Je sais, j'abuse, avec mon pessimisme récurrent. Et en plus, je plombe vos vacances. Que cela ne vous empêche pas d'en profiter ! Pour les bonnes nouvelles, rendez vous en 2011. Au menu du jour: la SFEF (la quoi ? ), la Pennsylvanie, le Japon, le monde entier, un cygne noir qui pense comme moi, et la fusion-acquisition du siècle !
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La SFEF : notre mini Fannie Mae finalement sortie du bilan de l'Etat !
La SFEF, "Société de Financement de l'Economie Française", est une structure mixte créée en catastrophe à la fin de l'année 2008 pour, selon le gouvernement, apporter des liquidités aux banques pour qu'elles financent l'économie.
La SFEF émet une dette garantie par l'état et reprête aux entreprises avec une ressource moins coûteuse que s'il avait fallu emprunter sans la garantie publique. Cela ne vous rappelle rien ? Mais oui, Fannie Mae et Freddie Mac fonctionnaient comme cela, même si la destination des prêts n'était pas la même !
De fait, les ratios financiers de la SFEF laissent songeurs:
Le machin n'a pas de site web officiel -- la transparence, c'est dépassé -- on sait donc simplement grâce aux échos que 7 grandes banques françaises en détiennent 66% (quoique HSBC soit dans la liste, mais passons), et l'état 34%. Selon les échos toujours, la SFEF aurait 50 millions de capital (source) et aurait émis pour... 75 milliards de dette, soit 4% du PIB. Je répète, on ne rêve pas: 50 Millions de fonds propres, 75 milliards d'émissions...
Avec un bilan aussi fragile, la probabilité de devoir faire jouer la garantie de l'état si la conjoncture met beaucoup d'emprunteurs en défaut est forte, et logiquement, la dette de la SFEF devrait être comptée comme une dette publique et non comme une caution hors bilan. Mais l'état ne veut surtout pas que le chiffre officiel de sa dette ne soit impacté par la SFEF. Il va donc contraindre les banques à reprendre ses 34%, ce qui les forcera à recapitaliser massivement le "machin", ou, par un artifice comptable légal déjà dénoncé ici, avoir recours à de la dette subordonnée, plus coûteuse, pour renforcer leurs "pseudo fonds propres" TIER2.
Et ainsi, Bercy a obtenu que la dette de la SFEF soit ôtée des comptes publics. Je serai curieux de connaître tous les engagements hors bilan de l'état (et pas uniquement les retraites publiques du rapport Pébereau): SFEF, CNAVTS, entreprises publiques, CDC...
La seule "bonne" nouvelle est que les émissions de la SFEF seraient gelées au 31 décembre: si cela se confirme, la SFEF verra alors le total de ses engagements se réduire année après année. Juste un tout petit Freddie Mac, donc...
Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une opération de camouflage comptable, et d'un dispositif de privatisation de larges profits pour les banques bénéficiaires, et de nationalisation des pertes si d'aventure le coût artificiellement bas de la ressource leur a fait consentir des prêts de qualité trop médiocre, ce qui s'est passé avec Fannie et Freddie... Des dispositions législatives fortes devraient être prises pour empêcher l'état de jouer ainsi avec la caution du contribuable.
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Philadelphia Blues
L'état de Pennsylvanie suspend la paie de ses 69 000 fonctionnaires sine die jusqu'à ce qu'un accord budgétaire soit trouvé au niveau du parlement local.
Après la Californie, ça commence à faire désordre.
Et de nombreux états ne seraient pas en meilleure posture.
Observons bien ce qui s'y passe. La même situation pourrait se produire chez nous.
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Le Japon : situation explosive
John Mauldin a émis une analyse absolument fascinante de la situation japonaise, et prévoit de très graves ennuis dans les deux à trois ans pour l'empire du Soleil Levant. Avec comme perspective, après 20 ans de déflation combattue (à tort) par l'endettement et le Quantitative Easing, une situation soit de faillite brutale, soit d'hyper-inflation à la zimbabwéenne :
Japan’s population is shrinking, and the number of workers per retiree is rising. Japan has the highest ratio of debt to GDP in the developed world. And that debt is growing by 7-8% a year, and does not include local debt. Interest rates cannot go lower. Savings are falling rapidly and will not be able to cover the need for new debt issuance, by a long shot. Within a few years, because of the aging of the population, savings will go negative. Social security payments are rising. GDP is shrinking, and export trade is off about 30-40%, depending on the industry. Machine tools are down 80%!
