Encore un "guest post", cette fois ci signé Silvère Tajan, Enseignant à Science Po et chef d'entreprise, que vous avez déjà lu dans les commentaires de ce blog sous la signature ST - Egalement publié par l'institut Hayek
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Existe-t-il une forme de capitalisme sans capital ? On pouvait depuis longtemps déjà douter que nous vivions dans un monde dominé par ce que les Anglo-Saxons appellent le "free market capitalism", le capitalisme de marché libre, car les obstructions incessantes des gouvernements à la liberté du marché sont largement documentées. Mais nous sommes désormais en droit de nous demander si nous n'avons pas tout bonnement quitté la sphère du capitalisme tout court, tant la formation du capital semble devenue secondaire dans l'ordre économique moderne, et si la crise dans laquelle nous nous trouvons plongés n'est pas l'illustration ultime de cette lente dérive.
La frontière autrefois solide et étanche entre le capital et la dette semble s'être peu à peu estompée, devenue au cours des ans de plus en plus poreuse, jusqu'à voler en éclat au coeur même de la crise. Le capital, c'est cette part de la richesse produite que l'on va destiner non à être consommée, mais à démultiplier la productivité future du travail, de manière à produire beaucoup plus demain plutôt que de consommer un peu plus aujourd'hui : ce n'est pas simplement un facteur de croissance, c'est le facteur de la Croissance.
Quand le pêcheur attrape un petit poisson avec sa canne à pêche, il peut le garder pour son déjeuner (le consommer de suite), ou bien il peut décider de l'utiliser pour attraper un plus gros poisson pour son diner : ce petit poisson est alors une richesse produite (le pêcheur a travaillé pour le pêcher), qu'il ne va pas consommer, mais qu'il va combiner avec du travail (sa pêche de l'après midi) de manière à produire plus de richesses (le plus gros poisson attrapé pour le repas du soir). Ce petit poisson est du capital.
La source du capital est l'épargne : cette part de la richesse produite qu'on ne va pas consommer de suite. Pas d'épargne, pas de capital, pas de croissance.
La dette, c'est un peu la démarche inverse. C'est consommer aujourd'hui la richesse qu'on n'a pas, et remettre son financement à demain. Si quand on épargne on s'enrichit, quand on contracte une dette, on s'appauvrit. Ce n'est que bon sens.
Pour une entreprise, la dette et le capital ne sont pas la même chose. Le capital n'est pas remboursable. Il fait partie des fonds propres de la société. La dette, elle, est exigible. Elle devra être remboursée. Quand une société augmente son capital, sa solidité financière augmente : elle est plus riche de cet apport en capital, qu'elle n'aura jamais à rembourser. Quand une entreprise emprunte, en revanche, sa solidité financière se détériore : l'apport financier du prêt (l'argent qui rentre dans sa trésorerie) est contrebalancé par l'engagement de rembourser à échéance, et le bilan global est alourdi négativement par la charge de l'emprunt, c'est-à-dire son coût : le cumul des intérêts à verser. Bien sûr, si une entreprise emprunte, c'est qu'elle pense que l'usage qu'elle fera de cet argent lui rapportera plus que la charge des intérêts cumulés qu'elle devra verser. Le capital et la dette d'une entreprise sont deux choses tellement distinctes et opposées, que plus une société dispose de fonds propres (plus elle a de capital), plus elle peut se permettre d'emprunter. C'est la preuve évidente que le capital et la dette ne sont pas substituables. La raison en est simple : la capacité de remboursement de la dette en cas de pertes varie en fonction de l'importance du capital. Tant que la perte n'excède pas les fonds propres, les créanciers sont protégés. Autrement dit, plus une société dispose d'un capital important, plus elle peut faire face à un accident de parcours et une perte. A l'inverse, plus une société est endettée, plus elle risque de voir un accident de parcours lui être fatal car sa capacité à faire face aux engagements de sa dette sera obérée d'autant.
Pourquoi toutes ces considérations sur la dette et le capital ? Parce que les développements récents de l'actualité nous donnent autant d'exemples du manque de discernement entre ces deux notions pourtant bien différentes voire opposées. Et aucun exemple de ces errements n'est plus frappant que dans les plans de sauvetage mis en oeuvre par les Etats comme par les banques centrales pour sauver les banques sur ces 12 derniers mois.
Ainsi, le mercredi 7 janvier 2009, Nicolas Sarkozy annonçait une nouvelle rallonge de 10 milliards d'Euros pour aider les banques françaises dont le bilan attestait d'une très dangereuse exposition au surendettement : trop de dettes, pas assez de fonds propres. L'annonce de cette rallonge, moins d'un mois après la mise en oeuvre d'une première enveloppe équivalente, et après la multiplication des déclarations sur "l'exceptionnelle santé du système bancaire français", ne manquait pas de surprendre, notamment par les termes exacts employés par le Président de la République : "On leur prêtera des fonds propres pour qu'elles puissent prêter davantage". Le seul problème, c'est qu'on ne prête pas des fonds propres. Parce que les fonds propres sont constitués de capital, et que le capital n'est pas une dette. Par définition.
Alors, dette ? capital ? Les deux, mon général ! Par la magie du bon vouloir étatique, l'apport constitué par ces fonds d'Etats sera à la fois considéré dans les bilans comme des fonds propres (on parlera alors de "quasi fonds propres", pour la forme, mais on les comptabilisera bien comme du capital comptablement), mais restera bien une forme d'emprunt car exigible et rémunéré, au taux d'ailleurs exorbitant de 9%. Ces sommes étant exigibles et faisant courrir des intérêts, elles ne font donc qu'aggraver la santé financière des établissements concernés, mais on décrètera qu'on les comptabilisera comme du bon capital (qu'il n'est pas, d'ailleurs l'Etat ne reçoit pas d'action et les actionnaires existants ne sont pas dilués). Des gens croupissent en prison pour des manipulations moins abracadabrantesques sur les comptes d'Enron, mais on entend toujours réclamer à corps et à cris que l'Etat mette en place une plus sérieuse régulation, notamment dans la tenue des comptes des institutions financières ...
