Je viens d'aller participer à la grande mascarade démocratique que l'on appelle "élections européennes", uniquement parce que Louis Marie Bachelot et Alternative Libérale ont finalement, à force de combativité, réussi à présenter une liste dans le grand ouest. Sans quoi, j'aurai profité du soleil et du jardin.
Cette pseudo-élection, d'un parlement où des partis opposés lors du vote se retrouvent dans les mêmes groupes parlementaires après l'élection, d'un parlement dont l'agenda est décidé par une (grosse) commission de fonctionnaires cooptés dont le seul but dans la vie semble d'être de pourrir la nôtre, est de surcroît une insulte au concept même de démocratie, du moins en France.
Le parti Newropeans, dont je ne partage pas les vues qui sont à la politique ce que le gloubiboulga est à la cuisine, mais qui fait néammoins oeuvre utile en dénonçant les biais de ce scrutin, a classé les procédures électorales de chaque pays en fonction de leur degré de démocratie: accès des petits partis au scrutin, éligibilité, etc...
Et, selon leur étude, le pays le moins démocratique est... la France, pays des droidloms et du protectionnisme pro-grands partis.
La France est le seul pays à imposer aux partis le paiement intégral des professions de foi envoyés aux électeurs et des bulletins de vote envoyés dans les bureaux. Compter 120 000 à 150 000 Euros de frais pour approvisionner une seule région de vote en bulletins en quantité suffisante pour tous les bureaux et les électeurs en profession de foi.
Certes, les bulletins sont téléchargeables. Heureusement, car même si un parti décidait, comme l'a fait AL, de payer non pas pour un approvisionnement intégral, mais pour 10% du nombres d'inscrits par bureau et sans envoi de profession de foi par la poste, il ne serait pas certain, malgré tout, de trouver des bulletins sur la table de chaque bureau. En cause, manifestement, de très gros problèmes d'organisation de l'approvisionnement des bureaux par les préfectures. Dans mon bureau, sur 20 listes, seules 13 présentaient des bulletins sur la table. Les bulletins AL n'y étaient d'ailleurs pas.
Curieusement, dans le bureau mitoyen (une seconde salle dans la même école primaire du quartier), seuls 12 partis avaient leur bulletin présent sur la table de choix. Il y a donc un parti qui était présent dans un bureau et pas dans l'autre, à dix mètres de distance.
Disons le tout net: si l'élection européenne était un concours administratif d'entrée dans la fonction publique, elle serait annulée par un tribunal administratif pour bien moins que ça. Mais je doute que ces dysfonctionnements ne perturbent moindrement le ron-ron de nos élites politiques qui s'y entendent pour maintenir l'illusion de l'existence d'une société démocratique dans notre nomenklaturie.
Pour les partis établis, gavés d'argent public (enfin, on supposera naïvement qu'il ne disposent QUE d'argent public...), ces dispositions financières ne sont pas une contrainte. Pour les petits partis qui voudraient renouveler l'offre politique, cette barrière est infranchissable, surtout dans un système ou les individus ne sont pas libres de verser les sommes qu'ils voudraient au parti de leur choix.
Inutile de préciser qu'il y a peu de chances que je me fende du moindre commentaire sur les résultats de ce simulacre d'élection. Sauf divine surprise libérale, évidemment.
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Bien vu Vincent. Ce qu'on appelle bipolarisation de la vie politique ne vise qu'à entériner la mise en place d'un monopole pour deux formations politiques qui se partagent le pouvoir et surtout ses avantages et privilèges sans que rien ne change finalement pour les citoyens de ce pays.
Pour empêcher des partis concurrents de leur piquer des parts de marché, l'UMPS mis en place des barrières protectionnistes : celle que vous évoquez encore que pour l'UMPS c'est le con-tribuable qui paie la facture, financement public des partis oblige, mais aussi et surtout les 500 signatures de maires qui sont le meilleur moyen d'éliminer la concurrence, les quotas de votes pour être élu lors de certaines élections et voir ses frais de campagnes remboursés (on sait très bien que si vous allez faire 2%, autant dire qu'il faudra un budget restreint pour ne pas se retrouver avec une montagne de dettes), des quotas pour créer un groupe parlementaire, sans parler des scandaleux quotas de temps de parole dans les média, qui muselle les candidats des petites formations.
On ne s'étonnera donc pas de voir que ce sont les petits partis qui veulent changer les modalités actuelles de la vie politique du pays.
Rédigé par : Théo2Toulouse | dimanche 07 juin 2009 à 15h46
Certes la France n’est pas un pays super démocratique (mais c’est mieux qu’en Iran ou en Chine) mais dans les pays nordiques et anglo-saxons – pays les plus démocratiques du monde – il y a aussi du bipartisme.
La grande différence c’est que des leaders peuvent surgir très rapidement, comme Obama ou Clinton, alors qu’en France « l’establishment » est plus rigide. A part peut être dans le cas Sarkozy et encore.
