Curieusement, parmi les commentateurs et analystes de la presse mainstream, la crise financière que nous vivons ne soulève aucune question sur la viabilité du système monétaire international. Pourtant, nombre d'économistes, essentiellement des autrichiens, posent clairement la question de la viabilité du système monétaire tel qu'issu du jour funeste de 1971 ou l'administration de Richard Nixon décida de supprimer la convertibilité du dollar en or. C'est un raccourci, bien sûr. Les défauts de notre système monétaire étaient antérieurs, mais je ne prétends pas en refaire l'histoire ici.
En contrepartie, beaucoup de libertariens voudraient imputer la crise aux seuls défauts du système bancaire actuel. "The FED did it, period !". J'ai eu l'occasion de critiquer cette approche bien trop simpliste selon moi, sans une ancienne note consacrée à la politique monétaire d'Alan Greenspan.
Mais je n'en concluais pas moins que Greenspan avait accentué la crise. Voyons maintenant pourquoi une monnaie non planifiée, obéissant à des mécanismes de marché, aurait empêché la bulle immobilière de prendre de telles proportions, d'une part, et pourquoi une monnaie déconnectée de tout actif et gérée de façon centralisée par des banques centrales favorise l'apparition de désordres économiques.
Fiat Money
Nous vivons actuellement sous un système de monnaie dite fiduciaire, "Fiat Money", c'est à dire basée sur la confiance. Confiance dans le fait que lorsqu'une certaine quantité d'argent circule, cela suppose qu'à l'origine de cette circulation, des biens dont la valeur de marché est à peu près égale à cette quantité aient été produits. Si la quantité de monnaie en circulation augmente un peu (ou beaucoup) plus vite que la quantité d'échanges permise par la production réelle des agents économique capable de trouver preneur, alors il y a inflation: les prix de certains articles augmentent du fait du surcroît de monnaie disponible pour se porter sur l'achat de ces produits. Par des mécanismes divers, la banque centrale tente de faire en sorte que la masse monétaire augmente à peu près au même rythme que la production: la masse monétaire est pilotée de façon centralisée. Les banques centrales sont censées être indépendantes des pouvoirs politiques. Elles n'en sont pas moins des monopoles garantis par l'état. Quiconque oserait émettre des monnaies concurrentes serait impitoyablement pourchassé, soit comme contrefacteur, soit comme faux-monnayeur.
Nous avons tous peu ou prou perdu de vue la façon dont pourrait fonctionner un marché libre de la monnaie. Attardons nous un peu sur ce fonctionnement, de façon ultra simplifiée, pour faire court.
Le cycle de la monnaie et du crédit dans un marché monétaire libre
Mises et Hayek furent les principaux défenseurs d'une monnaie libre de toute influence des régulateurs publics. Voici un résumé de leur modélisation du cycle de la monnaie et du crédit dans un marché libre, de fait parfois appelé "cycle autrichien".
Imaginons une société dans laquelle le stock de monnaie disponible serait à peu près stable (nous verrons comment ultérieurement). Dans cette société, les banques n'auraient pas la possibilité de créer ex-nihilo une monnaie de crédit pour alimenter le compte d'un individu ou d'une entreprise.
Dans un tel système, l'existence du crédit est liée à la propension des agents économiques à vouloir prêter de l'argent à des tiers. Si les agents économiques veulent consommer peu, et donc épargner beaucoup, alors beaucoup de monnaie se présente aux guichets des établissements de crédit. Pour pouvoir la prêter, les prêteurs, ou plus généralement les intermédiaires gérant les opérations de prêt (les "banques"), doivent en baisser le prix. Les taux d'intérêts tendent à baisser. Des entreprises sont alors prêtes à investir pour découvrir les produits nouveaux, ou meilleurs, ou moins chers, qui ramèneront les consommateurs dans les magasins.
Lorsque ces produits sortent, la propension à vouloir consommer augmente, aidée par la baisse des taux d'intérêts qui permet aussi d'alimenter le crédit à la consommation. De fait, l'épargne prête à s'investir diminue. Les taux tendent à augmenter. Les entreprises investissent un peu moins: cela tombe bien, les clients sont dans une phase où ils sont plutôt satisfaits du choix qui est le leur.
Puis, sous le double effet de la satiété et de l'augmentation de la rémunération de l'épargne, les agents économiques se remettent à épargner. Et le cycle peut recommencer.
Dans un tel système, on voit que le cycle du crédit est parfaitement équilibré: lorsque les individus tendent à privilégier la consommation, l'incitation à l'investissement est réduite, et lorsque les individus sont en attente d'évolution des offres, l'incitation à l'investissement est augmentée.
Naturellement, dans le monde réel, le cycle peut connaître des à-coups. Et la tendance haussière ou baissière des taux n'est pas uniforme mais est la résultante de micro-tendances propres à chaque secteur d'activité, à des "trends" de consommations différents entre bassins d'emploi, styles de vie, etc... L'envie de consommation de produits électroniques et de voyage peut être forte alors que l'envie d'automobiles est moins importante, et vice versa.
Le taux d'intérêt ainsi déterminé sur un marché libre est le résultat de millions de décisions individuelles qui s'inscrivent dans autant de "micro-cycles" qui, assemblées, créent une tendance générale. Il permet de donner un signal assez clair aux investisseurs sur l'opportunité ou non d'investir, mais évidemment, il n'évite pas l'obligation, pour l'investisseur, d'étudier son marché pour savoir si le temps est au renouvellement massif du parc automobile ou au développement de l'immobilier...