Ce tour de passe-passe verbal et comptable a un autre avantage pour nos gouvernants : il permet de tenir un double discours absurde et antagoniste. Aux marchés on dit : "le capital des banques est renfloué, leur solidité renforcée". Aux électeurs on peut dire : "ce n'est pas un don, pas une aide, c'est un prêt". Ce serait même une bonne affaire pour le contribuable prétend Nicolas Sarkozy dans une émission de télévision : avec un peu de chance, le contribuable va même gagner de l'argent. La réalité est diamétralement opposée : la solidité des banques en question n'est pas renforcée mais au contraire détériorée, et le contribuable risque d'en être de sa poche. On a voulu créer une chimère : du bon capital qui resterait exigible et rémunérateur pour celui qui l'apporte. On aura accouché d'un monstre : un prêt non exigible et potentiellement non remboursable.
Et si je m'avance aussi vite sur le résultat prévisible de l'opération, c'est qu'elle n'est pas sans précédents, dont les bilans chiffrés commencent à transparaître. A peu près un an avant cet épisode francophone, le secteur bancaire américain était secoué par la même onde de choc, avec des symptômes équivalents : des banques sous capitalisées et surendettées, incapables de faire face à leurs échéances dans un contexte de défaut de plus en plus probable sur une (grande) partie de leurs créances. C'est à cette époque, il y a tout juste un an, en mars 2008, que la Réserve Fédérale américaine poussait dans un vent de panique la banque JP Morgan à racheter Bear Stearns. Mais malgré son aide au financement de l'opération, JP Morgan refusait de récupérer un portefeuille de créances pour le moins douteuses et d'une valeur faciale atteignant les 30 milliards de $. Qu'à cela ne tienne, la FED rachetait les 30 milliards de $ de créances. A cette époque, on put entendre le président de la Réserve Fédérale, Ben Bernanke, expliquer à qui voulait l'entendre que l'opération n'était pas un sauvetage direct ou indirect de la banque, mais une opération financière saine, et que non seulement la Réserve Fédérale ne perdrait pas d'argent dans l'opération, mais probablement pourrait en gagner. En quelque sorte, ils avaient fait une affaire, comme le contribuable français un an plus tard. Sous la pression d'une partie de la presse financière, et notamment Bloomberg, la FED vient de publier le résultat au 31 décembre dernier de cette fantastique oportunité d'investissement : une perte nette de 28% sur la valeur des prêts immobiliers commerciaux (dont la bulle vient à peine de commencer à éclater), et de 38% sur les prêts immobiliers résidentiels, pour un total de presque 7 milliards de $. Cela laisse à réfléchir sur les quelques 2000 milliards de $ de prêts consentis par la FED aux institutions financières, des prêts adossés sur des actifs probablement aussi douteux.
Depuis des décennies, nous nous éloignons inexorablement du modèle libéral fondé sur un capitalisme de marché libre, sur le marché libre comme outil le plus efficace d'allocation des ressources. Et nous nous éloignons du capitalisme comme moteur de croissance par l'accumulation de capital sain issu de l'épargne. Trop longtemps les libéraux ont concentré leurs critiques sur les entraves au marché libre (des critiques certes justifiées à des entraves bien réelles), comme aveugles à l'inexorable et lent abandon du socle capitalistique de l'économie au profit du règne de la dette, parfois séduits même par les sirènes d'un modèle de croissance fallacieuse soit disant tirée par la consommation. C'est ainsi qu'on a pu à tort encenser un modèle anglais, irlandais, ou à l'extrême islandais, dont la réalité de certaines avancées pourtant timides vers un marché plus libre semblait tirer une croissance exubérante, financée en réalité par la substitution de la dette au capital. Ce qu'ils avaient gagné d'une main en libéralisant leurs marchés, ils l'avaient sacrifié de l'autre en sabotant le pillier capitalistique de l'économie libérale.
Tant que nous n'aurons pas rejeté une fois pour toute le dogme erroné d'une croissance tirée par la consommation, tout effort de libéralisation des marchés restera vain. C'est un message qu'il faut porter haut et fort, avec fermeté et assurance, si l'on veut espérer que cette crise soit un jour reconnue pour ce qu'elle est réellement, une crise de l'interventionnisme des états et de l'excès de dette, et sûrement pas celle du capitalisme et du marché. Car si cette crise témoigne bien de la défaite du capitalisme, ce n'est pas parce qu'il faudrait lui en imputer les échecs actuels, mais au contraire parce que son abandon progressif il y a déjà bien des années, nous a conduit dans le marasme où nous sommes plongés.
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Sources :
http://www.lejdd.fr/cmc/economie/200902/dix-milliards-pour-les-banques_177668.html
http://www.cbsnews.com/stories/2008/04/03/business/main3991713.shtml
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601103&sid=aa6ogsncMDo4&refer=us
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Excellent!
Rédigé par : Stan | mardi 05 mai 2009 à 00h43
«Tant que nous n'aurons pas rejeté une fois pour toute le dogme erroné d'une croissance tirée par la consommation»
Réalisez vous à quel point c'est un problème moral ?
Si les générations précédentes épargnaient prudemment, ce n'est pas parce qu'elles avaient suivi des cours intensifs de capitalisme, c'est qu'elles avaient une morale un peu plus riche et intelligente que l'hédonisme échevelé et le consumérisme débridé.
On ne change pas une morale en claquant des doigts, cependant on peut l'orienter, par exemple à travers la fiscalité et les lois.
Mais quand la pulsion est si forte, croyez vous qu'il y aura un politicien assez courageux pour se coucher en travers des rails où déboule le train fou du «après moi, le déluge» ?
Certainement pas, les politiciens se verraient plutôt en conducteurs du train.
Conclusion ? Tous nos malheurs viennent des cheminots :-)
Rédigé par : Franck Boizard | mardi 05 mai 2009 à 08h58
@Frank Boizard :
> Réalisez vous à quel point c'est
> un problème moral ?
Oui. Mais je ne suis pas sur que j'emploie le mot exactement dans le même sens que vous.
Mais oui, je suis libéral parce que je crois que la Philosophie de Liberté a un avantage moral, ou du moins éthique sur les philosophies socialisantes. Et je crois que beaucoup de gens à sensibilité libérale ou en partie libérale, n'en sont pas conscient, et ont même certains scrupules par rapport à ces idées. Tel est le poids de la victoire du socialisme aujourd'hui sur le marché des idées. Je pense qu'une société libre est plus humaniste, humanitaire, solidaire et morale qu'une société socialiste.
