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lundi 24 novembre 2008

Commentaires

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adalbert

J'ai dû oublier mes cours à Sciences Po. Quelqu'un peut-il me dire pourquoi la déflation est mauvaise ?

Petit rappel à Vincent : l'inflation n'est pas le gonflement de la masse monétaire, mais la hausse du niveau général des prix. Certes le premier entraine la deuxième, généralement... Mais ce n'est pas la même chose.

Si donc l'inflation est une hausse du niveau général des prix - le braquage des épargnants, la déflation est une baisse du même niveau général des prix. Donc une augmentation de la valeur de la monnaie, donc une amélioration d'une des qualités de la monnaie, n'est-ce pas ? Où est le mal ?

Je me pose cette question depuis longtemps et je suis avide d'être contredit !

wakrap

Ah, Science Po, l'ENA... et l'économie.
Adalbert, votre commentaire me semble faire une erreur sur la définition du terme "prix". Les prix constituent l'ensemble des biens et services dont le salaire.
Or , il me semble que vous l'imaginez comme seulement l'ensemble des étiquettes en magasins.
Cela vous mène à confondre déflation et désinflation.
A titre d'exemple, on peut aborder le secteur informatique: ce secteur connait une désinflation depuis toujours sans qu'il y ait déflation. Les prix baissent mais pas l'activité, ni les salaires.
La déflation est à comprendre comme une baisse globale de la quantité de monnaie, donc des prix dont les salaires. Ce phénomène est très grave pour ceux qui sont endettés, car leurs revenus baissent et leurs charges augmentent donc proportionnellement. C'est la crise de 29. Et ce scénario serait grâvissime aujourd'hui où notre économie est basée sur le crédit et non sur le capital.
C'est aussi, je crois, le sens des propos de Vincent Bénard qui défend le retour vers une économie basée sur l'accumulation de capital.
Sur wikiberal de nombreux liens sont disponibles sur l'inflation et la déflation.

Jesrad

Et pendant ce temps, Bloomberg attaque la FED en justice pour la forcer à dévoiler la teneur de ses fonds propres ( http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=newsarchive&sid=aKr.oY2YKc2g ).

La confiance règne ;)

Filibert

Je voudrais juste signaler qu'il y a des erreurs de définition dans les commentaires de "adalbert" et "wakrap" (je recommande des lectures sérieuses, par ex. l'article "deflation" sur Wikipedia anglophone).

Perso, je ne crois à la résurgence de l'inflation (forcément au niveau mondial étant donné le commerce international) qu'à moyen terme, après une faible reprise économique, lorsque toute la masse monétaire stockée dans les réserves de change asiatiques aura été réinjectée dans l'économie mondiale par des "plans de relance" (par ex. le plan chinois). Les pays développés sont également en train de réinjecter massivement de la monnaie. Pour le moment, le ralentissement économique va maintenir les prix stables et va "purger" les surcapacités de production asiatiques.

A court terme (2 ans), je vois donc une bulle sur une catégorie d'actifs, sans savoir laquelle (bons du trésor des pays développés, métaux précieux, etc. ?).

adalbert

Personne ne m'a convaincu - surtout pas le gloubiboulga néo-keynésien de Wikipedia en anglais !
@Filibert : je vois les erreurs de définition de Wakrap, mais où sont les miennes ?
Voilà ce qu'il y a de mieux sur la question : J.G.Hülsman, "Deflation : the biggest myths" sur http://www.mises.org/story/1254
Juste une phrase pour tout dire : "Perennial inflation is based on monopoly. Deflation brings in the fresh winds of the free market."
C'est pas beau ça ?

Mateo

@ adalbert
Ce qui est faux, pour un "Autrichien" comme moi: «l'inflation n'est pas le gonflement de la masse monétaire, mais la hausse du niveau général des prix»

La définition que tu donnes est celle "officielle", d'inspiration keynésienne je pense et qui "arrange" bien les étatistes.

Puisque tu cites un ouvrage publié sur mises.org, permets moi d'en citer un autre: "In fact, inflation is the increase in the supply of money and credit." (Henry Hazzlit - What You Should Know About Inflation: http://www.mises.org/books/inflation.pdf)
Je pense que la définition d'Hazzlit est claire et je la partage.

Pour nombre d'économistes, la hausse des prix est la conséquence de l'inflation et non l'inflation elle-même.

adalbert

@mateo : merci pour ta remarque sensée (enfin un avec qui on peut discuter). En effet ma définition mainstream n'est pas convenable : elle prend l'effet pour la chose.

