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mercredi 04 février 2009

Commentaires

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Mateo

Je suis tout à fait en phase avec Pierre Leconte!

Vincent, tu as depuis longtemps minimisé (selon moi) l'importance du système monétaire dans tes analyses, serais-tu en train de changer d'avis?

En tout je constate avec plaisir (mais aussi avec consternation, car c'est un peu tard) que le nombre de voix remettant en cause le système monétaire augmente. Je me souviens encore, lors de la création du PLD, que lorsque je posais la question de savoir si la remise en cause du système monétaire serait au programme du parti, Aurélien me répondait que ce "n'était pas une question importante et que les Français s'en foutaient"…

Dès que je me suis intéressé à la question de la monnaie, j'ai senti intuitivement qu'il "y avait un problème", même si je n'avais pas les connaissances pour le décrire: une information-prix aussi diffuse que celle de la monnaie ne peut pas être gérée correctement de manière centralisée et arbitraire par un groupe restreint de personnes, tout expertes qu'elles soient. Je persiste et signe avec ma formule: le système de banque centrale, c'est le socialisme/communisme appliqué au système monétaire.

Aujourd'hui, j'ai beaucoup moins l'impression de prêcher dans le vide.

Bon allez, j'arrête l'auto-satisfaction et "l'auto-congratulation"…

vincent

"serais-tu en train de changer d'avis" : OUI !

ST

Inflation vs déflation : décidément c'est le débat clef qui oppose l'ensemble de ceux qui partagent un même regard sur les causes de la crise (avec une pondération parfois différentes sur les principaux éléments constitutifs), et qui sont aussi ceux qui l'ont annoncé avant les autres (et qui me fait dire que leur regard sur les causes est probablement plus sérieux que celui de ceux qui n'ont rien vu venir).

Donc, tous les analystes libéraux un minimum sérieux se rejoignent sur l'analyse du passé (excès de crédit, intervention de l'Etat mal appropriée, aléa moral, malinvestissement, fausse croissance à crédit, bulles spéculatives, fiat money, autant d'éléments très liés les uns aux autres). Mais ils se divisent ensuite en deux camps sur la partie plus complexe de prévoir l'évolution à venir, même s'ils partagent pour l'essentiel une aversion commune aux solutions mises en places par les gouvernements actuels (bailout, plans de relances, soutient des prix ...).

C'est un débat fort intéressant, que je suis depuis 6 mois, dans lequel chacun a des arguments pertinents. De nombreux ont été évoqués dans ce blog. En terme politique, le débat est de peu d'importance : les deux camps s'accordent sur la politique à suivre, à savoir une réduction des dépenses publiques, de la dette publique, plus de place au marché (dans une large mesure ne pas s'opposer aux faillites par exemple), etc ... En terme d'analyse économique, le débat a forcément son intéret.

Je rajouterai un élément qui n'a jamais été abordé à mon sens sur ce blog dans ce débat. Celui de l'effet de frein des salaires. Argument à la hausse comme à la baisse. Ainsi lisais-je récemment une analyse (américaine) qui réfutait la possibilité d'une reprise d'une inflation façon années 70 avec 15% d'inflation par an, du fait de la faiblesse des structures syndicales très largement affaiblies dans les années 80/90 (notamment par la disparition des emplois manufacturiers dans lesquels les syndicats étaient historiquement très puissants). Ainsi, pour que l'inflation se mettre durablement en place, il faut que TOUS les prix augmentent, y compris le prix du travail, c'est à dire les salaires (avec un décalage certes). La difficulté de négocier à grande envergure des augmentations de salaires substantielles (10 à 15 % par an dans les années 70 pour suivre l'inflation) aurait comme effet de limiter la possibilité d'une envolée durable des prix en cassant la spirale inflationniste. Le même argument est souvent cité par les opposants au retour à l'étalon or. Dans un système monétaire indexé sur l'Or, en cas de croissance soutenu et prolongée, si le stock d'or mondial ne suit pas et reste stable (ou augmente moins vite que la richesse créée), on voit apparaître une légère déflation dans le temps : chaque année la même quantité de monnaie permet d'acheter un peu plus de biens et services. Dans un tel système, avec une croissance mondiale soutenu, le même stock d'or doit être partagé par un nombre croissant de personne, pour un nombre croissant de biens et services produits. La logique voudrait ainsi que les salaires nominaux baissent légèrement dans le temps (alors que tout le monde s'enrichit et que les salaires réels augmentent). L'argument est de dire que cela est impossible, pour des raisons psychologiques : personne n'acceptera de voir baisser sa rémunération nominale chaque années. C'est bien le même argument dans les deux cas : la difficulté structurelle de nos sociétés à faire évoluer rapidement sa masse salariale serait un frein puissant à l'inflation comme à la déflation, en tout cas à leur manifestation soutenues.