Pour revenir à votre argument : je n'ai personnellement rien contre l'hédonisme et le consumérisme. Ce sont des choix que justement une société et un marché libre peut permettre à chacun de placer plus ou moins haut dans son échelle de valeurs relatives. Mais ni l'hédonisme ni le consumérisme n'exigent de vivre à crédit. Ni de prendre à son voisin pour maximiser sa satisfaction personnelle.
En outre, quand je dis que la croissance tirée par la consommation est un dogme erroné, je ne veux pas dire que c'est une méthode effective mais immorale de croissance : je dis qu'aucune consommation ne peut créer une quelconque croissance, tout au plus le mirage de la croissance en volant de la croissance future au profit d'une croissance immédiate éphémère. La consommation à crédit ne fait que changer les choses sur un plan purement temporel. Elle n'augmente pas la productivité, c'est à dire le nombre d'unités de richesse créées par heure travaillée. Là est la vraie et seule source de croissance.
C'est amusant parce qu'on reproche souvent à tort au marché et au libéralisme de voir à très court terme quand l'intervention de l'Etat permettrait d'envisager les choses à long terme : la réalité est inverse. Le capitalisme construit la croissance à long terme en évitant de consommer toute la richesse produite pour mieux garantir plus de richesses demain. L'action gouvernementale au travers des déficits publics obère la croissance de demain pour satisfaire des revendications d'aujourd'hui. L'Etat est terriblement cours termiste et ne sait que voler la richesse de demain au profit d'une illusoire richesse du moment.
Alors maintenant, qui est le vrais hédoniste ? celui qui grille toutes ses cartouches pour l'instant présent et détruit ses capacités à jouir de sa richesse dans la durée ? ou celui qui maximise par une saine épargne aujourd'hui, la satisfaction maximale de ses plaisirs tout au long de sa vie ?
Je rajouterai également pour être parfaitement clair que l'épargne capitaliste n'est pas le rationnement d'une richesse devant être consommée dans la durée. Nous ne sommes pas dans un désert avec une quantité d'eau finie que certains voudraient boire de suite, quand d'autres voudraient étaler sa consommation dans la durée par le rationnement. L'épargne capitaliste consiste à restreindre sa consommation aujourd'hui pour consommer PLUS demain. PLUS ne signifiant pas la somme de la ration de demain additionnée de la partie épargnée la veille, mais bien une quantité encore supérieure, car l'épargne est productive de nouvelles richesses dans la durée.
Rédigé par : ST | mardi 05 mai 2009 à 09h38
Sûrement hors sujet mais :
Intervention de Sabine Herold sur France3 Ile-de-France pour Alternative Libérale aux élections européennes !
J'entends enfin la voix du vrai libéralisme sur les ondes !
Mais ça m'étonnerait qu'il y en ait beaucoup qui y prêtent une oreille compréhensive et comprennent ce qu'il y a véritablement derrière (en tout cas, sûrement pas le "journaliste" qui semble tenir à ses "bons" vieux préjugés).
Rédigé par : Mr_Zlu | mardi 05 mai 2009 à 19h24
Merci pour ce billet expliqué simplement et efficacement.
Rédigé par : Bobby | mercredi 06 mai 2009 à 10h13
merci pour ce billet ; je ne suis pas tout à fait d'accord avec votre analyse des prêts aux banques par l'Etat : ces prêts sont malgré tout utiles car ils leur permettent de faire face à un problème de liquidité (en renforçant leur trésorerie à court terme), même si effectivement ils ne viennent pas renforcer leurs fonds propres et ne résolvent aucunement leur problème de solvabilité.
Rédigé par : Filibert | mercredi 06 mai 2009 à 13h47
autopromo on
J'ai eu un article dans le Temps sur ce sujet en mars 2009
http://www.institutmolinari.org/editos/20090312.htm
Rédigé par : Vincent Poncet | mercredi 06 mai 2009 à 14h24
Je pense que l'on peut expliquer cette tendance vers la dette au détriment du capital, par les interventions de l'Etat qui vont dans ce sens, notamment :
- les intérêts de la dette, càd la rémunération des préteurs est déductible des revenus taxables selon l'impôt sur les sociétés, au contraire, des dividendes, qui sont la rémunération de l'apport en capital. D'où un avantage à se financer par la dette, plutôt que par le capital.
- la banque centrale déforme les taux d'intérêt à la baisse. Or, dans un marché libre, si tout le monde s'endette, le taux d'intérêt devrait grimper, ce qui limiterait l'attrait pour la dette. Mais ce mécanisme auto-régulateur du marché inter-temporel est brisé par les interventions de la banque centrale.
Les modèles de développement par la dette n'ont à mon avis que peu de rapport avec un modèle de développement libéral/capitaliste.
"Certains" libéraux comme vous dites ont donc fait la promotion du capitalisme d'Etat, et non du libéralisme.
Rédigé par : Vincent Poncet | mercredi 06 mai 2009 à 14h36
@filibert : oui, mais je suppose que vous êtes conscient du caractère particulièrement dangereux d'augmenter artificiellement les liquidités d'un acteur insolvable ?
@Vincent Poncet : oui, je l'avais lu en effet. Et concernant les "modèles de développement par la dette", je préfère bannir l'appellation de capitalisme, fut il qualifié "d'état", puisque ces modèles sont dépourvus de capital justement.
Et pour en finir avec le mythe de la création de richesse par le crédit, nul ne l'a mieux expliqué que l'incontournable Frédéric Bastiat :
http://bastiat.org/fr/cqovecqonvp.html#credit
Presque 160 ans déjà, et il n'est pas nécessaire de changer une virgule pour que ce texte soit cruellement d'actualité.
Rédigé par : ST | mercredi 06 mai 2009 à 18h10
Bonjour,
Rien à redire de cet article qui confirme ma pensée.
J'aimerais connaitre l'avis de son auteur à propos d'une solution pour renflouer les banques.
Celles ci ont joué avec un puissant effet de levier et du fait de leur sous capitalisation sont aujourd'hui en difficulté pour faire face à leurs dettes. Plutôt que de procéder à des nationalisations ou augmentations de capital privées, ne pourrait on pas transformer une partie des dettes en capital. cela diluerait certes les actionnaires actuels mais de toutes façon il faut qu'ils se mettent en tête qu'ils ont tout perdu.
