En Août dernier, alors que j'écrivais le premier article d'une série sur la crise des subprimes qui allait marquer une multiplication par quatre de la fréquentation d'ob'lib', j'affirmais que:
Imaginez un seul instant que vous soyez un emprunteur très endetté, mais que vous ayez jusqu'ici fait l'effort de payer à tout prix vos traites, en vous restreignant sur tout le reste. Mais le gouvernement vote une loi qui vous donne accès à une bouée de sauvetage financée par le contribuable si votre situation devient un poil plus mauvaise, transformant une perte en un gain. Quel serait votre choix ? Et celui de milliers, voire de millions d'emprunteurs, dans ce cas ? Il est à craindre que les quatre cent mille crédits initialement refinancés par l'état fédéral pompier deviennent plusieurs millions à l'arrivée !
Tellement prévisible...
Barack Obama semble parti pour confirmer ma prévision, mais à une échelle encore plus grande. Le changement, sans doute... Son plan de sauvetage des emprunteurs en difficulté, portant sur une réduction des intérêts versés, et, sous certaines conditions, du principal, pourrait être sollicité par 4 à 5 millions d'emprunteurs, et fortement inciter des ménages qui faisaient l'effort de payer leurs traites à se laisser aller à ne pas rembourser. Et encore, c'est le bas de la fourchette: certains analystes affirment que jusqu'à 9 millions de ménages pourraient au final être concernés. Multipliez par un coût de 15 000 dollars par famille, au minimum ! Susan Trimbath, pour New Geography, a décortiqué les dispositions du plan: un véritable pousse-au-crime !
There’s nothing here that says you’ll have to pay the government back that money – ever. But if the interest rate reduction isn’t enough, and having the government make some of your interest payments still doesn’t get you down to a mortgage payment that is no more than 31% of your income (one of the definitions of affordable), then the government will even pay down some of your principal.
But wait, that’s not all you get! If you and your bank can work out a deal here’s what else Uncle Obama will throw in for you:
If you take this action
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The government pays Your Bank
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The government pays You
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Do a loan modification
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$1,000
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Reduced interest costs and principal balance
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Do it before you miss a payment
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$500
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$1,500
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Stay current
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$3,000 (over 3 years)
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$5,000 (over 5 years)
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Ceux qui ont voulu rester responsables seront moins aidés que ceux qui ont parié sur un sauvetage public et ont agi avec moins de discernement. La notion de "risque moral" prend ici tout son sens. Les effets à long terme seront tout aussi désastreux pour la société américaine que ceux, plus prosaïques, sur le budget fédéral des prochaines années : à une certaine culture de la responsabilité individuelle va progressivement se substituer celle du pari sur le règlement de la facture des erreurs individuelles par le contribuable...
Les plans de "sauvetage" des économies occidentales, parce qu'ils tendent à verser une prime aux agents économiques les plus incompétents, ne font que préparer la réplique du tremblement de terre financier de septembre 2008. Et cette nouvelle secousse, quand elle se produira, sera bien plus terrible.
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Ps. A noter qu'à la suite de ce premier article, Susan Trimbath a analysé dans un second le volet des aides aux banques servies par le plan Obama. Egalement édifiant, je vous laisse en découvrir le détail. Chaque "plan de sauvetage" annonce le suivant !
Pour moi le plan Obama est tout à fait logique.
Pour relancer la consommation il faut réduire la dette privée. Les ménages les plus endettés doivent cesser de payer des mensualités démesurées. Sinon ce sera l’économie entière qui sombrera dans la dépression.
Alors certes le pecum lambda a été imprudent mais on l’a poussé, parfois malhonnêtement, à souscrire ces emprunts pourris. On ne peut pas lui demander d’être plus capable que les politiques et les banques quand même.
Rédigé par : jb7756 | lundi 23 février 2009 à 13h51
Les politiques (keynésiennes) de "relance de la consommation" ont largement prouvé leur inefficacité. Pire, elles ne font qu'étaler et aggraver les crises.
De plus, vouloir régler un problème de surendettement par la création de nouvelles dettes (évidemment, "l'effacement" des dettes n'est qu'une illusion) est d'une débilité sans nom.
