"On finit toujours par payer la facture de ses conneries."
Alain Chabat, in Gazon Maudit
Lors du colloque organisé par Alain Madelin et ses proches de l'institut Euro 92 le 13 Janvier dernier(*) à l'assemblée nationale, au cours duquel j'ai eu le plaisir d'intervenir (brièvement) sur la force protectrice des mécanismes de marché, mécanismes hélas massacrés par l'état, Charles Gave, co-intervenant, a posé (entre autres) la question de l'avenir de l'Euro. Selon lui, l'Euro est voué à exploser, car la coexistence dans une monnaie unique de pays gouvernés aussi différemment que la Grèce et l'Allemagne, n'est pas viable.
C'est sans aucun doute un hasard, mais dans l'édition de mercredi, Le Monde pose exactement la même question : l'Euro peut-il éclater ? Pour citer des hauts responsables européens qui excluent d'emblée une telle éventualité. Tiens, JC Trichet, notre grand argentier en chef, y va lui aussi de son couplet lénifiant. Alors, la survie de l'Euro, une certitude ? voire...
Autrefois, lorsqu'un pays perdait en compétitivité, et/ou accumulait les déficits, sa monnaie s'ajustait à la baisse contre celle des autres pays adhérents au système de changes flottants. Avec l'Euro, cet ajustement par le cours de la monnaie n'est plus possible. Charles Gave estime que la sortie de l'Euro de certains pays du "club med", conséquence de leur mauvaise gestion, est inéluctable.
Bien que les tensions sur l'Euro soient importantes, je pense que le scénario proposé par Charles Gave n'est pas le plus probable, mais que celui qui risque de se produire est bien pire: je préférerais que Charles Gave ait raison.
Notons qu'aux USA, bien que des états en quasi faillite et incapables de trouver des prêteurs (cf. mes récents posts sur la Californie) coexistent avec le Texas ou la Caroline du Nord, en excédent, peu touchés par la bulle, et qui s'opposent à un sauvetage des états cigale par les états fourmis, personne ne parle de faire sortir la Californie ou l'Illinois de la "zone dollar". L'on nous répondra que la différence de forme entre l'économie grecque et celle de l'Allemagne est plus importante que l'écart de richesse entre le Missouri et New York. Certes, mais l'exemple américain nous montre que des économies assez divergentes peuvent co-exister avec une monnaie commune.
Allons plus loin, et imaginons quels sont les scénarios possibles pour l'Euro.
Que se passerait-il si la Grèce -- par exemple, mais le Portugal, l'Irlande, l'Espagne (qui vient d'être dégradée par S&P), l'Italie, et pourquoi pas la France, pourraient être intégrés à la démonstration --, du fait de la méfiance croissante des prêteurs à son encontre, venait à ne plus trouver assez de fonds pour refinancer sa dette ? Plusieurs solutions s'offrent à elle.
Scénario 1 : La première, la plus douloureuse politiquement à court terme, consiste à se déclarer en défaut de paiement, et à renégocier sa dette avec ses créanciers, avec ou sans l'aide du FMI. En contrepartie, le gouvernement grec devra dégraisser ses effectifs, réduire la paie de ses fonctionnaires, interrompre des contrats, vendre des actifs pour rembourser ses créanciers... Ou alors déclarer une banqueroute sur une fraction de sa dette, ce qui signifie une fermeture de l'accès aux marchés de capitaux tant que sa situation intérieure n'est pas assainie et que les créanciers ne revoient pas leur argent, sans parler d'un risque de faillite de nombreux investisseurs institutionnels locaux, fortement créanciers (souvent de par la loi) en papier de l'état national.
Scénario 2 : Autrefois, la Grèce aurait eu une échappatoire à cette issue terrible: spolier ses créanciers en laissant dévaluer la Drachme (le drachme ?), c'est à dire en faisant racheter la dette de l'état grec par sa banque centrale qui aurait remboursé en imprimant des billets. Tant de signes monétaires mis en circulation sans création de valeur en contrepartie diviserait considérablement la valeur unitaire de la monnaie. Cela aurait d'un coup considérablement renchéri le coût des produits importés, amputé d'autant le pouvoir d'achat des grecs, cela aurait relancé l'inflation dans la péninsule, mais aurait permis de conserver l'illusion d'un remboursement de la dette nationale, avec une monnaie ayant perdu une grande partie de sa valeur. Et la vie continuerait...
