Le ministère qui a eu l'heur de m'employer pendant 17 ans avait beaucoup de défauts, mais, aux standards administratifs, c'était un ministère sérieusement géré (normal, un ministère d'ingénieurs, énarques not welcome), qui tentait d'appliquer quelques préceptes managériaux de bon sens: embryon de rémunérations au mérite, et non-paiement strict de jours de grève. Ainsi, l'ex délégué FO que je fus au début de ma carrière, avant de réfléchir aux contradictions du discours syndical, a bien dû se faire retenir 4 ou 5 jours de paie pour autant de jours de grève entre 1990 et 1994. Le principe n'était absolument pas négociable et à ma connaissance, n'a jamais fait l'objet du moindre embryon de tentative d'inflexion: un jour de grève en plus, un jour de paie en moins.
Aussi suis-je tombé du volant ce matin en entendant sur ma radio préférée (je sais, un type qui écoute BFM par plaisir est un névrotique obsessionnel), Valérie Pécresse menacer les professeurs qui "s'obstinaient" à participer au mouvement de sabotage, euh, pardon, de grève, de, je cite, "appliquer des retenues sur salaire". Non, je n'avais pas été l'objet d'une hallucination. Visiblement, les professeurs qui participent aux blocus des facs, encouragent leurs élèves et des éléments incontrôlés à saccager leur outil de travail, et ce depuis des semaines, sont toujours payés plein pot. A ce prix là, faire grève devient un plaisir !
Et puis en recherchant dans mes vieux emails d'il y a quelques semaines, je suis tombé sur ce témoignage de professeur d'université de mes amis, dont je respecterai l'anonymat, à moins qu'il ne se dénonce lui même, ce suppôt de l'ultra libéralisme sauvage triomphant:
Aujourd'hui, l'administration m'oblige à faire grève alors que je suis venu à l'université pour faire mes cours !
Vendredi dernier, j'ai été insulté et menacé par des "jeunes des quartiers" venus prêter renfort aux bloqueurs. Ils sont entrés sans problème sur le campus sous le nez des services de sécurité privés, qui nous coûtent pourtant une fortune...
Le président a fait voter un décret (NdVB: voter un décret... on croit rêver) pour évacuer les fameux bloqueurs, aux vu des dégradations et des incidents qui se multiplient. Mais les bloqueurs sont toujours là...ils n'ont que faire des votes de l'administration.
Mardi dernier une consultation était organisée sur le campus. Il en ressort que la majorité se prononce pour une poursuite de la grève jusqu'à jeudi...mais le taux de participation des étudiants était de 14 %...
C'est pratiquement tout le second semestre qui est saboté. Enfin, ma boite aux lettres électroniques est polluée par des menaces anonymes...charmante méthode. Mais il est clair que nombreux sont les grèvistes qui ne supportent pas que d'autres pensent et agissent autrement qu'eux.
Quand le résultat des élections va dans leur sens, ils invoquent la démocratie ; mais quand le résultat ne va pas dans leur sens, ils crient "élection, piège à cons !".
J'ai honte pour l'université française.
Question naïve de votre serviteur: "mais si ils t'obligent à faire grève alors que tu n'es pas gréviste, tu perds du pognon contre ton gré ? "
Réponse :
Mais voilà ce qu'il faut savoir, et personne ne me croit quand je le raconte. En sciences, il y a tellement peu d'étudiants (ils sont moins nombreux que les profs) que, même en temps normal, les profs ne font pratiquement pas cours, mais ils sont quand même payés. Il ya deux ans, j'ai créé une filière dans laquelle je faisais intervenir des scientifiques (...). En fait, j'ai appris par mes étudiants qu'ils n'étaient pas venus faire cours. Mais ils étaient payés en heures sups. Le comble du comble est que je devais les payer en heures sups sur mes budgets alors qu'ils ne faisaient même pas leur service en fac de sciences !! Quand j'ai appris cela, j'ai refusé le paiement et les profs de sciences étaient choqués. Pour eux, j'étais la gestapo puisque je vérifiais, je contrôlais leur travail...
Dans un tel contexte, la menace de Valérie Pécresse risque de passer pour une "insoutenable provocation" !
