Désolé de vous ennuyer avec mon néo-pessimisme rabat-joie juste avant les vacances d'été. Je sais, vous voudriez croire à la reprise déjà là, que la remontée du CAC à 3200 points souligne la confiance retrouvée des agents économiques, que les plans de relance vont réussir, d'ailleurs Marc Fiorentino l'a bien dit sur BFM... la France n'est pas sur-endettée, le grand emprunt va financer des dépenses "d'avenir", la reprise est pour demain... Et puis vous voudriez partir en vacances tranquilles, profiter de la plage, des barbecues, et de l'anisette sur une terrasse de café de vieux village en jouant aux cartes.
Mais j'ai tout de même décidé de jouer à nous faire peur.
L''annonce de la situation "d'urgence fiscale" de la Californie, qui fait que cet état ne peut plus faire face à ses obligations tant qu'un accord budgétaire n'a pas trouvé une majorité des deux tiers, a fait dire à certains que c'étaient l'ensemble des USA qui risquaient d'être en cessation de paiement. C'est sans doute aller un peu vite en besogne à très court terme, encore que la faillite du Golden State puisse avoir des répercussions sur le moral des investisseurs chargés en dette américaine.
Mais il ne faut pas se le cacher: comme les tous derniers chiffres de l'emploi aux USA viennent de le confirmer (encore -500 000 en juin), la très légère embellie des marchés financiers ne doit pas cacher que l'infernale glissade de l'économie américaine est loin d'être terminée.
Pas plus tard que vendredi dernier, j'écrivais en substance, que "bien malin qui peut prédire si nous allons vers une période de déflation soutenue ou d'hyperinflation aux USA", tout en penchant, avec moult précautions oratoires, pour un retour prévisible de l'inflation, mais à échéance inconnue.
Depuis, mon pessimisme inflationniste concernant l'oncle Sam n'a fait que croître. Et la chute pourrait être relativement rapide... Passons en revue quelques uns des dangers qui pourraient transformer la crise actuelle en cataclysme susceptible, ni plus ni moins, que de couler le dollar.
Prêts immobiliers : nouvelle vague de faillites en vue
Tout d'abord, je rappelle que selon le crédit suisse (cf. graphes dans cette note), ce sont environ 600 milliards de dollars de prêts immobiliers divers (prime, subprimes, ajustables, fixes...) qui vont subir un réajustement contractuel entre fin 2009 et fin 2012, que ces réajustements vont entrainer une hausse des paiements mensuels des ménages concernés, et vont donc conduire une partie de ces ménages à la faillite. La question est: quel pourcentage ?
Selon une étude de l'université de Chicago citée par the Economist, actuellement, un ménage sur 4 se mettant en faillite est un ménage qui "peut payer" mais choisit de ne pas le faire, soit parce que la loi de l'état de résidence prévoit que la récupération de la maison par la banque s'effectue pour solde de tout compte, soit parce que même si l'emprunteur est encore redevable à la banque de la différence entre le prix de la maison et le capital restant dû, l'emprunteur parie sur l'incapacité de la banque, débordée par les faillites, de mettre quoi que ce soit en recouvrement. Sans parler des possibilités de "bailout" offerts par les plans de "sauvetage" de l'administration Obama.
Or, toujours selon l'enquête, ce pourcentage de faillites "stratégiques" augmente au fur et à mesure que les barrières morales au fait de "planter sa banque" s'effondrent: lorsque l'emprunteur connait quelqu'un qui a déjà fait défaut, ou lorsqu'il habite un quartier ou les faillites personnelles se multiplient, abaissant grandement la valeur des maisons du quartier: pourquoi continuer à rembourser 250 000 $ sur une maison qui n'en vaut plus que 150 000 et qui n'a aucune chance de ne retrouver qu'une partie de sa valeur parce que le quartier se transforme en ville fantôme ?