J'ai lu que la fiscalité était un frein à cette solution (Taxation des abandons de créances...)
Qu'en pensez vous ?
Rédigé par : vicken | mercredi 06 mai 2009 à 22h37
À la base, les libéraux sont opposés au renflouement des banques. Ce n'est pas au contribuable de payer pour ceux qui ont été irresponsables, même si l'État a tout fait pour qu'ils le soient. D'autre part, cela augmente une fois de plus l'aléa moral: les banquiers sont renforcés dans l'idée qu'ils peuvent faire n'importe quoi, l'État viendra à leur rescousse en cas de défaillance.
Mais pour éviter un effondrement du système, les banques étant toutes plus ou moins inter-dépendantes, l'idée a en effet été avancée par nombre de libéraux, et notamment l'auteur de ce blog, ainsi que l'auteur de cet article, qu'une partie des créances douteuses pourraient être transformée en capital. Ce processus étant en général très long, du fait des âpres négociations qu'il implique, Vincent Bénard et d'autre proposent que quitte à ce que l'État intervienne, et même si cela est contraire aux principes libéraux, autant qu'il force les banques à mettre en place un processus accéléré de transformation des dettes en capital.
Sur ce blog, vous pouvez consulter les articles suivants, qui détaillent cette idée:
http://www.objectifliberte.fr/2009/04/sauver-les-banques-sans-spolier-les-contribuables-c-est-possible.html (voir également les commentaires de ST, auteur du présent article)
http://www.objectifliberte.fr/2008/09/paulson-plan.html (4ème paragraphe: «Existe-t-il une troisième voie épargnant le contribuable ?»)
Rédigé par : Mateo | mercredi 06 mai 2009 à 23h15
@vicken : Mateo a tout dit. Il est a peu près évident que la transformation propre de dette en capital est la seule voie raisonnable de désendettement. Maintenant on peut débattre des modalités de cette éventualité. Pour ma part, je pense que la case "faillite" est le bon lieu pour ça. La procédure de redressement judiciaire est en large partie faite pour ça : les actionnaires sont éliminés en premier, et les créanciers sont obligés d'arbitrer entre risquer de perdre beaucoup aujourd'hui et récupérer des actions qui ne valent pas grand chose aujourd'hui mais peuvent se révéler profitable demain une fois que la pression qu'ils exercaient en temps que créancier est retirée de l'équation.
C'est en partie ce qui se passe aux Etats Unis avec Chrysler et General Motors qui vont finalement passer par la case faillite, ce qu'ils auraient du faire il y a longtemps déjà : c'est au pieds du mur que les créanciers de ces sociétés peuvent accepter des solutions douloureuses (et dans le cas des deux géants des l'automobile, figurent en bonne place parmi les créanciers les employés, qui possèdent de véritable créance en terme de droit acquis - principalement niveau de salaire et droits à pension pour retraite - qui font partie des choses à remettre en cause). Evidemment pour que cela marche, il faut l'assurance que l'Etat n'interviendra pas quoiqu'il arrive, sinon la tentation est trop forte de jouer la politique du pire en espérant un sauvetage ultime par le contribuable.
Il faut aussi que la procédure soit neutre, sous la direction d'un juge indépendant : ce n'est apparemment pas le cas aujourd'hui aux Etats Unis, ou le gouvernement qui est parti prenante (il a beaucoup prêté et se trouve au rang des créanciers) essaye notamment de faire pression sur certains créanciers qui possèdent une dette senior (= créance qui doit être remboursée avant les autres) pour qu'ils acceptent un accord où leurs créances sont traités comme celle des autres (ce qui n'est pas juste, car ils ont acceptés une rémunération bien moindre pendant des années, avec la garantie contractuelle d'une moindre exposition au risque).
Ce qui fait probablement peur dans de telles démarches, c'est que les institutions concernées sont endettées à de telles niveaux, que rentrer dans l'examen de ces situations peut paraître explosif. C'est une des raisons qui poussent à jouer la montre avec ces prêts en espérant que le problème disparaisse demain comme par enchantement. Un peu comme un gamin qui cache un peu plus longtemps le fait qu'il a cassé un verre, alors qu'il sait bien qu'il ne fait que retarder la punition, et probablement l'aggraver.
En fait les gouvernements sont paniqués à l'idée que la connaissance de la vérité puisse faire exploser le système. Ils ne jurent que par la "confiance", qui serait sensé créer de la reprise. Alors ils achètent de la "confiance" avec ces sauvetages déguisés, et avec des mensonges à n'en plus finir (cf cet hilarant rappel des prévisions de la croissance revues et corrigées au fil des mois : mensonge sur mensonge sur mensonge -> http://tropicalbear.over-blog.com/article-27926520.html).
Rédigé par : ST | jeudi 07 mai 2009 à 09h31
En premier, comment fonctionne un emprunt classique fait par un particulier ou une entreprise :
Monsieur Toulemonde se rend a sa banque (banque commerciale) pour emprunter de l'argent en vue de s'acheter une nouvelle voiture. Le banquier lui accorde un prêt de 15 000 euro avec un taux d'intérêt de 5%. Monsieur Toulemonde remboursera à sa banque sur 10 ans les 15 000 euro + l'intérêt de la dette. Jusque la rien d'étonnant.
Dans l'esprit des gens, la banque va prêter 15 000 euro qu'un autre épargnant aura placé à un taux plus bas sur un compte épargne (par exemple a 4%) et cette même banque gagnera au final 1% pour sa pomme. Biiiiip, mauvaise réponse, la banque va créer l'argent à partir de presque rien, elle n'a pas besoin qu'un épargnant dépose 15 000 euro pour prêter 15 000 euro. Elle va simple faire par jeu d'écriture, une création de monnaie provisoire (de l'argent nouveau) qu'elle détruira une fois que la somme sera remboursée par monsieur Toulemonde. La banque aura au passage gagné 5% sur 15 000 euro, en intérêt cumulé (soit beaucoup plus de 5% puisque l'emprunt sera sur plusieurs années). La somme correspondant aux intérêts elle ne sera pas détruite, et sera de l'argent nouveau et permanent (augmentation de masse monétaire).