Dans les deux cas je trouve l'argument un peu spécieux : d'abord, la faiblesse syndicale a été remplacée par le poids de l'Etat. Si les syndicats sont peut etre moins à même de négocier de fortes augmentations salariales dans la durée, le nombre d'actifs dont les salaires dépendent de l'Etat est très important, que ce soit la fonction publique, mais aussi via le mécanisme des salaires minimaux fixés arbitrairement par les gouvernements. Ce serait a mon sens suffisant pour forcer une augmentation de la masse salariale si l'Etat se pique d'alimenter une spirale inflationniste. Pour la non flexibilité à la baisse des salaires, j'admets que c'est un vrais problème dans nos sociétés surprotégés, et on peut le lire tous les jours dans les chiffres du chômage qui est notre moyen d'ajuster la masse salariale globale a la baisse (en concentrant sur une nombre limité d'individus l'essentiel de la baisse pour maintenir les salaires de tous les autres). Mais fondamentalement je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas se défaire d'habitudes et de comportements qui sont sommes toutes très récents (on fait comme si les prix on toujours, tous, tout le temps monté, comme si c'était une phénomène naturel : c'est somme toute très récent).

Pour conclure : inflation, déflation, débat intéressant en terme technique, mais sur le fond ce ne sont que deux possibilités différentes de matérialisation de problèmes de fonds qui restent les mêmes : trop de crédit, trop de dette, trop d'Etat, trop de retraités et pas assez d'actifs, pas assez de Liberté ... Que ce débat ne cache pas le fond du problème. Pendant que l'on s'écharpe sur les indices et analyses favorables à la résurgence de l'inflation ou la persistence de la déflation, les nouvelles réglementations pleuvent, le déficit se creuse, la dette se gonfle, les engagements non provisionnés se multiplient et arrivent à échéance. Le cygne noir prend paisiblement son envol.

Robert Marchenoir

La politique, c'est une chose. Mais quelles sont les mesures de protection individuelles que l'on peut prendre?

ST

@Robert Marchenoir : et bien c'est là tout le problème, si les pronostics d'évolution sont diamétralement opposés ... difficile de se protéger à la fois des risques d'inflation ET de déflation.

robespierre

Le cygne noir - la puissance de l'imprévisible
Nassim Nicholas Taleb
publié aussi en français (traduction en partie par l'auteur donc assez bonne l'édition française est parait-il même meilleure)
Les belles lettres 23€

Bouquin excellent qui dépasse largement le cadre de l'économie.

Robert Marchenoir

OK ST, on peut répartir les risques. Se protéger à moitié contre l'inflation et à moitié contre la déflation. Quelles sont les recettes?

gnarf

>> Les pays du «club Med» (Grèce, Portugal, Espagne, Italie, France) et l’Europe de l’Est laissent leurs déficits croître alors que l’Allemagne et l’Europe du Nord tentent de rester dans les normes du Pacte de stabilité et de Maastricht.

Pas vrai...ici en Pologne le gouvernement a immediatement fait un deuxieme plan de budget pour 2009 pour tenir compte des baisses de recettes, et cherche a present du gras a tailler avec un objectif de reduire le budget de plusieurs milliards d'euros.
Et bien entendu il n'y a pas de plan de relance.

Je suppose que la Republique Tcheque fait de meme.
Un peu faiblard de mettre dans le meme sac une dizaine de pays TRES differents. Hongrie et Roumanie c'est aussi le club med.

ST

@Robert Marchenoir : d'abord, IANAFA (I'm Am Not A Financial Advisor). Ensuite, on est bien d'accord que c'est le grand écart ? Si vous voulez protéger votre épargne en période de déflation, il suffit de la garder en cash (compte à vue, compte rémunéré sans engagement de durée, bon du trésor à court terme ce qui revient peu ou prou à un compte rémunéré). En période de déflation la monnaie gagne du pouvoir d'achat face aux actifs. Si maintenant on veut se protéger contre l'inflation, et bien c'est globalement l'inverse : fuir le cash et la monnaie, et acheter des commodities, des choses qui ont une valeur intrinsèque et dont la valeur évoluera grosso modo avec l'augmentation générale des prix. L'or (physique) est évidemment la valeur refuge historique par excellence.