Dans la zone Euro, cela est fort heureusement impossible, pour l'instant: les statuts de la BCE interdisent tout "bailout" inflationniste, en rachetant la dette de pays membres insolvables. Et l'on peut compter sur les allemands pour empêcher à tout prix que la monnaie des vertueux teutons ne soit dépréciée pour faire plaisir aux indisciplinés héllènes.
Scénario 2 bis : Voilà qui fait dire à certains que des pays comme la Grèce pourraient précipitamment sortir de l'Euro, voire en être expulsés, et revenir à la Drachme, qu'ils pourraient alors dévaluer, revenant de fait au scénario 2.
Qu'il me soit permis, toutefois, de douter de la faisabilité de ce scénario. Un changement de monnaie est une affaire difficile, préparé de longue date, je vois mal la Grèce répétant l'opération inverse de celle effectuée il y a quelques années en quelques semaines, dans la précipitation et sous un risque constant de faillite.
Ce qui condamnerait la Grèce au scénario 1, c'est à dire peu ou prou celui que vit la Californie en ce moment.
A moins que...
Scénario 3 : imaginons que tous les pays méditerranéens de la zone Euro, plus l'Irlande, soient au bord de la banqueroute. Au train où vont les sauvetages de banques, de constructeurs automobile et de secteurs d'activité en faillite, rien de ceci n'est totalement impensable sous deux ans (à moins que ce ne soit deux mois, en ce moment, faire du timing prévisionnel est hasardeux). Qui l'eut cru il y a quelques mois ? enfin...
Dans ce cas, la pression politique pour changer les statuts de la BCE, pour la contraindre à racheter les dettes des états en faillite, et la rembourser en euro-de-singe, en fausse monnaie légale, sera énorme. Le scénario 3 reviendrait à étendre à toute la zone Euro le scénario envisagé en 2 pour un seul pays.
Mais... il y a un mais, me direz vous.
Scénario 3 bis: dans ce cas, les pays les plus vertueux ne seraient ils pas tentés de sortir de l'Euro et de revenir à leur Deutschmark ou similaire, géré vertueusement, pour éviter la débâcle générale ? Autrement dit, au lieu de voir des pays quitter l'Euro par le bas comme dans le scénario 2bis, ne verrait-on pas des pays quitter l'Euro "par le haut" ?
Là encore, le scénario me paraît improbable, car ni l'Allemagne, le Benelux ou le Danemark ne peuvent apparaître comme des modèles de vertu en ce moment. Eux aussi ont dû (enfin, ont cru devoir) "sauver" des banques en faillite, ont dû financer ou garantir des établissements très mal en point.
Ajoutons que la mondialisation des mouvements de capitaux ne laissera pas indemnes leurs banques déjà fortement touchées si les finances publiques de pays comme l'Espagne ou la France partent en vrille. Et que leurs gouvernements, engagés dans la folie "relanciste", seront eux même en proie à de très grandes difficultés.
Alors gageons que l'Allemagne, le Danemark, le Benelux, ne résisteront que mollement à la volonté politique croissante de l'union des états en détresse financière de reprendre la main sur la BCE, dont ils sont actionnaires, dussent-ils marcher sur la tête de Jean-Claude Trichet.
Par conséquent, il parait tout à fait possible qu'un rachat massif par les états de créances privées insolvables, suivies d'un rachat massif de dettes publiques par la BCE, en billets imprimés (en fait, créés électroniquement) sans valeur créée en contrepartie, se produise dans les quelques années à venir. Et là, l'inflation à deux chiffres, que l'on croyait enterrée dans les tréfonds de l'inconscient collectif des années 70, reviendra au galop. Vous craignez la déflation ? Attendez de redécouvrir l'inflation, et vous saurez que vos peurs n'étaient pas les bonnes ! L'Euro sera "sauvé" en apparence, mais à quel prix pour les euro-prisonniers ?