Un taux d'intérêt est calculé sur 2 critères principaux :
1/ La capacité de remboursement de l'emprunteur (en fonction de ses revenus, le caractère risqué ou non du bien acheté avec l'emprunt, le décès...).
2/ La compensation au préteur (la banque commerciale) de l'argent qu'il a prêté et qu'il n'a donc pas de disponible pendant la durée du prêt. Compensation prenant en compte l'inflation; la quantité de bien pouvant être acheté avec cette somme prêtée ayant baissée entre le moment du prêt et celui du remboursement.
Hors depuis que la création de monnaie n'est plus indexée sur un stock d'or équivalent, les banques peuvent créer autant d'argent qu'elles le veulent comme le feraient de faux monnayeurs puisque l'argent n'a plus qu'une valeur symbolique. Il n'est donc pas justifier de facturer des intérêts de compensation puisque les banques prêtent de l'argent qu'elle n'ont pas (appelé "argent dette créer "ex nihilo").
De plus, les banques commerciales (BNP, Credit Agricole...) demandent des garanties qui sont telles que le risque de non-remboursement est trés limité.
L'intérêt que nous payons sur nos crédit est démesuré. Un crédit maison de 300 000 euro a 5 % sur 25 ans, sera sujet a un interet de 230 000 euro. Total 540 00 euro qui devront être remboursés. Plutôt que des les nommés "intérêts compensatoires", appelons cela par son vrai nom, "un service". A 230 000 euro le service, cela laisse un goût très amère quand connaît les tenants et les aboutissants.
PS : quand je dis "les banques commerciales créent a partir de rien", ce n'est pas tout a fait vrai car des règles prudentielles on été mis en place. Suite aux accords de Bale 1, le "ratio Cooke" qui a ensuite été remplacé le "Ratio McDonough" (accords de Bale 2), les banques commerciales doivent avoir 8% du montant du crédit (réserve appelée monnaie banque centrale) dans leurs fonds propres pour créer de l'argent dette (théoriquement pour prêter 100 euro, la banque commerciale doit en posséder 8 ). A coup de montage complexe, les banques commerciales ont réussi à baisser le ratio minimum en augmentant fictivement leur fonds propres pour arriver il semblerait à environ 2%.
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points importants pour comprendre ce qui suit
Il y a 2 types de monnaies :
1/ La monnaie fiducaire : pièces de monnaie et billets.
2/ La monnaie scripturale (du latin scriptura "écriture") : argent non palpable, il est sur papier ou sur supports informatiques. Il s'échange par le biais de cartes de crédit, virements ou chèques.
En France, environ 7% de la totalité de l'argent (la masse monétaire) est fiducaire (et donc 93% est scriptural).
Il faut distinguer 2 types de banques :
1/ Les banques commerciales, autorisées à émettre de la monnaie scripturale (dans leur cas par le biais des crédits; car a chaque emprunt, il y a naissance d'argent nouveau). Elles sont la BNP, La Caisse d'Epargne, Le Crédit Agricole, Le Crédit Lyonnais....
2/ La banque centrale (banque nationale publique) est la seule autorisée à emettre la monnaie fiduciaire (billets et pièces) et elle émet également de la monnaie scripturale. En Europe, chaque pays à une banque centrale (pour l'hexagone, La Banque de France). On entend souvent parler de la BCE (Banque centrale Européenne), c'est elle qui fédère et commande (en partie) toutes les banques centrales des pays de la "zone euro".
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Bon là on passe à du lourd.
En France, par l'article 25 de loi du 3 janvier 1973, sous la présidence de Pompidou et de son ministre de l'économie de l'époque Giscard d'Estaing, un changement important s'opère sans que les citoyens soient consultés. Il passe totalement inaperçu du grand publique. L'Etat Français n'est plus autorisé à emprunter pour ses investissements à sa banque centrale (La Banque de France).
Ce que cela a changé :
Avant 1973, la France empruntait régulièrement à sa banque centrale (la Banque de France) pour permettre a l'Etat d'investir dans des infrastructures d'interet général (auto-routes, hôpitaux, écoles...). La Banque de France créait par exemple 1 milliard de francs (toujours a partir de rien) et cela sans intérêt puisque la Banque de France appartient a l'Etat. L'Etat remboursait le milliard emprunté et l'argent qui avait été créé, était ensuite détruit par la Banque de France (monnaie scripturale). Le temps de l'emprunt, il y avait 1 milliard de francs en plus en circulation. Le fonctionnement permettait a l'Etat d'anticiper ses besoins futurs et cela sans avoir a augmenter les taxes et impôts. Mais les banques commerciales qui avaient déjà le quasi monopole de la création de l'argent scriptural (pret aux particuliers et aux entreprises) en voulaient encore plus, et voyaient d'un mauvais oeil que l'Etat ait le contrôle sur l'économie du pays. Le lobby très puissants des banques commerciales, après des années de lutte acharnée contre Charles De Gaulle pour interdire à l'Etat de recourir à la Banque de France pour financer ses investissements, réussit son coup après son départ de l'Elysée avec l'aide de son successeur (G.Pompidou). Au passage, notons que Georges Pompidou a été à 2 reprises directeur général de la Banque Rothschild.
Un calcul de l'INSEE a dressé un comparatif de ce que serait la dette de l'Etat en 2006 si l'ancien système (avant 1973) n'était pas tombé et avec le nouveau système (après 1973). Pour les mêmes emprunts et les mêmes remboursements :
L'ancien système, si il était toujours en place, la dette de l'Etat serait nulle, et il y aurait environ 100 milliards d'euro en positif dans les caisses.
Nouveau système (le systeme actuel) : La dette en 2006 était d'environ 1150 milliards d'euro avec environ 45 milliards d'euro d'intérêt par an.
L'Etat a payé depuis 1973 environ 1200 milliards d'euro d'intérêt. En fait, il ne fait que rembourser les intérêts. Les finances publiques ne permettent pas de rembourser le capital. Si l'on fait le bilan des finances publiques en France, on s'aperçoit que ce qui nous met dans le rouge, ce sont les intérêts de la dette. Le système est très pervers, il ne permet pas de rembourser le capital et oblige l'Etat a emprunter plus pour rembourser.