Mais évidemment, tout ceci n'est rien devant la passivité des pouvoirs publics face à la répétition de passages à tabac et de menaces adressées aux non grévistes. Le bulletin périodique de l'excellent institut de formation politique nous apprend que plusieurs étudiants de l'UNI ont été molestés durement par des extrémistes, avec hospitalisation, et que dans le pire des cas, ce sont eux qui ont été entendus plusieurs heures (!!) au commissariat et gentiment incités à mettre en sourdine leurs actions anti-blocages, parce qu'ils "attisaient" la colère des gentils fascistes rouges, lesquels abreuvent leurs messageries téléphoniques de messages de menaces. L'état vous protège, l'état vous protège, l'état vous protège...
Vous trouverez un peu partout des témoignages de l'immense majorité des étudiants qui veulent seulement que la chienlit cesse, des vidéos de saccages. Les pouvoirs publics doivent faire cesser les blocages par l'emploi de la force la plus brute s'il le faut.
Après quoi, il n'y a qu'une seule solution pour remettre l'université française sur de bons rails: privatisation des facs, à but lucratif ou non, études payantes, enseignants sous contrat de droit privé, liberté de création de nouveaux établissements supérieurs, et solvabilisation des étudiants scolairement méritants mais peu fortunés par un système de bourses combinant initiatives privées et éventuellement soutien public, le tout géré au niveau local pour favoriser des solutions inventives au financement des cursus des étudiants d'origine modeste. Et qu'on ne me dise pas que ce système exclut les pauvres des études supérieures. Des universités telles que Harvard, la plus chère qui soit, ont réussi à mettre en place la gratuité des études pour les étudiants au cerveau brillant mais à la bourse vide. Et avant que nous ne disposions de facultés de ce niveau, il se passera bien quelques années...
Je n'ai pas le temps ce soir de détailler tous les effets vertueux que l'on peut attendre d'une telle réforme: fin de la sur-inscription dans des filières sans débouchés, professeurs obligés de faire leur métier sérieusement ou priés de chercher un autre métier, recherche par les facs d'un meilleur rapport durée des études / qualité des apports (très franchement, nombre de filières françaises pourraient être racourcies d'une année ou deux sans que la qualité des étudiants n'en souffre), possibilité pour les facs de mener à bien de véritables projets d'excellence, de s'offir des locaux enfin dignes de ce que l'on trouve dans la plupart des pays civilisés, des bibliothèques réellement efficientes, des laboratoires qui monnaient leur excellence au prix fort, etc... Ajoutons que des filières de formation professionnelle continue de haut niveau pourraient émerger comme alternatives tout à fait crédibles aux filières classiques, donnant un véritable second souffle à "l'ascenseur social".
L'état aiderait également grandement les jeunes à entrer dans la vie active en réduisant, voire en supprimant, deux bons tiers des conditions de diplôme totalement aberrantes aujourd'hui réglementairement indispensables pour exercer nombre de métiers. Pour ne prendre qu'un seul exemple, dans les années 60, les bacheliers possédaient le niveau qui leur permettait de pouvoir devenir rapidement enseignants dans le primaire, et le taux d'analphabétisme en sortie du primaire était peu élevé. Aujourd'hui, des diplômés d'IUFM recrutés au niveau licence (Bac+3), ah pardon, mastère (Bac+5) depuis cette année, puis formés deux ans aux méthodes pédagogiques de pointe en vigueur à l'EN, pondent de l'illettré et du dyslexique à la chaîne, au bonheur des orthophonistes !
L'on me répondra que de telles réformes mettraient l'université à feu et à sang: mais c'est déjà le cas ! Et ce, pour une petite réformette absolument pas à la hauteur des enjeux qui se posent à l'enseignement supérieur français. Alors tant qu'à se lancer dans une épreuve de force contre les affidés de Besancenot et autres fistules purulentes du communisme, autant que cela en vaille la peine. Tant que ni les directions des universités, ni les professeurs, ni les étudiants, ne verront leurs choix soumis à l'étalonnage d'un véritable système de prix, donner de "l'autonomie" aux présidents de fac ne fera guère plus que donner un peu d'oxygène à un directeur de kolkhoze dans l'agriculture soviétique*.
Les seules réformes de l'enseignement qui ont fonctionné dans le monde, quel que soit le niveau considéré (primaire, secondaire, supérieur) ont toutes obéi à ce principe de base essentiel: "money must follow students". L'argent reçu par les facultés doit résulter du nombre d'inscriptions effectives, pas de décisions bureaucratiques. Seul le risque de disparaitre faute d'étudiants souhaitant payer obligera les facultés à se maintenir à un niveau digne de leur fonction sociale.
