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mardi 30 décembre 2008

Commentaires

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michel

Elémentaire, mon cher Watson ! Comme le flambeur qui mène grand train en se surendettant, les Etats qui font leur "prospérité" avec l'argent (ou le travail) des autres se voient tôt ou tard présenter la facture : Islande, Etats Unis...et bientôt Italie et France, même diagnostic !

Cela nous conduit à penser aux réelles richesses qui fondent la propérité durable d'une collectivité humaine telle qu'une nation. La principale d'entre elle est la productivité. Et comment s'obtient la productivité ? D'abord, par la qualité de la ressource humaine, ses savoir faire professionnels, sa créativité...Tout cela repose sur la qualité de la formation, à commencer par celle des élites et des cadres qui "tirent" le progrès, et par la culture qui fonde un ensemble de valeurs propices à la qualité du travail et à l'esprit d'entreprise. Cela dépend également de la motivation générale, basée sur la cohésion sociale, une répartition équitable des fruits de l'activité permettant au plus grand nombre de voir sa situation progresser en même temps que se bonifie celle de la communauté.

Quel est le rôle dévolu à la politique dans tout cela ? A mon avis, les pouvoirs publics assument une mission primordiale, celle d'assurer les conditions qui permettent à l'ensemble des acteurs de mobiliser de façon optimale leurs compétences et leur énergie, en toute liberté et en assumant pleinement leur responsabilité. Cela veut dire des pouvoirs publics puissants dans leur domaine d'action, et n'empiétant pas sur celui des autres acteurs. L'Etat et les autres collectivités publiques doivent se concentrer sur leur coeur de métier: la pertinence, l'efficacité et l'équité du droit; une justice exemplaire; une police efficace et intègre; une diplomatie qui s'exerce d'autant mieux que le pays offre une image forte et dynamique; une défense adaptée aux enjeux et aux menaces; une saine gestion des ressources collectives (l'air, l'eau, les infrastructures publiques, les ressources naturelles); une fiscalité maîtrisée limitant ses prélèvements à ce qui est strictement nécessaire au développement de ces diverses fonctions publiques.

Mais pour garantir cette "bonne politique", il parait nécessaire que l'ensemble des citoyens soient informés et éduqués suffisamment dans les domaines du droit, de l'économie et de la chose publique, et qu'ils développent une culture politique cohérente et pertinente. C'est la seule voie qui permette des choix d'hommes et de politiques efficaces, et qui permette de les contrôler.

Ce sont sur ces points d'abord qu'il faut fonder un diagnostic de bonne santé des nations, et si l'on tente cet exercice sur la France et l'Europe, on constate qu'il y a d'immenses progrès à faire. Les chiffres, PIB, emploi, productivité, etc, ne sont que des résultantes, et non des facteurs de progrès.

Rubin

Merci Vincent pour cet article lumineux. Tu as bien sûr raison : la libéralisation de l'économie est une condition nécessaire, mais pas suffisante.

Que se passe-t-il alors quand au lieu de libéraliser à crédit, on multiplie les rentes à crédit ?

ST

@vincent : encore un excellent article, en forme de mea culpa d'autant plus utile qu'il nous donne des outils pour mieux analyser les conséquences de la crise sur les prochaines années.

Ca me sidère d'ailleurs toujours l'absence totale de scrupule du gros de la presse et des économistes (sans parler des politiques) qui nous donnent chacun leur version des causes de la crise (avec leur proposition de remède) sans aucune forme de contrition sur leur incapacité à avoir prévu quoi que ce soit. Comme si le fait d'avoir partagé un aveuglement coupable avec le reste du groupe les dédouanais en quoi que ce soit. Il y a un manque totale de responsabilité de la part de ces gens qui assument pourtant la fonction de leader d'opinion, et qui n'est pas étranger au collectivisme latent de nos sociétés : les erreurs individuelles sont châtiés avec la plus grande sévérité comme autant de bouc émissaires pour faire oublier les erreurs collectives jamais assumées.

@michel : d'accord avec vous sur le manque d'éducation dans les domaines du droit, de l'économie et de la chose publique. Et cela passe à mon sens par un désengagement de l'Etat du système éducatif (au risque de choquer), aujourd'hui totalement sclérosé. Le retour à l'autonomie et donc la responsabilité locale de l'enseignant, de l'établissement, est un préalable absolument nécessaire. Aucune réforme n'aboutira à quoi que ce soit sans cette rupture. Et croyez moi, avec quatre enfants dans le système scolaire, j'en suis le témoin quotidien et impuissant.

