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mardi 25 novembre 2008

Commentaires

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ST

Excellent résumé de l'aspect économique de cette décision salutaire bien que tardive. Sur le plan politique, le bilan est proprement ... désastreux.

Pour résumé, Paulson a mis au point son plan de rachat des créances douteuses, dans un document de 3 pages, qu'il a présenté à la Chambre des Représentants du Congrès. Le texte était plus ou moins non négociable, mais apres avoir mesuré la difficulté qu'aurait la chambre a voter les mesures (700 milliards de dollars tout de même ... à titre de comparaison, c'est 100 fois ce qu'a coûté le canal de panama ajusté de l'inflation, 7 fois la premiere Guerre du Golf ou 6 plans Marshall en $ d'aujourd'hui), Républicains et surtout Démocrates ont fini par négocier un texte élargi d'une centaine de pages, dans des conditions rocambolesques (Paulson allant jusqu'à s'agenouiller devant Nancy Pelosi, chef de file des démocrates à la Chambre des représentants à la sortie d'une réunion pour l'implorer de ne pas casser l'accord). Paulson a pesé de tout son poids, n'hésitant pas à aller jusqu'à la menace, parlant lors de conversation privées de menaces de loi martiale et d'insurection si la mesure n'était pas adoptée et mise en place dans les 48H. Mais devant l'afflux massif de fax, coup de téléphone et courriers d'électeurs d'une ampleur sans précédent, nombreux Représentant prirent peur, et lors du vote, le plan fut repoussé contre toute attente.

Qu'à cela ne tienne, moins de 48h après, une nouvelle version du plan était introduite de manière totalement illégale au Sénat : en effet, les "Money Bills" qui impliquent des dépenses nouvelles doivent avoir pour origine la chambre des représentants avant de pouvoir passer devant le Senat. Pour contourner cette disposition, le plan paulson n'a pas été introduit au Senat comme une nouvelle loi, mais comme un amendement à un projet de loi déjà existant, et qui était déja passé devant la Chambre des Représentant. En substance, le projet de loi amendé consistait de l'ancien projet, suivi d'un unique amendement qui disait : "supprimer tout à partir de la premiere ligne, et remplacer par", suivi des 451 pages du nouveau projet. Et comme il n'est pas possible de changer le nom d'une loi déjà introduite, le plan paulson a été voté officiellement sous le nom de "Paul Wellstone Mental Health and Addiction Equity Act of 2007". C'est le nom officiel de cette loi. La loi sur la santé mentale et les adictions. Maintenant, pourquoi le nouveau texte présenté au Senat fait 451 pages : parce que le gouvernement a décidé d'acheter le vote des Sénateurs en introduisant pour 150 milliards de $ de dépenses diverses et variées pour satisfaire les intérets les plus divers. Dans ces 451 pages, on trouve des choses aussi variées que ça :

Sec. 308 - Increase on limit on cover over of rum excise tax to Puerto Rico and the Virgin Islands => une modification des droits d'accises sur le Rhum de Puerto Rico et des Iles Vierges.

Sec. 310 - Extension of mine rescue team training credit => Un extension des budgets d'entraînement du personnel de sauvetage des mineurs (dans les mines)

Sec. 316 - Railroad track maintenance => la maintenance des voies ferrés

Sec. 317 - Seven year cost recovery period for motorsports racing track facility => plus d'argent pour les pistes automobiles

Sec. 401 - Permanent authority for undercover operations => une modification des conditions d'exercices des opérations d'infiltrations de la police fédérale

Sec. 402 - Permanent authority for disclosure of information relating to terrorist activities => un renforcement du droit des autorités de révéler ou cacher des informations liées au terrorisme

Sec. 503 - Exemption from excise tax for certain wooden arrows designed for use by children => une exemption des droits d'accises pour certains type de flèches en bois destinés aux jeux des enfants

Ce ne sont que quelques exemples parmi des dizaines et des dizaines. Tout le monde y est allé de son grain de sel. Le gouvernement a casé discretement les extensions de pouvoir qu'il briguait depuis longtemps mais n'osait pas présenter jusque la. C'est probablement la législation la plus corrompue qui soit passée devant le Congrès américain.