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* Rendons à césar etc: la métaphore est d'Alain Madelin, sur BFM encore.
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«Des universités telles que Harvard, la plus chère qui soit, ont réussi à mettre en place la gratuité des études pour les étudiants au cerveau brillant mais à la bourse vide.»
Dis comme ça, on a l'impression d'un truc avec un effet de seuil pas possible: une université composée de fils et de filles à papa et de quelques étudiants au cerveau brillantissime venant des milieux modestes se comptant sur les doigts d'une main…
Bon quand on lit l'article, c'est beaucoup mieux, même s'il subsiste des effets de seuils:
«The Boston-based Ivy League School, one of the country's oldest and most prestigious, said it would reduce the annual 45,456-dollar cost by up to two-thirds for families earning less than 180,000 dollars a year.
The wealthy school already offers extensive financial aid. The new system would mean families with 180,000 dollars income would pay 18,000 dollars instead of the 30,000 dollars they now pay, the college said in a statement on its website.
A 10-per-cent-of-income charge would apply for incomes between 120,000 and 180,000 dollars. Below 120,000 dollars, the percentage steadily drops to zero for families earning 60,000 dollars.»
«Les seules réformes de l'enseignement qui ont fonctionné dans le monde, quel que soit le niveau considéré (primaire, secondaire, supérieur) ont toutes obéi à ce principe de base essentiel: "money must follow students"»
Il me semble qu'il y a un deuxième principe essentiel: la li-ber-té.
Liberté de créer son établissement, liberté de recruter son équipe pédagogique, liberté d'enseigner selon la méthode que l'on juge la meilleure, liberté de fixer les salaires, liberté des méthodes de financement etc. La concurrence et l'émergence feront le reste!
Rédigé par : Mateo | mardi 12 mai 2009 à 01h11
Vincent,
La réforme que vous souhaitez ne sera pas faite. Il y a plusieurs raisons qui concourent à cela.
La principale est que l'Etat est presque tout-puissant et que seul le président de la République gouverne, les autres, ministres, députés, ne sont que des figurants et des pique-assiettes qui touchent leur gros chèque mensuel aux frais du contribuable (merci d'avoir une pensée pour lui).
Autrement dit, le président est responsable de tout, notamment de tout ce qui foire, et il n'y a pas vraiment de fusibles entre lui et le courroux populaire.
C'est une forte incitation à l'inaction. C'est pourquoi le pourrissement des situations embarrassantes est un trait remarquable de la politique française.
Cela n'a que des avantages du point de vue présidentiel : les responsabilités sont diluées sur plusieurs présidents et le dernier de la chaine du désastre peut éventuellement se présenter en sauveur.
Il est ironique qu'une constitution pensée par C. De Gaulle pour favoriser l'action en vienne à être le plus sûr garant de l'immobilisme et de l'inaction.
Appliqué aux universités, ce raisonnement donne de manière limpide la suite des événements.
La situation n'est pas bloquée : les plus motivés peuvent fuir vers le privé, les écoles sélectives ou les universités sélectives genre Dauphine ou médecine.
On continuera donc à laisser l'université mourir (elle est même déjà morte) et à injecter des crédits totalement inutiles (c'est pas grave, c'est le contribuable qui paye) pour faire croire aux glandus, de plus en plus rares et de plus en plus glandus, qui la fréquentent qu'elle est encore vivante (les employeurs, eux, ne sont pas dupes. Tant pis pour les glandus).
Une autre cause contribue au fait que le gouvernement ne se risquera pas à réformer les universités, c'est-à-dire à les privatiser : les élites sont de moins en moins concernées, elles savent éviter d'y mettre leurs enfants.
L'université devient la fabrique à illusion d'études secondaires pour les basses couches, celles sans relations, sans argent, sans les bonnes infos.
Enfin, dernière motivation pour éviter la réforme : les universitaires eux-mêmes. Depuis des décennies, ils sont pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. La tentation de les laisser dans leur merde est irrésistible.