Dans ce cycle, la banque prêteuse n'a qu'une seule ressource, la monnaie épargnée par ses clients: l'épargne précède le crédit ! Elle détermine à la fois le taux de rémunération de l'épargne (à son passif) et le taux du crédit (à son actif) par la nécessité à la fois d'attirer des clients épargnants, ce qui détermine un "cout de sa ressource", et de trouver des emprunteurs, ce qui détermine un rendement des emplois. La banque fait ses affaires à la fois en facturant ses services (mise à disposition d'instrument de paiements) et en réussissant à payer plus cher qu'elle n'épargne. Le taux d'intérêt consenti à l'emprunteur comprend donc les éléments suivants :
- Le coût de la ressource : rémunération de l'épargne. C'est évidemment le principal poste de prix de revient de la banque.
- Le coût de son intermédiation dans les opérations de crédit : "marge d'intermédiation". Elle doit conserver cette marge aussi faible que possible, concurrence oblige.
- Le coût d'assurance: si un prêteur ne rembourse pas sa dette, la banque se retrouve dans une situation difficile. Elle doit donc d'une part bien sélectionner à qui elle prête, mais aussi faire payer à tous ses clients emprunteurs un surcroît de taux destiné à couvrir le risque de défaillance d'une petite partie d'entre eux. Elle doit donc rechercher le bon équilibre entre risque pris en prêtant, et expansion de son volume d'affaires, pour maintenir ce coût d'assurance à des niveaux acceptables. Ce coût est généralement fonction des caractéristiques de l'emprunteur et du prêt.
- Une petite marge bénéficiaire, parce qu'il faut bien rémunérer les investisseurs propriétaires de la banque. Sinon, qui voudrait se lancer dans un business pareil, je vous le demande ?
L'état, facteur de désordre
Admettons maintenant que l'état décide d'adopter un système centralisé où des banques centrales pilotent elles mêmes la quantité de crédit octroyés, donc la quantité de monnaie en circulation. Laissons de côté, pour l'instant, la lancinante question du "pourquoi".
A certaines périodes, malgré sa légendaire "indépendance", la banque centrale, sous la pression combinée de l'opinion publique, de la presse et des politiques, parce qu'elle est dirigée par des humains, pas des robots, décide d'abaisser arbitrairement le coût de la ressource octroyée aux banques, en amenant au passif de ces dernières de la "monnaie centrale" à prix cassé, nettement plus faible que le coût attendu de la rémunération de l'épargne tel qu'un marché libre l'aurait déterminé.
La banque peut alors augmenter son volume d'affaires en baissant son taux octroyé au client final. Elle peut donc émettre plus de crédit qu'elle n'aurait émis dans un système de monnaie de marché: bon pour les bénéfices, les bonus du patron, et le moral !
Mais ce faisant, elle détruit l'harmonie du cycle autrichien de la monnaie. Les entreprises sont incitées à investir plus qu'ils ne l'auraient fait si le taux de marché avait prévalu. De même, les taux bas poussent les ménages à s'endetter pour consommer plus qu'ils ne l'auraient fait si le taux avait été fixé par le marché.
Par conséquent, alors que dans le cycle autrichien, investissement et consommation obéissent à des cycles antagonistes favorisant un certain équilibre, l'introduction d'une distorsion à la baisse du prix de l'argent pousse à la fois l'investissement et la consommation à la hausse en même temps.
"Et alors, me direz vous, il n'y a pas de risque de pénurie de monnaie dans un tel système ! Puisque la banque centrale peut créer la monnaie ex-nihilo, pourquoi ne pas baisser le taux d'intérêt auxquels les agents économiques peuvent emprunter, pour pousser à la fois la consommation et l'investissement ?"
La monnaie sans la ressource
Ce raisonnement à très court terme est celui qui nous est servi par tous les apôtres des politiques de relance par les taux d'intérêt. Il n'a qu'un seul très gros inconvénient: s'il est possible de multiplier la monnaie, il est absolument impossible de multiplier les ressources que la monnaie permet d'acheter ! En augmentant artificiellement la quantité de monnaie accessible à la fois au consommateur et à l'investisseur, la relance par des taux artificiellement bas ne fait qu'exacerber la compétition pour s'approprier les ressources les plus courues, et favorise donc l'émergence soit d'une inflation des prix à la consommation, soit l'apparition de bulles inflationnistes sur certaines catégories de produits: facteurs de production ou actifs divers.
L'entrepreneur qui a cru faire une affaire en empruntant à un taux massacré s'aperçoit que les ressources nécessaires pour produire les fruits de son investissement tendent à augmenter, et que des investissements qu'il croyait rentables sont de fait de mauvais choix. L'acheteur de maison qui a cru pouvoir s'endetter pour acheter une maison à un prix en forte hausse se retrouve avec un bien fortement dévalué. Et ainsi de suite.
Dans ce système, l'émission de monnaie peut avoir lieu sans que l'épargne correspondante ait été accumulée, et la manipulation des taux facilite les mauvaises décisions d'investissement, ou la consommation de biens produits inefficacement à des prix trop élevés. Seul problème: dans ce cas, tôt ou tard, la valeur créée par les entreprises sera insuffisante pour permettre aux agents économiques de rembourser à la banque ce qu'ils doivent : ces périodes sont celles de l'éclatement des bulles, qui peuvent, comme nous le voyons, déboucher sur des crises graves.
Bref, vous l'avez compris, le système est fortement propice à la formation de bulles inflationnistes procurant un sentiment de richesse artificielle, alternant avec de forts retours de bâton. L'on a cru longtemps pouvoir avec ce système garantir une inflation stable à +/-2% ad vitam eternam, avec une croissance moyenne de l'ordre de 2 à 3%. La crise actuelle montre que cette prétention est totalement illusoire : notre système financier a amplement démontré sa dangereuse instabilité.
