Je signale une série d'articles assez synthétiques, pédagogiques et dans l'ensemble remarquables de Loïc Abadie (photo), alias "tropical bear", sur la folie néo-keynesienne.
Que dis-je ? Ce n'est pas une série, c'est une salve, une rafale, une éjaculation prodige, une inondation de bon sens qui claque à l'oreille des néo-keynesiens comme une dégelée de roquettes Katioucha, un déluge d'intelligence qui noie le relancisme dans ses contradictions :
- Une alternative libérale et pragmatique à l'impasse keynésienne
- Peut-on créér à volonté de la monnaie pour contrer la crise ?
- Les plans de relance : une démarche condamnée d'avance.
- Keynésianisme et morale financière.
- Keynésianisme, croissance, décroissance, écologie
- Keynésianisme et inégalités.
- Keynésianisme, pouvoir d'achat et spéculation
- La « nouvelle » pensée unique : le néo-keynésianisme.
Je puis trouver ça et là quelques points de détail sur lesquels l'on pourrait pinailler, mais franchement, Paul Krugman et Brad De Long devraient faire un stage à la Réunion chez l'ours des tropiques. Peut-être que le ti'punch pourrait faire des miracles, après tout...
Deux extraits, dans lesquels je me reconnais pleinement :
J'étais encore favorable en début de
crise au maintien du système monétaire actuel de réserves
fractionnaires, qui offre une souplesse qui peut être dans certains cas
intéressante, parce que je ne pensais pas que les états iraient aussi
loin dans leur fuite en avant. Mon avis a changé : Il faut bien se
rendre à l'évidence, ce système n'est pas bon dans les faits, parce
qu'on voit bien aujourd'hui que certains responsables politiques le
détournent toujours de son usage à chaque problème qui se présente et
sont prêts à aller jusqu'aux dernières extrémités (y compris risquer de
mettre l'état en faillite).
Il serait donc préférable d'en revenir à un système monétaire à réserve
pleine, basé sur un étalon non manipulable par un état et suffisamment
rare pour ne pas être gonflé selon les envies de fuite en avant de tel
ou tel dirigeant politique (par exemple un panier de métaux comportant
l'or) (...)
Et la conclusion :
Le keynésianisme est tout sauf une solution. C'est par contre un excellent moyen de transformer une crise grave en catastrophe totale.
Je n'aurais su mieux le dire.
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Sur le plan idéologique, l'insurrection farouche contre le libéralisme se développe et s'intensifie sur le plan verbal. Comme l'idéologie est une construction qui n'est pas tirée des faits, elle se perpétue indépendamment de la réalité. On peut trouver dans le système libéral des quantités de défauts, des injustices, beaucoup d'inégalités, des malhonnêtetés, des ratages. Or, il faut bien noter toutefois que les seuls pays où l'on a créé une protection sociale efficace sont les pays capitalistes. D'abord parce qu'il faut être riche : vous ne pouvez financer une protection avec une économie qui ne marche pas. Ceci est contredit en France grâce à l'endettement, mais pour combien de temps encore ?
Maintenant que le communisme a disparu, il est redevenu une utopie pure, elle est donc parfaite, par définition. Quand on compare une « utopie parfaite », qui a l'avantage de ne pas exister, à la réalité et la pratique du libéralisme pourri de défauts, on défend nécessairement et farouchement la première. Les libéraux français sont à ce point terrorisés par l'idéologie socialisante qu'ils multiplient les professions de foi sur la solidarité et l'anti-thatchérisme. Quant aux gaullistes, (UMP) ils n'ont jamais été libéraux.
La France gaulliste des années 60 est une espèce d'Union Soviétique qui a marché, grâce à un compromis entre droite et gauche pour construire une économie planifiée, avec néanmoins un secteur privé suffisant, afin que l'économie respire un peu. Or, la gauche et la droite sont accrochés à des thèmes complètement passéistes. La gauche au « socialisme de marché », la droite au « gaullisme historique », qui ne correspondent plus ni l'un ni l'autre à la situation actuelle de crise.
Encore une contradiction : battu en brèche tous les jours au niveau idéologique, le capitalisme est vigoureusement courtisé au niveau pratique. Aussi bien les pays dits socialistes (Chine, Vietnam) que ceux du tiers monde font appel aux investissements, à l'aide technologique, à la capacité importatrice des pays capitalistes développés dont ils proclament, d'autre part, le système mortellement atteint. Néanmoins, la désinformation continue grâce aux mythologies politiques soigneusement entretenues au profit d'une minorité vivant à l'abri de des crises économiques. dans chaque mal il ya du bien. Cette crise, je l'espère, va faire ouvrir les yeux à tout le monde.
Rédigé par : Chris | samedi 07 février 2009 à 15h01
@chris
La France est un pays de vieille tradition étatiste. Le roi s’est imposé au moyen age en venant mettre son nez dans les affaires locales. Aujourd’hui cela ne change pas : quand quelques chose ne va pas, le peuple conspue à la foi l’Etat mais lui demande aussi son aide ou de trancher (vous avez la version caricaturale de ce système en Guadeloupe actuellement).
C’est dans la mentalité du pays. C’est comme ça.
Mais la France a quand même un secteur privé de niveau mondial et son administration reste relativement efficace par rapport aux autres et peu corrompue.