Rédigé par : Franck Boizard | mardi 12 mai 2009 à 08h46
Notons que quelques universités résistent à l'assaut de la chienlit. La faculté de Droit/éco d'aix, où sévissent quelques très bons profs libéraux, n'a jamais été bloquée, ni en grève. Les bâtiments sont impeccables, les cours toujours assurés, l'administration est relativement efficace (on est quand même dans le public).
D'accord avec Frank Boizard : laissons l'université couler, le privé prendra la relève.
Rédigé par : Paul | mardi 12 mai 2009 à 09h49
Bien d'accord avec vous: tout ce que touche l'éducation nationale pourrit, avec la bénédiction de ceux qu'elle paie et de ceux qui la financent.
Le problème, c'est qu'on se retrouve avec un immense trou noir qui engouffre une part non négligeable des revenus des con-tribuables et freine considérablement tout financement libre et individuel d'éventuelles solutions alternatives.
J'en arrive presque à espérer la faillite réelle de l'état pour assister à l'achèvement de la bête...
Rédigé par : Franck | mardi 12 mai 2009 à 11h47
Laisser l'EN dépérir, très bien.
Mais pendant ce temps, elle continue à produire des déchets de la société : des gens qui ne maîtrisent pas les notions élémentaires et qui ont pris le goût de la paresse. Ceux-là sont pour décennies engagés à vivre de l'assistanat, de petits ou de gros trafics.
Même à un niveau d'études plus élevé, l'EN détruit. Non seulement en sortent des adultes inemployables, mais ils sont à ce point déformés, qu'ils sont plus difficiles à former qu'ex nihilo.
Si l'EN se contentait de ne rien enseigner, ça serait un moindre mal. Mais elle réussit à enseigner de mauvaises habitudes, très pénibles, voire impossibles, à faire disparaître au profit des bonnes (c'est flagrant dans le cas des méthodes de lecture).
Le dit du tailleur de pierres
http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2006/04/28/le-dit-du-tailleur-de-pierres%E2%80%A6.html
Si, par un coup de baguette magique (qui hélas n'arrivera pas), l'EN était réformée dans la nuit, il n'en demeurerait pas moins que nous devrions trainer pendant des décennies les nombreux boulets qu'elle a produits.
Rédigé par : Franck Boizard | mardi 12 mai 2009 à 13h09
@ Franck boizard : "La réforme que vous souhaitez ne sera pas faite"
dans l'immédiat, c'est évident.
Mais ça ne doit pas nous empêcher d'en parler.
Rédigé par : vincent | mardi 12 mai 2009 à 13h58
Laisser l'Education Nationale dépérir en espérant que par magie elle sera remplacée progressivement par quelque chose d'autre n'est pas une solution. Car il y a le problème des ressources. Il n'y a pas d'alternative réellement privée à l'éducation nationale, car il y a un problème de moyen (quand je dis privé, je ne parle pas de l'enseignement privé sous contrat, qui est financé à 90% par les mêmes impôts). Quelle proportion de la population est capable de financer des études 100% privée à ses enfants quand il paye déjà et quoiqu'il arrive continuera à payer pour le coût de l'éducation publique, que ses enfants y participent ou non ? J'ai deux enfants scolarisés dans le primaire public, et d'ici un peu plus d'un an, j'en aurais deux de plus. On a beau me dire que si je ne suis pas content de l'éducation nationale je peux aller voir ailleurs, mais où ailleurs ? L'offre n'existe pas, et existerait-elle, qui me rendra la part de mes impôts passés présents et futurs qui finance l'éducation de mes enfants dans le public ?
On ne peut pas simplement dire "que l'éducation nationale meurt à petit feu", parce que les coûts engagés sont trop importants pour qu'on puisse tolérer une telle faillite du système éducatif. C'est une taxe lourde sur la société qui l'empêche de concevoir des structures et méthodes alternatives d'enseignement.
Tant qu'on n'autorisera pas ceux qui optent de retirer leurs enfants du public (et du privé sous contrat) à récupérer leur argent par exemple sous forme de voucher pour l'école privée (réellement privée) de leur choix, le système restera bloqué.
Rédigé par : ST | mardi 12 mai 2009 à 14h41
Post et commentaires fort intéressants. Merci :)
Rédigé par : h16 | mardi 12 mai 2009 à 15h54
Le ton de mon commentaire était quelque peu désabusé...
J'abonde bien évidemment dans votre sens, ST: toute alternative privée ne serait viable et accessible au plus grand nombre que si la ponction destinée actuellement à financer l'éducation nationale était abolie -- ce qui n'est certainement pas prêt d'arriver.
