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mercredi 15 octobre 2008

Commentaires

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Charles De Smet

Cher Monsieur Bénard,

J'ai souhaité commenter sur votre brillante analyse, avec laquelle je ne peux qu'être entièrement d'accord.

S'il fallait entrer dans le détail des recommandations à développer dans le futur, j'y attacherais deux points:

1) si une garantie de liquidité doit être apportée (vitale en cas de panique) elle doit l'être exclusivement sur les financements de l'économie réelle. Sans vouloir être physiocrate, il est évident que les produits dérivés ont multiplié les risques dits "de contrepartie", sans ajouter un cent au financement de l'économie dite "réelle".

2) les accords de Bâle sur la solvabilité des banques ont révélé leurs limites, pour m'exprimer poliment. Il était depuis le début absurde de garantir la quasi-totalité du passif (les dépôts) en imposant une proportion minimum entre un élément du passif (fonds propres) et la quasi-totalité de l'actif (prêts). Si les banques centrales avaient accepté de garantir, en cas de crise, la liquidité des actifs long-terme (non leur solvabilité, bien évidemment), le risque sur chaque banque, et le risque systémique, auraient pu être contrôlés au jour le jour, et nous ne serions pas dans le flou actuel. Aujourd'hui, des fonds publics sont massivement injectés, sans pouvoir reconnaître s'il s'agit de maintenir la liquidité du système, ou de compenser des pertes massives sur créances douteuses.

Je peux développer ces deux idées si vous le souhaitez.

Cordialement,

Charles De Smet

mica

Pour la première fois en belgique, un député à osez parler de la question de la responsabilité des US dans l'obligations de contracté des prêt au plus pauvres!! et de la très mauvaise régulation des marché,puisqu'il était entouré de socialo... Il y a encore un peu d'espoir... C'est un élu MR (équivalent UMP en france)

Moneyzine

Très bon article qui nous montre la créativité sans limites du monde de la finance : tranches Z, coupons junior, Special Purpose Vehicle ! On nage dans le délire...

Effectivement, plus de transparence et moins d'usines à gaz ne feraient pas de mal. Tout à fait d'accord pour mieux de régulation. Se pose toutefois le problème de la dimension mondiale que devraient avoir certaines règles... Qui est aujourd'hui légitime pour décider ? Les Etats en faillite, les organisations internationales à la masse, les économistes myopes ou les acteurs de marché funambules ???

Jesrad

"Qui est aujourd'hui légitime pour décider ? Les Etats en faillite, les organisations internationales à la masse, les économistes myopes ou les acteurs de marché funambules ???"

C'est une très bonne question. Qui est le plus apte à représenter ses propres intérêts ?

Réponse: soi-même.

C'est pour ça que je réclame la liberté de battre monnaie pour tout le monde, afin que l'on puisse s'organiser comme ça nous arrange tous, et surtout se réarranger aussitôt que la situation change (ce qui n'est pas du tout le point fort du système actuel). Une grande part de la responsabilité de la crise actuelle vient de l'aléa moral généralisé par l'omni-présence et l'omni-intervention des gouvernements dans la finance et les affaires. Cette omni-présence et cette omni-intervention doivent cesser pour que puissent enfin jouer l'intérêt de tous, dans le respect du droit de chacun garanti par des institutions légales et judiciaires sensées.

André Cornil

Cher monsieur,
J'ai lu vos chroniques sur les subprimes avec intérêt. L'un des noeuds du problème est l'accumulation de créances par Fannie Mae et Freddy Mac. Dans un article récent, M. Aglietta indique que ces deux agences gouvernementales ne pouvaient pas accepter les subprimes avant mars 2008, date de la faillitte de Bears Stears. Si tel était le cas, on voit mal comment la garantie d'Etat aurait pu amplifier le problème. Merci de votre réponse

vincent

@ André Cornil

Votre question est très intéressante (car plus complexe qu'il n'y parait au départ), et je vais y répondre sans doute par une note en puisant dans ma collection de liens. Mais pas ce soir, autres obligations obligent. très prochainement en tout cas.