If rates were to go up by 1%, let alone 2%, over time Japan’s percentage of tax revenue dedicated to interest payments would double to 18% and then to 40% and then just keep going up. It is conceivable that it will take 100% of tax revenues in less than ten years, at the current trajectory. Why? Because Japan is going to have to start to compete with the rest of the world to sell its bonds. Who but the Japanese would buy a Japanese bond at 1.3%? From a country that is rapidly going to 200% of debt-to-GDP? Doesn’t really seem like a smart trade to me. And as the data shows, the ability of the Japanese consumer to buy more debt is rapidly waning.
The Japanese government is coming to a crossroads with no good exits. Cut the budget drastically in the face of a deflationary recession? Monetize the debt and let the yen go the way of all fiat currencies? Can someone say Zimbabwe? Increase already high taxes in a very weak economy?
Le vieillissement du japon va transformer le principal acheteur de dette de l'empire, le système de retraite, en vendeur nette de dette, et ce dans un pays ou la dette de l'état, hors collectivités, atteint 170% du PIB.
La seule question est de savoir qui, des USA, de l'Europe, ou du Japon, va sauter en premier...
Le surendettement est une impasse aussi pour les états. Il n'y a que les pseudo-économistes qui conseillent les états pour croire le contraire.
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La compétition pour l'épargne mondiale rend les défauts d'états ou l'hyperinflation inévitables
Dans la même chronique, Mauldin fait le point sur les disponibilités mondiales en terme d'épargne et considère que la probabilité est forte pour que celle ci soit insuffisante pour financer les émissions de nouvelle dette de tous les états, qui représenteront en 2009... 9% du PIB mondial. Et ce dans un contexte de deleveraging massif des institutions financières habituellement prêteuses.
Le graphique suivant se passerait presque de commentaires :
Je cite une fois encore l'auteur:
Bottom line? There is simply not enough available capital under current conditions to do it all. Something has to give. More household savings? More foreign investment (flight to safety, as the rest of the world looks even worse)? Reduced corporate borrowing and thus less GDP growth? Higher rates to attract more foreign and US investment?
The combinations are infinite, but none of them bode well. Increased household savings means less consumer spending. To attract more foreign investment (in the amounts that will be needed) will mean higher rates. And this is 2009. What happens in 2010? And 2011?
Donc le risque est grand que la fabrication artificielle de monnaie apparaisse comme la seule "solution" évitant la faillite formelle des états incapables d'emprunter.
Comme je l'ai déjà dit, la fin de l'année risque d'être chaude. Et si par miracle la corde tient jusque là, on voit mal 2010 se passer en douceur.
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Et en plus, la contagion...
Susan Trimbath, professeur et PDG d'un gros fond d'investissement, partage le sentiment de John Mauldin sur l'insoutenabilité de la somme des dettes publiques dans le monde. Elle pense que des défauts souverains sont inévitables, en commençant par de petits pays.
Mais selon elle, le développement des "credit default swaps" sur ces dettes publiques rendra la moindre faillite d'état potentiellement dangereuse pour l'ensemble du système. Selon elle, en outre, ces faillites provoqueront des troubles à l'ordre public d'une ampleur inusitée. Au vu des réactions des calmes islandais à la failite de leur système bancaire, on ne peut que se demander ce que donnerait la faillite de la Grèce, du Portugal, de l'Italie... et de la France.
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Que faudrait il faire, si tant est qu'il ne soit pas trop tard ?
Nassim Nicholas Taleb, auteur à succès de "Black swann", et fondateur d'un fond d'investissement, estime, avec son associé Mark Spitznagel, que seul un Deleveraging systématique de la société par l'application systématiques d'échanges "dette contre capital" est le seul moyen de se sortir de la spirale infernale qui est la notre. Modestement, c'est également la solution dont je me faisais l'avocat dans l'AGEFI au mois d'avril. Simplement, alors que je la limitais aux faillites bancaires, Taleb étend son application aux emprunteurs acheteurs de maison en situation de faillite personnelle. Extrait de l'article de Taleb:
We believe that stimulus packages, in all their forms, make the same mistakes that got us here. They will lead to extreme overshooting or extreme undershooting. They lead to more borrowing, by socialising private debt. But running a government deficit is dangerous, as it is vulnerable to errors in projections of economic growth. These errors will be larger in the future, so central bank money creation will lead not to inflation but to hyper-inflation, as the system is set for bigger deviations than ever before.
