Malgré mon emploi du temps toujours démentiel, je ne pouvais pas laisser passer celle là: la crise de financement des états par le déficit arrive plus vite que prévu, semble-t-il. Même l'Allemagne et la Grande-Bretagne semblent touchées par des difficultés à emprunter. Extrait du "Financial Times":
"Concerns mount on ability to fund rising state debt
Fears are rising over the ability of governments to raise the vast amounts of debt they need to pay for economic stimulus packages and bank bail-outs.
Faced with the prospect of governments issuing a total of more than €2,000bn (£1,650bn) of bonds in the next year, bankers are warning of potential problems in meeting funding needs.
Roger Brown, global head of rates research at UBS, said: "Governments are already running into problems, which does not bode well so early after the recapitalisations and extra funding needs have been announced.
"We do have to ask whether there will be enough investors to buy the bonds, or at the very least over whether this will push yields substantially higher to attract them. Given the volumes involved investors may decide to wait and see if yields rise."
The rush of bond issues comes against a background of record low yields in some countries because of recession and fears of deflation. Last week, 10-year bonds in both the US and the UK fell to 50-year lows.
However, faced with contracting economies, lower tax receipts, and rising benefit payments, countries could face higher debt-servicing costs as overall debt levels rise.
The UK and Italy may face the greatest difficulties. The UK is expected to issue £10bn of bonds this month. In the past, monthly volumes have averaged about £2bn a month. The government is also expected to issue £60bn in the remainder of the financial year to the end of March - more than it would previously issue in an entire year.
In Italy, bond issuance could rise to €220bn next year, with €100bn in redemptions in the first half of the year - about €20bn higher than usual - putting the government under even more pressure to raise money.
Even in the US and Germany, which have the most liquid bond markets in the world, there have been some warning signs. In Germany, a bond auction failed last month, something virtually unheard of until this year, while in the US some analysts say yields could start to rise because of about $1,000bn (£650bn) in bonds in the pipeline next year.
It is significant that problems have emerged in auctions for shorter-dated securities, which are usually the easiest to sell. Last week, the UK and Italy were forced to pay higher yields to attract investors in bond auctions for four and three-year paper, respectively, compared with similar existing debt."
Pas besoin de faire un dessin: Si même l'Allemagne a du mal à fourguer des bons de terme plus court que ceux habituellement vendus aux enchères (inversées), il y aura dès 2009 des banqueroutes d'états incapables de se refinancer. Reste à parier sur lesquels ?
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Mais faut-il vraiment sauver les états ?
Rédigé par : Landry | mardi 02 décembre 2008 à 11h32
Le problème, c'est que l'état, c'est nous...
Doit-on se sauver tout court? Mais pour aller où?
Rédigé par : Damien | mardi 02 décembre 2008 à 12h43
Qui sauvera les états ?
Pour la France la réponse est simple elle même!
Car je vous rappelle que d'après les lois de l'économie sarkozyste :
Un pays dont les citoyens disposent d’une épargne de 1000 Milliards n’est pas en faillite.
Donc il y a fort à parier que l'état cherchera à s'accaparer l'épargne des français pour se refinancer.
Rédigé par : bibi33 | mardi 02 décembre 2008 à 12h46
Enorme, l'échec de refinancement de l'Allemagne. Encore plus énorme, qu'on n'en ait pas entendu parler.
Rédigé par : Jesrad | mardi 02 décembre 2008 à 12h46
C'est bon, tout ça ! Ca me rappelle "Le jour où la France a fait faillite" du regretté Philippe Jaffré... Tout lecteur de ce blog doit l'avoir eu dans les mains !
Rédigé par : adalbert | mardi 02 décembre 2008 à 16h49
Quelle bonne lecture, le Financial Times. Ca rassure de voir qu'avec un peu de recul, les observateurs voient mieux à quel point les Etats ont commis de grosses erreurs. En France, rien de neuf à l'horizon, c'est la faute à la dérégulation.
Rédigé par : Aurelien | mardi 02 décembre 2008 à 17h44
Avez-vous vu cette émission?