La crise actuelle dans un système de monnaie de marché
Comme je l'ai déjà écrit, dit et redit, les mécanismes de marché, si on les avait laissé s'exprimer, nous auraient protégé de la crise. La monnaie de marché, et donc le crédit de marché, nous auraient sans peine permis d'éviter de traverser la crise actuelle. En effet, plus la demande des ménages pour emprunter des sommes importantes pour acheter des maisons aurait été forte, et plus les taux d'intérêts auraient réagi rapidement à la hausse, alors même qu'Alan Greenspan a attendu 3 ans pour réagir aux bulles en formation entre 2002 et 2005. Cela aurait fortement limité la possibilité, pour les banques comme pour les géants du refinancement Fannie Mae et Freddie Mac, de financer leurs montages bancaires bancals destinés à faire croire que l'on pouvait considérer comme parfaitement sûrs des pools de prêts octroyés à des ménages peu solvables sous la pression du pouvoir politique !
Bref, une monnaie de marché nous aurait protégé des dérives du pouvoir central et des défauts des outils créés par les banques pour s'accommoder de ces dérives.
Pourquoi les états aiment les banques centrales et la monnaie fiduciaire ?
Nous comprenons pourquoi les banques aiment les banques centrales: parce qu'elles leur permettent d'augmenter artificiellement leur volume d'affaires et leurs marges, ce qui est bon pour les revenus de leurs cadres dirigeants.
Ajoutons que la crise actuelle montre combien la FED et la BCE jouent un rôle majeur dans le sauvetage des mauvaises banques, et donc dans la perpétuation de l'irresponsabilité de leurs dirigeants, en acceptant de prêter de l'argent aux banques en échange d'actifs de plus en plus douteux. Ainsi, les banques centrales sont devenues le pilier majeur de ce que l'on appelle "l'aléa moral", c'est à dire la faculté, pour des dirigeants de banques non actionnaires de leurs établissements, de privilégier des stratégies de gain à court terme bonnes pour leurs bonus, sans se préoccuper excessivement des risques que ces attitudes font courir à leurs actionnaires et à l'économie en général.
Mais pourquoi les états aiment tant les banques centrales et la monnaie fiduciaire ?
Les premières banques centrales furent crées de façon totalement dépendante du pouvoir central, car celui ci peut imprimer de la monnaie, et les gouvernements y voyaient un moyen commode de financer ainsi leurs aventures, notamment militaires. Ainsi, par exemple, la banque de France fut créée par le Consul Bonaparte. Mais évidemment, un tel manque de sérieux aboutissait immanquablement à ruiner la monnaie du pays se livrant à de telles pratiques.
Aujourd'hui, la plupart des banques centrales des pays sérieusement gérés sont dites "indépendantes", ce qui donne confiance aux investisseurs dans la solidité de la monnaie. Cela n'empêche pas les états d'y trouver leur compte. Parce que les états ont pris la mauvaise habitude de financer leur embonpoint non par l'impôt, car pratiquer une telle vérité des prix de l'action publique serait très impopulaire, mais par l'emprunt, elles chérissent un système où, au nom de la "croissance", un tiers acteur peut artificiellement baisser le coût de l'argent, permettant aux états de s'endetter à meilleur compte que si le taux d'intérêt était strictement fixé par un marché libre. Si les états empruntent trop dans un tel marché, ils forcent à la hausse les taux d'intérêt, et s'obligent bien vite à revenir à plus de discipline budgétaire... Avec la banque centrale, un arrangement permettant de continuer sur la voie de l'irresponsabilité budgétaire est toujours envisageable.
Malheureusement, cet espoir d'un arrangement avec les banques centrales fournit aux états un "aléa moral" de premier ordre. Les états n'hésitent pas à s'endetter à des niveaux stratosphériques, car ils espèrent que même s'ils rencontrent des difficultés pour souscrire leurs emprunts -- l'épargnant finit par être méfiant... --, ils pourront toujours demander gentiment à la banque centrale de racheter leur dette par création monétaire, créant une hyperinflation qui réduira artificiellement la dette des états... et spoliera de facto tous ceux qui leur ont prêter de l'argent.
Malheureusement, une inflation renforcée, parce qu'elle est à la fois forte et imprévisible, rend très difficile l'investissement à long terme: emprunter à des taux élevés interdit les emprunts de long terme, et l'incertitude sur la valeur réelle des gains futurs rend les entrepreneurs frileux. Voilà pourquoi l'on peut dire que les états financent leur croissance actuel aux dépens de la prospérité future de leur population.
Une monnaie de marché: l'étalon or
Nous voyons que le problème de la monnaie fiduciaire est que ce système n'est pas "autodiscipliné". Certes, si les banquiers centraux pouvaient rester à la fois totalement indépendants des pressions du pouvoir, et identifier toutes les bulles en formation, si leur détermination à maintenir la valeur de la monnaie qu'ils gèrent était certaine (après tout, ce n'est pas la leur), et si les formules magiques leur permettant de calculer "le bon taux" étaient garanties exactes 100% du temps, l'on pourrait à la rigueur s'accomoder d'un tel système. Mais vous l'avez compris: cela fait trop de "si". La discipline de la banque centrale pour fixer "le bon prix de la monnaie" repose non pas sur un libre marché des taux d'intérêt, mais sur la science et la sagesse de gourous dont on ne sait que trop qu'ils sont, hélas, faillibles pour de multiples raisons. En outre, en période de crise, la sacro-sainte indépendance de la banque centrale risque littéralement de voler en éclat (Cf. Cette information, déjà mentionnée ici il y a peu).
