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lundi 10 novembre 2008

Commentaires

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Franck Boizard

Je doute que nous revenions jamais à l'étalon-or, non pas pour des raisons techniques, mais pour des raisons morales.

Les changes flottants donnent des possibilités de «déconnades» tellement vastes qu'aucun politicien n'est prêt à renoncer à ces délices empoisonnées.

Et même s'il s'en trouvait quelques-uns, ça ne ferait pas une majorité.

Mateo

Je suis content de voir que l'on s'intéresse enfin ces derniers temps à cette question primordiale de la monnaie!

Il y a quelques temps, lorsque je posais la question à Aurélien de sa position et celle du PLD (ou celle d'AL à l'époque, je ne sais plus) quant au système monétaire, il me répondait que ça n'intéressait pas les gens et que c'était un problème somme toute secondaire…

Il s'agit tout de même du premier, du plus important bien échangé!

C'est pour cela que j'en parle souvent…

Mais ma position quant au retour à l'étalon-or n'est pas tranchée. Je vois deux problèmes avec l'étalon-or:

- le premier est que les réserves de ce métal n'évolue que lentement. Par conséquent, si les richesses augmentent plus vite que les réserves d'or, il faut nécessairement que les prix s'ajustent à la baisse. Or, le prix d'une des plus importante ressource, si ce n'est LA plus importante, s'ajuste difficilement à la baisse, du fait des réglementations en cours mises en place par les États: il s'agit du prix du travail. A peu près partout, le seul moyen d'ajuster à la baisse le prix du travail est de licencier puis d'embaucher, avec tous les problèmes et coûts supplémentaires que cela implique. Le manque d'élasticité du prix du travail couplé à une monnaie 100% adossée à l'or provoquerait je pense des tensions sociales.

- le deuxième est le coût d'extraction de l'or. Pourquoi perdre des ressources humaines, matérielles, temporelles dans une chose qui pourrait être évitée?


Une monnaie n'a de valeur que celle de la confiance qu'on place dans son émetteur. Ce qui séduit dans l'étalon-or, c'est la rareté du métal. Or la vraie rareté sur laquelle devrait se baser la monnaie est (devrait être?) la confiance!

Pour cela, je suis partisan d'un système de banques et de monnaies libres: l'émetteur de monnaie qui perd la confiance de ses clients, et qui fait donc chuter la valeur se sa monnaie, est éliminé.

Je vois également d'un mauvais oeil le système de réserves fractionnaire, l'autre grand créateur de monnaie de singe. J'ai de plus en plus tendance à penser que les prêts des uns ne devraient être financés que par les investissements des autres, et non par les dépôts. J'ai tendance à me rapprocher de la vision de Rothbard pour qui ce système de réserve fractionnaire n'est ni plus ni moins qu'une escroquerie, un vol, une atteinte à la propriété.


Enfin, si pour "rêver" un peu, pour aller hors de sentier battus de la pensée habituelle sur la monnaie, on peut regarder du côté du "crédit social", ou Hawala, que Jesrad présente ici: http://jesrad.wordpress.com/2006/12/08/quest-ce-que-le-credit-social/
Sur le papier, ce système combine tous les avantages: décentralisation totale, quantité d'argent qui s'ajuste automatiquement à la quantité de richesse (pas d'inflation), aucun besoin d'extraire un métal, dettes garanties par de la richesse réelle etc.

JL

Je suis surpris de voir que ma réaction a donné lieu à un article. Je comprends maintenant bien mieux votre position.

