Que vaut aujourd'hui la parole d'un état ? Le 2 janvier, le sénat votait une loi de finance rectificative faisant état d'un déficit public de 79 milliards d'Euros.
Le 4 Mars, Eric Woerth annonce un déficit qui "devrait être" de 104 milliards. Plus 25 milliards en deux mois ! voilà qui en dit long sur la fiabilité du pronostic gouvernemental de ramener le déficit sous les 3% du PIB en 2012. Bienheureux si un nouveau "collectif budgétaire" dans les mois à venir ne corrige pas ce déficit à la hausse. La météo budgétaire risque bientôt d'être aussi fiable que la météo tout court...
Naturellement, le chiffre présenté est rapporté au PIB, soit 5,6%. 5,6%, cela reste suffisamment abstrait pour ne pas trop alarmer les foules, je présume.
Mais ce pourcentage est trompeur. Sachant que les dépenses de l'état (y compris transferts aux Collectivités Locales) devaient se monter à 346 milliards (environ) avant plan de relance, soit environ 267 milliards de recettes, et que le plan de relance va amener la dépense totale vers 360 milliards, soit à peu près 700 milliards en intégrant les comptes sociaux... le déficit représente réellement 15% des dépenses totales, et 18% des recettes... Pourcentages à doubler si on s'en tient au budget de l'état stricto sensu. Imagine-t-on une entreprise ou un ménage tenir avec de tels ratios pendant des décennies ? Et encore, je ne parle pas de la situation calamiteuse des collectivités locales, plombées par leurs prêts à taux variables et la chute de recette des droits de mutation.
Le collectif budgétaire de janvier prévoyait un besoin de financement de 145 milliards, à emprunter sur le marché des capitaux. Le plan de relance va amener ce besoin à environ 160, et il convient d'insister sur le mot "environ". Une paille. Environ 50% de plus que lors d'une année ordinaire. Et à ce rythme là, les chiffres de besoin de refinancement annuel vont connaître, dans les années à venir, un nouvel emballement, si les marchés de capitaux ne sifflent pas la fin de la partie avant...
Car tous nos voisins et partenaires commerciaux sont dans la même situation. Les besoins de capitaux pour les états vont atteindre des montants stratosphériques, et ce dans un contexte de contraction de la masse monétaire liée au besoin de "deleveraging" des banques.Y a-t-il assez d'épargne encore prête à s'investir dans les dettes publiques ?
Les taux longs de nos emprunts d'état risquent de ne pas rester bas très longtemps, et la compétition entre bons et mauvais états va exacerber les différences de taux d'intérêts, déjà pourtant en forte hausse:
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Aujourd'hui, l'argent est deux fois plus cher pour les grecs et les irlandais, que pour les allemands. De tels écarts tendent à se répercuter sur toute l'économie: le crédit aux entreprises va devenir bien trop cher dans les pays mal gérés. Cela constitue un handicap de compétitivité terrible pour les entreprises de ces pays. Ceux ci ne pourront pas éternellement accepter de voir les écarts de taux se creuser avec l'Allemagne. Or, ils ne peuvent pas compter sur une dévaluation de l'Euro tant que l'Allemagne arrive à refinancer ses dettes: les allemands risquent, probablement, de refuser que la BCE rachète des bons grecs ou irlandais par création monétaire, au détriment de la valeur des euros détenus par les ménages allemands. Sauf si l'Allemagne elle même se retrouvait en difficulté pour refinancer sa dette, un "sauvetage" des PIGS (Portugal, Ireland, Italy, Greece, Spain) par la dévaluation de l'Euro parait politiquement difficile à imaginer.
Il ne restera à ces pays comme possibilité qu'une restructuration drastique des secteurs publics pour réduire l'endettement et envoyer un signal rassurant aux marchés de capitaux, ou une sortie de la zone Euro, immédiatement suivie d'une dévaluation forte de la monnaie locale, ce qui spoliera les détenteurs de dette, et ruinera les petits épargnants, et n'évitera pas la restructuration. Impossible de prévoir le scénario le plus probable, mais ceux qui affirment d'un ton docte et lénifiant qu'il n'y a aucun danger d'explosion de l'Euro se moquent de leurs lecteurs et auditeurs. L'Euro est plus que jamais sous pression.