Rédigé par : jb7756 | dimanche 07 juin 2009 à 17h32
@ Tho2toulouse : n'oublions pas la parité dans les scrutins de liste, qui oblige les petits partis à aller à la chasse aux co-listières de complaisance. L'an prochain, aux régionales, cette parité va rendre la tache des petits partis infernale.
Rédigé par : vincent | dimanche 07 juin 2009 à 17h50
C'est vrai que la démocratie est un concept tout relatif. Je n'en reviens toujours pas : j'ai voté pour un parti dont le bulletin n'était pas fourni par mon bureau de vote !
Merci l'équité républicaine...
Concernant la place des ces pauvres partis (au sens littéral), je verrai cela ce soir car je participe au dépouillement. Il va y avoir de la contestation dans l'air : j'ai d'ailleurs remarqué que j'avais imprimé mon bulletin sur du papier 90g, alors que seul est autorisé du papier entre 60g et 80g... Quel pays de tarés !
Rédigé par : Emmanuel | dimanche 07 juin 2009 à 18h32
A Paris 13 j'ai eu également la surprise de ne pas voir de bulletin AL. J'ai du rentrer chez moi en imprimer un et retourner voter : combien de personne auront fait la démarche ? Finalement, s'il avait été clair dès le départ qu'il n'y aurait pas de bulletin, au moins les sympathisants éventuels auraient pu être au courant avant de se trouver face aux urnes. Tout ceci est bien dommage.
Sur le fond, je ne suis pas contre le filtre de l'argent en faisant payer aux partis leurs campagnes comme leurs bulletins : c'est un filtre comme un autre qui peut montrer si un nouveau parti est capable de créer une certaine émulation dans le corps électoral. Mais ce n'est évidemment valable que si TOUS les partis sont soumis à ce régime, et pas seulement les petits, les gros continuant de bénéficier du financement a posteriori de leurs frais.
Ceci dit : la question du résultat du vote pour les libéraux ne se pose pas, ou du moins pas encore. On sait d'avance que les résultats seront infinitésimal à ce stade. L'intéret de la présence d'AL (ou du PLD) dans les scrutins n'est pas (encore) dans le score qu'ils pourront produire. L'intéret réside dans le fait qu'un certain discours ne soit pas complètement et systématiquement absent du débat. Ca permet progressivement de faire émerger l'idée que les idées libérales ne sont pas incarnés par ceux qui sont souvent désignés par l'opinion comme des libéraux. Car face à un vrais discours libéral, la réalité apparait au grand jour.
Trop d'années d'absence des idées libérales du débat politique ont conduit à une érosion lente mais certaines de valeurs fondatrices de notre philosophie, à commencer par l'essentielle propriété. Avant de penser à de quelconques victoires électorales, si modestes soient elles, il faut réintroduire ces idées dans le débat, pour souffler sur les braises presques éteintes des valeurs libérales dont la France fut un temps porteuse. C'est un point essentiel. C'est le travail d'AL ou du PLD sur la scène politique, comme celui de ce Blog dans la sphère du débat d'idée sur internet.
Rédigé par : ST | dimanche 07 juin 2009 à 21h36
Je rentre juste du dépouillement. Finalement, pas trop de contestations puisqu'il n'y a eu que 2 bulletins téléchargés (dont le mieux qui a été validé) sur 500 votes exprimés...
Tout ceci montre bien que les partis qui ne peuvent claquer 100.000 euros dans le trio bulletins + Professions de foi + affiches n'ont aucune chance. En plus, ils ont toutes les chances d'être mort financièrement à l'issue de la partie. Bref, autant s'éclater au casino...
Rédigé par : Emmanuel | dimanche 07 juin 2009 à 22h53
"il ne serait pas certain, malgré tout, de trouver des bulletins sur la table de chaque bureau. En cause, manifestement, de très gros problèmes d'organisation de l'approvisionnement des bureaux par les préfectures. Dans mon bureau, sur 20 listes, seules 13 présentaient des bulletins sur la table. Les bulletins AL n'y étaient d'ailleurs pas."
Pareil. Il n'y avait que 13 listes dans ma mairie, mais celle d'Alternative Libérale était présente. C'était la pile la moins entamée de toute...
Rédigé par : JL | lundi 08 juin 2009 à 00h23
Bonjour à tous,
Moi je n'ai pas été voter car, comme on a déjà du mal à limiter les conneries de nos abrutis de politiciens au niveau national, je pense que s'imaginer qu'on pourra le faire mieux au niveau européen n'est pas très raisonnable.
Je me souviens d'ailleurs d'un bon papier de Vincent sur le fait que décentraliser au maximum (le responsable public en bas de chez soi en somme) était le meilleur moyen de limiter les conneries.
Mais AL a eu raison au moins de s'inviter dans la campagne. AL a eu des pasages médias et a contribué à faire avancer nos idées.
AL aurait peut-être du prendre une position plus euro sceptique.
Rédigé par : Christophe VINCENT | lundi 08 juin 2009 à 19h09
Une bonne Europe ultra libérale, histoire de continuer à alimenter l euro scepticisme...rendez vous dans 5 ans pour un taux d abstention de 80%.
Rédigé par : ctboy | samedi 20 juin 2009 à 23h34