(...)
Monetary policy has always been dangerous. Alan Greenspan, former Federal Reserve chairman, tried playing with the business cycle to iron out bubbles, but it eventually got completely out of control. Bubbles and fads are part of cultural life. We need to do the opposite to what Mr Greenspan did: make the economy’s structure more robust to bubbles.
The only solution is to transform debt into equity across all sectors, in an organised and systematic way. Instead of sending hate mail to near-insolvent homeowners, banks should reach out to borrowers and offer lower interest payments in exchange for equity. Instead of debt becoming “binary” – in default or not – it could take smoothly-varying prices and banks would not need to wait for foreclosures to take action. Banks would turn from “hopers”, hiding risks from themselves, into agents more engaged in economic activity. Hidden risks become visible; hopers become doers.
(...)
We need an aggressive, systematic debt-for-equity conversion. We cannot afford to wait a day.
En France, en cas de grosse faillite bancaire, aucun mécanisme de la sorte, capable d'être appliqué rapidement, n'existe. On s'en remettra benoîtement à "la garantie de l'état", qui n'a de toute façon plus d'argent pour l'assumer.
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L'OPA du siècle : Goldman Sachs en pourparlers pour racheter le trésor américain !
Quoi, on ne peut même plus rigoler ? Extrait du "Borowitz report", dont je recommande la lecture régulière contre l'anxiété:
Goldman Sachs confirmed today that it was in talks to acquire the U.S. Department of the Treasury.According to Goldman spokesperson Jonathan Hestron, the merger between Goldman and the Treasury Department is "a good fit" because "they're in the business of printing money and so are we."
(...)Mr. Hestron said the only challenge facing Goldman in completing the merger "is trying to figure out which parts of the Treasury Dept. we don't already own."
Ceci dit, Andy Borowitz n'est pas si loin de la vérité : les interconnections entre Goldman Sachs et le gouvernement sont tellement nombreuses qu'un ancien adjoint au secrétaire au trésor, Paul Craig Roberts, a estimé publiquement que Tim Geithner, actuel secrétaire en question, "travaille pour Goldman Sachs". Et la Waxman Markey Bill, déjà évoqué ici, pourrait bien être en fait le "Goldman Sachs Bill".
Avis aux lecteurs: J'attends toujours un bon équivalent français pour l'expression "crony capitalism".
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That's all folks !
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Pour "crony capitalism", je propose "capitalisme de complaisance" comme l'équivalent en langue française.
Rédigé par : HPNzitat | lundi 20 juillet 2009 à 08h38
Arg, j'allais répondre la même chose mais trop tard.
Euh tout ça c'est pas très marrant.
Du coup, ça sert toujours à quelque chose que je bosse et que je me fasse des plans pour l'avenir ? En tout cas des plans qui vont plus loin que ce que je vais manger le soir (quoique, ce serait peut-être bientôt la seule question des français... ).
Rédigé par : Mr_Zlu | lundi 20 juillet 2009 à 09h03
C'est pourtant pas difficile à comprendre!:
"Le sur endettement est une impasse aussi pour les états. Il n'y a que les pseudo-économistes qui conseillent les états pour croire le contraire."
Rédigé par : toda | lundi 20 juillet 2009 à 09h27
"Crony capitalism" que je vois comme équivalent en langue française "capitalisme de complaisance" est un contexte économique où les participants gagnent ou manipulent des privilèges avec la complicité des membres du gouvernement dans un ou plusieurs états. Ce type de capitalisme s'assimile au copinage (ou au "potage") capitalistique car les acteurs du libéralisme économique concluent des accords sous l'oeil complaisant ou en s'attirant les faveurs des réprésentants de l'Etat dans l'objectif de faire obstacle à la concurrence. C'est ainsi qu'il n'est pas étonnant de voir que les intérêts des consommateurs ne sont plus garantis et pire ces derniers subissent même un traitement inégal. Les fruits de l'activité économique sont le résultat des arrangements mutuellement bénéfiques entre certains capitalistes et les réprésentants de l'Etat, qui révendiquent alors l'exclusivité.