Certains affirmeront que cette hypothèse contredit celle d'une déflation longue, telle que défendue par exemple par Loïc Abadie, l'excellent analyste de Tropical Bear. Pas forcément. Il est normal que la contraction présente du crédit, donc de la "monnaie de crédit", favorise une tendance baissière des prix actuellement. Mais lorsque les sommes créées par jeu d'écriture dans les comptes des banques par la BCE commenceront à ressortir des comptes, et que le rachat de dettes publiques par les banques centrales commencera à prendre de l'ampleur, si mon analyse est bonne, alors cette tendance s'inversera. Bien malin celui qui pourra dire avec certitude "quand".
A moins qu'un scénario 4 ?... allez, rêvons un peu.
Ah, le scénario 4, qui serait à l'Europe ce que le plan C aurait été à la constitution Européenne. Vous en rêvez ? Les politiciens ne le feront pas, mais abordons le tout de même:
Les gouvernements européens, ayant consulté Charles Gave, Alain Madelin et Vincent Bénard -- mes tarifs sont disponibles sur demande spéciale par mel ;-)) --, se rendent compte que leurs folies budgétaires ne peuvent durer, et bravant leurs syndicats, leurs jeunesses d'extrême gauche prêtes à s'enflammer et leurs électeurs, se lancent de façon coordonnée dans un plan drastique de réduction des dépenses publiques et de baisse des impôts concomitantes, en ciblant les impôts les plus pénalisants pour la formation de capital et la rémunération du succès entrepreneurial. En agissant ainsi AVANT la débâcle budgétaire, ils rassurent les marchés, et continuent de trouver des prêteurs pour refinancer leur ancienne dette, qu'ils tendent à réduire. La crise qui s'ensuit est dure, mais plus courte, et le rebond des économies dès 2011-2012 est fulgurant. Dans un accès de sagesse inespéré, la conférence sur la finance internationale arrive à la conclusion que le retour à l'étalon or est la seule solution raisonnable pour éviter la formation de futures bulles de crédit dévastatrices. Le plan carbone, jugé inutilement dispendieux, est abandonné, les subventions agricoles démantelées, les dernières entraves à l'émergence d'un véritable marché Européen des services sautent...
Et comme je l'ai déjà écrit, les vaches se mettent à voler (cf. photo).
Vous comprenez, à la lecture de ce dernier scénario de pure science fiction, pourquoi le scénario 3 me parait le plus probable. C'est aussi celui qui devrait prévaloir aux USA, où la "folie injectrice" (expression de F.Boizard) ne semble plus avoir de limite, et où les banques continuent leur folle chute.
Et franchement, le scénario 2 (celui de Charles Gave) m'apparaitrait bien préférable au numéro 3. Et le scénario 1, encore préférable. Quant au 4... mais assez déliré, je me fais du mal.
A noter: J'invite tout lecteur ayant en réserve un scénario 5 si possible optimiste et réaliste, ou à défaut, comique, à le faire connaître au plus vite afin d'éviter à l'audience croissante de ce blog une crise de déprime profonde.
Quoiqu'il en soit, l'Euro a une probabilité que je juge non négligeable de mourir, ou, plus sûrement encore, de dépérir par résurgence du cancer inflationniste**. Tel est le prix à payer pour avoir élu, réélu et réélu sans réagir des gouvernants qui ont cru pouvoir manipuler les économies pour les conformer à tout prix à leurs utopies politiques, le tout à crédit. "On finit toujours par payer la facture de ses conneries". La notre ne va pas tarder à arriver.
------
* Le colloque n'était ouvert qu'aux soutiens actifs des instituts Euro92, Hayek et Turgot, d'où l'absence de publicité élargie sur ce blog et ailleurs. Une façon de récompenser ceux qui nous soutiennent. Turgot mettra dès que possible en ligne la vidéo. Featuring, par ordre d'apparition, Henri Lepage, Alain Madelin, Charles Gave, Jean-Jacques Rosa, et votre serviteur, avec en guest star Philippe d'Arvisenet.