Vincent Poncet

@JL

Je comprends le désir de libéral d'avoir des concurrences entre monnaies avec chaque boutique offrant la sienne. Mais d'une, cela complexifie les échanges, de deux, la monnaie, ça ne se décrète pas. Il ne suffit pas qu'une banque dise "bonjour, j'ai inventé une monnaie, avec je vais vous acheter votre maison", que les gens voudront bien échanger leur maison contre celle nouvelle monnaie.
La monnaie, comme la langue ou les traditions, c'est une institution sociale, ce n'est pas quelqu'un qui arrive et qui le définit de fond en comble du jour au lendemain. Il faut qu'il y ait une adhésion des gens pour qu'elle se réalise.
De ce point de vue là, je doute sérieusement du "bonjour, j'ai inventé une monnaie, c'est formidable". La seule raison pour laquelle une personne accepterait une "nouvelle" monnaie, c'est qu'elle serait au moins autant liquide que la monnaie ayant cours. Or, la façon la plus simple a mettre en oeuvre pour cela est de la rendre convertible avec la première, mais à ce moment-là, la nouvelle n'est pas une monnaie en soit, mais simplement un substitut monétaire à la monnaie en place. Les ingénieurs financiers ont tenté plusieurs fois de vendre des soit disant équivalent cash, mais on voit bien aujourd'hui que ces "équivalents" cash (je pense aux ARS) portent un risque de crédit non négligeable.
De même idem, pour toutes les théories de crédit social ou de SEL. Les évaluations des taux de change entre biens ne se font que via les prix existants dans la monnaie préalablement existante, elle ne peut donc pas exister en elle-même.
Aussi, cela confond la propriété et la créance. La propriété est une certitude, la créance est une promesse. La promesse a nécessairement un discount, qui reprétente un prix pour le temps de remboursement et une prime pour le risque de contrepartie. Dire que je vends ma voiture 1000 à jean qui me promet de me rendre 1000 plus tard, c'est gentil. Mais qu'est-ce qui me garantit que jean pourra rendre 1000 plus tard ? Je préfères avoir 1000 en unité monétaire ayant cours, càd universellement acceptée. La créance de jean ne peut pas être acceptée pour acheter une baguette de pain à 100km de là, tout simplement parce que le boulanger ne connaît pas jean, de même, son boulot, c'est de vendre du pain, pas de faire du crédit.
Je pense qu'il faut faire un tour du côté du théorème de regression de Mises sur la question de l'émergence de la monnaie (cf présentation par Rothbard : http://mises.org/rothbard/money.pdf )

ST

@Vincent Poncet : "La seule raison pour laquelle une personne accepterait une nouvelle monnaie, c'est qu'elle serait au moins autant liquide que la monnaie ayant cours."

Une bonne raison serait qu'elle se dévalue moins que la monnaie de référence. Mais encore faut il que la monnaie de référence n'ai pas cours légal (legal tender), pour que les deux monnaies soient vraiment en concurrence, sinon, la mauvaise monnaie chassera invariablement la bonne (Loi de Gresham http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Gresham). Si les monnaies sont libres, et aucune n'a cours légal (c'est a dire qu'on peut toujours refuser d'etre payé dans une monnaie donnée), c'est l'inverse, la bonne monnaie, celle qui se dévalue moins ou pas chassera indubitablement la bonne.

Mateo

@ Vincent

Si ce que vous dites est vrai, pourquoi alors interdire la création de monnaies privées, puisque de toutes façons selon vous personne ou presque ne les utilisera?

Effectivement, comme le dit ST la loi de Gresham fait que la mauvaise monnaie chasse la bonne dès lors qu'il existe une monnaie ayant cours légal.

Mais s'il 'y a pas de monopole, tout le business d'un émetteur de monnaie est justement basé sur la confiance, comme je le disais plus haut.
Pour les "Autrichiens" comme Rothbard, le fait qu'une monnaie soit basée sur l'or, et donc la stabilité que cela implique, est un excellent gage de confiance, si ce n'est le meilleur.
Par conséquent la tendance naturelle des individus, dans un système de monnaies libres, serait de se tourner vers ces monnaies dégageant le plus de confiance.

Mais on peut également imaginer que des émetteurs puissent jouir d'une grande confiance auprès de leurs consommateurs sans pour autant que leur monnaie soit basée sur l'or.

Je le répète, le coeur de business d'un émetteur de monnaie est la confiance, laissons donc la catallaxie faire émerger les solutions appropriées.

vincent

@ Mateo:

Concernant votre premier commentaire: votre point 1 résume ma réserve vis à vis de l'étalon or. La psychologie humaine est ainsi faite qu'elle s'oppose aux ajustement à la baisse...