Ce que nous coûtent les intérêts de cette dette par an, est environ équivalent a l'impôt sur le revenu de tous les ménages français.
Contrairement a une société (dépôt de bilan) ou un particulier (décès), un état est immortel et a une solvabilité colossale. L'intérêt qu'il paie (enfin que nous payons par le biais des impôts et taxes) n'est ni justifié sur sa capacité à rembourser (qui est très bonne car la France est solvable), ni sur la compensation au préteur (puisque l'argent est créé toujours a partir de rien).
La valeur de la France par français est d'environ 170 000 euro (ne sont pas pris en compte les biens personnels, mais uniquement les biens publiques). La dette de l'Etat par français est de 18 000 euro. L'endettement n'est pas très important au final (environ 10%). Le problème est qu'il y a un transfert progressif (qui a commencé grâce à la loi du 3 janvier 1973) de nos biens publiques au secteur privé. Nous vendons et nous vendrons pour stopper cette gangrène qui nous grignote avec les intérêts de cette dette, nos bijoux de famille : patrimoines immobiliers de l'Etat, France Télecom, La Poste, Air France, Les auto-routes, EADS, SNCF, EDF.... Nous sommes en train de nous faire vampiriser nos biens nationaux pour payer cette foutue dette qui n'a pas lieu d'être.
Alors pourquoi nos gouvernements successifs (de droite ou de gauche) ne changent-ils pas ce système ? Parce qu'ils n'en ont pas intérêt ou parce qu'ils n'en ont plus le pouvoir ? Je pense que les 2 réponses sont bonnes. D'un coté les banques commerciales, les assureurs, les multinationales... ont maintenant plus de pouvoir que les Etats. Un homme politique avec des idées réformistes sur le système financier et monétaire ne percerait pas. Le corporatisme politico-affairiste est trop bien en place pour laisser des chaises vides à d'éventuels râleurs aux visions humanistes.
Un nouveau Bretton Woods? Pas encore malheureusement, car nous n'avons pas encore touché le fond. Quand les actifs de l'Etat qui peuvent être bradés l'auront étés, alors on passera par une phase d'augmentation des taxes et impôts pour régler les intérêts de la dette. Le peuple sera dans la rue quand cela lui deviendra insupportable (baisse méchante du pouvoir d'achat). Le système changera sûrement en mieux, mais le transfert du patrimoine publique vers le privée sera déjà terminé. Il ne restera à la charge de l'Etat que la police, la justice, l'éducation... enfin en résumé, ce qui n'est pas ou peu commercialisable.
Cette société, c'est l'Europe du libéralisme à l'excès. Elle est très loin de l'Europe à laquelle j'aspire.
La non-connaissance du grand publique du fonctionnement de l'argent dette est la force du système. Documentez-vous, parlez-en, notre seule force est notre nombre. Si le sujet etait connu de tous, les politiques n'auraient d'autre choix que de mettre débat sur la table.
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Petit exemple de ce que l'Etat pourrait faire si il pouvait emprunter à la Banque de France (création monétaire). Imaginons un prêt de 100 milliards d'euro (sans intérêt), pour fabriquer du logement. Ce qui représente environ 1 million de logement pour famille de 4 personnes. L'Etat fabrique par le biais d'entreprises privées des logements (= emplois + recettes fiscales :TVA + IS+ IR...). Les loyers modérés, moins les charges de fonctionnement et entretient seraient d'au minimum 200 euros par foyer pour l'Etat et par mois. Il faudrait entre 20 et 30 ans pour rembourser le prêt à la Banque de France. L'Etat serait à terme propriétaire d'un parc immobilier beaucoup plus important, qui lui rapporterait du bénéfice net après plusieurs décennies. Les loyers du parc privé baisseraient ainsi que les prix des biens à la vente. La part du budget des foyers pour le logement ne serait plus asphyxiante, la qualité de vie augmenterait au lieu de baisser. Un seul verrou, le monopole des banques commerciale à créer de l'argent dette pour le secteur publique.
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Comment cela se passe dans les autres pays?
Les pays ultra-libéralistes ainsi que néo-libéralistes fonctionnent tous ainsi (les pays des l'OCDE par exemple), ce système bancaire basé sur la dette et l'appauvrissement des états est en place partout.
Aux Etats-unis, un président s'est opposé à la privatisation de la création monétaire et de ce que cela induisait. En 1963, Kennedy avait pour projet, un retour arrière à ce cadeau historique fait aux banques commerciales privées. Il n'aura pas le temps de le finaliser, son assassinat ayant eu lieu la même année.
En Europe, l'article 104 du traité de Maastricht enfonce le clou, les banques commerciales ont gagné la partie sur le vieu continent.
Copie de l'article : «article 104, § 1 interdit en effet à la BCE et aux banques centrales des Etats membres, si après dénommées "banques centrales nationales", d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des Etats membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la BCE, ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »
Le traité de Lisbonne reprend l'article 104. La constitution européenne est pour les banques commerciales un vrai bonheur.
La Chine, je n'ai pas trouvé suffisamment de documents pour en parler en détail.
Le Brésil fait de la résistance, Amérique du sud prend la voix du contre-pied.
L'Afrique et le reste de l'Asie, je ne sais pas en détail. Dans l'ensemble les pays occidentaux par le biais de l'OMC ont imposé ce système véreux presque partout.
Le total de la dette publique mondiale est de 36 000 milliards d'euro. La majorité de cette dette est détenu par les banques commerciales, assureurs et fonds souverains. En se basant sur un taux d'intérêt de 5%, le transfert de la richesse publique vers le privée est de l'ordre de 1 800 milliards d'euro par an. C'est le plus gros hold-up jamais commis.
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Personnellement, cela me donne la nausée. A l'échelle de la France, nous sommes en train de nous faire piller ce que plusieurs générations avaient capitalisées par le travail et cela en toute légalité par simple jeux d'écritures. Tout crédits accordés qu'ils soient destinés à un particulier, une entreprise ou aux investissements de l'Etat devrait être le fait de notre banque centrale ou d'une banque commerciale publique. Je ne suis pas contre (en temps que particulier ou entreprise) de payer des intérets, mais uniquement si cela rentre dans le bien commun et est redistribué.