Rédigé par : Damien | mardi 02 décembre 2008 à 18h27
oups, oublié le lien...
http://wiki.france5.fr/index.php/LA_FRANCE_EN_FAILLITE
Rédigé par : Damien | mardi 02 décembre 2008 à 18h28
Les Etats empruntent sur les marchés des capitaux à l'international. D'ac jusque là.
Mais certains disent que les capitaux proposés sont abondants, et que les investisseurs ont le choix entre une multitude de produits, actions, obligations, etc
D'autres disent que les capitaux ne sont pas abondant et que les Etats ne trouveront plus à se financer d'ici à pas longtemps.
Et pourtant je ne consulte que des sites d'économie, des sites libéraux, ....
J'avoue que ne sais plus comment faire mon jugement.
Rédigé par : doucet | mardi 02 décembre 2008 à 19h16
@Aurelien : l'Etat ne commet pas d'erreurs, l'Etat est une erreur.
Ai un peu écouté le débat suivant le film : le débit et le niveau de connerie des intervenants est hallucinant. Et dire que ce sont ces gens-là qui décident pour les autres
Rédigé par : Théo2Toulouse | mardi 02 décembre 2008 à 20h13
Quoique, à la réflexion, l'article ne dit pas qu'il n'y a pas de liquidité, il dit simplement que les investisseurs demandent une surprime de risque pour acheter les bons du trésors de tel ou tel Etat.
Et que, panurgisme oblige, chaque Etat y allant de sa relance, les investisseurs peuvent faire jouer la concurrence et choisir les moins risqués ou le meilleur rapport risque/taux.
Alors, pour donner un exemple avec mes mots :
Je suis emprunteur. Toi, l'Allemagne, tu est sérieux et solide, je te prête à 3%.
Par contre, toi la France bien moins sérieuse et dépensière, je te prête à 5%. Et si la France cherche à emprunter (à émettre des bons du trésor) à 4%, évidemment, il n'y a plus personne pour lui prêter. C'est la loi de l'offre et de la demande. La France remballe ses bons du trésors à 4% et est obligée, contrainte, forcée d'emprunter à 5% !!
Ce que décrit cet article du FINANCIAL TIME, c'est un fonctionnement normal du marché des emprunts.
La conclusion, n'est pas qu'il n'y a plus de liquidité, c'est que les liquidités deviennent sélectives, plus chères pour les mauvais élèves et donc, .... que le marché marché :-)))
Ce n'est pas la faillite des Etats qui est la conclusion immédiate de cet article, c'est que les taux d'emprunts coutent déjà et vont couter de plus en plus cher.
Rédigé par : doucet | mardi 02 décembre 2008 à 20h25
Quoique, à la réflexion, l'article ne dit pas qu'il n'y a pas de liquidité, il dit simplement que les investisseurs demandent une surprime de risque pour acheter les bons du trésors de tel ou tel Etat.
Et que, panurgisme oblige, chaque Etat y allant de sa relance, les investisseurs peuvent faire jouer la concurrence et choisir les moins risqués ou le meilleur rapport risque/taux.
Alors, pour donner un exemple avec mes mots :
Je suis emprunteur. Toi, l'Allemagne, tu est sérieux et solide, je te prête à 3%, moins de surprime de risque pour toi.
Par contre, toi la France bien moins sérieuse et dépensière, je te prête à 5%. Et si la France cherche à emprunter (à émettre des bons du trésor) à 4%, évidemment, il n'y a plus personne pour lui prêter. C'est la loi de l'offre et de la demande. La France remballe ses bons du trésors à 4% et est obligée, contrainte, forcée d'emprunter à 5% !!
Ce que décrit cet article du FINANCIAL TIME, c'est un fonctionnement normal du marché des emprunts.
La conclusion, n'est pas qu'il n'y a plus de liquidité, c'est que les liquidités deviennent sélectives, plus chères pour les mauvais élèves et donc, .... que le marché marche :-)))
Ce n'est pas la faillite des Etats qui est la conclusion immédiate de cet article, c'est que les taux d'emprunts coutent déjà et vont couter de plus en plus cher.