J'ignore dans quel contexte M. Aglietta a placé cette phrase, mais prise solitairement, elle est fausse.

Avez vous le lien vers son article ? par avance merci

vincent

@ André Cornil, II,

Ayant un tout petit peu de temps, je vous réponds finalement tout de suite.

Je ne fais aucun procès d'intention à M. Aglietta, mais sachez qu'il y a en ce moment outre atlantique une vraie campagne que je qualifierai de pure désinformation pour tenter de dédouaner Fannie et Freddie.

Cette campagne joue habilement sur une notion à laquelle j'ai moi même failli me faire prendre: Certes, Fannie et Freddie étaient des acteurs mineurs dans le rachat direct de subprimes et la confection de MBS collatéralisées par des prêts subprimes, même s'il est faux de dire que ça n'a commencé qu'en 2008. Je vous invite à voir les rapports d'activité de Fannie pour 2007 et 2006, parexemple. Par contre, ils étaient d'énormes acheteurs de CDO émises par des MBS packagées par d'autres banques, créant de facto un marché pour les crédits subprimes.

Quelques liens:
http://tinyurl.com/6lutr3 (washington post, peu suspect de libertarianisme débridé)

extrait:

"Housing experts and some congressional leaders now view those decisions as mistakes that contributed to an escalation of subprime lending that is roiling the U.S. economy. The agency neglected to examine whether borrowers could make the payments on the loans that Freddie and Fannie classified as affordable. From 2004 to 2006, the two purchased $434 billion in securities backed by subprime loans, creating a market for more such lending. Subprime loans are targeted toward borrowers with poor credit, and they generally carry higher interest rates than conventional loans. "

434 millions de prêts subprimes rachetés entre 2004 et 2006. sans doute bien plus au total, soit sans doute plus de 30 à 40% de l'encours total des subprimes, le tout avec seulement 81 millairds de fond propres.

et encore :

"In 1995, President Bill Clinton's HUD agreed to let Fannie and Freddie get affordable-housing credit for buying subprime securities that included loans to low-income borrowers. The idea was that subprime lending benefited many borrowers who did not qualify for conventional loans. HUD expected that Freddie and Fannie would impose their high lending standards on subprime lenders. "

"The market knew we needed those loans," said Sharon McHale, a spokeswoman for Freddie Mac. The higher goals "forced us to go into that market to serve the targeted populations that HUD wanted us to serve," she said. "

"But because Fannie and Freddie were buying mortgage-backed securities rather than the actual subprime loans, their involvement came too late to require stiffer standards from lenders. "

"Judith Kennedy, president of the National Association of Affordable Housing Lenders, said that while Fannie and Freddie nurtured unregulated subprime lenders, an estimated 30 percent of subprime borrowers could have qualified for safe, lower-cost prime loans. "

Egalement par le NY Times, peu suspect de dérive républicaine (c'est la tribune préférée, entre autres, de paul Krugman):

"Pressured to Take More Risk, Fannie Reached Tipping Point "
http://tinyurl.com/642386

On y apprend l'implication de Fannie dans les prêts Alt A, quasiment aussi risqués que les subprimes, cliquez sur le graphique (des prêts à des gens incapables de fournir de bons justificatifs de revenus déclaratifs...) :
307 milliards de dollars de garanties sur des prêts Alt A pour la seule Fannie Mae

"Shortly after he became chief executive, Mr. Mudd traveled to the California offices of Angelo R. Mozilo, the head of Countrywide Financial, then the nation’s largest mortgage lender. Fannie had a longstanding and lucrative relationship with Countrywide, which sold more loans to Fannie than anyone else."

Countrywide, les grands méchants... Backés par Fannie !!

"But at that meeting, Mr. Mozilo, a butcher’s son who had almost single-handedly built Countrywide into a financial powerhouse, threatened to upend their partnership unless Fannie started buying Countrywide’s riskier loans.