Xavier M

Quelques remarques pêle-mêle:

@ Vincent B: bien que tu sembles vouloir faire pencher ta balance vers les conceptions "autrichiennes", ta proposition selon laquelle la monnaie idéale serait celle dont la masse croit à la même vitesse que la quantité des échanges" sonne très monétariste (Chicago). Cela dit, il n'y a pas même consensus sur ce genre de considérations chez les autrichiens et certains pourront avoir des positions s'en approchant.

@ Mateo et Vincent B: sur le problème politique des ajustements à la baisse des prix du travail dans le contexte d'un étalon-or, c'est certainement une difficulté. Mais d'une part, même avec l'appareil réglementaire inchangé pour les marchés du travail, le fait que les prix des biens de consommation baisseraient rendrait politiquement moins facile aux syndicats la surenchère (après tout, l'évolution de "l'indice des prix" sert aujourd'hui de référence et de prétexte pour tirer les minima salariaux à la hausse).

D'autre part, cela indique surtout qu'il faudrait faire en sorte que toutes choses ne restent pas égales par ailleurs suite au changement du système monétaire (que les réglementations du marché du travail sautent aussi). Évidemment, ça semble politiquement infaisable aujourd'hui. Mais la perspective d'un système monétaire et bancaire libre n'est pas non plus à portée de main. Si on pouvait faire en sorte que l'opinion publique l'accueille favorablement, on pourrait aussi faire en sorte que l'opinion publique voit d'un mauvais œil la réglementation actuelle sur le marché du travail. Je veux dire, ce sont des tâches héroïques mais c'est vrai pour les deux.

Xavier M

@ Mateo:

A propos de l'objection selon laquelle en étalon-or gaspillerait des ressources dont on pourrait se passer, il me semble que cela suggère plutôt un argument pro-étalon or.

Parce que la seule façon de se passer d'un étalon marchandise (la monnaie émerge nécessairement d'un bien étant d'abord échangé pour ses services en tant que bien de production ou de consommation), c'est que les Etats mettent la main sur la monnaie (comme ils l'ont fait). Une monnaie fiat ne peut pas être le produit du marché libre (cf. théorème de régression monétaire de Mises)

Je pense qu'on doit voir les choses ainsi. Pour faire simple, les ressources engagées dans l'extraction de l'or ne sont rien par rapport à la destruction de richesses provoquée à cause de la main-mise de l'État sur la monnaie.

Pour ainsi dire, c'est le prix à payer pour avoir un système monétaire sain. Tant que la monnaie est or (ou autres marchandises), les Etats ne peuvent pas (via leurs banques centrales ou autrement) créer en masse de la monnaie et ainsi corrompre une partie de la société civile et maintenir sous perfusion un complexe militaro-industriel et un cortège de privilégiés divers, grâce aux effets redistributifs impliqués (cf. effet "Cantillon").

Et ils ne peuvent pas manipuler les taux d'intérêt et créer ainsi périodiquement les conditions favorables à des investissements déconnectés des réalités, à l'illusion de croissance correspondante et au retour sur terre douloureux qui s'ensuit.

La destruction systématique de richesses dans des proportions colossales et l'enrichissement indû d'une minorité, voilà ce qu'on évite me semble-t-il grâce au "gaspillage" de l'extraction d'or.

Pour ma part, j'achète!

Xavier M

@ Mateo et en rapport avec ce que dit Vincent P:

Il n'y a pas de dichotomie à mon avis entre banques/monnaies libre et étalon-or. Comme je l'écrivais récemment ailleurs:

La libre concurrence, ça veut dire que chacun est libre d'entrer sur n'importe quel marché dans le respect des droits que chacun a sur son corps et ses biens acquis sans violence agressive. Si chacun a dans ce cadre le droit d'acheter et de vendre ce qu'il veut, cela signifie qu'il pourra légitimement essayer d'utiliser n'importe quel bien comme intermédiaire pour ses échanges, par exemple acheter du cuivre en vue de le revendre à quelqu'un qui lui donnerait en échange les chaussures qu'il recherche. Mais que chacun ait le droit de s'accorder contractuellement avec n'importe qui d'autres sur les moyens de paiement ne signifie pas que n'importe quoi puisse être une monnaie.

