Avec le parti démocrate au pouvoir à Washington, en route pour le changement : Hank Paulson avait fait voter son plan de 800 Milliards et 400 pages à la hussarde sans que les parlementaires aient le temps de le lire, Barack Obama fait de même avec son stimulus à 787 Milliards -- dont 480 de dépenses --- (787, enfin, je crois. Je n'ai pas suivi les derniers rebondissements), et une loi de 1434 pages qu'il a fait passer en quelques jours, en prétextant que tout retard serait dramatique (et bien voyons... 15 jours de retard pour dépenser 5% du PIB, voilà qui changerait la face du monde, effectivement !), sans donner aux sénateurs et représentants le temps d'examiner réellement le texte.
Le think tank conservateur Heritage Foundation tire la sonnette d'alarme par la voix de son président, Edwyn J. Feulner: le plan Obama n'est pas seulement un ramassis de dépenses clientélistes sans la moindre cohérence économique ("Pork spending"), il est truffé de dispositions constituant un véritable recul de la liberté individuelle et des libertés économiques dans un pays pourtant déjà fort malade de son socialisme rampant, comme j'ai pu l'écrire il y a déjà quelques temps.
Selon Feulner, la loi, dénommée "American Recovery and Reinvestment Act", de plus de mille pages, remet en cause les acquis des réformes bi-partisanes votées sous Bill Clinton, transformant l'aide sociale d'un assistanat vers des incitations au retour à l'emploi ("welfare to workfare"), porte un rude coup au concept de fédéralisme en forçant les quelques états bien gérés à financer le sauvetage des états les plus mal en point, Il poursuit la bureaucratisation de la santé en donnant à l'état la prérogative de de définir ce que sont les traitements qui sont utiles et les autres, etc...
Le représentant de Géorgie Tom Price (R.) s'insurge contre les conditions rocambolesques de la présentation de la loi devant la chambre : Le texte, proposé aux représentants peu de temps avant le vote, comportait encore des notes manuscrites que le législateur n'avait visiblement pas eu le temps de corriger. Des sommes corrigées à la main, des sommes réservées aux "dépenses nécessaires" (si tant est que le terme ait un sens) qui, visiblement, deviennent réservées à toutes sortes de dépenses... 787 milliards jetés dans la nature en vitesse et par dessous la jambe, c'est çà, le changement...
Il n'était déjà pas sérieux de croire qu'un accroissement des dépenses publiques et des déficits aussi massif puisse avoir le moindre impact positif sur l'économie à moyen terme. Mais, même pour le plus enragé des néo-keynésiens, sauf à attribuer des pouvoirs quasi surnaturels à la dépense publique sous l'égide du parti démocrate, comment une personne sensée peut-elle un instant imaginer qu'un tel patchwork de mesures prises dans la plus grande précipitation puisse avoir le moindre effet bénéfique sur l'économie ? Qu'un semblant d'étude d'impact ou de calcul de rentabilité ait pu être effectué sur plus de 450 milliards de dépenses nouvelles dont la programmation a été décidée en quelques semaines et modifiée dans les heures précédant son vote ?
Tout ce qui est en train de se passer aux USA me rappelle furieusement l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand au pouvoir en 1981 : Même échec d'un prédécesseur de droite (que les Giscardiens me pardonnent la comparaison entre VGE et GWB...), mêmes attentes démesurées de ses électeurs, mêmes slogans sur le "changement", même élan ultra-étatiste (avec en point d'orgue une vague de nationalisations), même "ultra-relance" de la consommation, sous les hourras de pseudo-économistes dont les "modèles mathématiques" prévoyaient un "multiplicateur de la relance" pharamineux, et au final, un retournement brutal de l'opinion, sur fond de débâcle économique...
Mitterrand devra opérer dès 1983 un virage à 180 degrés avec un plan de "rigueur" (enfin, tout est relatif...) avec quelques mesures dont les moins jeunes se souviennent peut être: interdiction de voyager à l'étranger avec plus de 2000 francs (300 Euros !), blocage des magnétoscopes japonais dans des entrepôts des douanes de Poitiers, etc...