Enfin, si la remontée générale observée depuis début janvier se poursuit dans tous les pays, ce qui me parait probable -- mais toute prévision faite actuellement comporte une grande part d'incertitude --, alors nos déficits se paieront très chers en intérêts, ce qui rendra encore plus improbable un retour à un déficit "normal" -- comprendre: moins abyssal-- dans les délais annoncés par M. Woerth, et renforcera l'incertitude sur la fiabilité des signatures des états.
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bonjour, encore un article hélas lucide pour bien se gacher la journée, merci VB !
ca risque d'en faire rigoler plus d'un, mais explosion de l'euro = fin de la construction européenne = dans 20 ans une nouvelle guerre entre la France et l'Allemagne
rigolez, rigolez, il en restera toujours quelque chose...
mais on ne peut rien faire contre un peuple qui choisit délibérement le suicide à petit feu, cad jusqu'à épuisement de sa capacité d'endettement. et le peuple a les dirigeants qu'il mérite...
en attendant courage fuyons, la dégradation perpétuelle des fondamentaux économiques ne pourra que provoquer une émigration massive de ceux qui en ont les moyens financiers comme humains à destination de pays plus sûrs
Rédigé par : PFR | jeudi 05 mars 2009 à 09h54
Un responsable européen (je sais plus qui) à dis : « Nous sommes paré en cas de défaillance d’un état de la zone Euro ».
Il est sûrement possible de renflouer un état par la création monétaire sans que cela se voit. Tous les financiers qui ont inventés des produits toxiques tordus ou cachés des pertes colossales pourraient facilement trouver l’astuce. Ca tombe bien ils cherchent du boulot.
Bien sûr il ne faudrait pas que ça devienne une habitude.
Rédigé par : jb7756 | jeudi 05 mars 2009 à 18h33
Almunia...
Sinon quelqu'un peut m'expliquer si la masse monétaire augmente ou diminue à l'heure actuelle?????
Parceque la je me perd un peu, et quel impact sur les taux alors????
Rédigé par : mica | jeudi 05 mars 2009 à 21h48
@mica : vous pointez du doigt le noeud du problème, pour savoir si la masse monétaire augmente ou diminue, encore faut-il s'entendre sur une définition de la masse monétaire. C'est devenu de plus en plus complexe, et d'autant plus que ceux qui en publient les chiffres sont ceux qui la manipulent.
Maintenant, la réponse courte, c'est qu'actuellement, tout le monde s'accorde à dire que la déflation (quasi-)généralisée des actifs s'accompagne d'une contraction de la masse monétaire.
Une autre facon de voir serait de dire que probablement actuellement, M0, la monnaie émise par les banques centrales est en expansion considérable, tandis que M1, M2 et M3, les agrégats monétaires correspondant à la monnaie créée par les banques commerciales (le gros de la masse monétaire dans un système de réserve fractionnelle) est en très forte contraction (étant donné que cette monnaie commerciale est créée à travers l'octroi de crédits). La question, c'est que se passera t-il quand les masses considérables déversés dans M0 par les banques centrales, commenceront à envahir les autres aggrégats monétaires une fois que l'émission de crédit aura reprise au rythme initial et maximal autorisé. Cf la discussion du post d'aujourd'hui ici : http://www.objectifliberte.fr/2009/03/heurts-et-malheurs-de-leconomie-bullaire.html qui traite exactement de ça.
Rédigé par : ST | vendredi 06 mars 2009 à 17h43
Merci de la réponse, mais alors M0 augmente t'elle actuellement?? hier la BOE a annoncé racheter pour 211 Mrds de $ dette de société j'imagine par création monétaire comme déjà expliqué dans plusieurs articles du site?? est le cas des US et de l'Europe?
De là ma deuxième question quel est le rapport avec les taux d'intérêt? les taux court diminue (euribor etc...) mais les taux long devraient monter ce qui n'est pas encore évident pour l'instant. Comment cela se fait t'il???
Rédigé par : mica | vendredi 06 mars 2009 à 23h47
@mica :
> alors M0 augmente t'elle actuellement??
logiquement, oui.