Au contraire, ce que j'ai jusqu'ici appelé "une monnaie de marché" semble bien mieux conçue en vue d'accompagner les cycles de consommation et d'investissement propres à tout système d'échanges économiques, et pour mettre une barrière à l'inconséquence budgétaire des états. Comment une telle monnaie de marché pourrait elle fonctionner ? Inutile d'aller chercher bien loin: longtemps, l'étalon or a joué ce rôle de monnaie de marché. Peut être existe-t-il d'autres dispositifs à inventer qui tiendraient la même fonction, mais jusqu'ici, seul l'étalon or (et, d'une façon générale, les étalons-métaux précieux) a prouvé sa faisabilité.
La monnaie actuelle est déconnectée de tout actif. Or, jusqu'au début du XXème siècle, la base de nombreuses monnaies était l'or. Autrement dit, pour tout billet d'une certaine valeur faciale, un possesseur de monnaie pouvait se faire remettre une quantité d'or équivalente. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Pour bien comprendre la monnaie basée sur l'or, il faut la considérer comme une marchandise parmi d'autres. De même que le pain sert à nous nourrir et la voiture à nous déplacer, la monnaie est une marchandise qui a une fonction bien particulière : fluidifier le troc, qui sans cela serait impraticable à grande échelle.
Il faut noter que ce n'est pas la seule fonction de l'or: il est utilisé abondamment en joaillerie depuis la nuit des temps, et plus marginalement dans les connections électroniques. L'idée d'utiliser l'or comme outil de fluidification du troc ne serait sans doute jamais venue aux marchands des temps jadis si l'or n'avait pas déjà été en circulation pour ses qualités propres.
Le prix de l'or, exprimé en marchandises, augmente quand la demande relative d'or par rapport aux autres marchandises diminue (par exemple, lorsque la quantité d'or circulant sur le marché augmente moins vite que la quantité des autres marchandises échangeables produites). Cela veut donc dire que pour une même quantité d'or, vous pouvez obtenir plus de marchandises: les prix tendent à baisser. Au contraire, si l'offre d'or augmente plus vite que l'offre des autres marchandises, le prix de ces dernières monte.
les banques sont donc limitées, dans leur capacité d'émettre du crédit, par la quantité d'or disponible sur le marché, et par la part qu'ils ont en réserve. Cette limitation est évidemment extrêmement contraignante, et peut aboutir à ce que les prix de marché des marchandises baisse. Ce n'est d'ailleurs pas réellement un problème: les prix, aux USA, au XIXème siècle, ont baissé de 37%. Cela n'a pas empêché les USA de connaître une croissance économique tout à fait remarquable à cette époque, du fait du développement technologique qui a touché le monde à cette époque: révolution du machinisme, révolution des transports... Voilà pour ceux qui prétendent que l'étalon or est inadapté à nos sociétés de forte croissance !
Lorsque l'on a compris que l'or n'est qu'un utilitaire d'évaluation de la valeur relative des autres marchandises les unes par rapport aux autres, alors l'on comprend que ce n'est pas la quantité d'or qui fait croitre l'économie, mais au contraire la quantité des autres productions échangeables rapportée au nombre d'individus profitant des processus d'échange, autrement dit, le génie et la productivité humaines.
Pourquoi fut il abandonné, "officiellement" ?
L'étalon or n'est pas un système parfait. Tout d'abord, il n'empêche pas certains entrepreneurs de prendre de mauvaises décisions, et de faire faillite. Il n'empêche pas qu'une banque puisse faire faillite. Si, pour quelque raison que ce soit, l'offre d'or, à un instant donné, croît trop lentement, alors les taux d'intérêts peuvent augmenter de façon non coordonnée avec les cycles de l'investissement et de la consommation. Mais alors le prix de l'or tend à augmenter, ce qui incite les explorateurs à se montrer plus efficients, et tout rentre dans l'ordre assez vite.
D'autre part, si la baisse des prix exprimés en or est plus rapide que les gains de productivité à une époque donnée, le manque de flexibilité "à la baisse" des agents économiques se paie cache en terme de faillites: le XIXème siècle a lui aussi connu des crises. Mais celles ci ont été pour la plupart courtes, car les états étaient alors, en pourcentage des produits intérieurs bruts, liliputiens, et n'intervenaient guère sur les cycles économiques... Excepté, pour certains d'entre eux, déjà, sur les banques.
La raison officielle de l'abandon progressif de l'étalon or, notamment aux USA, était que l'instauration de banques centrales comme prêteurs de dernier ressort allaient "stabiliser le système bancaire et éviter les faillites d'établissements de dépôt qui ruinent les épargnants". Les travaux de recherche de chercheurs tels que Randall Krozner ont montré que l'objectif affiché n'avait pas été atteint et que les faillites bancaires s'étaient poursuivi à un rythme plus soutenu après la création des banques centrales qu'avant.
Mais la véritable raison de l'abandon progressif des monnaies se rapprochant de monnaies de marché, comme en Europe, est bien évidemment l'imminence de conflit de mondiaux dont les états craignaient ne pas pouvoir assurer le financement s'ils ne pouvaient pas imprimer eux mêmes leurs billets. Quant aux banques, nous avons vu que nombre d'entre elles ont vu dans cette création un effet d'aubaine remarquable, au point que certains auteurs affirment que la loi créant la FED fut en fait rédigée au cours d'un dîner entre banquiers. J'ignore si cette affirmation est vraie, mais il est exacte que la FED, institution privée à statut très particulier, fut une création conjointe de l'état US et de grands banquiers.
A la fin de la WWII, il fut décidé que les monnaies flotteraient autour du dollar, celui ci restant convertible. En 1971, l'état américain, embourbé dans l'aventure vietnamienne, incapable de faire face à ses dettes et ses obligations de conversion, décide de dévaluer sa monnaie en supprimant sa convertibilité en or. Nous noterons sans surprise que c'est à partir de 1973 que l'état Français s'est mis à accumuler les déficits abyssaux presque sans discontinuer.