** Petit message personnel : Je rends hommage à la préscience de mon père qui m'avait dit en substance lors du référendum de 1992 (j'avais 24 ans... soupir) qui consacrait la marche vers la monnaie unique, qu'il voterait contre, car, "tant que l'Italie et la Grèce doivent gérer leur lire et leur drachme, ils devront soit faire preuve de rigueur, soit être sanctionnés par la chute de leur monnaie pour leurs inepties économiques. Avec l'Euro, ils seront encouragés à l'irresponsabilité, les Allemands et les pays du nord finançant l'incurie du sud par leur sérieux. Ca ne pourra pas durer à terme. L'euro est une construction artificielle qui ne fera pas illusion longtemps". J'aurais dû l'écouter, tiens, au lieu de voter grégairement "oui" dans un élan d'euro-optimisme béat.
------
Non, une monnaie n'explose pas voyons...
En revanche le napalm...
Quelqu'un va bien réussir à trouver un coupable pour tout ce merdier et probablement pas le bon. Alors il va falloir faire vite: Propagande et Napalm.
scénario 5 ?
L'euro à fondu...
Rédigé par : Barth | jeudi 22 janvier 2009 à 00h36
A mon avis ce sera le 3ème scénario. Jamais les hommes politiques n'abandonneront l'euro quitte à le dévaluer par une douloureuse inflation. En finir avec l'euro signifierait que tout ce qu'ils ont entrepris depuis des décennies pour créer cette monnaie unique était absurde. Ils ne vont pas se tirer une balle dans le pied ca m'étonnerait.
Rédigé par : JL | jeudi 22 janvier 2009 à 01h17
@ Vincent
En parlant de folie, as-tu le "contre-plan de relance" du PS?
Rédigé par : Mateo | jeudi 22 janvier 2009 à 02h08
Bravo pour cet article, Vincent. Et décidément, les impressions se confirment :
http://saper-aude.net/2009/01/21/sos-etats-au-bord-de-la-cessation-de-paiement/
J'attends de lire de telles analyses dans la presse quotidienne.
Rédigé par : Ludovic | jeudi 22 janvier 2009 à 08h10
Oui le plan 3 est le seul envisageable. Il suffit de se mettre a la place des politiques pour s'en convaincre.
Le scenario 3 est le seul qui soit tout confort pour eux. Tous les autres scenarios necessitent une action ferme et determinee, de se remettre en question et de braver l'impopularite.
Le scenario 3 permet de "regler" le probleme en coulisses par des actions monetaires non-comprehensibles pour le profane, et ensuite il suffit aux politiques de dire que les consequences sont la faute du liberalisme pour que le peuple les encourage a renforcer leur main-mise sur l'economie.
C'est tout benef.
Rédigé par : gnarf | jeudi 22 janvier 2009 à 09h59
L'avantage du plan 3 pour moi personellement qui suis base en sterling, ce serait de limiter la casse!
Gnarf a raison, je pense. C'est un peu comme au debut des annees 90, ou je me rappelle etre le seul dans les "morning meetings" chez Merrill sur 50 traders a penser que l'euro allait se faire quoi qu'il arrive parce que c'etait une creation politique, et que l'economie n'allait pas se mettre en travers de l'histoire telle que la voulait Mitterrand et Kohl.
Dans le meme esprit, et parce que les polticiens ne sont jamais responsables des problemes, ils manipuleront les choses. La majorite de la population etant ignare, ca passera comme d'habitude.
Rédigé par : Pascal Giraud | jeudi 22 janvier 2009 à 10h11
Sortir de l’Euro me paraît effectivement difficile.
Mais je mélangerai un peu de scénario 1 et 3. 50% de création monétaire mais aussi 50% de restructuration, donnant, donnant.
De plus les pays en difficulté actuellement (Grèce, Espagne, Portugal, Irlande) représente une petite portion de l’Europe, donc on ne sera pas obligé de tirer à fond sur la planche à billet.
Les prêteurs sont aussi un peu obligé de prêter. Le monde entier étant dans la merde, ils savent que s’ils veulent éviter une inflation/récession forte de tous les cotés qui les toucherai directement, ils doivent soutenir les états.