Une monnaie est un intermédiaire généralisé des échanges. Une monnaie émerge d'un réseau d'échanges volontaires par effet boule de neige. En partant d'une situation de troc, on a le problème de la double coïncidence des besoins. A a des biens que désire B mais B n'a pas ceux que désirent A. Mais B peut voir que C a des biens que désire A et désire ce que B a. B achète alors ses biens à C, non pour son utilisation personnelle mais pour les rééchanger contre ceux d'A. Il les utilise comme intermédiaires. Un facteur qui fait choisir un bien comme intermédiaire, c'est qu'il soit plus facilement revendable, ne s'use pas facilement, soit déjà fréquemment utilisé et donc demandé comme bien de consommation ou comme facteur de production, etc.

Quand on vient à acheter un bien en vue de le revendre -comme intermédiaire des échanges- cela augmente les raisons pour chacun de le choisir à son tour comme intermédiaire puisque une demande additionnelle pour ce bien fait qu'il est plus facilement revendable, par rapport à d'autres biens. Effet boule de neige donc, jusqu'à ce que tout le monde utilise le même bien comme intermédiaire. C'est l'émergence de la monnaie. C'est ce qui explique qu'historiquement, l'or et l'argent aient tendu à devenir les monnaies acceptées.

Une implication de tout ceci est que la concurrence dans le domaine, loin de signifier une multiplicité de monnaie, tend à réduire le nombre de monnaie au fur et à mesure que tout le monde s'intègre dans le même réseau d'échanges. En un sens, tant qu'il y a plusieurs monnaies dans le marché libre, cela signifie que l'une n'a pas atteint son plein potentiel et que le processus n'est pas terminé. En effet, leur coexistence implique un troc partiel que l'émergence de la monnaie sert justement à contourner. On peut imaginer une sorte de continuum entre le pur troc et une monnaie unique, et logiquement le processus mis en branle dans le marché libre va d'une extrémité à l'autre de ce continuum, la monnaie unique en étant l'aboutissement logique. Ceci étant dit, je ne suis pas sûr qu'il n'y ait pas quelques raisons pour que quelques monnaies coexistent quand même à la fin.

Tout ça pour dire qu'un système bancaire et monétaire n'implique pas que plusieurs monnaies se concurrencent dans le sens où la "concurrence" voudrait dire multiplicité de l'offre. La nature de la monnaie dicte précisément l'inverse et ce, non par décret gouvernemental bien sûr, mais comme résultat de la sélection que tout un chacun ferait dans ses transactions quotidiennes. Ce qui compte en définitive est qu'il n'y ait pas de loi forçant à utiliser un bien plutôt qu'un autre comme monnaie, car en plus de piétiner les droits, cela entrave le processus de sélection indiqué ci-dessus.

La raison pour laquelle on parle d'or finalement est simplement que le processus décrit ci-dessus a déjà largement eu lieu et que l'or a ainsi émergé comme principal intermédiaire des échanges à l'échelle mondiale par le passé. Donc l'or serait naturellement la monnaie. Peut-être l'argent serait aussi utilisé.

Bref, l'étalon-or est normalement le produit d'un système décentralisé sans cours légal, autrement dit d'un "système de banques et de monnaies libres".

Franck Boizard

SOS : mes contradicteurs m'attaquent sur la crise islandaise comme un exemple de faillite néolibérale et je suis un peu sec.

J'avoue ma flemme de chercher (bouh, le vilain), si vous aviez du prêt-à-l'emploi ...

Arnaud

L'islande était jusqu'ici un modèle de réussite libérale, néanmoins, les problèmes ne datent pas d'hier. Le pays était depuis quelques temps en surchauffe avec une inflation galopante. Leur banque centrale ne peut pas être accusée de laxisme puisqu'elle a porté ses taux directeur jusqu'à plus de 10%. Voir cet article qui date d'avril : http://archives.lesechos.fr/archives/2008/lesechos.fr/04/10/300256501.htm?texte=islande
Mais d'après ce que j'ai compris, cela ne servait à rien puisque les islandais empruntaient en devises étrangères et notamment en euros, dont les taux d'intérêt restaient assez bas.
Je ne suis pas spécialiste de la monnaie, mais l'approche monétariste n'aurait elle pas pu empêcher cette faillite? N'aurait il pas fallu contrôler la masse monétaire, en y incluant toutes les devises, la hausse de devises étrangères en circulation dans le pays conduisant la monnaie islandaise à devoir être détruite?