Criticus

« la libéralisation de l'économie n'est pas une condition suffisante pour bâtir une société prospère de façon durable. Cette libéralisation doit se faire dans un cadre législatif, monétaire et fiscal qui favorise la saine accumulation de capital au détriment de la fuite dans l'endettement »

Exactement. Il faudrait le faire lire aux relancistes.

Aurelien

Merci pour cette bonne analyse. Je crains toutefois que la recherche d'un équilibre macro entre politique monétaire, budgétaire et fiscale ne réduise les accidents de l'histoire à des enchainements trop facilement explicables et prévisibles.

Les marchés ont toujours connu krachs, booms, bulles. Chaque fois, les causes de ces mouvements sont différentes, même si on peut répertorier des catégories récurrentes. En général, les crises constituent des ajustements douloureux mais nécessaires.

Ne crois-tu pas dangereux de vouloir fixer une lecture quasi systématique de ces moments difficiles et le nécessaire équilibre p[our les prévenir ?

Rocou

Je partage le scepticisme d'Aurélien. J'ai bien peur qu'une régulation étatique ne soit qu'un frein aux échanges sans pour autant éviter ou même limiter les ajustements et les crises.
Peut-être faudrait-il creuser du côté de la législation bancaire islandaise pour comprendre pourquoi elles ont toutes été gravement affectées?

jb7756a

Ca c’est de l’autocritique !
Même les plus grands se sont trompés. Greenspan pensait que le système allait « s’autoréguler » et à confesser son erreur.

Mais on oublie souvent que les banques ne sont que des organisations et pas des individus.
Les traders et dirigeants sont obnubilés par leur rendement annuel, on ne les intéresse que vaguement au long terme et à la vie de l’entreprise. Du coup ils ont une mentalité de conquistadors : s’enrichir le plus vite possible en prenant tous les risques pour finalement se barrer vers un boulot plus peinard.
Au final les banques se comportent de manière irrationnelle en sacrifiant le futur au présent et cela même si le comportement de leurs employés est rationnel et même loyal.

Le pire dans tout cela c’est que les banques pouvaient difficilement échapper à cette mode, si elles voulaient garder les meilleurs éléments, ils leur fallaient offrir des rémunérations de plus en plus généreuse. Et les actionnaires – ignares ou soumis aux même contraintes - devenaient aussi plus exigeant poussant les dirigeants les plus extrémistes et chassant les plus prudent.
Seule une réglementation extérieure auraient pu mettre fin à cette folie.

Mateo

@ jb7756a

De quel type de réglementation veux-tu parler?

Si c'est pour refaire le même type de réglementations qui ont créé, amplifié et propagé la crise actuelle, non merci!

Je crois que le problème fondamental est celui de la création monétaire, qu'elle soit fiduciaire ou scripturale, ce qui nous ramène encore et toujours au système de banque centrale.

Le financement artificiel de la croissance par du crédit non basé sur des investissements "réels" résulte in fine de la création monétaire.

Jetez un oeil à l'évolution des masses monétaires américaines: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/9/95/Components_of_the_United_States_money_supply2.svg

Et à celle du dollar: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/51/Currency_component_of_the_US_money_supply_1959-2007.gif

Cette hausse brutale et vertigineuse me semble déconnectée de la création de richesses (même si celle-ci a été très forte ces 30-40 dernières années).

Pour Rothbard, auteur libertarien, le système de réserve fractionnaire est tout simplement une escroquerie institutionnalisée, un "permis de vol" accordé aux banques, donc un viol du droit naturel.

C'est d'autre part un fervent défenseur des monnaies assises sur l'or.
Je ne crois pas personnellement qu'un retour aux monnaies basées sur l'or soit réaliste: la quantité totale d'or en circulation ne pouvant augmenter que lentement (car il faut trouver de l'or l'extraire) et la quantité totale des richesses augmentant assez rapidement, les prix devraient s'ajuster à la baisse. Or, du fait des réglementations en vigueur, beaucoup de prix ne s'ajustent que difficilement à la baisse, et notamment le prix de la ressource la plus importante: la ressource humaine (avec les réglementations en vigueur, le seul moyen ou presque d'ajuster les salaires à la baisse est le licenciement…).

Je pense donc que le problème premier vient essentiellement du système de banque centrale, qui, en fixant arbitrairement des taux directeurs en dessous du taux naturel, provoque un excès de création monétaire.

