Les politiques actuellement menées par la FED, mais aussi la banque d'Angleterre et du Japon tendent à essayer de faire redémarrer l'économie par augmentation de la quantité de monnaie en circulation, pour empêcher l'arrivée de l'ennemie publique n°1, j'ai nommé la terrrrible, l'ignoble déflation.
Peur sur la ville
Si l'on en croit la plupart des économistes en vue qui hantent les plateaux des journaux télévisés et inondent les pages roses du figaro de leur savoir, il n'y aurait rien de pire que "le spectre de la déflation".
Selon ces braves gens, qui pour la plupart bénissent les plans de relance, une baisse des prix durable et généralisée des biens et services pousserait les ménages à cesser de consommer, car tout serait moins cher demain, et multiplierait les chômeurs car les entreprises endettées ne pourraient pas faire face à leurs échéances dans un environnement où leurs marges se contractent. De plus, les salaires ne s'ajustant pas linéairement à la baisse (demandez aux employeurs qui veulent diminuer le salaire de leurs employés si c'est simple), l'ajustement se fait de manière plus brutale: les entreprises qui ne peuvent pas faire les gains de productivité nécessaires au maintien de rémunérations élevées licencient.
Vous commencez à me connaître: quand une idée est tellement répandue que personne ne semble vouloir la remettre en cause, une petite lumière rouge s'allume en moi. N'y aurait-t-il pas erreur tant sur le diagnostic que sur les remèdes ?
Comprendre la déflation
Si l'on exprime le prix d'un bien que nous consommons régulièrement depuis des années non pas en unités monétaires, mais en temps de travail nécessaire payé au salaire médian pour pouvoir l'acquérir, alors la "déflation", prise dans le sens commun d'une baisse des prix, est la norme: selon cet étalon, les produits de consommation courante coûtent aujourd'hui environ 3 à 5 fois moins cher qu'il y a 30 ans.
L'historien de l'économie Jacques Marseille, dans "la guerre des deux France", compare les durées de travail au salaire moyen nécessaires (en minutes) pour acheter certains produits en 1973 et maintenant:
article | durée 1973 | durée 2002 |
1kg d'oranges | 40 | 13 |
1kg de faux filet | 376 | 118 |
1 kg de poulet PAC | 111 | 19 |
1 ampoule électrique 75W | 30 | 6 |
12 oeufs | 61 | 19 |
Et le même raisonnement peut s'appliquer, dans de plus ou moins grandes proportions, à tous les produits de consommation qui n'ont pas disparu des rayons dans la même période.
Ce n'est que parce que notre système monétaire est géré par des banques centrales ayant le droit de fabriquer un excédent régulier de monnaie que le prix "affiché" des choses tendait, ces derniers temps, à augmenter d'environ 2% par an.
Exprimé en peine qu'il faut se donner pour se l'offrir, presque tout ce que nous achetons a vu son prix fondre. Notre système monétaire est en quelque sorte conçu pour cacher cette "déflation par la productivité", parce que nos grands argentiers craignent que l'affichage d'une baisse durable des prix entraîne des comportements attentistes: "attendons demain, tout sera moins cher".
Cette crainte de théoricien paraît infondée à l'aune de ce que nous observons dans le monde réel. L'inflation affichée autour de 2% entre 1990 et 2006 a masqué de grandes disparités, entre des prix qui ont explosé (la santé, le logement, malgré la correction actuelle sur ce poste) et d'autres qui se sont effondrés, comme les ordinateurs, ou l'électronique grand public. La baisse continuelle du prix de ces produits, qui ne semble jamais devoir s'arrêter, a-t-elle rendu plus attentistes les acheteurs ? Bien au contraire, ces marchés battent record sur record chaque année ! Non seulement la baisse des prix alimente la consommation, mais les économies réalisées par les consommateurs d'une année sur l'autre permettent à de nouveaux produits toujours plus innovants de trouver une place dans le budget des ménages ou des entreprises.