Rédigé par : HPNzitat | lundi 20 juillet 2009 à 09h57
J'allais dire "capitalisme de connivence"…
Rédigé par : Mateo | lundi 20 juillet 2009 à 09h57
"crony capitalism" : capitalisme d'état mafieux.
Rédigé par : bibi33 | lundi 20 juillet 2009 à 10h14
La traduction devrait avoir un ton plus péjoratif... Le "capitalisme-piston"?
Rédigé par : Mathieu Bédard | lundi 20 juillet 2009 à 10h20
"capitalisme de connivence"
Rédigé par : Vincent Poncet | lundi 20 juillet 2009 à 10h27
La cause des problèmes économique et sociaux n'est pas une question d'appauvrissement ou d'impuissance industrielle mais de pratiques de corruption et d'injustices.
Ceux qui cherchent des solutions sont des naïfs car ils cherchent des solutions technologiques ou économique pour résoudre un problème de comportements humains.
Rédigé par : bionet | lundi 20 juillet 2009 à 10h30
Les choses sont pourtant claire et d'une simplicité biblique ainsi qu'il est écrit: Luc 12:34 Car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur.
Et dans le coeur des cupides l'argent règne en maître absolu, c'est leur dieu.
Rédigé par : Paul | lundi 20 juillet 2009 à 10h42
Vous vous dites en vous-même, que nous arrivera-t-il si le monde devient de plus en plus cruel.
Qui nous délivrera de la main des barbares des temps moderne?
Sachez qu'il est écrit: Jean 16:33 Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde.
Un seul à vaincu le monde, son nom est Jésus-Christ.
Rédigé par : Simon | lundi 20 juillet 2009 à 10h50
@Mathieu Bédard
je propose le "capistonalisme" :o)
Rédigé par : ouk | lundi 20 juillet 2009 à 11h35
@ HPNzitat
Lorsqu'il y a connivence entre État et entreprises privés (obtention de réglementations favorables pour elles ou défavorables pour les concurrents, subventions, privilèges etc.), ce n'est pas du libéralisme, c'est de l'anti-libéralisme! Les libéraux ont toujours lutté contre cela, puisqu'il s'agit d'inégalités en droit et de restrictions de la liberté.
@ bionet
En limitant les prérogatives de l'État, on limite de facto les possibilités de corruption entre hommes d'État et secteur privé.
Les exemples sont tellement nombreux! Un petit pour la route: les affaires entourant les organismes HLM sont nombreuses (et encore, seule une tout petite minorité a été révélée au grand jour). Si l'État arrêtait de construire et de gérer le logement et se contentait d'aider financièrement les personnes en difficulté à se payer un logement, à l'aide d'un chèque logement par exemple, s'il n'y avait plus d'organisme HLM, il n'y aurait plus d'affaires de ce type (en plus de résoudre beaucoup d'autres problèmes).
Oh bien sûr, il y aurait toujours des "affaires" d'une façon ou d'une autre, mais cela en limiterait le nombre et l'importance.
Rédigé par : Mateo | lundi 20 juillet 2009 à 15h41
Capitalisme chronique :-(
Rédigé par : Colargolette | lundi 20 juillet 2009 à 18h20
Je suis prêt à prendre les paris : aucun grand état ne fera défaut sur sa dette, la planche à billet y pourvoira.
Après comment gérer cette fausse monnaie ? La dette atteindra t’elle des niveaux stratosphériques et déconnecté de toute réalité (genre 1000% du PIB) sans que personne d’affole ? Une super inflation plus ou moins « contrôlée » (type année 1970) sera t’elle nécessaire ?
Mystère… Je ne suis me pas sûr que les décideurs le savent. Ils doivent naviguer à vu avec le doigt sur le bouton « injection de fausse monnaie » dès que c’est nécessaire.
Ce qu’il y a de nouveau aujourd’hui c’est que la crise est mondial. Aucune fuite de capitaux n’est possible (comme en Argentine ou en Russie dans les années 1990). Il n’y a aucun vrai refuge (L’Inde, la Chine, c’est pas des zones encore très intégrées et cela reste relativement « petit » économiquement).
@ ST inutile de me tomber dessus, je sais que en temps normal inflation = dette, mais là je parle de inflation = impôts.
Rédigé par : jb7756 | lundi 20 juillet 2009 à 18h44
crony capitalism = néo-féodalisme.