Or l'information-prix de la monnaie est une des plus diffuse qui soit (la plus diffuse?). Il me paraît donc illusoire de vouloir fixer de façon centralisée le prix de la monnaie. J'en conclue donc qu'il faut libéraliser le système bancaire et monétaire.
Dans un système bancaire libre, les taux d'intérêt représentent le "prix du temps", c'est-à-dire le prix du service "je renonce à telle quantité d'argent pendant telle période afin de te la prêter".

Le système de banque centrale, c'est le socialisme appliqué au système monétaire et bancaire.


Concernant la gestion des banques et plus généralement des grandes entreprises, le problème vient du fait que leurs dirigeants ne sont pas ou "peu" propriétaires de l'entreprise dont ils sont employés.
Je laisse parler Vincent:
«Supprimer tout obstacle à la cartellisation des actionnaires minoritaires afin de rendre plus difficile, pour des dirigeants de grande banque peu ou pas actionnaires de leur groupe, d'arbitrer en faveur de leurs bonus annuel contre l'intérêt de leurs actionnaires. Plutôt que de limiter les bonus par la loi, ce qui est contreproductif, il faut augmenter les moyens de coercition des actionnaires sur les dirigeants insuffisants.»

Les libertariens (ou tout du moins certains d'entre eux) vont même plus loin: ils rejettent les concepts même de société anonyme, de société "à responsabilité limitée", de "personne morale" etc., les considérants comme des avatars collectivistes du capitalisme d'État et les accusant de dé-responsabiliser leur dirigeants.

@ Aurélien, Rocou

Il ne me semble pas que Vincent appelle ici à plus d'interventionnisme ou de régulation étatique…

Aurelien

Je ne parle pas de recommandations réglementaires mais de recommandation d'équilibre. Cette vision globale menace de s'enfermer dans un équilibre macro jugé idéal mais qui ne peut donc prendre en compte l'infinité de risques possibles, des plus probables ou plus improbables.

jb7756

@Mateo

Il est vrai aussi que la politique monétaire très laxiste n’a fait qu’aggraver les choses. Les dirigeants politiques, américains surtout, se sont comportés comme si ils étaient au service de la boulimie des banques. Du crédit, encore plus de crédit… Peut être pour tenir jusqu’à la fin de la législature en donnant l’illusion d’une croissance sans fin ? Ou étaient ils simplement stupide, croyant avoir trouvé la formule magique de la croissance sans fin ?

Robert Marchenoir

Parfois, les grandes crises rendent plus sages ceux qui les subissent. Parfois, on se dit que c'est pas gagné:

"Le ministre de la Relance, Patrick Devedjian, a qualifié de 'lourds' mais 'injustes' les chiffres du chômage annoncés par le ministère de l'Emploi. 'Ce sont des chiffres très lourds mais ce sont aussi des chiffres injustes pour la France qui n'est pas à l'origine de la crise mais qui la subit', a-t-il indiqué devant la presse."

Maintenant, nous avons des "chiffres injustes". C'est nouveau, ça vient de sortir. A côté de la géométrie rancunière, de l'électricité agressive et de l'astronomie vicelarde, nous avons les statistiques injustes.

Et, comme d'habitude, la France n'y est pour rien. La France est une blanche colombe, une vierge innocente qui subit les coups de boutoir incessants de... de... de l'ultra-libéralisme anglo-saxon mondialisé, bravo Madame.

Mais sinon, on a tout bon, en France. On a tout fait comme il faut. La dette, la Sécu, le logement, l'emploi... La France est un phare pour le monde. Hélas, il a fallu que ces connards d'Américains viennent foutre leur zone dans notre petit paradis.

Et c'est le mec qui est chargé de réparer la machine qui dit ça, hein. Il est ministre de la Relance.

Vincent Poncet

Visiblement, les particuliers, comme les entreprises ou les banques se sont endettés en devise étrangère parce que le taux de la banque centrale islandaise était bcp plus haut que les autres pays.
http://news.bbc.co.uk/2/hi/business/7658908.stm
La BC islandaise faisait cela pour lutter contre l'inflation. Mais il me semble que cela est dû à une mauvaise interprétation de ce qu'est l'inflation. La BC devait encore confondre hausse des prix et augmentation de la masse monétaire.
J'ai encore l'impression que le pb de l'islande est surtout un pb de politique monétaire (qui ne devrait bien entendu pas exister :), le monopole étatique de la monnaie, comme tout monopole conduit toujours à de mauvaises choses).

michel

L'Islande est un petit pays d'un peu plus de 300 mille habitants, avec un réseau bancaire dont le total cumulé des bilans s'élève à cinq fois le PIB du pays. Dans ces conditions, une crise bancaire comme on l'a connue produit des dégâts considérables dans l'économie.

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