Mais celle de Hazzlit a le défaut inverse : il prend la cause pour la chose. Il aurait dû écrire plus rigoureusement : "inflation is A CONSEQUENCE of the increase in the supply of money". En effet, l'augmentation de l'offre de monnaie est... une augmentation de l'offre de monnaie, tout simplement : il faut un pas logique de plus pour arriver à parler de l'inflation.
A mon sens le voici : toute augmentation de la quantité d'un bien (hormis un sac Vuitton) provoque la diminution du prix de ce bien. Quand la quantité de monnaie augmente, son prix ou sa valeur diminue. Quand cette diminution est durable, on l'appelle "inflation".

Qu'en penses-tu ?

michel

Il est évident que les banques centrales ont sauvé les meubles en créant de la monnaie "sans provision", c'est à dire de la monnaie sans aucune contrepartie de production de biens et services, de la fausse monnaie en quelque sorte. Il est probable que de forts retraits des dépôts bancaires ont eu lieu, pour se réfugier dans les coffres forts de particuliers, pour des achats d'or surévalué, ou pour anticiper des achats de biens d'équipements érigés en valeur refuge, créant l'illusion d'un maintien de la consommation. Ces retraits auraient mis en péril tout l'édifice bancaire si les banques centrales étaient restées dans l'orthodoxie financière.

Donc, la fausse monnaie des banques centrales est venue remplacer celle qui s'est réfugiée dans les bas de laine. Mais cet argent thésaurisé en billets de banque ou en or reviendra tôt ou tard en circulation, pour alimenter une très forte inflation. Si cette occurence se conjugue avec des augmentations de salaires, sous la pression des masses populaires, alors ce sera le départ d'une inflation galopante qui ruinera les monnaies. Voir la déconfiture du rouble et la ruine des petits épargnants en Russie, du temps d'Eltsine ! Je me rappelle avoir payé un samovar de pacotille six cent mille roubles en 1996, ça faisait un très gros paquet de billets de banque !

Si par contre le niveau des revenus est contenu, alors ce sera un appauvrissement général et l'humanité entière paiera les pots cassés par des financiers apprentis sorciers.

Dans la deuxième hypothèse, on peut prévoir une récession gravissime, l'effondrement de pans économiques entiers, un chômage et une misère jamais connus depuis la seconde guerre mondiale.Nous verrions alors s'étendre la pauvreté et la famine dans le tiers monde, l'économie chinoise régresser fortement voire s'écrouler. Chez les occidentaux, le chômage, et son corollaire la misère, s'envoleraient vers des cimes jamais atteintes, les systèmes de retraite et d'assurance maladie s'effondreraient, les Etats, dont les revenus fiscaux seraient fortement amoindris, et l'endettement multiplié seraient contraints à la banqueroute partielle, faisant des dégats considérables dans les patrimoines de leurs créanciers (les banques notamment !!!). L'HORREUR COMPLETE QUOI !

Bref, si nous n'attrapons pas la peste, ce sera le choléra !

Le seul échappatoire à ces deux perspectives cataclysmiques résident dans une veille vigilante des autorités financières, et une destruction matérielle de la monnaie créée sans cause au fur et à mesure que les fonds thésaurisés hors du circuit bancaire seront remis en circulation. C'est une politique très délicate à mettre en oeuvre, qui exige de faire, au jour le jour, ni trop, ni trop peu de destruction monétaire. Trichet ne nous a pas habitué à prendre les décisions opportunes au bon moment. Ses idées très "nouvel ordre mondial" ne me disent rien qui vaille, pas plus que ses fréquentations de certains milieux occultes.Je n'ai guère confiance.Je connais peu Ben Bernanque, le nouveau gouverneur de la Fed. Mais ses déclarations de 2002 et 2005 font penser qu'il pourrait être l'homme de l'hypothèse inflation galopante (http://www.federalreserve.gov/boarddocs/speeches/2002/20021121/default.htm et http://www.federalreserve.gov/boarddocs/speeches/2005/20050414/default.htm ).

dans les deux cas, les désordres monétaires ne se produiraient pas exactement au même moment, ce qui entraînerait des variations de change tels que le commerce international risquerait la paralysie. D'ailleurs, je crains fort que dans un tel contexte, certains grands pays reviennent à un protectionnisme fort, entraînant, par représailles, le monde entier dans ce système.

Il ne reste plus qu'à attendre l'explosion de la bulle financière écologique, qui ne saurait tarder, pour mettre en l'air tout le système (voir le récent article de Vincent, très lucide et documenté, à ce sujet).

Je pense que je vais rapidement investir mes économies dans un terrain de bonne terre maraîchère, pendant qu'il en reste à vendre. Au moins, j'aurais de quoi bouffer en plantant mes légumes et en élevant des poulets, avec des surplus pour faire du troc ! S'il me reste quelques sous, j'achèterai aussi un peu de forêt pour pouvoir me chauffer. Ah oui, un fusil de chasse aussi, pour faire fuir les voleurs.

michel

@ adalbert
"Quelqu'un peut-il me dire pourquoi la déflation est mauvaise ?".