Au contraire, lorsque le prix d'un article tend à augmenter trop fortement, comme l'essence, on assiste à une baisse de sa consommation globale, au point que l'état ne se mette à craindre pour les recettes fiscales qui s'y rattachent... Alors, vaut il mieux que les prix montent ou qu'ils baissent pour stimuler la consommation ?
Déflation et destruction créatrice
Il est souvent affirmé que la déflation pousserait des entreprises trop endettées à la faillite, la contraction de leurs chiffres d'affaires, et plus encore de leurs valeurs ajoutées, ne permettant pas de payer leurs dettes, et des salaires peu ou pas ajustés à la baisse. Mais faut il en blâmer la déflation, ou le recours excessif au crédit, encouragé par la fiscalité des entreprises ? De même, l'existence d'un SMIC élevé très difficile à indexer à la baisse, politiquement parlant, entrainerait un surcroît de chômage en cas de déflation. Vrai, mais là encore, est-ce la déflation le problème, ou la rigidité du SMIC ?
L'école économique autrichienne nous enseigne que tout ajustement à la hausse ou à la baisse de la masse monétaire par rapport à la quantité de biens et services à échanger crée des gagnants et des perdants. En phase d'inflation, ceux qui ont la faculté de créer de la monnaie – les banques -- sont gagnantes, du moins tant qu'elles arrivent à conserver le phénomène sous contrôle, car l'augmentation de leur volume d'affaire précède la répercussion sur les prix de leurs émissions monétaires, alors que ceux qui s'inscrivent à l'aval du cycle de circulation de la monnaie, vous et moi, sommes les perdants, le pouvoir d'achat de notre monnaie étant inexorablement rogné. Mais que l'inflation monétaire dérape, et les banques deviennent aussi perdantes, car alors leurs crédits à taux fixe et à longue durée deviennent déficitaires... Et c'est précisément ce risque que porte en germe l'expansion monétaire actuellement conduite par la FED.
En phase de baisse des prix, les salaires ne s'ajustant pas facilement à la baisse, ceux qui conservent leur emploi, et donc leur rémunération, sont gagnants, alors que les producteurs incapables de gagner la productivité nécessaire pour payer emprunts et salaires sont obligés de licencier ou de déclarer faillite. Ce faisant, ils libèrent de la main d'oeuvre et des actifs qui pourront s'employer ailleurs en vue de satisfaire les besoins des consommateurs en produits nouveaux et moins chers que la génération précédente – à condition que les politiques menées n'empêchent pas ces mutations. La baisse des prix peut donc agir comme un puissant stimulant de la consommation, sans qu'il soit besoin du moindre plan de relance, mais à condition que tous les obstacles fiscaux et réglementaires à l'adaptation des agents économiques soient levés.
La déflation n'est qu'un symptôme, pas le mal
La "déflation", lorsqu'elle résulte de gains de productivité, n'est pas le mal. Elle n'est qu'un symptôme d'un épisode de destruction créatrice, selon l'expression de l'économiste Josef Schumpeter, particulièrement intense.
Le phénomène n'est problématique que s'il provient du fait que les agents économiques, banques ou ménages, du fait des craintes engendrées par la destruction d'emplois, préfèrent garder par devers eux une forte quantité de cash (ou d'or, ou tout autre actif non directement productif) par peur de l'avenir. Dans ce cas, l'argent nécessaire à la création des nouveaux emplois qui absorbent la destruction schumpeterienne des anciens n'irrigue pas les canaux de l'économie: c'est la "déflation par la peur".
Mais dans ce contexte, créer artificiellement des liquidités, comme le font les banques centrales, pour inciter les banques à remettre en circulation de la monnaie nouvelle sous forme de crédit, est il la solution adaptée ? Non, à l'évidence. Donner aux banques plus de monnaie ne modifiera pas des comportements d'agents économiques, banques et ménages, actuellement bridés par la peur. On ne donne pas confiance aux agents économiques en prenant le risque d'amenuiser la valeur de ce qu'ils ont en portefeuille.