Et en fait je me demande si la création monétaire irait vraiment provoquer une inflation. Si elle n’est pas orientée vers des hausses de salaires, elle pourrait faire gonfler une autre bulle qui en éclatant liquiderai le trop plein monétaire.
Le mieux ce serait de provoquer une bulle qui serait pas trop douloureuse à l’inverse de la bulle de l’immobilier, du type bulle Internet, et qui dirigerai les flux d’argent vers les caisses des états. Une bulle verte par exemple ?
Rédigé par : jb7756 | jeudi 22 janvier 2009 à 10h54
A ma connaissance, le Danemark n'appartient pas à la zone Euro...
Rédigé par : CPM | jeudi 22 janvier 2009 à 11h51
Le plan 5 ?
La guerre tout simplement ... parce que c'est la seule méthode que connait le capitalisme pour sortir d'une crise.
Rédigé par : Dwarf | jeudi 22 janvier 2009 à 12h19
C'est vrai que le scenario 3 parait rationnellement le plus crédible. Néanmoins, il convient de se demander dans quelles conditions il pourrait être mis en oeuvre. Et avec quelles conséquences, autre que le retour de l'inflation. Notamment, en échange de quelle contrainte nouvelle sur les Etats membres, ouvriraient-on la boite de pandorre de la création monétaire ? Car si on le fait sans contrainte nouvelle, ce sera la course aux mauvais élèves : les gagnants seront ceux qui profiteront plus de l'inflation qu'ils n'en souffriront. C'est une socialisation des conséquences de l'endettement étatique au niveau européen, tandis que le gain lié à l'endettement continuera à profiter localement. Ne va t-on pas entrer dans une spirale infernale ? Il faudra bien envisager de placer des contraintes fortes sur les dettes nationales pour éviter la fuite en avant. Mais lesquelles ? Et avec quel transfert de pouvoir nouveau au niveau Européen ?
On fait le parallèle avec l'Etat Fédéral américain, mais on ne peut pas comparer la structure des Etats Unis et de l'Union Européenne. Reprenons l'exemple de la Californie, au bord de la cessation de paiement mais dont personne ne parle du retrait de la zone dollars. Certes, mais la dette publique de l'Etat de Californie (qui a un PIB approchant celui de la France), c'est 60 milliards de $. La dette publique de la France, c'est 1300 milliard d'euros ... On voit bien que les implications sur la monnaie ne sont pas comparables. D'où ma question : pour qu'on puisse accepter d'en passer par un sauvetage de la dette de certains Etats membres par une action sur la monnaie (ce qui équivaut à un transfert de richesse déguisé des pays membres les plus vertueux vers les moins vertueux), quelle contrepartie en recentralisation du pouvoir économique et budgétaire vers l'échelon européen sera demandée ? Si on n'en demande aucune, ca ne marchera pas ou nous entrainera vers le gouffre par une course à la détérioration des finances publiques de chaque Etat membre (histoire de pas être le dindon de la farce).
Donc scenario 3, oui, mais ce sera une étape majeure dans la construction d'un Etat fédéral socialiste européen. Et tous les libéraux (et j'en suis) qui ont cru que la construction européenne se faisant sur des bases libérales (marché commun, concurrence, monnaie unique sensée justement contraindre les Etats membres à des politiques budgétaire plus rigoureuses) serait plutot une bonne chose pour l'évolution libérale de notre pays pourront s'en mordre les doigts.
Rédigé par : ST | jeudi 22 janvier 2009 à 12h21
@ST, ca fait longtemps que je ne crois plus que la construction europeenne soit liberale.
En gros, depuis le jour ou le concept d'harmonisation a vu le jour.
Rédigé par : Monoi | jeudi 22 janvier 2009 à 12h49
De Iain Martin dans le Daily Telegraph, sur la crise bancaire en Angleterre:
"As a free-marketeer what I am about to say pains me. But there had best be a full nationalisation of the Royal Bank of Scotland and Lloyds/TSB/HBOS. The former is regarded by the market as broken and we own 70 per cent of it, anyway. The latter is in nearly as much trouble. Let us stop pretending they operate as independent institutions."