Rédigé par : doucet | mardi 02 décembre 2008 à 20h28
vous aurez corrigé dans mon post précédent, ce n'est pas "JE SUIS EMPRUNTEUR" qu'il faut lire mais : "JE SUIS INVESTISSEUR".
et désolé pour ma mauvaise pratique qui m'a fait poster 2 fois la même chose :-(((
Rédigé par : doucet | mardi 02 décembre 2008 à 20h48
@ Doucet:
certes, avant qu'il y ait pénurie totale de capitaux, il y aura d'abord augmentation du loyer de l'argent. Mais pour certains états (on peut penser à la grèce. La Hongrie vient d'être repêchée par le FMI), le spread demandé par rapport à l'Allemagne risque d'être très lourd. La charge d'intérêts deviendra alors problématique.
Et je le répète, certains petits états (je pense toujours à la grèce, mais pourquoi pas l'Italie ? ) risquent de ne trouver que des investisseurs ultra spéculatifs qui réclameront des taux prohibitifs... Qui conduiront peut être ces états à prononcer la cessation de paiement.
Evidemment, je puis me tromper. L'époque actuelle, où les indicateurs économiques sont sens dessus dessous, est propice aux erreurs de jugement.
Ajoutons enfin que la "bombe" à retardement des régimes sociaux finira aussi par exploser. Celle là, c'est pour plus tard, si celle des plans de relance ne nous a pas coulés avant.
Rédigé par : Vincent Benard | mardi 02 décembre 2008 à 21h49
Cette question de la dette et du risque de faillite est très à la mode. Un article récent sur le site Econoclaste a déclenché une tempête de commentaires, la position de l'auteur étant de soutenir que le niveau d'endettement de l'Etat n'avait aucun intérêt en soi et que ceux qui focalisent dessus sont des anes battés (je schématise mais en substance c'est bien ca, et dit dans des termes assez proche). En fait il a raison (sur l'endettement, pas sur les anes battés), mais passe 95% de ses articles sur le sujet, à fustiger les prophètes de la faillite de l'Etat qui ont les yeux rivés sur la dette, et 5% noyés dans la masse, pour soulever le vrais problème. En substance, le problème est moins celui de l'endettement, qui est un choix de financement (alternatif aux impots), un outil financier, mais celui de la dépense. Et ce n'est pas nous libéraux qui dirons le contraire. Focaliser sur le seul niveau de la dette, c'est quasi systématiquement focaliser sur le moyen de financer les dépenses, et détourne des vrais questions, à savoir le niveau des dépenses (d'aujourd'hui et de demain).
Ce qui est problématique aujourd'hui, ce n'est pas tant le niveau d'endettement en soi (après tout la dette publique japonaise représente 130% de leur PIB, le double de la notre), mais la conjonction d'un niveau d'endettement élevé, avec un niveau de dépense publique très élevé. Ce qui va poser problème c'est la conjonction d'un ralentissement économique (moins de rentrée d'impot), d'un plan de relance (augmentation de la dépense publique), d'une hausse prévisible des taux d'intérets (augmentation de la charge de la dette), et de promesses de dépenses non provisionnées dans des quantités jamais vues (retraites et santé) : le cocktail est détonnant, et peut conduire à la catastrophe. Mais on se focalise trop souvent sur un seul des ingrédients du cockatail, le niveau de la dette.
Quand je dis "on", je ne parle pas vraiment de nous, libéraux en général, et de ce blog en particulier : on (et Vincent le premier) reste bien les seuls à parler de la dépense publique, à s'époumoner sur les retraites, à vilipender les plans de relance aussi inutiles que dangereux, et à avertir des risques d'un effet ciseau.
Et puisqu'on parle de la dette, il y a un second débat sous jacent : doit on parler de la dette publique, ou uniquement de la dette extérieur (dette auprès d'agent étrangers) ? Dans la dette publique doit on compter les dettes de l'Etat auprès de lui meme (presque la moitié de la dette publique de l'Etat Fédéral est une dette auprès des fonds de provision pour la sécurité sociale - retraites et santé - donc une dette auprès de lui même) ? Enfin doit on intégrer dans la dette les dépenses promises non provisionnées (retraites des fonctionnaires, mais aussi retraites ou dépenses de santé non provisionnées du régime général) ? C'est un vrai débat de fond, parce que l'on peut fonder des analyses sur des chiffres qui vont presque du simple au décuple ... Du coup, la plupart des calculs et comparaison qu'on fait sont biaisés pour le moins.