Pour que les agents économiques cessent de réduire leur consommation ou leurs investissements, il faut d'une part que l'offre puisse s'adapter à un niveau de prix plus faibles sur les produits matures, d'autre part mettre en circulation des innovations auxquelles les acheteurs ne pourront pas résister, ce qui poussera alors de nouveaux investisseurs sur des créneaux en expansion. Pour cela, il faut que les entreprises puissent investir en R&D et en marketing dans une période difficile. Cela suppose que ni le cash flow des entreprises, ni les revenus de ceux capables de leur apporter du capital frais, ne soient abusivement taxés. Et cela suppose aussi que la part de l'épargne qui pourrait être prêtée vers les entreprises ne soit pas aspirée par des besoins de financement de la dette publique croissants.
Et qui dit moindre taxation des entreprises sans augmentation d'autres impôts, et moins de dette publique à refinancer, suppose une baisse drastique des dépenses publiques. Tout le contraire de ce que les principaux gouvernements sont en train de faire.
L'inflation monétaire n'est pas le bon remède, car la déflation n'est pas le mal !
Ce n'est pas la "déflation", phénomène normal et vertueux lorsqu'il résulte de gains de productivité, qu'il faut enrayer, c'est l'attentisme des agents économiques qui les pousse à diminuer la quantité de monnaie en circulation effective. Et pour cela, inonder artificiellement les banques d'une monnaie qui ne pourra que perdre de sa valeur dès qu'elle recommencera à circuler n'est pas le bon remède. Lever les barrières fiscales et réglementaires pour permettre aux entreprises d'investir et d'innover, afin d'accroître les incitations tant à la consommation qu'à l'épargne productive, sont les seules voies viables pour sortir vite et sainement de la crise que nous vivons.
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"et inondes"
y a pas un problème là ?
Sinon Article intéressant.
Rédigé par : Alexouille | lundi 23 mars 2009 à 08h52
C’est vrai que le pouvoir d’achat augmente beaucoup du fait de la productivité. Mais ce gain ne revient pas qu’aux travailleurs.
1- Il est rogné par l’accroissement des inactifs, particulièrement des retraités dont le traitement a aussi été largement revalorisé et qui consomment de plus en plus de soins médicaux (la sécurité sociale, toutes branches confondues c’est autour de 35% du PIB, plus que le budget de l’état, autour de 20%).
2- l’état prélève aussi sa dîme qui augmente sûrement plus que nécessaire.
3- Il a été aussi rogné par la bulle immobilière pour tout un tas de raisons qui sont expliquées sur ce site. Sûrement le « prélèvement » le plus inutile et néfaste de tous.
4- les produits se perfectionnent avec de nombreux gadgets à l’utilité douteuse pour maintenir leur tarif. C’est le cas des automobiles notamment. Une voiture moyenne des années 1970 style R16 est comparable à une Logane maintenant située dans le bas de gamme (en fait elle est même au dessus).
5- Il ne faut pas oublier l’inflation réglementaire notamment, surtout pour la sécurité et l’environnement qui pousse à suréquiper le bâtiment ou l’automobile (station d’épuration, crash, tests…). Ceci a aussi un prix.
Conclusion, les gens ne voient pas vraiment cette augmentation et râle sur le déclin de leur pouvoir d’achat (enfin un français ça râle souvent).
Franchement il faudrait :
1- repousser l’age de la retraite (65 ans comme avant 1981) et restreindre gratuit l’accès aux soins.
2- faire un peu maigrir l’état mais ce n’est pas là que l’on gagnerai beaucoup.
3- faire crever cette bulle immobilière définitivement.
4- ici c’est au client de choisir.
5- arrêter de nous pondre des règlements vaguement utiles en permanence.