10 000 complices veulent exploiter six milliards de couillons.
Rédigé par : michel | lundi 20 juillet 2009 à 19h37
Un grand état faire faillite? Je n'y crois pas du tout: trop de risques pour tout le monde. C'est peut être naïf, mais je pense que le Japon ou le RU sont "too big to fail". L'inflation va raser gratis par contre...
Rédigé par : Guillaume | lundi 20 juillet 2009 à 20h09
Merci pour vos suggestions.
"capitalisme de complaisance" ou de "connivence" --> un peu trop soft à mon goût.
capitalisme de piston : mmm... à l'oreille, ça me plait moyennement
capitalisme d'état mafieux : trop long.
néo-féodalisme: pourquoi pas ?
j'avais pensé à "kleptocratie", mais j'ai peur que la racine "klepto" n'évoque pas grand chose à une partie de la population.
"extorquisme" est absolument imprononçable.
entre Kleptocratie et néo-féodalisme... Votre avis ?
Rédigé par : vincent | lundi 20 juillet 2009 à 21h57
à tester :
le courbette business ;
le camarapitalisme (contraction de camarade et capitalisme)
Rédigé par : thierry | lundi 20 juillet 2009 à 23h54
CAPITANIBALISME
Rédigé par : Simon | mardi 21 juillet 2009 à 06h54
"Capitalisme de Cour" ou "Capitalisme de Palais" me semble plus proche de http://en.wikipedia.org/wiki/Crony_capitalism
Rédigé par : Olivier | mardi 21 juillet 2009 à 08h02
>"extorquisme" est absolument imprononçable.
Non ça ressemble à de l'euskara.
Lors de votre prochaine conférence à Bayonne prévoyez quelques cours de basque, et si vous ne l'avez pas encore fait la traversée à pied du pont de la Bidassoa.
Rédigé par : bibi33 | mardi 21 juillet 2009 à 10h39
Personnellement, je trouve «kleptocratie» et «néo-féodalisme» trop éloignés de «crony capitalism» et peu parlants pour monsieur Dupont.
La racine "klepto" signifie le vol, or ce n'est pas vraiment de cela qu'il s'agit lorsqu'on parle de "crony capitalism".
Le «féodalisme» fait penser à la féodalité, système dans lequel le pouvoir central était plutôt faible et les pouvoirs locaux des seigneurs plus forts. C'est en tout cas ce que cela évoque pour moi, et c'est assez loin de "crony capitalisme".
Le terme "cronyism" signifie copinage, c'est pour cela que je trouve l'expression "capitalisme de connivence" la plus appropriée ("complaisance" signifie qu'on "ferme les yeux" alors que "connivence" signifie que l'on est de mèche). Je comprends que cela te paraisse un peu "soft", mais je trouve l'expression plus consensuelle, moins radicale.
Ou alors si on continue dans les nélogismes, on peut inventer "copinalisme" :D
Rédigé par : Mateo | mardi 21 juillet 2009 à 11h24
@Mateo
Le copinage concerné n'est pas n'importe quel copinage. Les termes choisis doivent également suggérer l'indentité des deux côtés du partenariat kleptocrate qui est visé ici : milieux d'affaires courtisans et bureaucrates courtisés.
Rédigé par : Olivier | mardi 21 juillet 2009 à 13h11
Je suggère "Capitalisme oligarchique" ou "capitalisme d'oligarques". Finalement, ça ressemble beaucoup au capitalisme russe de l'ère Yeltsine, non ?
Rédigé par : Veig | mardi 21 juillet 2009 à 16h12
@ Olivier
Oui, je sais. C'est du copinalisme d'État ;)
Rédigé par : Mateo | mardi 21 juillet 2009 à 16h20
Privilègocratie ? ;-))
Rédigé par : Keyvanovitch | mardi 21 juillet 2009 à 18h16
Capitalisme nomenklaturiste.
"capitalisme d'état mafieux" : oxymore. le capitalism est moral, l'Etat ne l'est pas.
état mafieux : pléonasme. Un Etat financé par des contributions volontaires, ça n'existe pas, sauf dans les rêves des minarchistes.
Rédigé par : Théo2toulouse | mardi 21 juillet 2009 à 18h25
@ Théo2toulouse
« Un Etat financé par des contributions volontaires, ça n'existe pas, sauf dans les rêves des minarchistes. »
Et pourquoi paye t’on des impôts de nos jours ?
