement et prend des décisions par ordonnance, un administrateur judiciaire qui surveille la gestion du repreneur, et un syndic qui est chargé de l'inventaire du passif et de l'actif et de la défense des intérêts de la masse des créanciers, répartie en deux catégories, les créanciers privilégiés et les créanciers ordinaires, qui devront patienter très longtemps avant de connaître le sort, souvent triste, réservé à leur créance. La loi impose une stricte égalité de sort pour tous les créanciers ordinaires. Les créanciers privilégiés sont payés dans un ordre règlementaire de privilège (frais de justice, salaires des 6 derniers mois, Etat, etc...), ceux ayant un gage réel sur un immeuble (hypothèque) ou un bien meuble (nantissement) étant payés sur la réalisation de ce bien (généralement à la fin de la location-gérance, lorsque le locataire-gérant rachète le fonds de commerce avec tout ce qui s'y rattache).

Le juge a la possibilité d'autoriser le paiement de créanciers dont la coopération est indispensable à l'exploitation. Une ordonnance de quelques lignes enregistrée au greffe du tribunal suffit. C'esr faisable instantanément. D'où ma proposition d'autoriser immédiatement toutes opérations sur comptes-courants et comptes épargne, l'observation de toutes les clauses de gestion de patrimoine, de fonds de placement à terme (fonds de pensions, SICAV, assurance-vie, ...), le locataire gérant s'étant engagé à l'avance à exécuter tous ces contrats sans aucune restrictions. Le problème des créances d'autres banques est à examiner spécifiquement. En principe, elles doivent connaître le même sort que les fournisseurs et prestataires de services qui resteront dans la masse des créanciers et patienteront. Juge, administrateur et syndic se font aider par tous les audits et toutes les expertises nécessaires. La loi fixe les taux de leur rémunération, prélevés sur les loyers de la location gérance ou des liquidations de biens inutiles (exemple: une île des Maldives pour le ressourcement de dirigeants fatigués. Si, Si, j'ai vu le cas: dépôt de bilan Conforama, 1976).

Voila donc une solution rapide, simple, qui permet la poursuite de l'activité sans aucune interruption. Elle a le mérite de sanctionner les dirigeants de la banque défaillante et de faire supporter aux actionnaires les conséquences de leur responsabilité "à concurrence de leurs apports". Dans ce schéma,la banque est une entreprise comme les autres, et le même droit s'applique à toutes les entreprises, banques comprises. L'esprit du droit est sauf (n'est-ce pas mateo ?)car cela correspond à un besoin d'équité naturel à l'homme (à l'homme sage disons), avec toutefois une dérogation pragmatique en faveur de ceux qui sont indispensables à la poursuite de l'exploitation.

Ais-je été clair ?

Vincent Poncet

@michel
Vous dites "Dès qu'on a trouvé le ou les candidats à la reprise de l'affaire en cessation de paiement, le dépôt de bilan est prononcé."
càd que cette banque est déjà dans la situation de ne pas payer ses engagements, càd que ses contreparties avec leur fort effet de levier sont déjà aussi en situation de cession de paiement, càd que la crise systémique est déjà à son plein.

Ce dont vous parlez me semble être une liquidation d'entreprise tout ce qu'il y a de plus classique. Mais elle implique bien une interruption du fonctionnement de l'entreprise. Elle est sous la protection des faillites et ne paye plus ses créanciers, en attendant de trouver un arrangement entre eux et le juge.
D'ailleurs, je ne comprends pas quand vous dites à la fois " l'affaire en cessation de paiement" et "Pour les clients qui n'ont pas de créances sur l'entreprise déchue, l'affaire est transparente." J'ai l'impression que vous parlez d'une entreprise non bancaire. Autant pour une entreprise industrielle on peut considérer que si elle suspend le paiement de ses créances alors qu'elle continue de faire tourner la production, son activité n'est pas interrompue. Mais concernant une banque, son métier est de faire des mouvements d'argent, d'emprunter, de prêter, de faire de la transformation de maturité. Si on interrompt le paiement des créances pour une banque, elle est de facto en cessation d'activité. Et concernant ses contreparties banques qui sont à fort effet de levier, la cessation de paiement d'une de leurs grosses contrepartie peut entraîner des faillites en chaîne de manière massive. Et c'est justement ce que l'on essaye d'éviter.
Le problème de fond du risque systémique est que toutes les entités financières sont à fort effet de levier, c'est cela qu'il faut traiter si on veux limiter ce risque systémique.
Dès lors les préteurs de longue durée qui sont dans la structure du bilan et permette cet effet de levier doivent prendre cette perte, mais sans interruption du paiement des opérations courantes de la banque.