La baisse générale des prix pourrait sembler une pas mauvaise chose en soi, mais ce sont les causes de la déflation qui sont redoutables. La déflation, c'est une panne de la consommation et de l'investissement, avec ses corollaires de surproduction, de bilans en déficits, de licenciements massifs, d'absence de création d'emplois, de faillites en cascade.

Mais il me semble que nous nous acheminons plutôt soit vers la stagflation, ce qui est pire encore, soit vers l'inflation galopante. voir mon commentaire précédent.

adalbert

@michel : vous n'avez visiblement pas encore mis votre nez dans ce que je conseillais : http://www.mises.org/story/1254

michel

@adalbert
J'ai relu plus attentivement l'article de Mises que j'avais rapidement survolé lors de votre premier commentaire. Je ne vois aucune contradiction entre ce qu'il expose et ce que je vous ai répondu.

J'ai dit que la déflation était le résultat, et non la cause, d'une situation économique déprimée. C'est cette depression qui est préoccupante, et non son effet, la baisse générale des prix.

Mises affirme qu'un agent économique qui sait anticiper la déflation peut gagner de l'argent, faire tourner une entreprise, continuer à produire. C'est exact. En période d'inflation, on sait que celui qui a préalablement investi à crédit est gagnant. Ce qui signifie que son prêteur est lui, perdant. De même, il est possible à un agent économique de spéculer efficacement dans un contexte de déflation. Encore que pour un chef d'entreprise avisé, il ne peut le faire qu'en réduisant ses coûts - salaires, personnels, etc.- et donc faire de nombreux perdants. Il peut même gagner des parts de marchés si certains de ses concurrents cessent de produire. Mais si tous les chefs d'entreprise adoptent des stratégies d'adaptation à la déflation, alors cela ne peut qu'engendrer un appauvrissement général, et ceci ne veut pas dire que tout le monde s'apauvrit, mais que ceux qui s'appauvrissent sont plus nombreux et perdent plus de capital et de revenus que ceux qui réussissent à préserver ou même accroître leurs patrimoines et leurs bénéfices.Donc Mises a encore raison, il existe des gagnants.

Le raisonnement de Mises s'attache à l'aspect technique de phénomènes monétaires, et sous cet angle, il n'a pas tort. Impossible d'analyser en détail son article dans un commentaire de longueur limitée. Mais une approche globale montre qu'un contexte de déflation ne peut qu'engender globalement des pertes de richesse. Cela dit celui qui possède des terrains, des immeubles des machines et qui n'est pas endetté verra son patrimoine préservé. Certes, sa valeur baissera le temps de la déflation, mais il lui suffit de ne pas être obligé de vendre.

Donc le point de vue de Mises constitue un très bon raisonnement de monétariste, mais n'a pas d'application concrète globale.

adalbert

L'auteur de l'article s'appelle Hulsman, pas Mises.

Hulsman (et Mises) ne sont ABSOLUMENT pas monétaristes : ce sont précisément les adversaires des monétaristes (si vous entendez par là le courant de pensée mené par Friedman).

En économie de marché il n'y a pas de jeu à somme nulle : l'entrepreneur s'en sort en déflation parce qu'il a satisfait le besoin de son client, pas parce qu'il a grugé ses fournisseurs ou ses employés. Et s'il est plus malin que ses concurrents, tant mieux pour lui, ses clients, ses fournisseurs et ses employés. Ce que je dis est valable aussi pour le "spéculateur" (si vous arrivez à trouver une définition à ce mot qui peut désigner à la fois la vieille dame qui change de boulangerie et le trader en produits dérivés...). Car même la distribution pure est une activité qui augmente la richesse de ceux qui y prennent part.

Vous avez mal lu l'article en continuant de soutenir que la déflation est forcément la conséquence d'une situation économique déprimée : tout le XIXè siècle prouve le contraire.

Je conteste votre définition de la déflation ("panne de la consommation et de l'investissement, avec ses corollaires de surproduction, de bilans en déficits, de licenciements massifs, d'absence de création d'emplois, de faillites en cascade"). La déflation à strictement parler, c'est une augmentation durable de la valeur d'une monnaie. Vous ne pouvez pas rigoureusement l'identifier à un phénomène de dépression économique. Sur un point Friedman a raison : "l'inflation (ou la déflation) est toujours et partout un phénomène monétaire".

Cependant si la déflation s'installait aujourd'hui, elle accélèrerait la faillite d'un état fortement endetté, comme l'état français... Et aux yeux des clients de cet état là serait la vraie catastrophe. Je crois qu'au fond c'est la vraie raison des peurs de l'établissement politico-financier français. L'économie de marché et la liberté s'en sortiraient plutôt bien.

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