Lors des Grandes Invasions, les romains se sont soustrait au surcroîts d’impôts et au service militaire que demandait l’empire pour défendre le pays. Résultat l’empire s’est effondré et tous le monde a beaucoup perdu, y compris leur vie.
Pendant la guerre de Cent Ans les gens rechignaient à payer les impôts. Le roi n’avait pas les moyens de payer les troupes qui dévastaient alors le pays et passaient au service de l’ennemi.
En Afrique les état sont faible en parti parce qu’il n’y a pratiquement pas d’impôts. Le cas extrême est la Somalie ou il n’y a plus d’état, seulement des groupes armés.
Un pays ou les citoyens se soustraient à l’impôts et un pays condamné au chaos !
Rédigé par : jb7756 | mardi 21 juillet 2009 à 19h15
"Et pourquoi paye t’on des impôts de nos jours ?"
Essentiellement pour payer des dettes qui s'accumulent et fabriquer des crétins à l'école. L'armée et la police, c'est juste 15 % du budget, donc pas une priorité du gouvernement. D'ailleurs, il devrait acquiesser aux propositions de MAM qui conseille de ne plus poursuivre les criminels pour que les flics soient en sécurité dans leurs commissariats : comme ça on évitera des bavures, des crâmages de voitures et des caillassages.
Rédigé par : Théo2toulouse | mardi 21 juillet 2009 à 19h59
@ mateo
féodalisme ; système dans lequel les seigneurs possédaient la terre et y faisaient travailler de serfs. A l'époque, l'agriculture représentait l'essentiel des ressources.
Aujourd'hui, les fiefs sont les très grands groupes et les banques. Ceux qui les possèdent ou les dirigent tissent des liens étroits avec les pouvoirs politiques. Ils désignent les dirigeants des grandes institutions telles le FMI, la Banque Mondiale, l'OMC, les banques centrales européennes et américaines, l'OTAN. Bref, l'effet réseau joue en plein en leur faveur.
Voyez-vous une grosse différence avec le féodalisme du Moyen-âge ?
Rédigé par : michel | mardi 21 juillet 2009 à 20h43
Autre suggestion si néo-féodalisme ne plait pas : "élitentsia".
Rédigé par : michel | mardi 21 juillet 2009 à 20h48
@Théo2toulouse
On est en démocratie, le système n’est que le reflet des gens du pays.
Est il normal que certains groupes tirent la couverture à eux ? Non mais parfois les gens l’acceptent alors que c’est contraire à leur intérêts.
Quand les conducteurs de la SNCF font grève pour défendre leur statut, l’opinion publique les soutient plus ou moins : « ils défendent aussi nos droits ». C’est con mais c’est comme ça.
Rédigé par : jb7756 | mardi 21 juillet 2009 à 23h40
@Michel
Dans tous les systèmes il y a des élites qui en profitent. C’est la nature humaine, c’est comme ça aussi. Enfin chez les animaux aussi : chez les lions le mâle dominant se tape toutes les femelles de son clan et se la coule douce. Mais attention un autre mâle peut arriver, lui foutre une raclée et prendre sa place.
Rédigé par : jb7756 | mardi 21 juillet 2009 à 23h44
J'arrive un peu en fin de discussion, mais pour tous ceux qui pensent que les grands états ne peuvent pas faire faillite, parce que "on ne laissera pas faire", "c'est trop dangereux", "ils sont too big to fail", et "il y aura toujours la planche à billet", je rappelle que la faillite n'est pas un choix, mais à un moment donné, quelque chose qu'on subit sans rien pouvoir faire pour l'éviter. Que si certains peuvent donner l'impression d'être "too big to fail", les grands états sont surtout "too big to save". Je ne vois pas bien qui ou quoi pourrait leur éviter ça ou les renflouer.
Enfin, la très forte inflation est une forme de faillite qui ne dit pas son nom, et de defaut sur la dette, et elle conduit aux même conséquences (qui va prêter de nouveau dans un contexte de spirale inflationniste incontrôlée).