Aujourd'hui, point de guerre en prévision, mais les états se sont habitués à l'indiscipline permise par l'émission excessive de monnaie fiduciaire, qui permet une combinaison de taux bas et d'endettement stratosphérique. Au point de menacer la stabilité du système économique dans son ensemble.
Conclusion
Une monnaie dont le coût aurait obéi à de stricts principes de marché nous aurait protégé efficacement des excès d'intervention du politique dans l'octroi du crédit bancaire, la gestion du bilan des banques, les politiques de restriction foncières, et autres facteurs ayant lourdement contribué à former la bulle de crédit sans création de valeur qui est en train d'exploser.
En outre, avec une telle monnaie, cela fait longtemps que les états les moins bien gérés auraient dû rétablir des situations budgétaires plus saines.
Bref, une monnaie de marché n'empêcherait pas les agents économiques, au premier rang desquels l'état, de faire de mauvais choix, mais elle rendrait plus difficile la continuation de ces mauvais choix sur de longues périodes, évitant les crises graves.
Il parait donc urgent que nos élites du G20 et d'ailleurs examinent le retour aussi rapide que possible à un système monétaire mondial fondé sur des monnaies de marché, et donc sans doute sur l'étalon or, plutôt que d'envisager une "super-supervision" du système financier mondial qui ne fera qu'augmenter l'incapacité des régulateurs à prendre en compte les bons paramètres issus de milliards de décisions individuelles pour prendre les bonnes décisions au bon moment.
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Intéressantes lectures sur le sujet :
The Shadow Gold Price, par Paul Brodsky
Meltdown, l'ouvrage best seller de Thomas Woods consacré à la crise financière (remarquable. Je recommande)
La monnaie et le gouvernement, de Murray Rothbard, en Français aux éditions Charles Coquelin.
Le site du Mises Institute (en anglais)
Sur le site d'Hervé de Quengo, voir "Mises", la théorie de la monnaie et du crédit, en français.
Une vidéo éducative en anglais sur le fonctionnement de la FED
L'érosion de la monnaie par les gouvernements (fr)
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En somme, les Etats ont mis en place un système qui ne fonctionne pas, et que les détenteurs privés de capitaux sont priés (ou plutôt contraints, par coercition) de renflouer périodiquement, par l'impôt et/ou l'inflation.
No taxation without representation, dit l'adage. Quel levier détiennent ceux qui financent le système, c'est-à-dire les créateurs de richesses, les détenteurs privés de capitaux, pour exiger qu'en contrepartie du renflouement des banques qu'on leur demande, le système monétaire soit réformé dans un sens autrichien ?
Dans la banque centrale napoléonienne, les plus gros bailleurs, les "200 familles", avaient leur mot à dire. Quel mot à dire ai-je aujourd'hui, alors que je suis contraint de payer pour un système qui ne me convient pas ? Je n'en vois aucun. Aucun contrôle, aucune boucle de rétroaction, sur le système monétaire.
Reste le bulletin de vote, mais seule une infime minorité des électeurs comprend la monnaie, et son rôle dans la crise actuelle, attribuée par la propagande d'Etat aux méfaits du libéralisme "sauvage", dont la page est "définitivement tournée".
Au passage, une dernière question ouverte : dans ce contexte de "retour de l'Etat" applaudi de toute l'élite (cf. le site http://www.protectionnisme.eu/ ), quel vous paraît être le pays francophone le plus libéral, le moins en proie à cette hystérie keynésienne, le plus hospitalier pour l'homme libre, pour l'entrepreneur ? Luxembourg ? Suisse ? Québec ? Un pays d'Afrique ?
Rédigé par : Libertas | lundi 04 mai 2009 à 08h36
"Quant aux banques, nous avons vu que nombre d'entre elles ont vu dans cette création un effet d'aubaine remarquable, au point que certains auteurs affirment que la loi créant la FED fut en fait rédigée au cours d'un dîner entre banquiers. J'ignore si cette affirmation est vraie, mais il est exacte que la FED, institution privée à statut très particulier, fut une création conjointe de l'état US et de grands banquiers."
Elle est rapportée dans de nombreux ouvrages, wikipedia en fait mention.
http://en.wikipedia.org/wiki/Jekyll_Island_Club#Role_in_the_history_of_the_Federal_Reserve
J'ajouterais dans ton article un point sur l'effet redistributif du mécanisme de création monétaire.
En effet, la monnaie est créée lors d'un emprunt, l'utilisateur de cette nouvelle monnaie va donc surecnhérir sur les biens et services faisant monter les prix de ces biens et services, puis le vendeur de ces biens et services va à son tour bénéficier de cet octroi de nouvelle monnaie, et faire à son tour monter les prix des biens et services qu'il va acheter. De proche en proche, la nouvelle monnaie va faire le tour de l'économie et ainsi faire monter tous les prix. Mais plus on est proche de la création monétaire, plus on a de la nouvelle monnaie avant que l'ensemble des prix montent. à la fin de la chaîne, plus on est loin de la création monétaire, plus on voit tous les prix monter autour de soi, sans être bénéficiaire de la nouvelle monnaie. Il y a donc bien une redistribution de pouvoir d'achat du dernier bénéficiaire vers le premier bénéficiaire de la nouvelle monnaie.
Et qui est le plus proche de la création monétaire ? les entreprises financières bien sûr. Il n'est donc pas si étonnant que le secteur financier représentait 40% du total des profits US sur les 10 dernières années.