Enfin le dernier point que j'aimerai soulever à propos de la dette et qui me semble passé sous silence dans la position des econoclastes : si le niveau de la dette augmente durablement et sur le très long terme, et s'il finance autre chose que des investissements (un pont qui servira les générations futures), la dette pose un vrai problème moral en terme de transmission entre les générations. Aucun enfant n'est tenu de payer les dettes de ses parents : on peut toujours refuser un héritage quand il est constitué majoritairement de dettes. Mais une génération ne peut pas refuser les dettes des générations précédentes : elles lui incombent qu'elle le veuille ou non. Et là je ne veux pas relancer la guerre générationnelle, mais on constate que la génération qui a le plus creusé les déficits, fait explosé la dépense publique et la dette, et qui lègue cette situation à ses enfants et petits enfants, est aussi celle qui s'est le plus enrichi. Il suffit de regarder le disagramme de salaire relatif de ce document (page 5) :
http://louis.chauvel.free.fr/ofceralentissementgenerationnel5.pdf
Il est un peu difficile a lire parce que pour une génération donnée, il faut sauter d'une courbe à l'autre tous les 10 ans. Qui a le plus bénéficié de la répartition des richesses entre classes d'age tout au long de sa vie : la génération née en 1943. Regardez bien le graphe : en 1973, elle a 30 ans, et voit son revenu augmenter légèrement plus vite que la moyenne. En 1983, elle a 40 ans, et voit son revenu s'envoler en comparaison de la moyenne. En 1993, au moment où les revenus de la tranche 40-50 ans s'effondrent, elle passe dans la tranche des plus de 50 ans, dont les revenus sont les seuls a continuer d'augmenter. C'est la génération qui avait 25 ans en 1968, qui a voté massivement Miterrand en 81 et Sarkozy en 2007 (et oui, c'est la même, regardez les votes par tranche d'âge, c'est extrêmement clair). Et les générations suivantes : elles ont reçu une part systématiquement moins importante de la richesse créée à chaque époque (excepté le petit rebond sur le tard). Elles achètent leur maison en haut de la bulle aux générations précédentes en s'endettant sur 30 ans. Et devrons payer la dette accumulée ou la léguer à leurs propres enfants. J'ai 34 ans. J'ai 4 enfants. Je ne les élève pas pour hériter d'un pays surendetté où 70% de la richesse produite sera accaparé par la dépense publique, et ou un actif devra assumer les retraites confortables (pour certains) de deux retraités. Que les générations précédentes aient pu prendre ce chemin sans aucun sentiment de responsabilité, et avec un tel déni de la réalité ... je trouve cela confondant, et je mâche mes mots.
C'était le petit coup de gueule du jour. Parfois il faut que ca sorte.
Rédigé par : ST | mercredi 03 décembre 2008 à 11h14
@ Vincent Benard
Oui, je suis sur la même compréhension globale de la problématique que vous. Je réagissais juste par rapport à cet article et votre conclusion que je trouvais très rapide (relativement à ce seul article encore une fois).
Il va y avoir effectivement un grand écart de + en + important entre les taux. J'ai lu que les bons Allemand sont à 3.047% à 10 ans en ce moment, les OAT francais sont à 3.449% (soit surprime de risque de 15% pour les francais) et les bons italiens sont à 4.292% (soit surprime de risque de 40% pour les italiens).
Si on arrive à 6%, la dette francaise va devenir impossible à rembourser, le remboursement de la dette francaise est déjà le 2e poste budgétaire de l'Etat.
Rédigé par : doucet | mercredi 03 décembre 2008 à 19h47
@ST : les hommes de l'Etat s'en foutent de la manière dont ils génèrent la dette, ce ne sont pas eux qui la rembourseront mais les con(s)tribuables dont vos enfants feront partie. Quand on entend le sinistre de la dépense publique parler de responsabilité, ça fait bien rigoler : ma banque n'a pas attendu 34 ans pour me rappeler à l'ordre quand je me suis retrouvé sérieusement à découvert.