Il y a un amalgame entre libéralisme et liberté d'entreprendre. Créer son entreprise, être son propre patron, n'est pas synonyme de libéralisme. En fin de course, c'est même une opposition car le libéralisme à l'excès ne permet plus aux petits d'entreprendre.
Un autre soucis, celui de "l'usure". C'est un problème mathématique basé sur le système pyramidal de l'économie et qui se concrétise par les intérêts de la dette. Le problème de l'usure (quand ce sont les banques commerciales qui en bénéficient, comme depuis 3 ou 4 siècles), va nous amené à une faillite du système financier, l'exemple de ce problème est la crise des "subprimes" (crise des liquidités). Pour tenir ils faut toujours consommer plus qu'hier, là où ça coince, nos ressources sur la planète ont des limites et nous consommons plus qu'elles peuvent nous en offrir. La pyramide ne peut que s'écrouler avec la raréfaction des ressources naturelles (voir les 2 video ci-dessous).
Je vous conseille :
- Le livre écrit par André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder "La dette publique, une affaire rentable : A qui profite le système ?" aux Éditions Yves Michel. 12 euro
- De se documenter sur le prix Nobel d'économie 1988 : Maurice Allais.
- Chercher sur google : "création monétaire ex nihilo" / "dette publique" / "argent dette"
- Regarder les 2 vidéo de Paul Grignon "L'argent Dette"
Vidéo 1 :
http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_largent-dette-de-paul-grignon-fr-in_news
Video 2 :
http://www.dailymotion.com/video/xbqww7_largent-dette-2-promesses-chimeriqu_news
je termine ma petite synthése par une citation d'Henry Ford (fondateur de la société des voitures "Ford") : « Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin. »
félicitations si tu as lu jusqu'au bout. J'ai fait au plus court, la vidéo complete ce que je n ai pas expliqué ;-)
PS : il y a un groupe facebook sur le sujet
http://www.facebook.com/group.php?v=wall&ref=mf&gid=280174299263
Rédigé par : Cédric | samedi 06 février 2010 à 15h27
@cedric
Je sais que c'est un troll, que le dit Cedric ne sera pas ouvert au débat, qu'il poste sans doute cette envolée lyrique un peu partout comme s'il était en mission pour le seigneur. Je vais néamoins répondre, ne serait que parce que je ne voudrais pas qu'un lecteur naif aille y voir au choix un démenti crédible de la thèse que je développais ou au contraire des arguments allant dans le même sens.
Je me contenterais donc de souligner les absurdités et les contradictions du texte, en tout cas les principales :
> Dans l'esprit des gens, la banque va prêter 15 000 euro
> qu'un autre épargnant aura placé à un taux plus bas sur
> un compte épargne (...). Biiiiip, mauvaise réponse, la
> banque va créer l'argent à partir de presque rien, elle
> n'a pas besoin qu'un épargnant dépose 15 000 euro pour
> prêter 15 000 euro.
Vous avez déjà une mauvaise compréhension du mécanisme de la création monétaire dans notre système de réserve fractionnaire et de monnaie papier. La banque prête bien de l'argent qui a été déposé dans ses comptes. Et, oui, cela va créer de l'argent "à partir de presque rien", même si cet argent a bien été déposé par un tiers. C'est le fait que la banque ait le droit de ne pas garder en réserve l'argent déposé par ses clients, mais seulement une fraction, qui est à l'origine du potentiel de création monétaire par le crédit, création d'autant plus important que la part de réserve obligatoire est faible (effet multiplicateur).
Je détaille plus clairement ce processus dans cet autre article : http://www.objectifliberte.fr/2009/06/regulation-bancaire-histoire-dun-echec-programme.html
> Hors depuis que la création de monnaie n'est plus indexée
> sur un stock d'or équivalent, les banques peuvent créer
> autant d'argent qu'elles le veulent comme le feraient de
> faux monnayeurs puisque l'argent n'a plus qu'une valeur symbolique.
Vous mélangez deux choses. Rappelons que le système monétaire fonctionnait selon le mécanisme de la réserve fractionnaire AVANT l'abandon de l'étalon or. Même si en effet l'étalon or était un frein à l'expansion incontrolée de la masse monétaire et de la dette.
> De plus, les banques commerciales (BNP, Credit Agricole...)
> demandent des garanties qui sont telles que le risque de
> non-remboursement est trés limité.
Si c'était le cas, on aurait pas eu de crise des subprimes outre atlantique, et de crise de LBOs ou des investissements à l'est en Europe.
> L'intérêt que nous payons sur nos crédit est démesuré.
Vous vous trompez de problème. En réalité, les banques centrales ont forcé sur l'économie des taux d'intéret artificiellement BAS depuis des années. Jamais l'inverse.
> PS : quand je dis "les banques commerciales créent a partir
> de rien", ce n'est pas tout a fait vrai car des règles
> prudentielles on été mis en place. Suite aux accords de Bale 1,
> le "ratio Cooke" qui a ensuite été remplacé le "Ratio McDonough"
> (accords de Bale 2),
Encore une fois vous mélangez un peut tout. C'est la fraction de réserve obligatoire qui régule l'émission de crédit dans le système. Les ratios prudentiels sont là pour assurer la solvabilité des banques, pas pour contraindre le crédit. Et vous oubliez d'ailleurs de préciser que ces ratios sont soumis à pondération et que la pondération pour les emprunts d'Etat est de ... 0%. On y reviendra.
> Bon là on passe à du lourd.
Oula.
> En France, par l'article 25 de loi du 3 janvier 1973, sous la
> présidence de Pompidou et de son ministre de l'économie de
> l'époque Giscard d'Estaing, un changement important s'opère
> sans que les citoyens soient consultés. Il passe totalement
> inaperçu du grand publique. L'Etat Français n'est plus
> autorisé à emprunter pour ses investissements à sa banque
> centrale (La Banque de France).
oui, je vois ou vous voulez en venir ... patience ...
> L'ancien système, si il était toujours en place, la dette
> de l'Etat serait nulle, et il y aurait environ 100 milliards
> d'euro en positif dans les caisses.
C'est bien connu, avant 1973 la France n'avait jamais été endetté, grace a ce système miraculeux qu'est la planche à billet.