Ainsi un Loic Abadie qui penche pour la déflation mais veut rester prudent face a une possible évolution vers l'inflation à moyen terme préconisait en début d'année une stratégie de placement cash ou équivalent à court terme, avec une assurance sous forme d'or physique pour 5 à 7% du patrimoine total. Cf: http://tropicalbear.over-blog.com/categorie-1176730.html

On est là dans un positionnement attentiste de quelqu'un qui pense que le gros de la crise n'est pas encore passé (je le suis largement dans cette analyse), et qui s'attend encore à des baisses sérieuses sur l'ensemble des actifs : sauf à jouer les apprentis sorciers à vouloir surfer sur les vagues baissières et les inévitables rebonds techniques (évidemment risqué, surtout si l'idée est de protéger son épargne), la logique est de rester liquide. Evidemment la part cash / or qu'il indique reflète son jugement subjectif sur le risque comparé déflation / inflation.

Maintenant, si vous êtes joueur et que vous voulez jouer la vague baissière en pariant sur l'explosion d'une bulle d'actif : vendez votre appartement ou maison aujourd'hui, gardez le produit de la vente en cash ou rémunéré à 2%, louez pendant 4 ou 5 ans et rachetez à moitié prix, juste avant la reprise sévère de l'inflation. Il est en effet un peu tard pour jouer la bourse à la baisse si on avait des actifs boursier qui ont déjà perdu la moitié de leur valeur. En revanche la baisse de l'immobilier ne fait que commencer (en France). Bien évidemment ce sont des conseils qui n'engagent que ceux qui les écoutent, et pas celui qui les donne et qui ne les suit pas lui même :-)

C'est le jeu ma petite lucette !


ST

@gnarf : ah, mais vous mettez le doigt sur le principal obstacle à la construction européenne : notre ignorance crasse des pays mêmes qui la compose, de leurs cultures, développement relatif etc ... Evidemment qu'on est obligé de parler de "l'europe de l'est", de la même facon qu'on parle de tel ou tel caractéristique des pays de "l'asie du sud est" comme un ensemble cohérent et homogène, sans se demander ce qu'il en est réellement des différences entre la thailande, l'indonésie ou le vietnam.

Si déjà je pouvais placer à coup sûr la hongrie sur une carte muette ... Je ne parle pas de citer de tête les 27 Etats de l'Union. Tiens, et encore, sans même aller jusque là, si vous voulez vous amuser en société, listez sur une feuille les 44 pays du continent européen, et demandez à vos hôtes de simplement pointer les 27 membres de l'union européenne ... crise de rire garantie et champagne à celui qui ne fera aucune erreur.

jb7756

La pire des choses aux USA et dans quelques autres pays particulièrement imprudent, Espagne, GB, c’est l’énorme dette privé (et non public), autour de 300% du PIB aux dernières nouvelles aux USA. C’est gigantesque !

Si la crise se poursuit et qu’on laisse faire, une bonne part des ménages vont faire faillites (et un paquet d’entreprise aussi) ce qui annulera la dette mais au prix d’une récession catastrophique et d’une crise sociale voir politique profonde.

D’une manière ou d’une autres il faut annuler les dettes privés et remettre le système bancaire en état pour que les gens puissent de nouveau s’endetter, raisonnablement, c’est fois, on espère.

Ce qu’Obama pourrait faire :
- Déclarer tous les ménages américains en faillite dès maintenant mais en leur laissant le minimum vital (un logement, une voiture, allocation chômage suffisante).
- Mettre en place un noyau bancaire actif et sain, alimenté par la planche à billet au début si il le faut, et laisser s’effondrer les autres banques.

Quant à l’inflation (à 10 à 20% an), si la crise se poursuit, cela semblera un moindre mal.

Ailleurs, aux dernières nouvelles, la situation semble se stabiliser et en Chine la situation semble même se redresser.

Jesrad

@ST:

"Ainsi, pour que l'inflation se mettre durablement en place, il faut que TOUS les prix augmentent, y compris le prix du travail, c'est à dire les salaires (avec un décalage certes)."

Il y a inflation si le prix du travail augmente aussi... par rapport à son utilité marginale (ou son prix naturel, si on veut). Or, en période de déflation-récession, le prix du capital baisse et l'utilité marginale du travail aussi. Pour illustrer: les salaires restent les mêmes, mais les prix de ce qui est encore produit peuvent augmenter tandis que des tas d'autres produits, eux, ne sont tout simplement plus produits. C'est une question de proportion, je pense.