Pour l'instant, quelle solution pour rétablir l'enseignement de qualité en France? La nomenklatura actuellement en place n'est certainement pas prête à se laisser faire...
Rédigé par : Franck | mardi 12 mai 2009 à 16h59
@Franck : Pour moi la seule solution est dans l'introduction de la concurrence à tous les niveaux. Cela signifie la fin réelle de la sectorisation. Et l'introduction de la concurrence privée par le biais de school voucher, des chèques éducation du même niveau que celui de la dépense moyenne par étudiant au niveau d'étude concerné, utilisable pour financer une année scolaire dans un établissement 100% privé. Le public aurait alors le choix entre ne pas bouger et voire les enfants partir progressivement, ou réagir pour conserver des élèves. Je rajoute que contrairement à ce que l'on peut penser, c'est probablement dans les quartiers défavorisés que la différence serait la plus notable : des établissements spécialisés et axés sur la réussite de ceux qui veulent apprendre permettront à une frange non négligeable d'élèves de s'extirper d'établissements dans lesquels ils sont aujourd'hui condamnés à vivoter. C'est dans ces quartiers que ces établissements privés se créeraient prioritairement, car c'est la que la demande est la plus forte.
En parallèle, il faudrait baisser l'age de l'école obligatoire à 14 ans, de même que l'age a partir duquel on a le droit de travailler à 14 ans également (garder dans des établissements garderies des enfants de 15 ans qui n'ont aucune envie d'aller à l'école ne leur apporte rien et pourrie la scolarité des autres). Il faudrait évidemment faire un effort pour concentrer l'apprentissage avant 14 ans sur les fondamentaux (lire, écrire, compter, s'exprimer correctement, ce dernier point n'étant pas le moindre). Et permettre de reprendre des études plus facilement plus tard si on le souhaite et qu'on en a la capacité (cours du soir, alternance, summer session ...).
Rédigé par : ST | mardi 12 mai 2009 à 18h32
Comme d'habitude, tout à fait d'accord avec ST. À un détail près: en tant que libéral social (et n'en déplaise aux libertariens), je pense qu'il serait préférable que ce chèque éducation soit dégressif en fonction du revenu. Il ne me paraitrait pas normal que la collectivité finance les études de ceux provenant des milieux les plus aisés, comme c'est d'ailleurs le cas actuellement. D'autre part, cela permettrait de substantielles économies.
Rédigé par : Mateo | mardi 12 mai 2009 à 19h49
«Quelle proportion de la population est capable de financer des études 100% privée à ses enfants quand il paye déjà et quoiqu'il arrive continuera à payer pour le coût de l'éducation publique, que ses enfants y participent ou non ? »
Je suis bien d'accord : on peut en vouloir à l'Etat de faire payer pour un service qu'il ne rend pas et de favoriser ainsi les riches, qui ont les moyens de s'offrir en sus le service non rendu à leurs frais.
Chacun se débrouille : cours particuliers, livres style «Enseignez à votre enfant ce que l'école refuse de lui enseigner», grand frère ou cousin étudiant etc ...
C'est pitoyable d'être obligé d'en arriver là, mais quand le navire coule, chacun essaye de s'en sortir avec ses moyens.
Rédigé par : Franck Boizard | mardi 12 mai 2009 à 19h59
J'ai oublié, il existe un palliatif au chèque éducation qui a les mêmes effets sans en porter le nom, c'est l'ensemble de mesures suivant :
> liberté pédagogique, liberté de recrutement, liberté d'emploi des locaux, libeté de sélection des élèves, pour toutes les directions d'école.
> budget attribué par l'Etat à chaque école calculé par le nombre d'élèves multiplié par une somme fixe.
> Liberté des parents de mettre leurs enfants dans l'école de leur choix dans la mesure des places disponibles.
Rédigé par : Franck Boizard | mardi 12 mai 2009 à 20h05
L'effet pervers de la gratuité pour les études supérieures est la déresponsabilisation dans le choix de la filière/l'établissement. On en arrive des générations d'étudiants choisissant des filières qui leur plaisent mais qui n'ont que très peu de débouchés car "c'est gratuit".
Le chèque éducation dégressif en fonction du revenu permet de limiter assez efficacement cet effet pervers.