Rédigé par : jb7756 | mardi 24 mars 2009 à 17h43
Petites remarques:
- ce n'est pas à l'état de fixer l'âge de la retraite, c'est à chacun de nous de décider (mais pour ça il faut d'abord arrêter le schéma de Ponzi qui nous sert de système de retraites, autrement appelé "système de retraites par répartition")
- les dépenses publiques représentent 55% du PIB. C'est au contraire là que se trouvent les plus grands gisements de productivité (donc de richesses) à exploiter. Laissons cet argent aux Français et ils démultiplieront ces richesses.
Rédigé par : Mateo | mardi 24 mars 2009 à 18h23
J'ai tenté de poster un commentaire sur les problèmes posés par la mesure de l'inflation, qui a été refusé par le site. Y a-t-il maintenant une limite sur la longueur des commentaires ? Si c'est le cas, ce serait sympa d'indiquer laquelle, pour qu'on puisse ajuster le tir.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mardi 24 mars 2009 à 20h44
@Mateo
L’expérience à montré que les systèmes de répartition garantie par l’état sont plus sûr que les systèmes privés par capitalisation ou par répartition.
Il y a des tas d’exemples qu’il serait fastidieux de citer. Ce qu’on peut dire c’est qu’actuellement les systèmes par capitalisation dérouillent sacrément. Pour l’instant les retraités en France n’ont pas à s’en faire. Au pire leur pension baissera mais un effondrement total n’est pas à craindre (à moins que le pays soit en faillite totale).
Attention dans les 55% de dépenses publiques il y a presque les 2/3 qui concernent la sécurité sociale. Si demain la sécurité sociale était privatisée, les dépenses publiques ne seraient plus de 20/25% du PIB.
Rédigé par : jb7756 | mardi 24 mars 2009 à 21h13
@ Robert: s'il y a une limite technique, je ne la connais pas. Blog "typepad", caractéristiques standard dont je ne me suis guère préoccupé.
@ JB & mateo: le premier problème des régimes de retraite, avant la question "répartition/capi", c'est la question "prestation définie/cotisation définie". Quel que soit le mode d'acquisition des droits, un système à "prestation définie" est menacé de faillite, un système à cotisations définies ne l'est pas.
Pour le reste, même si sur le papier la capi offre des perspectives supérieures, elle est invendable dans le contexte actuel. A mon avis, elle n'est réellement envisageable que dans un système monétaire sérieux que nous ne verrons pas de sitot.
@ Alexouille: corrigé, merci
Rédigé par : vincent | mardi 24 mars 2009 à 23h31
OK. J'ai tenté de tailler à l'aveugle dans mon com (il est vrai un peu kilométrique), ça ne passe toujours pas. (Pas de liens dedans, parfois retoqués par les plateformes de blog.) Dommage, j'en étais assez content... :)
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 25 mars 2009 à 12h29
@robert : ca me le fait de temps en temps. Je copie le texte du commentaire, j'ouvre un autre navigateur, sur la meme page, je colle, je valide, et généralement ca passe.
Rédigé par : ST | mercredi 25 mars 2009 à 12h37
@JB :
> L’expérience à montré que les systèmes de répartition garantie par l’état sont plus sûr que les systèmes privés par capitalisation ou par répartition.
C'est un peu facile de dire que le système de retraite par répartition est sur, tant qu'on a pas atteint le seuil de rupture. Autant dire que dans les 20 premières années de la création des systèmes par répartition, le système avait l'air super sur et magique (des cotisations minimes d'un très grand nombre de travailleurs permettant des pensions confortables à un très petit nombre de retraités - rappelons a cet effet que lorsque l'age de la retraite a été fixé à 65 ans à la mise en place des premiers systèmes de répartition, l'espérance de vie était de ... 65 ans. Il s'agissait plus d'une assurance dépendance vieillesse, pas d'un revenu de longue durée pour une population vieillissante). On pourra reparler du bien fondé de la répartition dans 30 ans quand on aura largement dépassé le seuil de rupture et quand on aura la fin de l'histoire.