Et résultat : le Sénat a voté la loi, et la chambre s'est inclinée en confirmant le vote. Le président a promulgué la loi dans les heures qui ont suivi le vote.

Et après ? Rien. Le plan avait été présenté comme un plan pour racheter les Mortgage-backed securities, et aucun MBS ne fut finalement racheté. L'intégralité des premiers fonds (250 milliards de $) fut utilisé pour recapitaliser les banques (enfin certaines banques à la discrétion du gouvernement). Certains s'en étonnèrent, mais le plan indiquait clairement (mais qui l'avait lu) que l'utilisation des fonds serait plus ou moins discrétionnaire.

La polémique rebondit récemment alors que Paulson a indiqué qu'il ne demanderait pas les fonds restant au Congrès comme il en avait la possibilité, laissant ce soin à son successeur. On découvre alors également que Paulson savait parfaitement en faisant passer la loi qu'il ne l'utiliserait pour racheter des MBS comme indiqué. Il avait semble t-il changé d'avis, mais préférait ne pas le dire ouvertement au congrès de peur de passer pour une girouette et de ne pas obtenir le vote et les fonds. Il a donc continué a décrire et plaider pour un mécanisme qu'il savait nocif et qu'il n'utiliserait pas, pour obtenir le passage d'une loi qui de toute façon lui laisserait les mains libres pour utiliser les fonds de manière discrétionnaire (et renflouer de capital a prix cassé son ancien employeur Goldman Sachs, mais ca c'est un détail).

Il faut également garder à l'esprit que malgré ses 700 milliards, le Plan Paulson constitue à ce jour une partie relativement modeste de l'ensemble des fonds et dépenses engagées pour contrer la crise par le gouvernement américain et la réserve fédérale. On estime qu'un total de 4300 milliards de $ sont d'ores et déjà engagés (http://www.cnbc.com/id/27719011). Les effets sur les finances publiques américaines seront dévastateurs (bien que comme on l'a déjà évoqué, leur marge de manoeuvre en la matière est nettement plus grande qu'en France, et en Europe en général).

ST

Je viens de lire ça :

http://money.cnn.com/2008/11/25/news/economy/paulson_consumer/?postversion=2008112514

et notamment :

"the Federal Reserve, announced it will purchase up to $500 billion in mortgage backed securities that have been backed by Fannie Mae (FNM, Fortune 500), Freddie Mac (FRE, Fortune 500) and Ginnie Mae, the three government-sponsored mortgage finance firms set up to promote home ownership."

Est ce que cela signifie que la Fed a entrepris de faire exactement ce que le plan paulson se proposait initialement de faire mais n'a finalement pas fait (comme décrit dans l'article de Vincent) ? Si oui, pourquoi ?

A moins qu'on ne parle pas ici de MBS toxiques déjà en circulation, mais de nouvelles MBS, émises à partir de nouveaux prêts consentis dans l'espoir de limiter la récession.

Ca pourrait bien être ca vu qu'on lit plus loin :

"The idea is that by making money available for investors who are interested in buying loans bundled together into securities, it will be easier and more profitable for banks to loan money to consumers and small businesses."

Si je comprend bien, l'administration américaine a injecté de l'argent dans les banques dans l'espoir de relancer le credit, notamment à la consommation, automobile et immobillier. Ca n'a pas fonctionné, les banques ont pris l'argent, et se sont assis dessus car elles sont sous capitalisés et ne veulent prendre aucun risque par les temps qui court. Donc, étape 2, la FED facilite l'acces aux liquidité aux investisseurs désireux d'acheter des MBS, et surtout apporte sa garantie à ces futurs MBS, afin d'en faire des investissements attractifs, de maniere a ce que les banques trouvent rentable d'en émettre à nouveau (alors qu'aujourd'hui le marché pour les MBS est gelé, a cause des tranches toxiques), et donc de libérer de nouveau du crédit à la consommation et immobillier.