"The alternative is to just let them die. However, the atmosphere is so febrile there would be queues round the block at all banks. We are well beyond the point at which it might be safe to conduct an uncontrolled experiment in chaos theory."
Voir aussi les solutions qu'il préconise.
http://www.telegraph.co.uk/comment/columnists/iainmartin/4308950/Nationalise-RBS-then-rebuild-capitalism.html
Rédigé par : Robert Marchenoir | jeudi 22 janvier 2009 à 14h15
@Robert Marchenoir : j'entend bien l'argument de Iain Martin, mais j'ai du mal à l'accepter. D'abord parce que l'argument du "dans le principe, je suis contre, mais là, c'est ça ou le chaos", on nous le sert depuis plusieurs mois, et pour justifier toutes les interventions et tous les sauvetages les uns après les autres. C'est un peu court et un peu faible.
Ensuite, sur le fond, il a bien compris que le problème était un problème de confiance. Mais en sauvant ces deux établissements au frais du contribuable, on ne rétablit pas la confiance dans le système, on indique juste que l'Etat viendra à la rescousse de tous ceux qui ont échoué et les sauvera quoi qu'il en coute. C'est pour ca qu'il rajoute que la phase 2 après ce nouveau bailout, c'est "reconstruire le capitalisme". Mais comment le reconstruire (si tant est que ce soit le capitalisme qui ait besoin d'être reconstruit), dans le même temps qu'on démontre l'inverse simultanément ... Comment après ce bailout effacer l'alea moral terrible que ces précédents répétés ne cessent d'alimenter jour après jour. Qui pourra faire croire après ça que oui, cette fois on l'a fait, mais la prochaine fois, dans 1 an, 5 ans, 10 ou 20 ans, on le refera pas parce que là ce sera différent et on aura bien expliqué les règles à l'avance.
La vrais question à laquelle on évite soigneusement de répondre en disant : si telle banque tombe, si on assiste à un véritable "run on the bank" sur toutes les autres institutions bancaires de la part de leurs clients, est ce que ce serait la manifestation d'une peur irrationnelle, ou est ce que ce serait une réaction rationnelle lié à la réalité de la solidité de ces autres banques ? Parce que si la panique qu'on cherche à éviter a de vrais causes bien profondes et bien réelles, cherche t-on réellement à éviter la panique ou à cacher ce qu'elle pourrait nous révéler ?
Rédigé par : ST | jeudi 22 janvier 2009 à 17h15
@CPM : tout à fait exact, autant pour moi.
@JB : Certes, les pays en difficulté devron tmettre un peu de scénario 1 en oeuvre quoiqu'il arrive. Mais l'incitation à aller au bout de cette démarche ne sera guère importante si un "BCE Bailout" est déclenché...
Rédigé par : vincent | jeudi 22 janvier 2009 à 20h06
Tout ça me rappelle un article qui laisse imaginer un scénario 5, à mon avis, bien plus probable que le scénario 3 bis :
http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/2791587/Support-for-euro-in-doubt-as-Germans-reject-Latin-bloc-notes.html
Ça vous parait possible, dans la pratique, des euros de différentes valeurs ?