Concernant les investissements, que faites vous s'il s'avère qu'ils ne seront pas rentables ? Vous aurez dépensé des sous pour rien. Bien sûr vous pouvez investir dans la recherche en sociologie. C'est intéressant mais ça ne sert strictement à rien sauf à entretenir une clientèle qui s'évertuera à justifier une quelconque légitimité de l'Etat. Faut jamais oublier qu'au sein de l'Etat ce n'est pas d'être efficace et rentable qui prime mais d'avoir les plus grosses subventions possibles. Il n' y aucun calcul économique pour une raison très simple : c'est votre fric et le mien que les hommes de l'Etat dépensent.
Rédigé par : Théo2Toulouse | mercredi 03 décembre 2008 à 19h52
@ ST: une dette se rembourse au jour le jour indépendamment du montant global. Comment fera l'Etat, si les recettes fiscales baissent et qu'il ne peut plus emprunter pour rembourser la partie de la dette qui arrive à terme?
En outre, plus le montant est important, plus les intérêts à payer le sont aussi.
Rédigé par : Rocou | jeudi 04 décembre 2008 à 12h35
@Rocou : aurais je laisser pu laisser penser que je considérais que s'endetter n'avait aucune importance ni conséquence ? Encore une fois, oui la dette peut être un problème, et dans le cas de la France, est un problème, mais ca ne doit pas être le point de focalisation qui cache la forêt des vrais problèmes, et notamment celui du niveau de la dépense publique (on peut être un pays très libéral et endetté - et je dis pas que c'est bien -, mais on ne peut pas être un pays très libéral et dont la dépense publique dépasse 50% du PIB).
Sinon, oui, comme vous l'indiquez, l'Etat rembourse une partie de ses dettes chaque jour en remboursant avec intéret les bons du trésor arrivant à échéance, et comme il n'a pas l'argent pour faire ce remboursement, il le réemprunte illico. C'est d'ailleurs pour ca que ceux qui disent que de toute façon les Etats ne remboursent jamais leurs dettes, au motif que le montant de la dette ne revient jamais à zéro, se trompent complètement : en fait, c'est juste l'opposé, ils remboursent TOUJOURS leurs dettes, et c'est bien parce qu'ils remboursent toujours (l'Etat Francais n'a JAMAIS fait défaut sur sa dette) qu'on leur prête encore.
Maintenant vous posez la question de savoir si un jour il est possible qu'il n'arrive plus à emprunter ce qu'il doit rembourser au jour le jour : c'est une vrais question, cela arrive quand personne ne veut plus vous prêter, c'est déjà arrivé à d'autres pays, Vincent avait parfaitement décrit l'exemple Suédois dans ce blog. Dans ce cas, il n'y a que trois solutions : soit l'Etat fait défaut sur sa dette, et tout le cout est supporté par les créanciers qui ne risquent pas de lui reprêter de sitot (ni eux ni personne). Soit l'Etat augmente drastiquement les impots pour continuer à pouvoir rembourser (et l'économie pique droit en dépression vu les sommes en jeu). Enfin, ultime possiblité, la plupart des pays jouent la carte de la dévaluation qui est une façon indirecte de partager le coût entre les créanciers (qui sont floués d'une partie de l'argent qu'on leur doit car on va les rembourser avec une monnaie qui vaut moins que celle qu'ils ont prêtés : ils grincent des dents mais c'est mieux que rien du tout, et ils y regarderont à deux fois avant de re-prêter à cet Etat), et les citoyens qui sont très durement frappé par la hausse soudaine de tous les prix des produits importés (du pétrole aux habits en passant moultes denrées alimentaires), et la spirale inflationiste qui s'ensuit (rappelons à cette occasion que l'inflation est une taxe invisible, et qu'elle touche particulièrement les plus démunis quand les salaires rament à la traîne de la hausse des prix). Mais pour la France, comme des autres pays de la zone euro, la solution de la dévaluation n'est pas envisageable sans abandonne l'Euro. C'est une vrais question que se posent certains économistes aujourd'hui qui prédisent l'éclatement possible de la zone Euro sous la pression de la crise sur la dette de certains Etats (la grèce et l'italie sont dans le colimateur) : http://www.project-syndicate.org/commentary/feldstein5/French
Donc, oui, aujourd'hui, tout est possible. Et la seule manière de regagner de la marge de manoeuvre, c'est de réduire les dépenses publiques. Et ce n'est pas le chemin que l'on prend (bien que le plan de relance annoncé aujourd'hui par Sarkozy soit en l'occurence un bel écran de fumée qui n'engage quasiment aucune vrais nouvelle dépense contrairement aux chiffres de 20, 22 ou 26 milliards fanfaronné un peu partout : c'est mal parce que c'est mentir aux Français, mais c'est évidemment mieux que si les 26 milliards avaient effectivement été dépensés).