Enfin, rien n'assure que les Etats auront le temps de lancer la machine inflationniste à une vitesse suffisamment grande en cas de rencontre imprévue avec le mur de la dette et face à une remontée subite des taux qu'elle provoquerait. Si en un laps de temps très court, les taux auxquels les marchés veulent bien continuer à prêter à un Etat bondissent, il sera très difficile voire impossible de faire fasse aux remboursements quotidiens de la dette en cours. Il restera l'arme de la dévaluation subite et profonde, mais elle suppose d'être encore maître de sa monnaie ce qui n 'est pas le cas des pays de la zone euro. Et cela serait bien un défaut partiel sur la dette.
Rédigé par : ST | mercredi 22 juillet 2009 à 03h59
"le capitalism est moral, l'Etat ne l'est pas."
Ce n'est même plus un oxymore, ça. C'est juste une grosse c**nerie de fin de repas. Une brève de comptoir d'économiste. Une Jacquesmarseillerie.
Tiens, je vais en faire d'autres :
"faire la guerre c'est moral, les généraux ne le sont pas."
"le communisme est moral, l'URSS ne l'était pas."
"Notre code éthique va plus loin qu'une loi" (Laurence Parisot)
http://www.challenges.fr/magazine/encouverture/0162.019514/notre_code_ethique_va_plus_loin_quune_loi.html
Et les mafieux estiment que le respect du code d'honneur fait d'eux des personnes honorables:
http://www.lefigaro.fr/international/2007/11/08/01003-20071108ARTFIG00263-le-code-dhonneur-de-cosa-nostra-decouvert.php
Rédigé par : Veig | jeudi 23 juillet 2009 à 09h49
Puisque vous ne l'avez pas comprise, je vous la refait en changeant les termes :
La coopération et l'échange volontaires sont conformes à la justice, la spolation à vaste échelle ne l'est pas.
Rédigé par : Théo2toulouse | vendredi 24 juillet 2009 à 16h33
"capitalisme de copinage".
'fellow capitalism' serait meilleur pour définir le sens en fait, plutôt que 'crony capitalism', qui sous-entend presque 'capitalistes comme larrons en foire'.
'fellow' induit un niveau de supériorité, notamment en termes de connaissances et d'égalité entre les membres, qui se cooptent et se reconnaissent entre eux par cette qualité. Cela induit aussi d'avoir fait un bout de route ensemble (compagnon, comrad).
'fellow capitalism', oui. Mieux que 'capitalisme de copinage'. Car dans ces milieux, pas de 'copinage'. On se pratique, on échange, on rend (les coups, les services) entre 'égaux' supérieurs, la supériorité étant attribuée à chacun par la communauté que forment ces 'fellows'. C'est à la fois un ticket d'entrée et un label, que l'on peut perdre. D'ailleurs, il vaut mieux perdre que de perdre ce 'ticket' d'accès pour le 'fellow', sinon, on perd tout ce que peut apporter la communauté de 'fellows'.
C'est mieux aussi que capitalisme d'oligarques (ou oligarchie capitaliste) car l'oligarchie induit une notion de 'classe dominante' et exerçant le pouvoir. Outre que l'oligarchie soit vague à définir (en termes de critères), les 'fellows' se reconnaissent comme égaux ainsi que comme des compagnons de route. Ce qui ne serait pas le cas à priori chez les oligarques. Dans la gérousie de Sparte par exemple, seules les grandes familles pouvaient proposer leurs fils.
Pour finir, sans doute aussi le concept de 'tyrannie des égaux' que Tocqueville appliquait à la démocratie (de manière infondée), sur le système capitaliste.
Enfin, je ne sais pas si je rends bien les choses ...
Cordialement.
Rédigé par : zébu | samedi 25 juillet 2009 à 01h08
Précision : le concept de 'tyrannie des égaux' de Tocqueville serait ici inversé pour être appliqué au capitalisme, à savoir que dans un 'fellow capitalism', c'est bien les 'égaux' qui appliquent la tyrannie à l'égard des 'autres', afin d'éviter que ces mêmes autres ne viennent à les déposséder de leur supériorité.
Chez Tocqueville, c'est l'inverse : dans la démocratie, ce sont les 'égaux' (citoyens) qui peuvent exercer une tyrannie (cancer de la démocratie selon lui), afin que les éléments les plus brillants n'existent pas.
Les faits lui ont donné tort durant les siècles suivants et plutôt raison à la tyrannie des 'fellows' dans le capitalisme (et la démocratie).
Cordialement.
Rédigé par : zébu | samedi 25 juillet 2009 à 01h24