> hier la BOE a annoncé racheter pour 211 Mrds de $
> dette de société j'imagine par création monétaire
c'est exactement le principe. D'habitude, la banque centrale crée de la monnaie en rachetant des bons du trésor (en tout cas c'est le principe aux etats unis), mais de plus en plus elle accepte de prendre
en contrepartie des actifs divers et variés, y compris de toxiques, comme les subprimes aux USA. Cela rend le bilan des banques centrales de moins en moins orthodoxes.
> est le cas des US et de l'Europe?
Je pense que le principe est le même. La Federal Reserve americaine a été la première a avoir une politique de création monétaire en contrepartie d'actifs douteux pour sauver les banques. Il faut aussi voir que les banques centrales agissent beaucoup en secret : la Fed par exemple publie le montant des actifs en question, mais pas leur nature exacte et surtout, pas de qui ils proviennent (de peur que les banques en question ne s'effondrent à la bourse si on l'apprenait). C'est évidemment plus que tendancieux.
> quel est le rapport avec les taux d'intérêt?
en créant de la monnaie en échange de dettes, la banque centrale injecte des liquidités dans les banques, qui augmentent leurs réserves. L'offre de monnaie augmente, et si la demande reste stable, le taux d'interet baissera (un meme nombre d'emprunteur chassent une offre d'argent à prêter plus grande, le prix baisse).
> mais les taux long devraient monter
pour d'autres raisons : en financant les déficits publics gigantesques rendus nécessaires par les plans de relance, la baisse du produit de l'impot (car la récession diminue mécaniquement l'assiette) et la hausse des dépenses publiques, par l'émission de bons du trésor à long terme (10 ans par exemple), les Etats mettent en péril leur capacité à rembourser ces sommes à l'échéance. Le marché devrait théoriquement faire payer cette prise de risque supplémentaire pour les créancier qui seront moins nombreux a vouloir prendre le risque, en pesant a la hausse sur les taux long. Cependant on assiste pour des raisons techniques au contraire : les créanciers se ruent sur les bons du trésor américain, même à des taux terriblement bas, parce que dans le contexte déflationniste actuel, et le manque de confiance dans la solidité des entreprises privés, ils préfèrent du 2% à 10 ans garanti par le gouvernement américain que 5% offert par General Electrics ou IBM, ou même 10% offer par citibank ou general motors. La demande est tellement forte que les taux d'interets restent terriblement bas, malgré la perspective d'émission massive. C'est un peu moins vrais en Europe, puisqu'on assiste à un écart croissant entre les taux américains et européens, et entre les taux européens, entre ceux de l'allemagne et de la grèce (aux deux extrémités). Cela traduit le niveau de confiance des marchés différents entre la capacité de remboursement a terme des USA, de l'allemagne et de la grèce.
Rédigé par : ST | samedi 07 mars 2009 à 15h00
> en créant de la monnaie en échange de dettes, la banque centrale injecte des liquidités dans les banques, qui augmentent leurs réserves. L'offre de monnaie augmente, et si la demande reste stable, le taux d'interet baissera (un meme nombre d'emprunteur chassent une offre d'argent à prêter plus grande, le prix baisse)....
C'est justement la que je comprend plus rien, en créant de la monnaie de cette manière, on baisserait les taux d'intérêt, mais en créant de la monnaie on fait monter l'inflation et donc les taux??? me trompe je??
En plus si on augmente les déficits...
Rédigé par : mica | dimanche 08 mars 2009 à 23h31
@mica :
en période d'inflation durable et croissante, le taux d'interet NOMINAL aura tendance à monter, mais il faut considérer le taux d'intéret REEL, c'est a dire corrigé de l'inflation pour faire des comparaisons. Même avec un taux d'intérêt à 10%, on peut considérer les taux bas si l'inflation est à 8%, voire avoir un taux d'intéret réel négatif si l'inflation est encore supérieure.
Rédigé par : ST | lundi 09 mars 2009 à 09h34
Merci pour ces informations intéressantes, mais je vois que prévoir ce qui va se passer est quasi impossible...