Mais c'est tellement plus démago… euh je veux dire efficace électoralement…
Rédigé par : Mateo | lundi 23 février 2009 à 14h17
Pendant la crise de 29, le pillage des contribuables continue. Voici une offre d'emploi actuellement sur le Web:
"Le Conseil général du Val d’Oise"
"(1 200 000 habitants - 1,1 milliard d’euros de budget - 3 800 collaborateurs), désireux d’offrir à ses concitoyens un service public de grande qualité, inscrit ses actions dans une logique de développement durable : davantage de lien social entre les générations, des infrastructures mieux adaptées aux besoins, une meilleure qualité de vie…"
"Photographe officiel du Conseil général h/f"
"Professionnel de la prise de vue, vos missions consistent principalement à réaliser des reportages relatant l'actualité du Conseil général, de son exécutif et de son administration."
"Vous contribuez également aux supports internes et externes du Département : magazines, sites web, campagnes institutionnelles."
Je suppose qu'il s'agit d'un photographe keynésien. Le développement durable est une bien belle chose. Enfin, il est durable surtout pour les fonctionnaires. Quoique avec la Californie qui vient d'en virer 20 000, les nôtres devraient peut-être se méfier...
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 23 février 2009 à 23h22
Putain... je rêve... bon, allez, encore une, après, promis, j'arrête, sinon je vais m'énerver.
La ville de Lyon recrute un "Chargé de projets Fête des lumières centre ville".
En CDI.
Pour organiser une fête à la con qui dure UN jour dans l'année, on va embaucher AVEC NOTRE POGNON un type qui va travailler 37 h 30 par semaine TOUTE L'ANNEE, indéfiniment, et qui sera invirable à moins de grasses indemnités, prud'hommes, tout le bazar.
Aaaaah, mais c'est qu'y a du boulot, pour faire une fête de la lumière!
"Vous travaillez en collaboration étroite avec le Directeur des Evénements sous le pilotage de l’Adjointe aux Grands Evénements, à la Jeunesse et à la Vie associative."
Remarquez qu'à la mairie de Lyon, il y a, déjà, un Directeur des Evénements (majuscules) et une Adjointe aux Grands Evénements (majuscules). Mais ils peuvent pas être partout. Forcément.
"Vous gérez le budget de la Fête des Lumières en lien avec l’administratrice de la Fête des Lumières."
Ah, oui. L'administratrice de la Fête des lumières. Où avais-je la tête. Comment faire une fête sans administratrice? Et un budget, bien entendu.
"Vous initiez et dirigez, en collaboration avec l’administratrice de la Fête des Lumières et l’association LUCI, les colloques des Rencontres de la lumière et le colloque grand public."
Aaaah oui, bien sûr, l'association LUCI. Pas de fête réussie sans association, suis-je con. Attendez... laissez-moi deviner... subventionnée, l'association, je suppose?
Et puis, la fête, c'est bien, mais n'oublions pas la Culture. Une Fête de la lumière ne serait pas complète sans Rencontres de la lumière. Et un colloque. Non, deux. Un pour petit public, l'autre pour grand public.
"Vous recevez avec le chef de service les délégations étrangères et participez à des colloques internationaux pour présenter en anglais la Fête des Lumières."
Un chef de service. Naturellement. Rien de valable ne peut être fait sans un chef de service. Ni délégations étrangères. Ni colloques internationaux (notez le pluriel). Ni le budget de déplacements qui va avec, qu'est-ce que vous croyez?
C'est pas tout.
"Vous assurez une veille sur l'actualité liée à toute forme de manifestation autour de la lumière événementielle."
Le mec, y bosse sur la lumière événémentielle. Heureusement qu'à la mairie, ils ont pensé à s'occuper de la lumière événémentielle. Que ferions-nous sans de telles lumières au sein du service public?
Et encore, je ne vous ai pas cité toutes les tâches écrasantes de ce futur héros de la République.
Il y a actuellement 94 offres d'emploi comme celle-là sur le site de la mairie de Lyon. Franchement, je vois pas pourquoi on nous emmerde avec toutes ces histoires de crise.
http://www.talents.fr/web/annonce/1,49-0,1-3052619,0.html
Rédigé par : Robert Marchenoir | mardi 24 février 2009 à 00h12