Pour résumer, et toujours si je comprend bien ... le marché du crédit est gelé parce que des crédit pourris l'ont contaminé et personne ne sait dans quelles proportions ni où. Il serait dangereux de racheter ces credits pourris comme pensé à l'origine, car comme Vincent l'a expliqué, cette perspective gèle encore plus la reprise du marché privé, chacun préférant dealé avec le gouvernement plutot que des hedge funds coriaces. Prenant acte que ce marché est bel et bien gelé, le gouvernement et/ou la Fed (on sait plus tres bien qui mene la danse), décide d'encourager la formation d'une nouvelle tranche de credit à coté, avec le même genre d'instrument incitatif que pour la bulle précédente (credit peu onéreux et caution implicite ou explicite de l'Etat, avec l'aléa moral qui va avec). Et tout ca dans l'espoir apparent de réamorcer la bulle pour stopper la descente aux enfers. A croire qu'ils ne savent pas faire autre chose, ou proposer autre chose. More of the same.

Et la cerise sur le gateau :

"Together, the programs from the Federal Reserve and the New York Fed are more than Congress approved in October for a bailout of the nation's banks and Wall Street firms. The Fed said the money will come from an increase in its reserves -- in essence, it is creating new money."

La Fed semble enfin admettre ce qu'elle pratique depuis des lustres : le recours massif à la planche a billet. On en revient a l'article précédent de Vincent. CQFD. On voit mal comment la déflation technique actuelle pourra éviter de basculer à terme (court, moyen, long ??? telle reste le mystère) en inflation galopante.

Quelques perles supplémentaires :

"This new program is much closer to the planned bailout. But government officials stressed that this new plan is different from TARP in that only mortgage securities backed by Fannie, Freddie and Ginnie Mae will be in the new program."

En gros, on assiste à une véritable nationalisation du crédit aux Etats Unis, et Freddie et Fannie Mac, précisément les instruments de la déroute précédente, semblent devoir être les fers de lance de la nouvelle offensive ... on prend les mêmes et on recommence ...

Et pour la petite histoire, et pour tout ceux qui on cru qu'Obama pourrait incarner un quelconque changement : il a annoncé le nom du futur remplacant de Paulson. Cette fois ce ne sera pas l'ex patron de Goldman Sachs. Non. Juste l'ex boss de ... la réserve fédérale de New York ... Change we can believe in ?

Vincent Benard

@ST: Et oui, mardi, je titrais sur un bon mouvement de Paulson, et mercredi, j'entends à la radio que la FED re-gèle le mécanisme de purge de la crise ! j'ai failli rater un virage, tiens !

Quand aux MBS dont il est question, j'ai l'impression qu'il s'agit de "vieilles" MBS ("have been backed"), mais effectivement, ce n'est pas clair, puisqu'un peu plus loin, l'article de CNN parle de faciliter l'octroi de nouveaux prêts... Je vais laisser à d'autres le soin de dépiauter la logorrhée de la FED...

Les USA sont partis pour une TRES GROSSE récession, de par la connerie de leurs grands argentiers actuels. Et nous de plonger avec.

Je ne comprends pas cette obsession de "faire repartir à la hausse" le marché immobilier, surtout en créant des bulles de crédit. Dans tous les marchés de produit de consommation du monde, une baisse est une bonne nouvelle ! Or le logement est d'abord un bien de consommation, quoiqu'on en dise.

Voila, remarques désabusées du soir...

ST

@Vincent: "Je ne comprends pas cette obsession de "faire repartir à la hausse" le marché immobilier"

C'est en effet du domaine de l'incompréhensible. Et c'est exactement la même chose ici. L'essentiel des articles que je vois passer parlent de la baisse de l'immobilier comme d'une "crise" de la construction, et appellent à une intervention pour éviter tout effondrement des prix. Et les actions du gouvernement vont clairement en ce sens, et c'est revendiqué. Pour un gouvernement qui faisait du pouvoir d'ahat une priorité, c'est quand meme le comble ! Baisser par deux le coût du logement sur trois ans aurait un impact sur le pouvoir d'achat des ménages (surtout des jeunes ménages) sacrément plus important que toutes les mesurettes tentées jusqu'ici. Ca éviterait à une toute une génération de s'endetter sur 30 ans, dans des proportions du revenus disponible jamais atteinte dans notre histoire. Mais non. C'est tellement gros que je ne comprend même pas pourquoi l'opposition ne s'empare pas de ces munitions faciles pour dénoncer le raquette dont sont victimes les accédants à la propriété (et principalement les primo accédants) et la façon dont le gouvernement alimente cet état de fait.

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