Si on veux éviter la crise systémique, la solution à trouver doit se faire sans avoir à attendre qui que ce soit. C'est pourquoi un mécanisme automatique sur la base du ratio prudentiel sur le besoin en fond propre me semble la solution la plus adaptée. D'ailleurs, ce mécanisme est au moind déjà en oeuvre aux Etats-Unis. Si une banque a son "tier 1 capital ratio" en dessous de la norme de la FDIC, la FDIC (Federal Deposit Insurance Company) saisit la banque au motif de la protection des déposants. Je suppose que la garantie des dépôts est sensiblement la même dans tous les pays, et que cela passe par une saisie automatique de la banque par son autorité de tutelle lorsque la banque franchit un ratio de solvabilité donné. Là, on étendrait ce supervision de ratio aux banques d'investissements (qui n'ont pas de dépôts et ne sont donc pas soumis à l'autorité d'assurance des dépôts), et on appliquerait ce décalage de séniorité de manière automatique afin de réaliser ce qui se passe en cas de faillite, mais sans aucune interruption de l'entreprise.

"Un grand groupe bancaire est une multinationale, qui peut couvrir jusqu'à 150 pays. C'est pourquoi je pense nécessaire un traité international fixant, entre autres, des normes pour le traitement à appliquer aux banques menacées de cessation de paiement ou déjà en cessation de paiement."
Un grand groupe peut certes couvrir 150 pays, l'émission de ses obligations se fait généralement à partir d'un seul, le pays de la holding. Donc le droit qui s'applique à ses créances est celui du pays de la holding.
Sinon, étant libéral, donc assez suspicieux des Etats, je crains d'autant plus le pouvoir du futur Etat mondial dont vous semblez promouvoir la construction. Je trouve au contraire que la concurrence des normes est la meilleure des choses possibles en terme de droit.

Vincent Poncet

@vincent

Non, ce que je propose n'a pas de rapport avec la proposition de hussman. Il veut injecter de l'argent public dans les banques, je cherche au contraire à éviter cela et à faire payer ceux qui sont les plus proches de ce système de pyramide de dette : les créanciers long terme.

michel

@vincent poncet

écoutez, relisez plus attentivement mon texte. IL N'Y A AUCUNE INTERRUPTION DANS LE FONCTIONNEMENT DES OPERATIONS DE BANQUE.
Maintenant, si vous voulez absolument qu'un banquier soit à l'abri des sanctions réservées aux entreprises défaillantes, c'est votre credo, et je le respecte.

"Sinon, étant libéral, donc assez suspicieux des Etats, je crains d'autant plus le pouvoir du futur Etat mondial dont vous semblez promouvoir la construction. Je trouve au contraire que la concurrence des normes est la meilleure des choses possibles en terme de droit".

Mais qu'est-ce que vous allez inventer avec votre pouvoir mondial ? ou ai-je parlé de pouvoir mondial ? Vous ne me confondez pas avec Jacques Attali, par hasard ? C'est pas moi, je vous jure, le monsieur à la gueule triste qui causait au 20 heures de France 2 hier.

J'ai parlé d'un traîté international, comme il en existe de plus en plus : l'OMC, les traités sur les interdictions d'armes chimiques et biologiques, le Traité de non prolifération d'armes nucléaires, les traités sur les limitations de la pêche des baleines,la Cour internationale de Justice, la BIRD, l'AID, le SFI, le CIRDI, l'AMGI, le FMI, ...voulez-vous la liste complète ? allez sur Légifrance !

Un gouvernement mondial est une ineptie, un machin impossible à réaliser, sauf à envisager un super-Napoléon qui contraindrait le monde entier. Stupide ! Et surtout, ce serait un danger majeur pour l'humanité, car il n'y aurait AUCUNE possibilité de faire fonctionner démocratiquement le système. C'est un rêve de philosopheux, un concept digne de l'ancien major de Polytechnique Attali qui vit dans les étoiles. C'est malheureusement également le délire de certains réseaux très puissants dont l'influence et les manigances perturbent les équilibres du monde.

Alors, de grâce, n'allez-pas chercher des arrières pensées dans mes écrits, mais commencez par les lire attentivement.