Encore une fois vous mélangez tout et laissez croire que monétiser sa dette permet de s'endetter sans cout. C'est faux et absurde. Au moins quand un Etat emprunte sur les marchés, l'afflux d'argent est un tant soit peu réel, il y a une part d'épargne derrière. Quand l'Etat monétise sa dette, il dévalue sa monnaie d'autant : c'est une taxe sur le patrimoine monétaire des gens.
Enfin, vous sembliez dénoncer plus haut l'abandon de l'Etalon Or. Dois je rappeler que dans un système monétaire indexé sur l'or (ou autre chose), la création monétaire est fortement contrainte par cette barrière naturelle ?
> problème est qu'il y a un transfert progressif (qui a
> commencé grâce à la loi du 3 janvier 1973) de nos biens
> publiques au secteur privé. Nous vendons et nous vendrons
> pour stopper cette gangrène qui nous grignote avec les
> intérêts de cette dette, nos bijoux de famille : patrimoines
> immobiliers de l'Etat, France Télecom, La Poste, Air France,
> Les auto-routes, EADS, SNCF, EDF....
On mélange tout et on remue bien.
Vous faites en outre comme si l'Etat diminuait ses interventions à cause de la dette, alors qu'il y a une dette croissance parce que justemment l'Etat n'arrive pas à contraindre son intervention. Vous prenez les effets pour la cause. Nous ne sommes pas endetté à cause du système monétaire, nous sommes endetté parce que nous vivons au dessus de nos moyens. Le système monétaire permissif nous permet de pousser cette addiction à dépenser plus que nous produisons toujours plus loin.
> Cette société, c'est l'Europe du libéralisme à l'excès.
Voilà. Vous n'avez pas du beaucoup lire ce blog ni d'autres lieux d'expression des libéraux pour prétendre que la course à la dette est le fait des libéraux.
> Petit exemple de ce que l'Etat pourrait faire si il pouvait
> emprunter à la Banque de France (création monétaire).
Voilà, on y est, c'est la pierre angulaire de votre démonstration. C'est bien là que vous voulez nous emmener.
> Imaginons un prêt de 100 milliards d'euro (sans intérêt),
> pour fabriquer du logement. Ce qui représente environ 1 million
> de logement pour famille de 4 personnes. (...) L'Etat serait à
> terme propriétaire d'un parc immobilier beaucoup plus important,
> qui lui rapporterait du bénéfice net après plusieurs décennies.
> Les loyers du parc privé baisseraient ainsi que les prix des biens
> à la vente. La part du budget des foyers pour le logement ne
> serait plus asphyxiante, la qualité de vie augmenterait au lieu
> de baisser. Un seul verrou, le monopole des banques commerciale
> à créer de l'argent dette pour le secteur publique.
Mais c'est génial ! Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tot ???? Non, attendez, pourquoi 100 milliards d'euros ? Avec 200 milliards d'euros c'est 2 millions de logement qu'on pourrait créer. Attendez, non, avec 500 milliards, au lieu de créer de vulgaires appartements, on pourrait avoir 2 millions de pavillons avec piscine. Et tant qu'à faire, puisque ca ne coute rien, pourquoi pas 1000 milliards pour installer des halls en marbre et plaquer la robinetterie en or.
Pourquoi pas ? Parce que l'argent ne pousse pas sur les arbres. La création monétaire, massive, que vous appelez de vos voeux, n'est que la continuation sous une forme différente de ce qui se passe aujourd'hui. Vous croyez détenir les clefs d'un renversement complet du système monétaire, mais ce pour quoi vous plaidez n'est pas bien différent de ce qui existe aujourd'hui.
> Les pays ultra-libéralistes ainsi que néo-libéralistes fonctionnent
> tous ainsi (les pays des l'OCDE par exemple), ce système bancaire
> basé sur la dette et l'appauvrissement des états est en place partout.
Un pays ultra libéral ? ou ça ?
Et vous dénoncez un système bancaire basé sur la dette, pour le remplacer par le financement de l'etat par la création directe de monnaie ?
Je passe sur la theorie du complot qui veut lier l'assassinat de Kennedy à une hypothétique remise en cause du monopole de la Fed. Absurde.
> Tout crédits accordés qu'ils soient destinés à un particulier,
> une entreprise ou aux investissements de l'Etat devrait être
> le fait de notre banque centrale ou d'une banque commerciale
> publique. Je ne suis pas contre (en temps que particulier ou
> entreprise) de payer des intérets, mais uniquement si cela
> rentre dans le bien commun et est redistribué.
Ah, voilà qui va faire plaisir à notre ami partisan du dividende universel !
> Il y a un amalgame entre libéralisme et liberté d'entreprendre.
> Créer son entreprise, être son propre patron, n'est pas synonyme
> de libéralisme.
Là, je ne sais plus trop quoi dire.
Pour conclure, on part d'une incompréhension du système monétaire en place (que je suis le premier à dénoncer, les lecteurs de ce blog connaissent mes positions), pour finalement arriver à une posture anti libérale qu'on retrouve aussi bien chez des conservateur souverainiste, qu'à l'extrême gauche, mais aussi surtout à l'extrême droite (ce n'est pas un hasard si le FN a longtemps fondé ses préconisations économique sur une certaine lecture des travaux de Maurice Allais que vous citez).
La faiblesse de votre argumentation tient dans le fait que ce n'est pas le principe de l'argent dette que vous réprouvez, mais l'aménagement réglementaire particulier qui lui donne corps aujourd'hui. Vous vous concentrez alors sur des épiphénomènes (l'argent indumment gagné par les banquiers), mais ne comprenez pas que ces profits sont illégitimes du fait d'un monopole particulier donné par l'Etat. Vous ne voulez finalement que déplacer le problème, mais jamais vous ne songez à mettre un terme à la machine à faire de la dette, jamais vous ne remettez en cause "l'argent dette" que vous semblez au départ dénoncer, jamais vous ne mettez en cause le droit des Etats de s'arroger, d'une facon ou d'une autre, le pouvoir de régenter la création monétaire, bien au contraire. Enfin vous mettez sur le dos des libéraux un système qui tire sa légitimité d'un controle absolu de l'Etat sur la monnaie : c'est bien mal connaitre la pensée libérale que de lui donner la paternité d'un système où l'Etat est au coeur du problème, et cause première des dérives constatées.
Rédigé par : ST | dimanche 07 février 2010 à 13h25