D'autre part, verser un chèque directement à l'élève/l'étudiant fait prendre conscience du coût réel.
Mais sinon la solution que tu proposes est évidemment mille fois préférable au système actuel. C'est d'ailleurs ce qu'a fait la Suède, qui n'est pourtant pas, c'est le moins que l'on puisse dire, un modèle de libéralisme. Résultat: un immense succès, bien que le coût par élève soit très élevé.
Rédigé par : Mateo | mardi 12 mai 2009 à 20h34
La situation dans certaines universités est incroyable et révoltante ! Des profs anarcho-gauchisto-glandeurs manipulent des élèves lobotomisés d’une stupidité surréaliste. Le plus étonnant c’est que l’opinion publique est plus ou moins d’accord, dans le cadre de la lutte anti-Sarkozy (attention sur ce site certains succombent un peu vite à cette mode).
En France c’est bien connu on est instinctivement contre les puissants même si ils ont raisons. C’est con un français mais il y a pire.
La solution, la solution ? Si les gens étaient moins cons, il n’y aurait pas de problèmes même avec le système actuel.
Bien sûr si ils étaient dans le privé même subventionné, un tel bazar ce ne serait pas possible. Mais privatiser l’université, ouf !
Info : le Vatican, l’Eglise, va pouvoir émettre des diplômes d’enseignement supérieur en France. Cela inquiète beaucoup… les universités.
@ Vincent :
« Les pouvoirs publics doivent faire cesser les blocages par l'emploi de la force la plus brute s'il le faut. »
Adolphe Thiers revient ! (La Commune de Paris (1871) : répression, 30 000 morts (estimation), 20 ans de tranquillité)
Mouais, difficile quand même. Et souviens toi : « La colère est le plus court chemin vers le coté obscure ! »
Rédigé par : jb7756 | mardi 12 mai 2009 à 23h48
@ JB: il existe aujourd'hui des moyens moins létaux de maintien de l'ordre que du temps de Thiers.
Mais il est incroyable que des étudiants non grévistes soient molestés sans réaction de reprise en main des pouvoirs publics. C'est précisément lorsque des agressions physiques sont commises contre des gens honnêtes que l'état est censé mettre en oeuvre la force nécessaire pour que ces exactions cessent.
Rédigé par : vincent | mercredi 13 mai 2009 à 00h02
Le père d'un ami a dit qu'une balle de "gauche" fait moins mal qu'une balle de "droite".
Bien sûr, "gauche", "droite" pour résumer stupidement une certaine orientation politique. Staline était une ordures finie, mais de "gauche" ! on se souvient beaucoup moins de ses innombrables victimes que celles du petit nerveux moustachus.
Les casseurs et les "jeunes des cités" ont la Sacro-Sainte Cause Progressiste du Bonheur et Justice Futurs avec eux. Il leur suffit de déblatérer qu'ils sont contre le système actuel et qu'ils veulent le Bien commun et une moralisation du système pour être bien vus. Etre contre les "riches", les "profiteurs", ça suffit pour justifier leurs actions ! Je trouve ça intéressant que les travaux de Nietzsche sur la moralité s'applique à cette situation, notamment son explication de la propension à associer le "fort" au "mal" et le "faible" au "bien".
Pour en revenir au système d'éducation, ce n'est pas prêt de changer. On est résolument dans un système conservateur où on y entre dans les hautes sphères principalement par copinage (et pas que dans le monde de l'éducation d'ailleurs). Et puis on y forme des gens qui ne possèdent pas une once de sens critique. Leur pensée "progressiste" et gauchisante suffit à tout et permet l'économie d'une véritable réflexion. Pendant mes 3 années d'école d'ingénieur, je n'ai rencontré que 2 personnes capables de penser en dehors du carcans moralisateur et bien-pensant.
Bref, il n'y aurait jamais personne pour changer les choses. Sauf en cas de faillite d'état. Là, on va enfin pouvoir faire table-rase. Mais ce n'est pas dit qu'on aurait quelque chose de mieux : ce genre de situation est à double tranchant.
En conclusion, tout ceci me dégoûte et vivement que je me casse de ce pays, mais peut-être que je me répète.
Rédigé par : Mr_Zlu | mercredi 13 mai 2009 à 01h48
La privatisation n'est ni essentielle ni productive actuellement. Ce qu'il faut c'est laisser la possibilité à d'autres établissements de l'enseignement supérieur de voir le jour pour répondre à la demande d'éducation qui n'est plus satisfaite.