Ou alors je dis des conneries, ce qui est très plausible.

jb7756

L’important dans la crise c’est de préserver l’infrastructure productive (du moins celle qui est encore adaptée), la monnaie c’est rien. Les usines ne doivent par fermer, ne doivent pas être démantelée sinon la reprise sera très laborieuse car il faudra tout reconstruire.

gnarf

Pour info, le gvt Polonais a annonce aujourd'hui que pour le mois de janvier le solde est fortement positif. C'est a dire que les recettes ont ete largement superieures a ce qui avait ete budgete.

Republique Tcheque et Pologne sont deux pays correctement geres, avec des budgets plutot equilibres. Malheureusement, les investisseurs comme vous dites considerent toute la region comme une zone grise et uniforme marquee "pays emergents" et retirent leurs fonds en masse.


On se retrouve avec une monnaie qui a perdu 20% de sa valeur depuis janvier, et la bourse qui continue a plonger alors que tous les fondamentaux restent bons. Croissance 2009 prevue entre 2 et 4% c'est quand-meme pas rien en cette periode.

Je me demande vraiment a quoi ca sert de se serrer la ceinture puisque l'on est encore plus sanctionnes que les pays du club med. Y'en a vraiment que pour les arnaqueurs.

ST

@gnarf: je ne suis pas sur que les investisseurs ne voient pas la différence. Il est possible qu'une partie du retrait ne soit pas une sanction d'une santé économique vaccillante ou d'une mauvaise gestion, mais simplement la nécessité pour des gérant d'actif très impacté chez eux de rapatrier des liquidités pour tenter de limiter la casse chez eux. Alors oui en ce sens, dans un premier temps, les petits bien gérés sont victimes de dommage collatéraux. Mais s'ils tiennent et que la récession s'installe, gageons que ceux qui conserveront une croissance saine dans un marasme économique mondial verront les capitaux du monde entier venir s'y investir en masse. C'est le bon pari à faire a mon sens.

Robert Marchenoir

Merci, ST. C'est le genre d'indications que je recherche, même si vous n'êtes pas conseiller financier.

Autre question: quid du risque de confiscation du cash en cas de faillite bancaire, d'institutions financières, ou d'Etats? cela ne plaide-t-il pas en faveur des actifs physiques (immobilier, or)?

Dernière question: qui est Lucette?

Mateo

Robert, voyons… Même moi qui ne regarde jamais la télé sais qui est Lucette! ;)

Plus sérieusement, c'est une référence à une pub pour la Française des Jeux: http://www.dailymotion.com/relevance/search/loto%2Blucette/video/xqcma_c-le-jeux-ma-pauvre-lucette-video_ads

Et je viens de découvrir une parodie excellente: http://www.dailymotion.com/relevance/search/lucette/video/x3vhvs_parodie-pub-loto_ads

jb7756

@ceux qui ont peur pour leurs économies :

Placer vos économies en Yuan chinois. Tout le monde le dit, sa monnaie est sous évaluée (En PIB en PPA, la Chine c’est 50% des USA, 24% en PIB nominal). C’est un pays stable et bien géré. La croissance va repartir fortement, peut etre meme au 2ème trimestre, dès que les entreprises dirigées vers l’export se restructurons vers le marché interne.

ST

@Robert Marchenoir : oui, en cas de catastrophe économique systémique, on est à l'abris de rien, et l'histoire est là pour nous le rappeler, les Etats ne reculent devant rien dans ces cas là (confiscation de l'or par Roosevelt pendant le New Deal par exemple).

Donc, oui, votre argent n'est pas à l'abris sur un compte bancaire car en cas de faillite globale des banques, rien ni personne, et notamment pas l'Etat n'aura les reins assez solide pour assurer ce genre de chose (et encore moins le fond interbancaire prévu a cet effet) : les promesses de garantir les dépots faites par les Etats n'engagent que ceux qui les croient. Oui, votre argent n'est pas à l'abris en cash dans votre matelas car il peut etre dévalué à la volonté de nos gouvernants. Oui, il n'est pas complètement à l'abris en or physique si d'aventure l'Etat souhaitais le confisquer (mais la monnaie n'étant plus indexée sur l'Or le risque est plus faible). Oui, il n'est pas complètement à l'abris dans de la pierre dans une periode très troublée où la misère ferait rage et la fureur contre l'Etat qui n'arrive pas à loger tout le monde pourrait conduire à des politiques d'expropriation ou de blocage des loyers facon loi de 48. Sans aller jusque là, la pierre n'est pas très liquide et de surcroit encore fortement surévaluée aujourd'hui : il me parait beaucoup trop tot pour investir dans l'immobilier aujourd'hui.

