Alors que la plupart des analystes n'avaient pas vu venir la crise ou en avaient sous-estimé l'ampleur (à commencer par moi), il n'est pas inutile d'écouter comment ceux qui avaient fait le bon pronostic avaient présenté leur argument avant que tout ne s'écroule. Moins connu que Nouriel Roubini, mais plus cohérent à mon avis, voici Peter Schiff, conseiller économique d'un certain Ron Paul, qui lors de diverses émissions en 2006 et 2007, se faisait tourner en dérision par d'autres économistes (et notamment Art Laffer, que l'on a connu plus inspiré en d'autres circonstances). Ils doivent se sentir un peu idiots maintenant...
La Vidéo ci dessous (en anglais) montre les meilleurs extraits de ces émissions:
C'est dur d'avoir raison seul...
C'est rétrospectivement touchant de voir comment, en juillet 2007, tous ses contradicteurs affirmaient que les actions de sociétés financières étaient le meilleur placement qui soit, et recommandaient Merill ou Goldman... Les financiers sont parfois de parfaits crétins.
Pour les anglophones. Le débit verbal est rapide, mais ça reste exploitable.
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Hat tip: Emmanuel Martin
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J'avais vu l'essentiel de ces videos l'année dernière. Et je les ai revus le mois dernier. C'est terrible parce que si je soutenais dans l'ensemble la position de Schiff à l'époque, ce n'est qu'avec le recul qu'on prend conscience de la pertinence de l'analyse à l'époque, et surtout de l'absurdité des propos de ses contradicteurs.
Je suis d'accord : c'est touchant de voir cet homme trainé dans la boue, déclencher l'hilarité de ses contradicteurs. Contradicteurs qu'on aimerait bien voir confronté aujourd'hui par les journalistes à leurs positions de l'époque.
Il faut savoir aussi que Peter Schiff est toujours aussi décrié par les autres analystes aujourd'hui quand il intervient à la télévision américaine : si on veut bien lui conférer un minimum de crédit sur ses prévisions passées, il est très durement attaqué sur sa position sur le dollars et le fait que celui ci devrait s'effondrer. On lui fait remarquer qu'aujourd'hui le dollars parait sortir plutot renforcé de la crise des derniers mois, ce à quoi Schiff répond que le sursaut passager auquel on assiste n'est qu'un rebond technique lié au rapatriement de capitaux investis en asie ou en zone euro pour combler les trous de la crise. Il continue de soutenir qu'à terme (plutot court selon lui), le dollars s'effondrera et les Etats Unis plongeront dans une inflation intense (cf discussion de l'article de Vincent du début de la semaine).
Autre point intéressant au sujet de Schiff : il est décrié et contesté car il est partisan d'une théorie sur laquelle il a fondé ses stratégies d'investissement et qui est la théorie du découplage. Il pense que lorsque les Etats Unis et dans la foulée l'Europe vont sombrer dans la dépression, l'Asie va réussir à découpler son économie des celles de l'ouest, et sera capable de remplacer la consommation des occidentaux par sa propre capacité de consommation interne, et que du fait qu'ils ont une économie de production, qui a accumulé du capital, et qui fonctionne sur l'épargne plutot que le crédit, ils continueront leur croissance quand nous plongeront dans le gouffre. C'est peu ou prou la position d'un autre iconoclaste de la finance qui a tenu des propos similaires à Schiff depuis plusieurs années et subit les mêmes moqueries : Jim Rogers.
Un bon résumé de ses positions sur la crise qui rejoignent complètement celles de Schiff :
http://www.youtube.com/watch?v=P7oHmE81mj4
Et voilà ce qu'il disait il y a une an :
http://www.youtube.com/watch?v=pHHyjd-RrcI
Le milieu est un peu long, mais le début et la fin de la video sont tres intéressants. Notamment quand il indique devant le présentateur incrédule qu'il short sell des titres comme ... Fanny Mae, Citibank ..
Difficile de dire si Schiff et Rogers ont raison sur le possible découplage des économies de l'Est jusqu'ici tirées par la consommation à l'Ouest. Le fait est qu'ils sont jeunes quand nous vieillissons, qu'ils épargnent quand nous empruntons ...
Qu'ils aient raison ou tort à terme, c'est toujours fort intéressant de les écouter.
Rédigé par : ST | jeudi 27 novembre 2008 à 10h05
" Les financiers sont parfois de parfaits crétins."
Oui, mais très rarement ;o)
Et je sos la carte "John Paulson".
Ce n'est pas parce qu'un observateur a raison une fois qu'il a souvent raison. Parfois, à force d'avoir un avis différent de tous les autres, la chance vous donne raison. Dans son cas, je n'en sais pas plus.
Rédigé par : Aurelien | mardi 02 décembre 2008 à 17h55