Maintenant je rejoint Vincent sur le fait qu'aucun système n'est magique et que l'absurdité provient du fait de promettre un revenu garanti : aucun système n'est capable de tenir cette promesse de façon certaine, autant ne pas le cacher aux cotisants et créer un mythe de la retraite dorée.
> Ce qu’on peut dire c’est qu’actuellement les systèmes par capitalisation dérouillent sacrément.
Ca reste à voir. Ce n'est vrais que s'ils ont basé leurs modèles sur des croissances impossible à tenir dans le long terme. Quelqu'un qui va prendre sa retraite dans 10 ans ne doit pas regarder la chute de la valeur du fond d'investissement de ces 6 derniers mois, mais la croissance de ce fond en valeur sur les 30 dernières années où il a cotisé. Alors oui, la crise ayant son rôle de rectification naturel, il verra que le rendement global sur 40 ans du fond de pension ne sera pas de 5 ou 7% par an. Plutôt 3 ou 4%, ce qui est déjà énorme quand on joue des intérêts composés sur une si longue période.
Alors oui si les fonds on promis des retraites mirifique en se basant sur des croissances impossible à tenir, il y aura des déconvenus. Sinon, sur le long terme, la crise sera un accident de parcours qui relissera correctement la valeur des fonds apres des années de sur-croissance. Mais c'est vrai pour tout le monde : pour le PIB, comme pour l'assiette des cotisations d'un régime par répartition. Si vous avez pendant 10 ans eu une croissance achetée a crédit, une fausse croissance, et que vous avez dilapidé l'excès de cotisation retraite en baissant les cotisations ou en augmentant les retraites, lorsqu'une crise viendra effacer ce faux accroissement de richesse en flinguant votre PIB sur 5 ans, le manque a gagner en cotisation additionné à l'absence de provisionnement sur les (trop) bonnes années années antérieures vous mettra votre système de répartition à genoux.
Rédigé par : ST | mercredi 25 mars 2009 à 17h43
@ ST
Que dire de plus, tu m'as devancé, et tu l'as fais 100 fois mieux que la réponse que je comptais écrire (t'es pénible à exprimer aussi bien tes idées! ;) )
@ jb7756
Pour moi le système par répartition est voué à s'effondrer comme un château de cartes, à moins que l'on augmente fortement l'âge de départ à la retraite ou les cotisations ou que l'on n'accorde que des retraites absolument minimes (ou plus vraisemblablement, un peu, voire beaucoup, des trois).
Comme tout schéma de Ponzi, le système marche bien tant que le nombre de cotisants est suffisant par rapport au nombre de bénéficiaires. Dès qu'il ne l'est plus, tout s'écroule. Et dans quelques années, c'est ce qu'il va se passer: si l'on ne change rien, avec les départs à la retraite massifs des baby boomers, le nombre de cotisants va devenir insuffisant par rapport au nombre de bénéficiaires et le système va s'effondrer.
Tout le mon de s'en rend compte mais personne ne fait rien. Les syndicats, égoïstement, ne lâchent pas un pouce et ne veulent rien changer au système. La "solution" qu'ils proposent? Prendre aux "riches" et aux "multinationales" faisant des "bénéfices faramineux". Inutile d'expliquer ici la débilité profonde de telles propositions...
Enfin, comme l'a dit ST les systèmes de retraite par répartition sont encore trop jeunes pour savoir si oui ou non ils sont tenables sur le long terme. Je pense que non, personnellement. Par conséquent, j'ai tendance à penser que tout ajustement des paramètres du système actuel (âge de départ à la retraite, montant des cotisations ou montant des pensions reversés) n'est qu'un pansement sur une jambe en bois, à moins d'accepter de verser des sommes énormes pendant de très nombreuses années et de n'avoir en retour qu'une pension dérisoire.