Vincent Poncet

Justement, je vous ai lu attentivement, j'ai notamment noté "Dès qu'on a trouvé le ou les candidats à la reprise de l'affaire en cessation de paiement, le dépôt de bilan est prononcé.", càd que l'affaire est déjà en cessation de paiement, c'est en cela que je vous dis que j'ai l'impression que vous parlez d'une situation où il y interruption des opérations de l'entité financière. Si je n'ai visiblement pas compris ce que vous entendez par cette phrase. Pourriez-vous la reformuler ?

à propos de l'Etat mondial, je ne faisais que noter que de vouloir déléguer à une entité mondiale des réglementations sur ce sujet, c'est faire le jeu de la construction de l'Etat mondial. Et je n'ai pas parlé d'Attali.

Et sinon, je ne vois pas où j'ai dit que l'on devait défendre les banquiers, bien au contraire. Avoir un décalage de séniorité automatique, je pense bien que les nouveaux propriétaires vont rapidement faire le ménage parmi le management de l'entreprise qui les ont mis dans cette situation.
Ce n'est pas à l'Etat de dire qui est manager de l'entreprise, mais les propriétaires. Par contre, comme il s'agit d'entreprises jouissant d'un régime de privilège public (la planche à billet, la protection contre le risque de liquidité par la banque centrale et le trésor, etc...), il est normal que l'Etat puisse leur définir des modalités de liquidation spécifique, ce qu'il fait déjà d'ailleurs concernant la protection des déposants comme je l'ai déjà indiqué ici. Et puis, dans le cas d'une entreprise avec un effet de levier de 20, 30, voire 60, il n'y a rien de bien étrange à considérer qu'en cas de risque de liquidation classique type chapitre 11, on peut directement considérer que les créanciers au niveau de la dette du bilan sont les propriétaires de l'entreprise, ce qu'ils seront en cas de liquidation classique, sauf que là, on le fait de manière automatique sans aucune interruption du fonctionnement de la banque vis à vis de ses contreparties.

Vincent m'a indiqué un papier de Luigi Zingales qui explique très bien la proposition qu'il nomme "debt-for-equity swap" : http://blogs.ft.com/wolfforum/2008/09/why-paulson-is-wrong/

vincent

A propos du plan zingales, j'ai eu aujourd'hui de source bancaire un contre argumentaire que je signale:

A l'heure ou l'on voudrait que les institutionnels remettent du cash dans l'interbancaire, annoncer une titrisation forcée des dettes serait le meilleur moyen de les faire fuir: et mon interlocuteur de conclure "belle idée, mais en pratique impossible à mettre en oeuvre".

J'ignore qui a raison, dans la situation actuelle, mais visiblement, le plan idéal n'existe pas.

Sinon, il semblerait aussi que le G4 européen ait suspendu l'obligation de Mark-to-market. Si qqn a des éléments, je suis preneur,

vincent at benard point com

michel

cinquième round, michel fatigue mais repart contre

@ Vincent Poncet

Je reformule, pour accéder à votre demande, au risque de lasser les autres visiteurs du blog:

1- "dès qu'on a conclu un accord avec un repreneur, celui-ci peut prendre immédiatement le relais de la société en difficulté et assurer la continuité de l'activité, ce qui permet un éventuel dépôt de bilan de l'entreprise défaillante, dans le cas d'une situation de cessation de paiement imminente, sans conséquences économiques"

2 - Conclure un traité international n'est pas déléguer à une entité mondiale. Vous comprenez le français ? do you understand french ? entiendes usted el frances ? Vi gavaritié pa frantsouski ?

Bon, les cinq reprises du combat sont terminées. Les autres lecteurs apprécieront. Moi je stoppe.

Vincent Poncet

Quand on parle d'interbancaire, on parle de dette court terme, je parlais d'abord des dettes junior d'abord long terme. Il faudrait voir le profile de maturité des engagements des banques.
Rapport de citigroup de juillet 2008 page 15, on apprend que leur maturité moyenne est de 8.6 ans. Je le comprends de la façon suivante : leur dette est majoritairement en bonds et pas sur le marché interbancaire qui lui est plutôt court terme.
www.citigroup.com/citi/fin/data/p080723a.pdf
BBA Libor, la maturité max est 1 an : http://www.bba.org.uk/content/1/c4/24/81/todayreporates.xls

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.

Ob'lib' 2.0

  • |  RSS | | http://www.wikio.fr

    Partager cette page | Mon profil Facebook | mon fil twitter

Mon fil Twitter

distinctions

  • Wikio - Top des blogs | Wikio - Top des blogs - Politique