Le ridicule ne tuait plus, par contre, pendant les années Mitterrand, la négligence de l'état providence tuera 2000 hémophiles, le chômage franchira la barre des 3 millions, la corruption atteindra de tels sommets que pas moins de DEUX lois d'amnistie seront nécessaires pour éviter d'envoyer derrière les barreaux les deux tiers de la classe politique dirigeante, les soupes populaires referont leur apparition, le Front National sortira du relatif anonymat auquel sa nature groupusculaire le confinait alors pour devenir le cauchemar de la droite dite classique, la loi Quilliot réenclenchera un cycle de crise du logement, et j'en oublie... Malgré de misérables tentatives de redécoupage de circonscriptions et de changement à la hussarde des modalités du scrutin législatif, la gauche prendra en 1986 la même râclée de la droite que celle qu'elle lui avait infligée 5 ans plus tôt. Avantage que Jacques Chirac vendangera en deux ans.
On peut d'ores et déjà supposer qu'une succession de calamités du même tonneau attend l'Amérique de Barack Obama. Le premier mandat de celui qui devait incarner le "changement" démarre sous de fort mauvais auspices. Mais d'ici deux ans, le parti républicain, en déconfiture électorale et idéologique, pourra-t-il profiter du probable désenchantement de l'opinion américaine ? Rien n'est moins sûr.
En attendant, les années à venir s'annoncent sombres.
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Autres liens intéressants sur le Stimulus:
Walter Williams s'interroge sur la perte totale de valeur de la constitution américaine dont le vote du stimulus est le révélateur. Sur quelle assise le droit américain est il aujourd'hui fondé, puisque personne ne semble s'offusquer que depuis 80 ans, les dépenses votées violent la constitution de façon éhontée ?
Dan Mitchell, dans cette vidéo, se demande pourquoi les dépenses nouvelles d'Obama, qui ne sont que la poursuite, à une échelle encore élargie, des dépenses en dérapage incontrôlé de l'administration Bush, produiraient un meilleur effet.
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Encore un passage de l'ombre à la lumière !
Nous ne sommes pas seuls dans notre angoisse à penser que les mesures dites «de relance» vont transformer la récession en dépression.
Malheureusement, ces idées arriveront sur la scène publique, si elles y arrivent, bien trop tard.
Un site intéressant :
http://www.growthology.org/
où l'on apprend que le plan Obama représente un an de charges sociales et 14 000 $ par Américain.
Ils sont devenus fous !
Rédigé par : Franck Boizard | mardi 17 février 2009 à 07h21
Rappelons encore une fois les propos de Milton Friedman
http://www.jpchevallier.com/article-26828771-6.html#comment36225546
"...Personnellement, je considère qu'une fois la politique monétaire donnée la politique budgétaire n'a plus aucune espèce d'importance. D'autres pensent différemment.(.....)
Rédigé par : Josick d'esprit agricole | mardi 17 février 2009 à 07h40
Encore une synthèse claire et précise qui met les points sur les i.
Rappelons que pour la majorité des gens, nous vivons dans un monde "ultra libéral". En réalité nous vivons dans un monde Orwellien : "la guerre, c'est la paix", "la liberté c'est l'esclavage", "l'ignorance, c'est la force".
Comme la si justement écrit Ron Paul dans son dernier livre : Truth is treason in the empire of lies.
Rédigé par : ST | mardi 17 février 2009 à 09h41
Pour ma part, je comparais Barack à Ségolène :
http://etre.liberal.free.fr/?p=16
Bref Mitterrand, Royal... Obama c'est toute la connerie du PS réunie en un seul homme !
Rédigé par : Emmanuel | mardi 17 février 2009 à 12h35
Pour dire, même notre président trouve qu'Obama est trop à gauche (sur la rémunération des dirigeants et traders des banques aidées)! Ce n'est pas peu dire pour ce grand socialiste qu'est Nicolas Sarkozy!