Rédigé par : Mateo | mercredi 25 mars 2009 à 18h48
Merci ST.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 25 mars 2009 à 19h01
Mmmoui... Je mettrais un bémol sur la déflation réelle.
Prenons l'exemple de l'ampoule de 75 W, dont le prix est passé de 30 bourzoufs à 6 bourzoufs en 30 ans. Ce que je veux bien croire.
Le problème est qu'à partir de septembre prochain, il sera interdit d'acheter des ampoules de 75 W. Ou de 100 W. Ou même de 40. Ou, bien entendu, de les vendre.
Car nous serons obligés d'acheter des ampoules basses consommation, vu les diktats mondiaux des politiciens, des Etats-Unis, de l'Union européenne, des industriels et de la grande distribution réunis.
Ampoules qui coûtent facilement 60 à 90 bourzoufs. Soit 2 à 3 fois plus qu'en 1973.
Aaaaaah, mais vous allez me dire, c'est le progrès ! C'est une innovation ! C'est l'élévation du niveau de vie !
Innovation mon cul ! La seule innovation incontestable, c'est que les industriels, soutenus par les écolos, les gauchistes et les Etats, ont trouvé le moyen de multiplier par 10 ou 15, d'un seul coup, le prix d'un produit de première nécessité qui donnait parfaitement satisfaction auparavant. Et ce depuis plus d'un siècle.
Tout en dégradant massivement sa qualité, et en mentant effrontément pour convaincre les gens d'adopter la nouvelle version. (Je ne parle même pas du trou dans la couche d'ozone -- pardon, du réchauffement climatique.)
Contrairement à ce que tout le monde prétend, les ampoules basse consommation ne font pas gagner de l'argent sur la durée (ou, en tous cas, beaucoup moins que ce qui est annoncé) : quand vous avez pris en compte la réduction massive de durée de vie dûe aux allumages et extinctions rapprochés, ou bien, pour éviter cet effet, l'explosion de la consommation dûe au fait de laisser allumée toute la journée une ampoule normalement utilisée quelques minutes de suite seulement, quand vous avez pris en compte la fragilité de ces chochottes électroniques par rapport à la bonne vieille ampoule d'Edison (faut pas qu'elles soient trop au froid, genre dehors, mais faut pas non plus qu'elles soient trop au chaud, genre la partie électronique au-dessus de la partie éclairante dans un globe fermé ; sinon, elles pètent), quand vous avez pris en compte le nombre des témoignages sur les ampoules basse conso qui durent non pas 10 000 heures, mais une minute à partir de leur premier allumage, voire zéro seconde, eh ben je serais curieux de voir la gueule du vrai compte d'exploitation de l'ampoule super-durable trademark gauchiste équitable, comparé à celui de l'ampoule de grand'papa qui détruit la planète.
Sans compter que visiblement, les industriels nous avaient déjà niqué subrepticement l'ampoule incandescente traditionnelle auparavant, histoire d'essayer de nous en dégoûter.
Il existe en Angleterre, dans une maison, au-dessus d'un escalier, une ampoule incandescente qui a 75 ans (de mémoire) et qui marche toujours. Inutile de dire que vous pouvez vous brosser pour en faire autant avec une ampoule incandescente achetée aujourd'hui.
Quand j'étais enfant, changer une ampoule dans la maison de mes parents était un événement exceptionnel. Depuis quelques années, chez moi, dans un logement nettement plus petit, j'ai l'impression de passer mon temps à changer les ampoules. Il y en a toujours une qui pète quelque part. Et je vous assure que c'est pas Broadway, chez moi.
Curieusement, c'est grosso merdo depuis que les ampoules "basse conso" sont sur le marché. Pour en avoir le coeur net, j'ai fait des relevés. La durée de vie réelle de mes ampoules incandescentes est de 3 à 6 mois, contre un an annoncé par les fabricants.