LOmiG

salut intéressante discussion.

Il me semble, mais je ne suis pas connaisseur (détrompez moi s'il y a lieu), que ce qui caractérise l'école dite autrichienne, c'est l'approche de l'individu qui y est mise en avant. Les économistes de l'école autrichienne posent comme base que beaucoup de notions sont "subjectives" et propres à l'individu. Ils s'opposent donc presque par principe à des constructions abstraites et collectives faisant l'impasse sur cette simple évidence : un individu X n'est pas équivalent à un individu Y.

La valeur de 10€ pour X n'est pas comparable, ni en droit ni en fait, à la valeur de ces mêmes 10€ pour Y. Des individus peuvent se mettre d'accord sur la valeur équivalente de deux biens par le biais d'un échange libre et volontaire.

Cela revient, il me semble, à mettre à terre TOUTE politique de redistribution qui présuppose que l'on va pouvoir répartir le "sacrifice" devant l'impôt, et ainsi atteindre une forme de "justice sociale". Les économistes autrichiens récusent le bien fondé de ce genre d'abstraction. Et ils ont bien raison, je crois.

à bientôt !

ST

@Franck Boizard : je ne suis pas expert de la question, mais les problemes dont souffrent l'islande ne sont pas tres différents dans les fondements de ceux dont souffre l'ensemble de la finance mondial suite a l'eclatement de la bulle de credit. La vrais différence avec les autres pays, c'est que les banques islandaises avaient tellement grossi en dehors de leurs frontieres, que le poids du secteur bancaire par rapport au reste de l'économie est démesuré en Islande. Notamment, les banques islandaises ont joué la surenchere sur le marché britannique en offrant des taux d'intéret tres élevés sur des comptes sur livrets pour attirer l'épargne britannique et ca a marché. Ils ont acquis de tres fortes part de marché, plus ou moins à perte. Mais le coté non rentable du modele economique, était masqué par la bulle. Il faut bien comprendre que l'islande est un pays minuscule. De 316 000 habitants ... Quand je dis non rentable, il faut simplement voir que juste avant la crise, les 4 plus grosse banques du pays avaient une dette extérieur de plus de 100 milliards de $, quand le PIB de l'islande est de 14 milliards de $. Si l'on rajoute a cela le fait que les ménages islandais, aveuglés par la croissance absurde et mensongere de leur economie se sont endettés de manière déraisonnable (213% du revenue disponible), l'explosion de la bulle et ses conséquence sur le marché du crédit interbancaire ne pouvait que plonger le pays dans une catastrophe économique terrible. Est ce la "faute du capitalisme" ? Si l'on considére que le capitalisme c'est fondamentalement le fait de prendre une partie de la richesse produite, pour ne pas la consommer maintenant, mais l'investir dans l'augmentation des capacités de production des richesses futures, il n'y avait pas grand chose de capitaliste dans la croissance islandaise. Il n'y a pas de capitalisme sans capital. Et pas de capital sans épargne. Il n'y avait rien de toute cela dans l'essor islandais. Juste un mirage qu'a permis la formation des bulles de crédits. Quand la bulle éclate, le mirage s'en va.

Vincent Poncet

@Xavier M à propos de la comparaison entre ressources gaspillées par l'étalon or et les destructions réalisées par la monnaie fiat sous contrôle du gouvernement.