"From 1973 to 1985, the financial sector never earned more than 16 percent of domestic corporate profits. In 1986, that figure reached 19 percent. In the 1990s, it oscillated between 21 percent and 30 percent, higher than it had ever been in the postwar period. This decade, it reached 41 percent. Pay rose just as dramatically. From 1948 to 1982, average compensation in the financial sector ranged between 99 percent and 108 percent of the average for all domestic private industries. From 1983, it shot upward, reaching 181 percent in 2007."
http://www.theatlantic.com/doc/200905/imf-advice
Au dela de simplement "faire de l'inflation", "créé des bulles et des krachs", le mécanisme de création monétaire est un système de spoliation institutionalisé. C'est un impôt, qui globalement touche vraisemblablement les plus faibles, et dont le bénéficiaire n'est pas que l'Etat.
Rédigé par : Vincent Poncet | lundi 04 mai 2009 à 09h38
Voilà. Vincent a pris sur lui et remis en cause un des piliers aujourd'hui indiscutable et dont l'idée même d'une remise en cause semble non sujet à débat. Et on touche pourtant probablement du doigt une des pièces maîtresses du problème. Il y a cependant de timides et réelles avancées sur cette question, et sûrement la crise actuelle y est pour quelque chose.
Aux Etats Unis notamment, l'audience inespérée qu'a connu un Ron Paul, grand défenseur des thèses autrichiennes et grand pourfendeur de la FED devant l'éternel, pendant toute la campagne présidentielle, et ce avant même que la crise n'éclate vraiment, a donné du crédit à ces idées (rappelons que tous les candidats exceptés Ron Paul défendaient l'idée que les Etats Unis connaissaient une croissance soutenue et solide, durant les primaires, et que RP soutenait au contraire que les Etats Unis étaient déjà entrés en récession : la suite lui donnera raison).
Depuis cet activisme n'est pas resté lettre morte. Ron Paul a introduit le projet de loi HR 1207 ou "Federal Reserve Transparency Act", énième version de projets de loi qu'il dépose avec régularité depuis plusieurs dizaines d'années mais qui sont systématiquement enterrés sans discussion en commission. Sauf que cette fois, le projet introduit avec une poignée de cosponsors (de signature de Représentants au Congrès qui soutiennent la proposition), a vite gagné en popularité. Sous la pression et le travail des associations favorables à la remise en cause de la FED, le projet de loi est devenu un pilier du ralliement contre la politique fédérale de l'explosion des déficits : aujourd'hui le projet de loi HR 1207 a 112 cosponsors et le nombre grandit chaque jour : il sera plus difficile de tuer dans l'oeuf le projet en commission, et l'on se prend à rêver qu'il soit débattu "on the floor", c'est à dire en séance plénière du Congrès.
Le HR 1207 ne remet pas en cause directement le Federal Reserve Act de 1913 : il institut un audit plus approfondi de ce qui est actuellement tenu secret dans les comptes de l'institution. Ses promoteurs espèrent ainsi poser le premier jalon d'une remise en cause plus lourde de la banque centrale américaine, en jouant la carte de la transparence, dans un contexte ou la FED s'est engagé sur plusieurs trillions de dollars de prêts sans publier les bénéficiaires, ni les garanties obtenues en contreparties (il y à fort à parier que ce sont des actifs douteux qui ne garantissent pas grand chose). L'idée est de porter au grand jour les dérives d'un tel système.
Plus d'info sur le HR 1207 :
http://www.ronpaul.com/on-the-issues/audit-the-federal-reserve-hr-1207/
http://en.wikipedia.org/wiki/Federal_Reserve_Transparency_Act_of_2009
En Europe, si l'Euro est fragilisé voire pire par la crise, ou si un ou plusieurs pays sont contraints d'abandonner la zone Euro, le débat pourra peut être également être relancé.
Rédigé par : ST | lundi 04 mai 2009 à 09h42
Entièrement d'accord avec Vincent et ST.
J'ajouterai que cette hypertrophie du secteur financier à cause d'une violation des principes libéraux pourrait être exploitée politiquement avec beaucoup de réussite.
Avec un peu de doigté on peut présenter
- une explication de la crise.
- une explication d'un phénomène qui choque beaucoup de gens (l'hypertrophie du secteur bancaire et de ses revenus).
et le tout parceque l'on a violé des principes libéraux.
En évitant de sombrer dans la démagogie (y faut bien affirmer que les banques, les profits, les taux d'intérêts lorsqu'ils sont dans un cadre législatif sain (libéral..) sont justes et utiles), on peut tout de même prendre à contre-pied beaucoup d'anti-libéraux (ou de libéraux qui s'ignorent.)
Sinon pour signaler que j'ai aussi tenté de résumer une vision libérale de la monnaie et du crédit.
http://www.dantou.fr/banques.html
Rédigé par : Le libéralisme pour les débutants | lundi 04 mai 2009 à 12h14
Excellent article Vincent! Je l'attendais celui-là! :)
La plupart des économistes autrichiens pointent du doigt la création de (fausse) monnaie et de (faux) crédit par (l'intermédiaire de) la FED comme étant la cause principale de la crise car cet afflux de liquidités ne correspondant à aucune richesse réelle est la SOURCE de la bulle, c'est l'essence qui alimente l'incendie.
Et je tiens à inciter tout le monde à lire le chapitre concernant les banques et la monnaie sur le Libéralisme pour les débutants. C'est la meilleure vulgarisation de la pensée autrichienne concernant ce sujet qu'il m'a été donné de lire en français! Et avec le style de Daniel, c'est toujours aussi drôle et plaisant à lire.
Je rajoute que Daniel a parfaitement raison sur le côté "vendable" de la dénonciation du système de banque centrale, de réserves fractionnaires et des troubles qu'ils causent.