Rédigé par : jb7756 | samedi 07 février 2009 à 15h44
Pour Loïc Abadie, les USA ne peuvent plus faire face à leur dette privé : 50 000 milliard de $. Keynésien ou non, je crois qu’on est tous d’accord ici ?
Deux solutions pour résorber une dette impossible à honorer :
1- Fausse monnaie ou planche à billet, on fait semblant de payer en somme.
2- Faillite / restructuration de la dette, on constate son insolvabilité et on refuse de payer. Le créancier est contraint d’accepter (compensations si il a de la chance ou plutôt si il a du poids).
Y a t’il une autre solution ? Je ne crois pas. Libéral ou pas, la question des conneries passées doit être réglée et vite. Il faut aussi penser à remettre en place un système viable pour le futur, mais c’est une autre question.
Finalement une créance divisée par 3 est toujours mieux qu’une créance qui disparaît totalement. En même temps la faillite c’est plus transparent, « honnête » (vive Madoff).
Voilà pourquoi les USA vont faire un peu des 2 en essayant à tout prix d’éviter une crise sociale et politique. Tans pis pour leur créanciers de toutes façons, c’est fini, perdu.
Le prestige des USA sera durablement terni et la crédibilité de la Chine va augmenter, un rééquilibrage qui serait arrivé de toutes façons.
Mais la crise ne dois pas devenir sociale ou politique. Car là ce ne seront plus vos économies qui seront en jeu, mais vos libertés et même vos vies. Pour mémoire : les conséquences politiques de la crise de 29 c’est le discrédit du capitalisme, Hitler, la 2ème GM, Staline à Berlin et Mao à Pékin.
Rédigé par : jb7756 | samedi 07 février 2009 à 16h13
Je vois que vous aussi, Vincent, avez été séduit par les articles de Loïc :) - coïncidence, j'ai moi aussi posté un billet hier pour relater l'existence de ces billets.
Rédigé par : h16 | samedi 07 février 2009 à 18h32
@jb7756
La France n'est menacée ni par la mondialisation, ni pa r la concurrence des pays à bas salaires, ni par la puissance américaine, ni par les firmes multinationales, ni par les extra-terrestres. Non, la France se fait du mal elle-même en s'imposant les coûts, les absurdités et le fardeau d'une idée qui ne fonctionne pas et qui n'a jamais fonctionné... en refusant de voir la réalité en face. Dès que surgit un problème, on se retourne vers le ministre, on en appelle à l'État pour régler nos problèmes. C'est sur cette illusion que se décline le refrain de « l'exception française ». Elle consiste à penser que l'État doit réglementer toutes les activités humaines, de l'agriculture à l'éducation, la santé, la culture, la justice, la recherche, la famille, etc., sans voir que c'est précisément la réglementation qui finit par détruire l'économie. Mais l'État ne peut pas régler nos problèmes car l'État obèse avec ses structures territoriales tout aussi obèses, c'est précisément lui le problème. Hélas, l’opinion en grande partie (bien encadré par les média) ne retient pas les leçons de l’histoire. Elle s’obstine à faire une lecture idéologique (toujours façonnée par les média) des événements au lieu d’examiner les faits : ainsi, les hommes politiques et les media attribuent la crise économique au libéralisme qui fait une fois encore figure de coupable idéal, alors que V.B. et bien d’autres ont démontré le contraire.
Quant à la corruption, voyez le classement de France sur le site :
http://www.transparency.org/
Rédigé par : Chris | samedi 07 février 2009 à 20h38
@chris
D’après le classement indiquée, la France est 19e sur 179 niveau corruption, juste devant les USA. On sait bien, on est pas le Danemark mais on n’est pas obligé de soudoyer les fonctionnaires pour obtenir le moindre papier.
Mais oui les administrations ont tendance à accumuler les règlements parfois idiots et contradictoires, mais c’est un phénomène mondial. Et elles répondent à une demande du public qui veut plus de protection. Dans le cadre de l’immobilier, notamment pour que le riche ne soit pas gêné par le voisinage du pauvre. La bulle de l’immobilier leur doit beaucoup.
Mais je pense que la leçon a été comprise et que les corrections seront appliquées discrètement. C’est un sujet sensible, en effet la baisse des prix de l’immobilier est mal vue. Aucun homme politique n’a dit ouvertement : « je vais faire baisser les prix de l’immobilier ! ». Les pâtes, l’essence oui, mais pas l’immobilier.
J’ai vu récemment (dans le Monde) que l’avis des architectes des monuments de France deviendrait « consultatif » et non plus contraignant par le jeu de la modification d’un mot dans un texte (ah le droit !). Du coup ces gens ne pourront plus vous imposer leur caprice comme de peindre vos volets en marron plutôt qu’avec de la lasure parce que vous êtes à moins de 500 mètres d’une obscure église classée. Bien entendu il y a eu levé de bouclier et je ne sais pas trop ce que cela va donner.
Rédigé par : jb7756 | samedi 07 février 2009 à 22h15
Excellents articles en effet. Je signale que Contrepoints prépare un dossier sur le même sujet, dossier qui devrait sortir dans les prochaines heures sur http://www.contrepoints.org
Loïc Abadie y intervient, comme Robert Barro ou Nicolas Baverez
Rédigé par : Lexington | dimanche 15 février 2009 à 18h56