Mr. Mozilo, who did not return telephone calls seeking comment, told Mr. Mudd that Countrywide had other options. For example, Wall Street had recently jumped into the market for risky mortgages. Firms like Bear Stearns, Lehman Brothers and Goldman Sachs had started bundling home loans and selling them to investors — bypassing Fannie and dealing with Countrywide directly.

“You’re becoming irrelevant,” Mr. Mozilo told Mr. Mudd, according to two people with knowledge of the meeting who requested anonymity because the talks were confidential. In the previous year, Fannie had already lost 56 percent of its loan-reselling business to Wall Street and other competitors.

“You need us more than we need you,” Mr. Mozilo said, “and if you don’t take these loans, you’ll find you can lose much more.”

Then Mr. Mozilo offered everyone a breath mint.

Investors were also pressuring Mr. Mudd to take greater risks.

On one occasion, a hedge fund manager telephoned a senior Fannie executive to complain that the company was not taking enough gambles in chasing profits.

“Are you stupid or blind?” the investor roared, according to someone who heard the call, but requested anonymity. “Your job is to make me money!”

Capitol Hill bore down on Mr. Mudd as well. The same year he took the top position, regulators sharply increased Fannie’s affordable-housing goals. Democratic lawmakers demanded that the company buy more loans that had been made to low-income and minority homebuyers.

“When homes are doubling in price in every six years and incomes are increasing by a mere one percent per year, Fannie’s mission is of paramount importance,” Senator Jack Reed, a Rhode Island Democrat, lectured Mr. Mudd at a Congressional hearing in 2006. “In fact, Fannie and Freddie can do more, a lot more.”

But Fannie’s computer systems could not fully analyze many of the risky loans that customers, investors and lawmakers wanted Mr. Mudd to buy. Many of them — like balloon-rate mortgages or mortgages that did not require paperwork — were so new that dangerous bets could not be identified, according to company executives.

Even so, Fannie began buying huge numbers of riskier loans."

A noter: ce n'est qu'en 2006 que Fannie a embauché un responsable du risk management:

"For two years, Mr. Mudd (le PDG) operated without a permanent chief risk officer to guard against unhealthy hazards. When Enrico Dallavecchia was hired for that position in 2006, he told Mr. Mudd that the company should be charging more to handle risky loans.

In the following months to come, Mr. Dallavecchia warned that some markets were becoming overheated and argued that a housing bubble had formed, according to a person with knowledge of the conversations. But many of the warnings were rebuffed.

Mr. Mudd told Mr. Dallavecchia that the market, shareholders and Congress all thought the companies should be taking more risks, not fewer, according to a person who observed the conversation. “Who am I supposed to fight with first?” Mr. Mudd asked."

La pression politique du congrès... S'il n'y avait eu "que" les actionnaires, sans doute auraient ils compris.

Un peu plus long et technique, un résumé des vices de fannie, par Arnold Kling, qui a travaillé chez Fannie dans les années 90 comme économiste.

http://econlog.econlib.org/archives/2008/10/the_fantasy_tes.html

Je vous livre juste une phrase clé, car il faudrait coller tout le rapport:
"Finally, it is important to bear in mind that Freddie Mac and Fannie Mae were part of the Method B mortgage lending process. If capital requirements had been rationally tied to risk and applied equally to all institutions, Method A lending would have driven method B lending out of the market. Freddie and Fannie would not have grown to dominate the market. Instead, my conjecture is that they would not have been able to gain even a toehold in a free and fair market. Mortgage securitization is entirely a product of regulatory distortions."

Dans ce paragraphe, la méthode B se réfère aux prêts repackagés par titrisation, la méthode A se réfère à la "vieille" méthode, c'est à dire celle utilisée partout dans le monde, ou c'est la banque qui prête qui assure elle même son refinancement par des moyens traditionnels et juste un peu de titrisation.

Ce sera tout pour ce soir !! chuis crevé, moi.

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