En outre, des réformettes de rien du tout aboutissent déjà à un blocage de très longue durée. Pour parvenir à améliorer l'état de l'université, il faut y aller progressivement, et l'autonomie permet déjà d'avancer en donnant à certaines facs la possibilité de s'en sortir. L'augmentation des frais de scolarité permettra de dissuader les glandeurs. Idem, des quotas pour les filières bouchées seraient une façon masquée d'introduire la sélection
Rédigé par : Lexington | mercredi 13 mai 2009 à 10h38
@Vincent :
« Mais il est incroyable que des étudiants non grévistes soient molestés sans réaction de reprise en main des pouvoirs publics. »
Le but du gouvernement est d’éviter des heurts plus brutaux et surtout que le conflit s’étende aux autres universités ou aux lycées. Et pour l’instant c’est réussi. Les universités bloquées sont surtout des universités littéraires, des fabriques à chômeur sans grandes utilités.
Rédigé par : jb7756 | mercredi 13 mai 2009 à 10h44
@franck boizard : oui c'est théoriquement possible de cette facon, mais c'est un ensemble de mesure impossible a mettre en oeuvre dans le système bloqué où nous nous trouvons. En revanche, insuffler la concurrence du privée par le chèque éducation, aurait un effet incitatif à passer progressivement de telles réformes de facon a ce que le public puisse rester compétitif.
@Mateo :
> je pense qu'il serait préférable que ce chèque éducation soit dégressif en fonction du revenu
C'est une modalité qu'on peut discuter en effet. Mais c'est une détail. D'ailleurs, si l'imposition est faite proportionnellement au revenu (flat tax), ou avec un taux progressif comme aujourd'hui, ou via une taxe sur la consommation (tva), il y a déjà dégressivité puisque les plus aisés contribuent déjà plus pour un service potentiellement identique (potentiellement seulement parce que l'on sait bien que leurs enfants seront plus nombreux à en bénéficier).
Je serais pour ma part tenté de séparer le financement des études avant et après le bac. Ce sont deux choses bien différente, et touche des publics en nombre et qualité également très différents.
@jb :
> Adolphe Thiers revient ! (...) Mouais, difficile quand même.
Cela n'est vraiment pas comparable. La commune est une insurrection contre le gouvernement, dans un contexte de guerre ouverte sur le territoire national, dans la foulée du renversement d'un régime impérial. On est loin du compte.
> Le but du gouvernement est d’éviter des heurts plus brutaux et surtout que le conflit s’étende aux autres universités ou aux lycées. Et pour l’instant c’est réussi.
Justement. Le gouvernement ne devrait pas avoir de but et de motifs qui lui sont propres. Il est là pour assurer la liberté des concitoyens, leurs sécurité et la justice. Pas pour préserver son pouvoir, ou ses chances de réelection. Toujours cette notion de faire règner l'ordre public, compris comme l'ordre qui protège les intérets du gouvernement ou de l'Etat. Alors qu'il faut protéger l'ordre privé, c'est à dire les droits et la sécurité des individus.
Rédigé par : ST | mercredi 13 mai 2009 à 11h37
@ST :
Thiers à choisi délibérément la répression militaire la plus brutale. Il aurait pu faire le blocus de Paris et obtenir sa reddition par la faim.
En fait il voulait mater définitivement les parisiens qui depuis 1789 faisaient tomber les régimes (1789-1792-1830-1848).
« Justement. Le gouvernement ne devrait pas avoir de but et de motifs qui lui sont propres. Il est là pour assurer la liberté des concitoyens, leurs sécurité et la justice. Pas pour préserver son pouvoir, ou ses chances de réelection. »
Et oui mais il y a réelection. On n'est pas dans une monarchie.
Pour plus d’efficacité on pourrait imaginer un régime présidentiel avec un mandat non renouvelable de 10 ans.
Rédigé par : jb7756 | mercredi 13 mai 2009 à 12h01
@jb :
> Pour plus d’efficacité on pourrait imaginer un régime présidentiel avec un mandat non renouvelable de 10 ans.
ou pourquoi pas, soyons fous, un état de droit ? vous savez, le règne de la loi, pas celui de l'arbitraire gouvernemental.
ST.