Donc, tout ca pour dire que si on pousse a l'extrême on est a l'abris de rien, et il faut bien faire avec. D'ailleurs nous sommes tous mortels, aussi notre course effreinée contre le risque est de toute facon vaine.


Aurelien

En tout cas, on parle de signes positifs de la croissance chinoise. Un minuscule rayon de lumière dans ce trou noir.

michel

Excusez ma voix discordante, mais l'étalon or et toute solution liant la création monétaire à des stocks d'or n'est plus viable dans un monde dont le volume d'affaires et la rapidité de circulation des richesses a centuplé depuis Bretton Wood, alors que les quantités de métal jaune ne peuvent croître à un tel rythme. Lier la monnaie à l'or, c'est tuer la croissance voire organiser la récession.

La création de monnaie liée à une production réelle, fût-elle future, est tout à fait viable. Je suis industriel, je fabrique des tissus. Je vends pour 10000 euros de tissus à X, qui me paiera à 60 jours. Je mobilise la facture auprès de mon banquier qui achète la créance 9950 euros. Cette création monétaire repose sur du tissus, qui en l'occurence a autant de valeur que l'or.

Je construis une usine pour produire 10000 machines à laver par mois. Ce projet répond à des besoins révélés par des études de marché sérieuses, et je suis qualifié dans cette activité. Ma banque finance à 70 % le coût de mon usine. Cette création monétaire est liée à des machines à laver qui, pour être futures, ont une très forte probabilité d'être produites et de se vendre.

Je travaille et suis payé 2000 euros par mois. J'achète à crédit une voiture et rembourse au financeur 200 euros par mois pendant cinq ans.Je m'assure pour couvrir mon risque de décès. La création monétaire du prêteur repose sur le travail rémunéré que j'accomplirai dans le futur.

J'achète une maison 200 000 euros. J'en paye 60000 comptant et 140000 à crédit, en concédant une hypothèque à la banque. La création monétaire est la mobilisation d'une maison dont la valeur de revente sera très probablement supérieure à ma dette. La création monétaire repose sur de l'immobilier.

Le 20 du mois je suis à sec. Mon banquier accepte un découvert de 1000 euros, car mon foyer touche 3000 euros de salaires payés en fin de mois. La créance du banquier est garantie par les créances de mon employeur et de celui de mon conjoint pour le travail du mois en cours, bien réel. La création monétaire repose sur du travail rémunéré.

Pas besoin d'étalon or pour gérer un tel système. Mais il faut bannir la fausse monnaie: le crédit accordé en supputant des augmentations de prix immobiliers dans le long terme, les leverage buy order dont la proportion de crédit, excessive par rapport au capital et à la rentabilité du projet entrainera la cessation de paiement en cas de crise économique ou de mauvaise prévision de recettes, les empilements de holding avec prêts bancaires à chaque étage du système (les "poupées russes" comme en raffolait Bernard Tapie et bien d'autres !), et enfin, la création de monnaie par les banques centrales pour satisfaire les demandes de retraits excessifs de la part de titulaires de comptes en banque qui perdent confiance.

C'est la fausse monnaie qui a mis en péril le système bancaire, la création de monnaie qui repose sur des espoirs de gains, des probabilités de pluvalues ou des fuites en avant.

vincent

@ Michel : "Pas besoin d'étalon or pour gérer un tel système. Mais il faut bannir la fausse monnaie: le crédit accordé en supputant des augmentations de prix immobiliers dans le long terme, les leverage buy order dont la proportion de crédit, excessive par rapport au capital et à la rentabilité du projet entrainera la cessation de paiement en cas de crise économique ou de mauvaise prévision de recettes"

Voeu pieux. Un système sans élément disciplinant la création monétaire suscitera toujours une création monétaire excessive à divers moments de son évolution.

Je ne dis pas que l'EO est le meilleur système (je n'en sais rien, à vrai dire), mais sans élément de discipline, que la création monétaire soit centralisée ou décentralisée, il y aura excès de création. Et l'EO a des vertus disciplinantes indéniables.

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