Et pour ceux qui veulent aller un tout petit peu plus loin sur le système de banques centrales, de réserves fractionnaires et du crédit, mais que l'anglais rebute, je recommande chaudement ces deux articles du blog du Québécois Libre:
http://www.leblogueduql.org/2008/11/comment-les-banques-centrales-manipulentelle-la-quantité-de-monnaie-.html
http://www.leblogueduql.org/2008/10/le-crdit-ne-pou.html
Rédigé par : Mateo | lundi 04 mai 2009 à 12h49
Bravo pour ce superbe article Vincent! Il est dommage de ne pas pouvoir lire des papiers de cet qualité dans la presse dite "économique".
Rien à voir avec la monnaie ou les banques je copie cette dépêche AFP parce qu'il faut bien rire de temps en temps, même si cela devient tragicomique-comique. Je prévient il ne s'agit pas d'un canular et il n'est pas question de l'URSS ou de la Corée du nord mais bien de notre ultra libéral de pays présidé par son ultra libéral de gouvernement... la dernière phrase est vraiment à encadrer
Les dirigeants du groupe émirati MAG ont confirmé aujourd'hui au gouvernement leur intérêt pour une reprise du site Continental de Clairoix (Oise), a déclaré Luc Chatel après une rencontre avec des responsables de l'équipementier basé à Dubaï. "Nous avons reçu avec Patrick Devedjian les dirigeants du groupe MAG, d'abord pour leur demander quelles étaient leurs intentions concernant le site de Clairoix. Ils nous ont effectivement indiqué qu'ils étaient intéressés par la reprise de ce site", a dit le porte-parole du gouvernement et secrétaire d'Etat à l'Industrie, interrogé à l'issue de l'installation par Nicolas Sarkozy des premiers commissaires à la réindustrialisation. La rencontre avec MAG a eu lieu en début d'après-midi au ministère de la Relance.
Rédigé par : vicken | lundi 04 mai 2009 à 18h09
Nom d'un poney alcoolique ! j'en pleurerais presque d'émotion après la lecture de cet article...
... juste avant de pleurer sur la malhonnêteté intellectuelle de mon entourage bien-pensant et la situation ubuesque dans laquelle nous vivons (l'extrait de la dépêche AFP de vicken l'illustre assez bien).
Sinon, Vincent, j'aurais également voulu connaître ton sentiment sur la question de Libertas : quel pays où on est encore un minimum libre ?
J'ai des vues sur le Québec mais un autre avis m'intéresserait...
Rédigé par : Mr_Zlu | lundi 04 mai 2009 à 20h51
J'aurais tendance à te déconseiller fortement le Québec: d'après ce que je lis (notamment sur le blog du QL), la situation est similaire à la France: rejet du marché généralisé, anti-capitalisme, appel systématique à l'État pour tout et n'importe quoi etc. Pas étonnant que la situation économique du Québec soit une des plus mauvaise du Canada…
Donc voilà, en gros tu retrouveras la mentalité française, mâtinée de nationalisme assez prononcé et agrémentée du bel accent québécois.
Rédigé par : Mateo | lundi 04 mai 2009 à 22h04
Sinon tous les gens qui y sont allé en voyage et avec qui j'ai eu l'occasion de discuter sont unanimes: c'est très joli, Montréal est une ville très agréable les gens sont sympas etc.
Rédigé par : Mateo | lundi 04 mai 2009 à 22h08
je vous conseille ce livre aussi : http://www.contrepoints.org/IMG/pdf/Etat_qu_as-tu_fait_de_notre_monnaie.pdf
Rédigé par : doucet | lundi 04 mai 2009 à 22h23
Je pense qu'il n'y pas de pays vraiment libéral idéal, encore moins si on se restreint au monde francophone. On pourra certes trouver des gradations certaines entre les différentes politiques de différents pays, mais derrières telle ou telle statistique, on retrouvera toujours un autre aspect franchement peu libéral. En fait, dès que tu te penches un peu sérieusement sur un pays, les travers socialistes finissent par t'apparaître.
Par exemple, la Suisse est certainement plus libérale que la France (fiscalité, pas de sécu ...) mais derrière ça, tu finis par découvrir des aspect de la fiscalité confondant comme le fait pour les propriétaires de leur logement de devoir réintégrer le loyer équivalent à l'occupation de leur appartement dans leurs revenus pour imposition sur le revenu (profondément débile et responsable du taux incroyablement faible de propriétaires en Suisse). Tu découvres aussi des droits de douanes à tout va, et des douaniers qui fouillent ton coffre pour vérifier que tu n'a pas plus de 250gr de viande par personne en franchissant la frontière en venant de France (on croit rêver ...).
Donc oui on peut sûrement faire une gradation entre les pays, mais c'est entre les pas du tout libéraux et les un tout petit peu libéraux. En fait il ne faut pas tourner autour du pot : tant que tu n'auras pas un pays ou la force politique la plus influente est profondément libérale, on sera sur une pente socialisante plus ou moins marquée. C'est fort de cette constatation que le mouvement libéral (au sens européen du terme) américain a accouché du Free State Project. La tagline est claire : "Liberty in our Lifetime". Le projet ambitieux vise a convaincre 20 000 libéraux engagés et volontaires, à déménager dans les 5 ans si le chiffre de 20 000 signataires de l'engagement est atteint, pour le New Hampshire, un état déjà fortement libéral, et surtout suffisamment petit pour qu'une force de 20 000 activistes décidés puisse peser lourdement dans le jeu politique.
http://www.freestateproject.org/
Difficile de dire si ce type de projet peu réussir, mais l'idée est intéressante. Voir séduisante.
Rédigé par : ST | lundi 04 mai 2009 à 22h32
C’est ma foi une explication très claire et logique. Après on s’étonne que la presse décline.
Si j’ai bien compris :
La création monétaire ne fait plus monter les prix et les salaires comme avant mais fait gonfler des bulles – énergie, immobilier, actions, art contemporain… - qui éclatent à intervalle régulier.
