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mercredi 19 novembre 2008

Commentaires

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ST

Wow ... Brillant. Je me coucherais moins ignorant ce soir. C'est clair, articulé, et surtout aborde des aspects bien peu souvent mis en avant ou expliqués. C'est sur, ca demande au lecteur plus d'implication et de concentration qu'un court billet d'humeur, mais c'est ô combien plus intéressant et instructif.

A

Extrêmement clair et pédagogique, félicitations !

J'aurai une question (naïve) sur le taux d'imposition :

Imaginons que A soit en Profession Libérale et assujetti à la TVA. Sur chacune de ses recettes, il doit payer : l9,6% de TVA et environ 45% de charges sociales, auxquelles ont peut rajouter un impôt final que pour l'exemple je mettrai à 50%. En chiffres : si A gagne 100, alors il lui reste environ 27, soit 73% de charges totales sur le TTC.

Il ne s'agit cependant là que de taux marginal : il faut en fait déduire ses achats déductibles des charges et impôts : si A achète pour 50 TTC, alors il récupère 19,6% de TVA et ne doit plus payer sur ces 50 les charges sociales et impôts. Donc, avec les mêmes taux, il ne paie plus qu'à peu près 13.5, les 36.5 de différence représentant les gains en TVA, Charges et Impôts.

Imaginons maintenant que le taux d'imposition ne soit plus 50% mais 10%. Les calculs donnent : pour 100 de recettes il lui reste 49, et les 50 d'achats lui coûteront 25.

Ma question est donc : ne peut-on dire que l'impôt est une subvention à l'achats de produits déductibles ? Et les questions subsidiaires : baisser l'impôt n'incitera-t-il pas à réduire ces achats ? etc.

ST

@A : "ne peut-on dire que l'impôt est une subvention à l'achats de produits déductibles ?"

Oui, enfin, subvention, uniquement si l'on prouve que les produits achetés ne l'auraient pas été autrement. C'est le cas par exemple si un libéral à gros revenu achète une voiture plus grosse (en leasing portée par son activité professionnelle) que s'il avait du la payer cash via ses revenus apres impot. Dans ce cas c'est bien la fiscalité qui l'encourage a tel ou tel type de consommation (une voiture, plus facilement assimilable a une charge professionnelle et donc au moins partiellement déductible, plutot qu'un voyage aux antilles).

"baisser l'impôt n'incitera-t-il pas à réduire ces achats ?"

Baisser l'impot dans ce cas de figure, conduira à ce que les achats reflètent plus les besoins et désirs des personnes, ce qui devrait être la définition d'une saine demande sur un marché libre, plutot que les encouragements indirects induits par la fiscalité. Et toute fiscalité à d'une manière ou d'une autre un facteur incitatif sur tel type de consommation ou d'épargne, et un facteur dissuasif sur tel autre type de consommation ou d'épargne. Ce n'est jamais neutre. Donc jamais juste. Et ouvre toujours la voie aux pressions des uns ou des autres.

Robert Marchenoir

Magistral exposé. Il est très rare de voir ainsi analysé, en termes économiques, le lien entre l'intérêt du chef d'entreprise et celui du citoyen. Les gens font d'habitude soit de l'économie d'entreprise, soit de l'économie d'Etat, mais rarement les deux ensemble.

Un autre livre papier en préparation, peut-être? En auto-édition, cette fois-ci (impression à la demande)?

A

@ST : Merci pour la réponse. Votre deuxième paragraphe (et surtout sa dernière phrase) confirme bien ce que je pensais (craignais).

michel

Eh bé ! Vincent prof de compta maintenant ! Cet homme là sait tout, a tout appris, bravo.

Pourtant, je vais illustrer l'utilisation maximale et hautement moderne de l'effet de levier. Rappelez-vous ce cher Monsieur Aboulpez, richissime patron du groupe bancaire Aboulpez. L'un de ses fils avait inventé une machine automatique à tuer, éviscérer et plumer les pigeons et voulait créer son entreprise. Bien sur, il la voulait d'envergure mondiale. Papa Aboulpez prêta donc à son fils, Aboulpez Junior 10 millions de dollars.