Il faut aussi noter que la monnaie fiat sous contrôle du gouvernement n'est pas gratuite pour le système économique. Car contrôlant la monnaie fiat, les évènements relatifs à la politique monétaire influencent considérablement l'activité économique "normale" de tous les acteurs économiques. Ainsi, savoir ce que sera la politique monétaire est un bien précieux. Dès lors, pas une banque, pas une entreprise ne dispose d'"analystes" dont le travail est de deviner ce que sera la politique monétaire de demain sur la base de n'importe quel type d'analyse, que ce soit sur des analyses techniques ou sur la couleur de la cravate du gouverneur de la banque centrale. L'industrie du "Fed Watching" est une grosse industrie, et je ne suis pas convaincu qu'elle soit plus petite que l'industrie de l'extraction de minerai d'or.
(disclaimer : argument donné par Guido Hülsmann lors de sa conférence sur la monnaie à la Fête de la Liberté 2006).

Yann

Bonjour,

A propos de l'industrie extractive, il faut également considérer que les plus beaux gisements s'épuisent : il s'agit d'aller chercher de plus en plus profond, dans des gîtes de plus en plus petits et avec des teneurs de plus en plus faibles.

L'industrie du "Fed Watching" a ce côté pratique, de ne nécessiter que d'une poignée d'hommes instruits, endoctrinés et triés sur le volet (des Enarques ?) dotés d'un portable et d'un tableur pour générer des milliards...

Xavier M

+ 1000 pour le dernier message de Vincent P. C'est un argument de plus dans le sens de la séparation de la monnaie et de l'Etat.

Au delà des questions de politique monétaire et pour revenir au sujet général Vienne vs Chicago, il me semble nécessaire d'insister sur le fait que les affinités entre les deux écoles sont largement surestimées (chez les libéraux comme chez leurs adversaires) et superficielles quand elles existent bien.

Tout d'abord, le fait est que les deux écoles sont en désaccord fondamental d'un point de vue épistémologique. Qu'est-ce qu'une preuve, comment on la valide? Sur ces deux questions, entre autres, Chicago et Vienne sont irrémédiablement opposées. Suffit de lire quelques pages de Friedman (par exemple "Essais d'économie positive") et de Mises (par exemple "The Ultimate Foundation of Economic Science") sur ces questions pour le voir. Ceci implique que même lorsque des auteurs des deux écoles arrivent à des conclusions similaires, ils ne peuvent pas avoir tous les deux raison et qu'au moins un des deux dit des choses fausses (si sa conclusion est correcte, elle a été faussement déduite). Se moquer de la différence parce qu'ils arriveraient à une même conclusion revient à dire qu'on se fiche de la question épistémologique fondamentale, autrement dit qu'on se moque de la vérité et qu'on est juste à la recherche de la ou les théories qui soutiendraient les conclusions qu'on avait choisies à l'avance.

Par ailleurs, les conclusions sont moins similaires qu'on ne veut bien le voir en général (du côté des libéraux comme de leurs adversaires) et c'est exactement ce à quoi on devrait s'attendre une fois qu'on comprend que leur épistémologies sont différentes.

Exemple: alors que Rothbard (Vienne) remettait au centre des réflexions tant économiques qu'éthiques la propriété, on faisait de même du côté de Chicago avec Coase, Demsetz et Posner. Et on arrivait à des conclusions totalement différentes. Bien sûr, si on se contente de dire que la "propriété" est sacro-sainte -si on se contente de la vulgate libérale donc- on n'aura pas besoin de se pencher là-dessus, parce que dans les deux cas, il est question des "droits de propriété" comme clé de l'efficience économique (et de la justice, dès qu'on s'engage sur le terrain normatif). Sauf que les solutions proposées sont différentes et opposées, parce qu'à la question "qui devrait être propriétaire de quoi?", les réponses divergent (et dix verges, c'est beaucoup disait Desproges).

A Chicago, si les étincelles venant d'une locomotive endommagent les récoltes d'un fermier qui était établi là, avant que le chemin de fer ne soit construit, il n'est pas clair qu'un procès devrait être tranché en faveur du fermier. Après tout, si le chemin de fer doit s'arrêter ou utiliser d'autres techniques de locomotion, sans parler de rembourser les dommages au fermier, il subit un dommage au bénéfice du fermier et dans le cas inverse, le fermier gagne et le chemin de fer perd. Il n'y a pas d'agresseur et de victime, il y a un problème de nature réciproque. La réponse à Chicago est que sans coût de transaction, cela ne fait aucune différence en termes d'efficience que les droits de propriété soient alloués à l'une ou l'autre partie. Quand il y en a, les droits doivent être alloués de telle manière que le "coût social" soit minimisé (que la production soit maximisée en valeur). Si des barrières de protection sont plus abordables pour le fermier qu'une technologie propre pour le chemein de fer, l'efficience voudrait que le cas soit tranché en faveur du chemin de fer.