Les états trouvent ainsi un moyen astucieux pour se financer. La création de fausses monnaies rempli les caisses du trésor via les taxes sur les échanges qu’elle génère. Les banques qui empruntent auprès de la banque centrale peuvent financer aussi sans fins les déficits publics.
Bref c’est une manière plus discrète que de faire acheter directement sa dette par la banque centrale.
Inconvénients : il semble qu’a force d’en abuser, les bulles gonflent de plus en plus haut et se multiplient de plus en plus. Leur éclatement devient aussi de plus en plus lourd à gérer. Les bulles immobilières et pétrolières sont aussi très éprouvantes pour les petites gens aussi bien à la hausse qu’à la baisse.
Rédigé par : jb7756 | lundi 04 mai 2009 à 23h41
l'or a passé son pic de production en 2001 et baisse depuis. Un systeme d'etalon or ne peut pas fonctionner.
Rédigé par : nicolas | mardi 02 juin 2009 à 12h54
@ Nicolas: la production d'or a toujours connu des pics et des creux mais en tendance longue, a augmenté. Rien ne permet d'affirmer que la baisse récente ne soit autre chose qu'une vague baissière dans une tendance haussière.
Et quand bien même: contrairement au pétrole, l'or, imputrescible, est un métal dont les stocks s'accumulent. Une baisse marginale de la production signifierait simplement une nécessité pour les prix des autres biens de s'ajuster à la baisse... Jusqu'à ce que le prix atteint par l'or rende intéressant des réouvertures de sites aujourd'hui fermés, ou l'exploitation de filons autrefois jugés peu intéressants.
Enfin, la proportion d'or utilisée dans la bijouterie peut baisser (aujourd'hui plus de 58%) au profit de l'or monnaie, si cela devient rentable.
Bref, la pénurie d'or n'est pas pour demain.
Rédigé par : vincent | mardi 02 juin 2009 à 14h41
Bonsoir,
Mais dans la mesure où à partir de la moitié des années 70, il est devenue nécessaire pour les ménages américains de s'endetter pour consommer (logement mais aussi santé, éducation, électro-ménager, voiture...), cette politique du crédit facile alimenter par la création monétaire ex nihilo n'est-elle pas une donnée nécessaire du néo-libéralisme? J'entend par néo-libéralisme les politiques de dérégulation financière (en l'occurence la destruction du Glass and steagal Act, celui-ci séparant les banques d'affaire des banques de dépôt), de privatisation des services publics, de manière plus générale de destruction du système de protection sociale inspiré en France par le CNR, qui repose essentiellement sur les cotisations patronales et l'impôts sur le revenu.
On constate que de 45 au milieu des années 70 le capitalisme à connu sa phase de prospérité et de stabilité la plus importante de son histoire, or c'est durant cette période que se constitue et se généralise "l'Etat social" (Welfare State pour les libéraux). Durant cette période il n'est guère besoin d'endettement massif des ménages puisque leur revenu leur permet de consommer ce qui est produit.
Bien sur c'est l'Etat lui-même qui détruit sa propre "main gauche", et en ce sens ne n'est-il pas toujours question d'Etat?
Vous le savez sans doute le libéralisme du XIX repose sur un certain nombre d'institutions créée par la puissance politique étatique (pour le cas de l'Angletterre avec la Poor Law Reform en 1834,qui permet de créer un marché du travail national et concurrentiel, le bank Act de 1844 qui établit le principe de l'étalon-or, et enfin l'abrogation des lois sur le blé en 1846 qui fit naitre un marché mondial du grain).
De la même manière le néo-libéralisme actuel repose sur des institutions (banques centrales,) créé par l'Etat.
C'est pourquoi je ne comprend pas votre position vis à vis de la question de l'Etat : d'un coté vous le rejetez comme naturellement perturbateur (parfois on croirait à vous lire qu'il est l'incarnation du désordre)de l'autre vous êtes obligés de reconnaitre qu'il est lui même à l'origine du libéralisme.
Donc en réalité j'imagine que votre problème n'est pas l'Etat mais la politique qu'il promouvoit.
A savoir qu'avec le libéralisme du XIX l'Etat a créé les conditions de sa non intervention en matière d'économie (autrement dit il a créé un marché autorégulateur de la terre, du travail et de la monnaie).
Pour revenir à la récente déconfiture de notre système bancaire vous ne posez pas dans votre article la question du pourquoi de l'endettement massif des ménages. Cette question comme je l'ai rapidement dit est indissociablement liée aux politiques économiques adoptés autour du milieu des années 70 aux Etats Unis (Reagan) et en Angleterre (Thatcher) et au début des années 80 en France après l'échec d'une politique keneysienne de la relance par la demande(Mitterand). Ces politiques ont eu pour résultats de diminuer la part salariale dans la valeur ajouté. Or comme nous le savons tous le capitaliste ne peut pas se contenter de produire il doit assurer un déboucher à sa production, le crédit a assurer durant cette période de contraction des salaires le rôle de suppléant du revenu, autrement dit il a constitué un revenu fictif pour une grande partie de la population, une solvabilité artificielle à très court termes qui ne peut s'entretenir que dans l'engouffrement plus profond dans le crédit.
Je ne suis pas un Troll, je voudrais juste que vous clarifiez votre position vis à vis de l'intervention de l'Etat et savoir ce que vous pensez de la conception que j'ai esquissé à très gros traits (qui est par ailleurs partagée pas plusieurs économistes, dont le plus éminent étant selon moi Frederic Lordon).
Merci et bonne soirée.
Désolé pour les fautes.
Rédigé par : Karl P | samedi 09 janvier 2010 à 20h59