Celui-ci alla créer une société unipersonnelle dans l'Etat du Delaware, USA, où les sociétés qui exploitent des biens immatériels sont créées sans publicité, sans obligation de présenter une comptabilité, etc... Il apporta également à cette société ses brevets. La Société du Delaware créa une holding au Luxembourg (les holding luxembourgeoises ne payent pas d'impôt, plus pour très longtemps maintenant, Europe oblige). Apport d'Aboulpez Jr via le Delaware de 10 millions de dollars, augmenté de 20 millions de dollars d'emprunts bancaires. Soit 30 millions de dollars. Aboulpez Jr crée d'autre part une petite société (30x30x20 cm de boite à lettre) dans les locaux d'un conseil juridique du Lichstenstein, cette société étant chargée par l'entreprise du Delaware de gérer pour son compte les brevets Aboulpez Jr. Avec les 30 millions de dollars, La Holding luxembourgeoise va créer 5 entreprises, chacune sur un continent différent, et qui vont inonder les grandes surfaces d'Europe, d'Amérique du Nord, du Sud et d'Asie de délicieux pigeonneaux conditionnés et codebarrés.

Voyons l'exemple de la société européenne. Elle est créée en France, choix stratégique : la société ne paiera jamais d'impôts sur les bénéfices, car la redevance pour brevet siphonera tout le profit qui se trouvera donc réparti entre Lichstenstein et Delaware (maxime: il né fot zamais mettre tous les oeufs di pizon dans lé mêm' panier !). La société achètera une des cinq machines commandées par un fabriquant italien, au prix de 20 millions chacune, sur laquelle le fabriquant italien verse 2 millions de commission d'intermédiaire à la société du Lichtenstein, qui, par un circuit passant par le Delaware, remboursera Papa Aboulpez de son prêt au fiston.

Jusqu'ici, vous me suivez, investissement initial zéro.

Le choix de la France était aussi dicté par le fait que dans ce pays, l'Etat déroule le tapis rouge aux entreprises industrielles qui se créent dans des zones rurales défavorisées. L'entreprise française est coiffée par une holding dans laquelle la holding luxembougeoise détient 51% du capital, les 49 % restants étant apportées par des business angels qu'Aboulpez père a convaincus de l'avenir extraordinaire du pigeon de consommation (on est plumeur de pigeons que diable !). S'y ajoutent 50% du capital en subventions diverses, du fait de la situation en zone rurale défavorisée (pour les pigeons, il vaut mieux la campagne que Paris Notre Dame où le pigeon du parvis a un goût fétide). Plus autant de prêts bancaires que de capital et de subvention, et roule ma poule, voila une holding dotée de 30 millions de dollars pour les investir dans une usine et des bureaux flambants neufs et acquis en leasing sur 20 ans (ouné pitite ligne en caractères microscopique sous lé bilan: éngazément hors bilan, c'est dé la location, ça compté pas dans lé ratios financiers. Les pigeons son fournis par des milliers d'agriculteurs sos contrat bénéficiant d'aides de la PAC européenne et de l'Etat. Aboulpez pèse donc sur les prix d'achat(ah, comme il pèse bien !).

Voila enfin la société industrielle française créée, au capital de 30 millions entièrement possédé par la holding française, et qui va pouvoir emprunter une cinquantaine de millions à moyen terme. Soit au total 80 millions. Comme c'est pareil dans les quatre autres usines mondiales, on est rendus mine de rien à 320 millions. bien sur, Aboulpez Junior se fait voter un salaire de 2 millions de dollars dans chacun des cinq continents.

Entre temps, le cadet Aboulpez a inventé un procédé très innovant pour retraiter la plume de pigeon broyée qu'il achète directement aux plumeurs de pigeons, et qu'on transforme en tee-shirts et caleçons douillets et confortables dans une grande usine à construire en Malaisie. Il y a des subventions "développement durable" à glaner, et des capitaux prêtés par la Banque Mondiale à la Malaisie à siphoner. Le développement durable, voila le truc du petit Aboulpez (son truc en plume quoi!)

Comme l'ainé a remboursé, papa Aboulpez va pouvoir prêter 10 millions au petit dernier (fô ké lé sous ça tourne !).

Pendant ce temps, le cousin Aboulpez met au point une technique de transformation des tripes de pigeon en farines animales qui iront engraisser les carpes Koi chinoises. Vive la mondialisation durable !

Z'avez compris l'effet de levier ?

joletaxi

@A
Je ne savais que les champions de la grande distribution avaient commencé dans le pigeon....

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