D'un point de vue purement économique, c'est impossible à Vienne. On retrouve des différences issues de désaccords épistémologiques. Il y a là des comparaisons interpersonnelles d'utilité qui sont inacceptables d'un point de vue autrichien. Par ailleurs, pour des raisons d'incitations, on tend du côté de Vienne à considérer que l'efficience commande au contraire de considérer qui était là avant comme critère décisif, parce que ça fait une différence en termes d'incitations productives. Et d'un point de vue libéral classique, c'est-à-dire lockéen, il devrait être clair que c'est aussi le critère décisif.

Comme le dit Hans-Hermann Hoppe à propos de la démarche de Chicago,
The moral perversity of this claim is best illustrated by applying it to the case of A raping B. According to Coase, A is not supposed to be restrained.. Rather, “we are dealing with a problem of a reciprocal nature.” In preventing A from raping B, harm is inflicted on A because he can no longer rape freely. The real question is: Should A be allowed to rape B, or should B be allowed to prohibit A from raping him/her? “The problem is to avoid the more serious harm.” (http://www.hanshoppe.com/publications/hoppe_chicago_diversions.pdf)

Evidemment, il n'est pas simplement question de locomotive à vapeur. Le problème susmentionné et les solutions divergentes peuvent s'appliquer dès qu'il est question de ce que les économistes appellent externalités (des trucs qui peuvent arriver partout tout le temps). Donc on n'est pas dans le détail doctrinaire à destination des pointilleux. On a affaire à des visions du monde différentes et des recommandations politiques opposées dès lors qu'on veut bien considérer la question politique ultime: comment les droits de propriété doivent être alloués?

PS: entre parenthèses, dans l'épistémologie en vogue à Chicago (l'épistémologie mainstream), il n'y a pas de place pour des considérations de justice objective. On convient plutôt que les questions de valeurs sont purement subjectives et qu'il ne peut y avoir de "science" de la justice. Il est donc curieux qu'on y fasse de l'efficience économique un fétiche puisque de leur propre point de vue, il n'y a pas plus de raison de la prendre comme un critère normatif que n'importe quoi d'autre...

Sebaneau

L'approche néo-classique non plus ne saurait logiquement se passer de reconnaître les Droits de propriété préexistants : sans eux ses modèles ne pourraient même pas se définir.

Rien ne l'empêche non plus de conclure, et elle devrait au contraire l'avoir fait depuis longtemps, que l'intervention de l'état est contraire au seul critère identifiable de l'optimum économique, et qu'elle détruit même l'équivalent de toute richesse dont elle s'empare : ce sont là les conséquences de principes qu'elle a expressément admis, et sans la reconnaissance lesquels elle ne pourrait d'ailleurs même pas exister non plus.

Alors pourquoi sont-ce des autrichiens qui ont compris cela, puisque ça n'a rien à voir avec leur insistance sur la création d'information, dont elle est elle-même incapable de rendre compte?

C'est qu'au lieu de tirer les conséquences de ces principes-là, l'approche néo-classique les traite au contraire de façon incohérente, parce que la manie ronge ses adeptes de singer la physique.

En perdant leur temps à modéliser et à soi-disant "vérifier expérimentalement" des théories qui sont aussi vraies que deux et deux font quatre ou aussi fausses que deux et deux font cinq, ils n'ont pas eu le temps de se former sérieusement au raisonnement logique, le seul qui soit pertinent.

Particulièrement dans le domaine philosophique --méthodologique et normatif, où ils ne sortent des contradictions induites par le positivisme qu'au prix d'un reniement inavoué de celui-ci -- une autre contradiction.

Ce qui distingue les néo-classiques de autrichiens, c'est donc que seuls les seconds maîtrisent le raisonnement logique.

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