Rédigé par : mica | mercredi 11 mars 2009 à 17h15
Georges Pompidou etait salarié de la banque Rothschild :Depuis 1973 la France s'est interdite de créer la monnaie dont elle a besoin pour combler ses propres déficits, que ce soit en fonctionnement (salaires et retraites des fonctionnaires, loyers, etc.) ou en investissements pour son développement (écoles, routes, ponts, aéroports, ports, hopitaux, bibliothèques, etc..) mais s'est obligée à emprunter sur les marchés monétaire en émettant des obligations (bons du Trésor) sur lequel évidemment elle doit payer un intérêt à ceux qui souscrivent (40% du montant par des résidents, 60% par des non-résidents), ce qui a pour conséquence, comme nous l'avons vu plus haut, qu'au fil des années la dette s'alourdit d'un montant sensiblement égal au "déficit", qu'il faut couvrir par l'emprunt, c'est-à-dire par l'émission d'obligations nouvelles auprès du public et surtout des investisseurs institutionnels (assurances, banques, etc).
Rédigé par : FrontdeGauche | dimanche 25 octobre 2009 à 08h58
La Dette de la France n'existe pas !
« la loi Pompidou-Giscard du 3 janvier 1973, puis l’article 104 du traité de Maastricht, ont ôté le droit de création monétaire à la Banque de France et livré la monnaie aux banques et sociétés d’assurance. La dette fin 1979 était de 239 milliards d’euros, fin 2008 elle s’établit à 1327 milliards d’euros, soit une hausse de 1088 milliards en 30 ans, pendant lesquels nous avons payé 1306 milliards d’intérêts ! » Cheminade oct 2009
Les citoyens doivent dire NON à l'austérité sociale que la pensée dominante veux nous imposer!
Afin de faire face à la colère qui vient! Afin de faire face à la logique destructrice du système ! Afin de faire face au mépris de la classe dirigeante, en montant sur la scène de l'histoire! Afin de rompre avec la règle du jeu!
Je vous invite à lire et à partager le dernier tract de Solidarité et progrès :
http://www.solidariteetprogres.org/article5871.html
Il est temps que toutes les révoltes particulières donnent naissance à un projet commun révolutionnaire!
David C.
david.cabas.over-blog.fr
Rédigé par : David C. | lundi 26 octobre 2009 à 10h03
David,
l'argent ne pousse pas sur les arbres et la solution que vous proposez est déjà une réalité au zimbabwe.
En imprimant des billets, leurs valeurs baissent en proportion.
Votre position conservatiste des privilèges de la fonction publique dont vous faites très certainement parti, vous amène à être inquiet face à la raréfaction des sources de financement.
Et en toute logique, votre appel à plus de solidarité, n'est qu'un cache misère de la dialectique révolutionnaire.
Rédigé par : gordon | lundi 26 octobre 2009 à 15h45
@ FrontdeGauche
Je vous invite à lire l'excellent "État, qu'as-tu fait de notre monnaie ?" de Rothbard et vous comprendrez que si la France est passée de la planche à billet à l'endettement à partir de 1973, ce n'est pas pour favoriser les banques, mais bien parce qu'elle n'avait pas d'autre choix pour continuer de dépenser sans compter dans un contexte de change flottant issu de la fin du système de Bretton-Woods déclenchée par Nixon. Ne pas recourir à l'endettement dans un système de changes flottant aurait conduit le Franc à se dévaluer à un point tel pour couvrir les dépenses du gouvernement qu'il n'aurait valu plus rien face aux autres monnaies, et la France aurait été ruinée. Pas grand rapport avec Rothschild, donc.
Quant à David C.,
Il faudra lui ré-expliquer que le problème du surendettement est lié à 1) qu'on dépense plus qu'on ne produit, et que 2) les intérêts composés sont la plus grande force de l'univers comme aimait à le dire Einstein. Mais cela a apparemment échappé à nos élites keynésiennes depuis 35 ans au vu de leurs politiques mises en oeuvre Et l'État croule aujourd'hui sous les dettes. Les appels à la révolution défoulent peut-être, mais vu ce qui est proposé, cela ne va rien changer au schmilblick…
Rédigé par : julito | mardi 27 octobre 2009 à 03h30
Vous ne pourrez pas mentir indéfiniment aux Français, un jour la vérité sur cette dette éclatera !