Rédigé par : ST | jeudi 04 décembre 2008 à 15h54
@ST : l'état français a fait défaut sur sa dette sous Louis XIV, en 1798, en 1945. Les créanciers n'oublient JAMAIS, eux.
Rédigé par : adalbert | jeudi 04 décembre 2008 à 17h56
@adalbert : on peut peut etre oublier Louix XIV (ancien régime) et l'échec des assignats d'un nouvel Etat naissant (pour rappel, c'était l'An II). Sinon je ne vois pas à quoi vous faîtes allusion pour 1945.
Sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France#Gestion_de_la_dette j'ai bien "par ailleurs l'État français n'a pas fait défaut sur sa dette depuis 1796"
Rédigé par : ST | jeudi 04 décembre 2008 à 18h41
Je ne crois pas qu'il faille oublier Louis XIV et l'an II (et pas 1798 - pan sur mon bec !). L'Angleterre a toujours payé ses dettes - elle a même fini de payer celles de la guerre de 14-18 vers 1960 ! Quand je parle de 1945, je pense à l'annulation de ces dettes par les USA dans l'après-guerre. Mais vous avez raison, c'est un peu différent...
Ne faudrait-il pas inclure dans le défaut de dette l'inflation provoquée par ce même état dans l'espoir de voler ses créanciers ?
Rédigé par : adalbert | vendredi 05 décembre 2008 à 09h10
@adalbert : l'inflation comme arme de désendettement, c'est quand même assez différent. Oui vous avez raison, c'est une façon de spolier les créanciers, mais d'abord elle ne provoque la perte que d'une partie de la créance, donc elle préserve un certain retour sur investissement, ce qui est quand meme moins brutal qu'un défaut complet. Ensuite, elle se fait à un cout non négligeable pour le pays qui la pratique. Elle partage le fardeau entre le créancier et le contribuable. Entendons nous bien : loin de moi l'idée de faire l'éloge de l'inflation comme une solution miracle. Le mieux est évidemment de ne pas se trouver en situation d'en arriver là. Et le mieux est de réduire suffisament tot ses dépenses publiques pour être en mesure de faire face à sa dette normalement, c'est à dire en remboursant via des excédents budgétaires. Mais ce n'est une solution que pour celui qui s'y prend suffisament tot : une fois surendetté, et surtout une fois empêtré dans une dépense publique massive qui ne permet plus de marge de manoeuvre en terme d'augmentation d'impot, c'est trop tard. Ce qui est scandaleux la plupart du temps, ce n'est pas d'utiliser l'arme de dernier recours de la dévaluation quand on est dans l'incapacité de faire face à ses dettes à court terme (comme l'a fait la suede par exemple). Ce qui est scandaleux c'est d'avoir sciemment laisser faire les choses pour en arriver là. On ne se retrouve pas incapable d'assumer la charge de sa dette par accident.
Rédigé par : ST | vendredi 05 décembre 2008 à 10h27
@ST : merci de votre réponse que j'approuve. Avez-vous lu "Le jour où la France a fait faillite" de Philippe Jaffré et alii ?
Rédigé par : adalbert | vendredi 05 décembre 2008 à 16h05
@adalbert : non, mais j'y jetterai un oeil.
Rédigé par : ST | lundi 08 décembre 2008 à 17h43
J'ai évoqué le bouquin de Jaffré ici
http://www.objectifliberte.fr/2006/10/mlenchon-et-la-.html
mon commentaire final était moins pessimiste que ma vision actuelle. La crise des subprimes n'était pas passée par là...
Rédigé par : vincent | lundi 08 décembre 2008 à 22h49