Rédigé par : Derechef | vendredi 23 janvier 2009 à 00h43
@derechef : l'article me parait assez anecdotique. L'Euro a court légal dans l'ensemble des pays de la zone euro, quel que soit le pays d'emission du billet. La sortie d'un quelconque pays de la zone euro ne changerait en rien cela pour tous les billets déjà émis. L'article fait un parallèle avec le dollars sous la présidence d'Andrew Jackson mais le contexte est tout à fait différent. Andrew Jackson avait mis fin à l'expérience de Madison d'une banque centrale en ne renouvelant pas la charte de la Banque Centrale. Les Etats Unis connaissaient une période de transition vers un ère de free banking qui prit fin en 1913 avec la creation de la Reserve Federal. A cette époque seules les pièces d'or et d'argent émises par le trésor américain ont cours légal. Les billets de banques sont échangeables contre leur équivalent en or ou argent, mais pour des raisons conjoncturelles certaines banques perdent la confiance du publique et leur billets se dévaluent. Il n'y a donc pas plusieurs dollars de différentes valeurs aux Etats Unis à cette époque tout simplement parce que les Billets de banques, émis par des banques privées, ne sont pas des dollars, mais des notes de crédit échangeable contre des dollars or ou argent. En Europe aujourd'hui, la situation n'est pas comparable car les billets de banque en Euros ont cours légal. Ils ne sont pas échangeable contre de la monnaie, ils sont de la monnaie. Ils sont d'ailleurs échangeables contre rien du tout. C'est toute la "beauté" (je suis ironique là) du système que l'on a bati depuis un siècle. Un Euro grec ne pourra jamais se dévaluer par rapport à un Euro allemand, parce que de part la loi, une banque prendra toujours en dépot ces deux euros de manière totalement identique et est forcée de le faire. Si d'aventure les gens commencaient à s'échanger 2 euros grecs contre 1 euros allemand, vous pourriez vous enrichir simplement en allant au distributeur de billet d'une banque allemande, tirer 100 euros, les échanger contre 200 euros grecs, et les redéposer à la banque allemande, qui créditera votre compte de 200 euros etc etc ... Donc c'est absurde.
Rédigé par : ST | vendredi 23 janvier 2009 à 09h55
"une banque prendra toujours en dépot ces deux euros de manière totalement identique et est forcée de le faire."
Si un pays veut sortir de la zone euro, il est quand même beaucoup plus simple de modifier cette loi que de mettre en place une nouvelle monnaie.
Rédigé par : Derechef | vendredi 23 janvier 2009 à 14h41
Si je vous suis bien, ST, je devrais courir retirer l'argent de ma banque, et le convertir en sacs de riz, en bidons d'huile et en immobilier (euh?...). Ou en or. Ou en fusils. Ce n'est pas rassurant.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 23 janvier 2009 à 15h02
@Derechef : là je ne vous suis plus trop. Modifier cette loi (qui est un traité international), c'est factuellement sortir de la zone euro. Si un pays de la zone euro déclare que l'Euro n'a plus cours légal chez lui, il sort de la zone euro. Il ne va pas continuer a imprimer des Euros à lui qui auraient cours légal chez lui mais pas dans les autres pays de la zone Euro, et les autres Euros de la zone Euro n'ayant pas cours légal chez lui. Il va de toute manière etre obligé de changer ses billets. Et les anciens billets en Euros qu'il imprimait auront toujours cours légal dans la zone euros tant qu'il en restera en circulation.
@Robert Marchenoir : honnêtement, c'est une vrais question, qui n'est plus du simple domaine du mythe millénariste. Si les banques commencent à flancher une par une ... On vous dira que ce n'est pas possible, mais on vous aurait aussi dit il y a un an que ce qui s'est passé en septembre dernier n'était pas possible. Qu'est ce que ca pourrait signifier réellement ? a t-on seulement les outils, le recul ou l'expérience suffisante pour deviner ce qu'il adviendrait ? Je n'en suis pas si sur. Sans aller jusqu'aux sac de riz et aux fusils (c'est à dire se préparer au blocage de l'économie, aux émeutes etc ...), une petite réserve d'or (or physique, pas des titres) n'est pas totalement absurde pour parer à toute éventualite : vous ne risquez pas grand chose et c'est la seule valeur de réserve qui a fait ses preuves depuis plusieurs milliers d'années. C'est plus ou moins tabou d'en parler mais des pragmatiques qui se fichent pas mal du jugement d'autrui comme Jim Rogers ou même Loic Abadie de Tropical Bears abordent sans complexe la question et de manière positive.
Rédigé par : ST | vendredi 23 janvier 2009 à 16h50
il y déjà eu des unions monetaires dans le passé ... (notamment une union monetaire latine). Est-ce que l'histoire de leurs fins est utile pour comprendre ce qui pourrait arriver ?
Rédigé par : Gratzzz | lundi 16 février 2009 à 21h45