Ajoutez à ça, pour les ampoules fluorescentes, la lumière de chiottes verdasse, le mercure, l'emmerdement d'avoir à faire 10 kilomètres pour les jeter à la poubelle, l'obligation d'avoir un doctorat en électrotechnique et colorimétrie pour les choisir sans (trop) se faire enfler...
Tout ça n'est pas dans les statistiques, bien sûr.
Et ce schéma se répète pour de nombreux produits. A tel point que l'INSEE a conçu une usine à gaz mathématique pour tenter d'en tenir compte dans l'indice des prix.
Exemple : les ordinateurs. "Tout le monde sait bien" que le prix des ordinateur passe son temps à baisser. Ouais. Faut le dire vite.
Il est certain qu'entre les premiers PC et ceux d'aujourd'hui, le prix a fortement baissé. Mais, depuis plusieurs années, cette baisse est continuellement annulée par l'évolution obligatoire des "performances".
L'ordinateur qui avait 500 hyperzébras de mémoire il y a cinq ans, et coûtait 1 000 bourzoufs, n'en coûte plus que 200 aujourd'hui. Certes.
L'ennui est que vous ne pouvez pratiquement plus rien faire avec un ordinateur qui a seulement 500 hyperzébras de mémoire. Parce que les programmeurs de Microsoft en ont foutu partout, parce que le pignolo hélicoïdal qui se branche sur le zébra n'existe plus en version 500 (il en faut au moins 2000), etc.
Donc, s'il est probablement exact qu'il existe depuis longtemps une déflation cachée que ne révèle pas l'indice des prix, selon le mécanisme décrit par Vincent, il existe aussi une inflation cachée, qui ne se retrouve pas non plus dans les statistiques officielles, et qui est sans doute pour beaucoup dans le "sentiment de baisse du pouvoir d'achat" (comme disent les zélites qui passent à la télé).
Celui-ci ressemble beaucoup au fameux "sentiment d'insécurité" (comme disent les journalistes qui, généralement, n'habitent pas à Clichy-sous-Bois).
Dans certains cas, le prix accru d'un produit plus récent correspond à une élévation réelle et choisie du niveau de vie. Si vous préférez une machine à laver qui pèse le linge, vous la payez plus cher : c'est normal, vous bénéficiez d'un confort accru par rapport à une machine ordinaire.
Mais si vous achetez une voiture avec des airbags ? Vous payez l'airbag en plus, mais vous n'avez pas le choix : la loi vous y oblige.
Si vous achetez un téléphone portable, c'est plus cher qu'un téléphone fixe. Mais pouvez-vous vraiment vous passer d'un téléphone portable ? Dites à votre employeur ou à vos clients que vous n'avez pas de portable, et ils vont vous regarder comme une merde sortie du caniveau.
Or, l'INSEE met dans son indice des prix (par hypothèse) le prix d'un téléphone fixe, ou de la minute de communication sur une ligne fixe. Ces prix-là chutent, c'est évident. Il met le prix d'un téléphone portable, ou de la minute de communication sans fil. Ces prix-là baissent. Donc, l'inflation apparente est tirée vers le bas.
Mais l'indice des prix (sauf erreur de ma part) ne tient pas compte de la violente augmentation du prix réel, encouru par le consommateur, quand il est pour ainsi dire obligé de passer du téléphone fixe au téléphone portable.
Il ne tient pas compte de la violente augmentation du prix réel, encouru par le consommateur, quand il est pour ainsi dire obligé de passer du mode courrier + Minitel gratuit une ou deux fois par mois au mode ordinateur + abonnement Internet à raquer tous les mois, parce que l'inscription à la fac se fait obligatoirement sur Internet, ou que quand vous demandez les tarifs au bureau de poste, on vous dit : allez voir sur Internet, tout y est.
Rédigé par : Robert Marchenoir | jeudi 26 mars 2009 à 13h55