Rédigé par : frontdegauche | mardi 27 octobre 2009 à 07h43
Depuis plusieurs années, les libéraux comme vous tirent la sonnette d’alarme à propos du montant de la dette publique cette dramatisation repose sur un diagnostic erroné qui a pour fonction de légitimer la réduction des dépenses de l’État et les effectifs de fonctionnaires. On nous répète tous les jours un discours simpliste qui s’appuie sur le sens commun : on ne peut durablement dépenser plus qu’on ne gagne, et par conséquent il faut dépenser moins et ajuster les dépenses aux recettes. Sinon, on accumule une dette qui viendra peser sur les générations futures. Cet argumentaire semble si bien ficelé qu’il ne reste plus au fond qu’à décider dans quel budget il faut couper ! Pourtant, ce raisonnement apparemment irréfutable est un tissu d’absurdités et de contresens. Pour commencer, l’État dispose de la possibilité - à vrai dire assez peu répandue chez les particuliers de fixer lui-même ses recettes ; et ses dépenses peuvent elles mêmes engendrer des recettes. La dette de l’État n’est en aucun cas assimilable à celle d’un ménage : l’horizon de l’État est bien plus long, et on peut dans l’abstrait définir les conditions d’un recours stable à l’emprunt, comme alternative à l’impôt. Quant aux intérêts de la dette, ils ne seront pas payés demain par nos enfants, mais le sont par les contribuables contemporains. Enfin, la montée de la dette de l’État est principalement liée à une baisse de ses recettes, et cette configuration permet de comprendre pourquoi un tel déficit public n’a pas les vertus keynésiennes attendues. Les ménages sont inégalement concernés par les arbitrages publics entre impôts et endettement public. Les baisses d’impôts ont en effet favorisé systématiquement les détenteurs de revenus du capital et les plus hauts revenus. De ce point de vue, les contre-réformes fiscales successives ont représenté un transfert de revenu vers ces catégories sociales. Mais ce sont elles aussi qui disposent des capacités d’épargne nécessaires pour souscrire aux emprunts d’État. Ils gagnent donc sur les deux tableaux : moins d’impôt et accès à un placement rentable et sûr. Voilà pourquoi les baisses d’impôt ne relancent pas la consommation. Le supplément de revenu disponible que ces baisses procurent aux plus hauts revenus est pour l’essentiel épargné. La croissance de la dette publique tend donc à auto-entretenir un cercle vicieux de faible activité qui contribue à son tour au creusement des déficits. Une baisse d’impôts accordée aux "rentiers" sera en grande partie épargnée sous forme d’obligations du Trésor, de telle sorte que la consommation n’en sera pas augmentée. Pour résumer : la montée de la dette de l’État n'est pas le résultat d'une croissance immodérée des dépenses (à l'exception des intérêts sur cette dette). Elle découle du choix consistant à faire payer de moins en moins d’impôts à une couche sociale auprès de laquelle il faut ensuite s’endetter à des taux d’intérêt prohibitifs (et non révisables). Si cette analyse est correcte, elle permet d'abord de mieux comprendre la nature sociale du déficit, qui est l’instrument d’un transfert de ressources de la masse des contribuables vers ceux qui bénéficient le plus de baisses d’impôts trop rapides. Cette présentation permet de mieux décrypter les discours alarmants dénonçant le report de la charge de la dette sur les générations futures, afin de justifier la discipline budgétaire. En réalité, le transfert ne se fait pas entre générations, mais entre couches sociales : ce sont les contribuables d’aujourd’hui (et pas les générations futures) qui paient les rentes d’Etat versées aujourd’hui à ceux qui en bénéficient. Comme on l’a montré, ce mécanisme fait rapidement boule de neige : les charges d’intérêt de la dette publique exercent une pression constante sur le déficit : il faut emprunter à nouveau pour payer les intérêts de la dette publique, de telle sorte que celle-ci ne cesse d’augmenter. Le choix public d’endetter l’État auprès des rentiers au lieu d’augmenter l’impôt ces rentiers explique entres autres largement l’augmentation de la dette publique. le choix public d’endetter l’État auprès des rentiers au lieu d’augmenter l’impôt ces rentiers explique largement l’augmentation de la dette publique. C’est un choix inique, un choix de classe, très éloigné de l’intérêt général, mais concrètement très proche de quelques intérêts particuliers, un vrai sabordage de l’État par des "représentants" hors contrôle qui ne représentent plus qu’eux-mêmes et leurs amis. Tout ça est parfaitement cohérent avec les projets de l’OMC, de l’AGCS, du FMI, de l’UE, de la mondialisation, …
Rédigé par : frontdegauche | mercredi 28 octobre 2009 à 23h17