Rédigé par : ST | mercredi 13 mai 2009 à 14h12
"Info : le Vatican, l’Eglise, va pouvoir émettre des diplômes d’enseignement supérieur en France. Cela inquiète beaucoup… les universités."
Ca a déjà commencé, à Toulouse, l'Institut Catholique délivre déjà des diplômes de lettres et sciences humaines puisque la faculté qui est censée les délivrer est bloquée trois mois par an depuis que Sarkozy est à l'Elysée. Le plus rigolo, c'est qu'une partie des cours est assurée à ma connaissance par les profs de ladite fac.
Pour prouver que dans le privé, un tel bordel n'aurait pas lieu, il y a quelques semaines, les pouilleux de la fac des lettres ont investi l'Ecole Supérieure de Commerce : 5 minutes après, les flics les en délogeaient manu militari.
Rédigé par : Théo2toulouse | mercredi 13 mai 2009 à 23h15
A travers ce post et d'autres, je constate, depuis peu, une radicalisation de libéraux jusqu'à présent plutôt pondérés, comme Vincent Bénard ou Franck Boizard.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 15 mai 2009 à 05h44
@Robert :
Sans vouloir parler pour les autres, je ne pense pas qu'il y ait rien de bien nouveau ni aucune radicalisation. Il y a souvent une erreur de jugement sur les libéraux : ils refusent de remplir les prisons avec des crimes sans victimes comme l'usage de stupéfiant, dénoncent l'arbitraire policier, sont gênés par le maintien d'un ordre public fort compris comme l'emprise de l'Etat sur les citoyens, sont pour la liberté d'expression même quand elle dérange ou choque, refusent que l'Etat se mêle de morale, de moeurs, de punir les vices. Du coup, de part nombre de leurs positions, ils sont classés dans une genre de sphère "anti-ordre", "anti-répression". Mais en revanche, il y a une chose à laquelle les libéraux sont attachés par conviction fondamentale, c'est la propriété, et ce qui en découle, la sécurité des biens et des personnes, les libertés des individus. Et quand cette propriété est attaquée, quand ces libertés sont mises en causes, par l'Etat comme par d'autres individus, les libéraux sont naturellement très offensifs et peu compréhensifs, souvent moins que les soit disant partisans de l'ordre qui acceptent qu'on laisse ouverte quelques soupapes de sécurités (brûler une voiture, bloquer une fac).
Le droit de se défendre, et d'être défendu par l'Etat qui ne détient de droit à l'usage de la force que par délégation de ce droit par les citoyens eux mêmes, est fondamental. Il ne souffre pas de limite, et surtout pas la raison d'Etat. Ou le confort du gouvernement. Laisser quelqu'un porter atteinte à la liberté d'aller et venir d'un individu (blocage d'une fac par exemple), au motif que l'en empêcher serait "provoquer une escalade" dans laquelle le gouvernement à plus à perdre qu'à gagner, c'est fouler au pieds le droit de la victime que l'Etat est justement sensé défendre.
Les libéraux sont intransigeants sur le fait qu'il faut mettre fin aux blocages des facs, non parce qu'ils sont le fait de quelques énergumènes gauchistes et qu'ils nous indisposent par leurs idées ou leur personne, mais bien parce qu'ils portent atteinte aux libertés d'individus qui ont le droit inaliénable d'être défendus. Le problème n'est pas de "casser du gauchiste" et prendre plaisir à voir matter je ne sais quel adversaire dont les idées nous offusqueraient : le problème est de faire respecter l'état de droit (et encore une fois, pas le droit de l'Etat), et sauvegarder la liberté, la propriété et la sécurité des individus.
Rédigé par : ST | vendredi 15 mai 2009 à 12h15
Tout à fait d'accord avec toi Vincent. Cela fait des années que je prône de telles décisions, et je suis bien placé pour savoir comment fonctionne l'éducation dans notre pays... Sous prétexte de ne pas faire d'élitisme, on ruine le potentiel de milliers d'enfants !
Sinon, t'inquiète moi aussi j'écoute BFM par plaisir dans ma voiture. Mon Dieu, je suis taré ! Enfin, ils me gonflent un peu actuellement en voyant partout des signes de sortie de crise dès qu'un chiffre est moins catastrophique que prévu.
Rédigé par : Emmanuel | lundi 18 mai 2009 à 13h12