Rédigé par : limmt | mardi 17 février 2009 à 14h10
Comparer Obama à notre vieux singe manipulateur politique est à mon avis une très bonne idée. Mais avec la couleur de peau de notre nouveau venu, cela risque d'être mal interprété.
Les vieux singes sont bons seulement pour singer, au fond de ne rien comprendre à ce qu'il faudrait vraiment faire. On est face à un monde qui fonctionne en continu, monde de ce qui roule, monde du trotteur... Ainsi le soutien à l'industrie automobile, à ce qui roule, trace en continu, nullement ne marche.
La marche, c'est le discontinu, le principe de la destruction créatrice qui fait passer à autre chose en rupture innovante...
Mais la notion d'effondrement qui renouvelle le monde n'est pas un concept du monde du monde sécuritaire du trotteur. Il faut arracher l'enfant du trotteur pour qu'il se mette à marcher vraiment... Et il faut savoir le faire au bon moment, car plus on tarde, plus ensuite l'enfant va s'accrocher à son trotteur, ne voudra plus en sortir.
Rédigé par : Josick d'esprit agricole | dimanche 22 février 2009 à 08h08
Bien rigolé aujourd'hui !!!!!!!
OBAMA vient de signer des dépenses pour 800 milliard de dollars environ.
Et j'entends ce jour que OBAMA va faire un plan pour diminuer la dette américaine de 50% pendant son mandat.
D'un coté je creuse - de l'autre coté je remplis
Bonne blague non ????
Rédigé par : doucet | dimanche 22 février 2009 à 19h48
Je ne dirais pas Obama = Mitterrand. USA '09 = France '81 il n'y a pas le moindre doute la dessus. La crise économique est d'une importance primordiale et paradoxalement c'est une diversion du réel danger qui guette les USA.
Obama n'est pas Mitterrand. Mitterrand était un génie maléfique, un maître stratège. Obama a une grande intelligence théorique mais aucune notion des réalités du monde, a une machine intérieure extrèmement efficace, les média mainstream dans sa poche qui ne peuvent le laisser tomber sans se condamner à un ridicule fatal, mais surtout une légion de disciples qui ne savent quasiment rien de lui, ne suivent pas l'actualité politique et donc ne perçoivent que son "cool factor" entretenu par le monde du divertissement. Mais il suffit de considérer son offre de $900M à Hamas (on sait tous que c'est comme ça que ça se passera donc pourquoi enjoliver ?), sa passivité niaise face à l'Iran et, courronement de sa carriere de Forrest Gump présidentiel, son cadeau à Putin si pitoyable que Sarah Palin doit entendre, depuis sa maison, Putin et Medvedev rire aux éclats.
Sur le plan intérieur, par contre, Obama peut devenir soit un super-Mitterrand qui réussira là ou Mitterrand n'a pas si mal réussi (c'est toujours l'idéologie ultra socialiste qui régit la France quelque soit l'étiquette du type à la tète du pays), soit une faillite d'une magnitude historique.
C'est malheureusement la deuxième solution qui est, de loin, préférable. J'ai eu la chance de zapper et tomber sur Fox News quand Rush Limbaugh parlait aux Républicains à CPAC. Je suis né en France, j'ai grandi en France, je ne connaissais pas grand chose en politique en 81 mais je savais faire la différence entre le bien et le mal, et le discours de Rush m'a pris par les tripes, m'a rappelé l'atmosphere en France à cette époque, à quel point l'arrivée du fascisme idéologique de gauche aux USA copie exactement notre expérience.
Malheureusement 99,99% des Américains ne peuvent pas faire la comparaison et donc ne peuvent pas comprendre l'importance de son discours. Et la seule conclusion souhaitable, pour la survie à long terme de l'exceptionnalisme Américain est une faillite dramatique des actions d'Obama.
Rédigé par : Fabrice | mercredi 04 mars 2009 à 14h47