Aujourd'hui, environ 3% des prêts immobiliers ont été forclos et 9% sont en détresse. Tout porte à croire que cette proportion va augmenter. Et comme les foreclosures se produisent en priorité sur les propriétés les plus surévaluées (Californie, Floride...), cela signifie probablement que 12% des prêts en désarroi représentent plus de 18-20% de l'encours total des prêts immobiliers... Et ce pourcentage va augmenter. Or, l'encours de prêts au sommet de la bulle était d'environ 12 000 milliards. Environ 1000 milliards de provisions ont été passées par les grandes banques du monde en 2008. Combien de nouvelles pertes restent-t-elles devant nous ?
Les plans de refinancement des prêts d'emprunteurs en difficultés avec l'argent du contribuable sont un demi-échec, et sans doute un 3/4 d'échec dans les mois à venir : au bout de 6 mois, le taux de re-défaillance atteint déjà 40%, et dépasse 50% pour les prêts renégociés il y a 12 mois, qui n'étaient pas forcément les plus fragiles (les critères d'accès à ce programme ont déjà été assouplis depuis l'entrée en fonctions du nouveau président). C'est sans doute parce que ces plans ne marchent pas très bien que l'administration Obama... a annoncé leur prochaine extension.
Quel montant de pertes au final via la titrisation ?
Si l'on s'en tient aux seuls prêts à réajustement contractuel, 600 Milliards de dollars sont déjà une somme en soi, mais rappelons nous que le recours à la "titrisation par tranches", déjà évoqué ici -- et dont je rappelle, avant que le nouveau lecteur ne crie à la faillite du marché, que l'essor a été provoqué par la stupidité des règles Bâle I et II, longuement développée ici même, et législativement adaptées par la plupart des grands états -- a disséminé ces 600 milliards de prêts très risqués dans une bien plus grande montagne d'obligations dites toxiques, bien que notées AAA par les agences de notation lors de leur émission initiale -- Dont l'oligopole est consacré par la loi US, autre rappel.
D'autre part, il est impossible de savoir précisément quelle est la part de ces obligations pourries détenues hors USA. L'abandon des règles de mark-to-market, même si ces règles sont contestables, a de ce point de vue un gros inconvénient: les banques profitent d'un instant de répit pour tenter de rétablir leur situation de façon relativement opaque. Et ce ne sont pas les "stress tests" qui vont me rassurer outre mesure.
Quelle est la part de ces actifs "toxiques" détenus par des banques US et déjà rachetés par le trésor ou la FED ? Je ne sais, personne ne le sait, puisque la FED maintient la plus grande opacité sur ces achats, au point que bloomberg a porté plainte contre la banque centrale au nom des lois sur l'accès à l'information en vigueur aux USA en décembre. A ce jour, les détails révélés par la FED sous la pression ne permettent pas de savoir dans quelle mesure les actifs ci dessus décrits sont déjà rachetés par la FED, par le trésor dans le cadre du programme TARP, ou pas.
S'ils ne le sont pas, les banques vont devoir enregistrer une nouvelle vague de pertes abyssales, qui aboutiront sûrement à de nouveaux "bailouts". S'ils ont fait partie des actifs toxiques rachetés par la FED, c'est le bilan de cette dernière qui perd toute crédibilité. Ce qui veut dire que la FED aurait augmenté les lignes de crédit de plus de 350 banques pour le mois de mai bien au dessus de la valeur des actifs apportés en contrepartie. Création monétaire sans création de valeur associée: justement le carburant qui a causé la bulle immobilière ! (le comburant étant la réglementation foncière, re-rappel)
L'immobilier commercial : une bulle aussi
Sur le front des prêts pour l'immobilier commercial (bureaux et commerces), la situation n'est pas meilleure. Le boom immobilier a engendré un regain des investissements commerciaux. Or aujourd'hui, nombre de bâtisseurs et d'exploitants de "malls" sont au bord du gouffre, faute de commerces en bonne santé. Le second d'entre eux aux USA, General Growth Properties, vient de se déclarer en faillite.
Environ 530 milliards de dollars de prêts immobiliers commerciaux à "cliquet", c'est à dire à réajustement contractuel en cours de vie du prêt, arriveront à date de réajustement entre 2009 et 2011. Les banques en manque de fonds propres ayant dû considérablement resserrer leurs critères d'attribution, certains estiment que jusqu'à 68% de ces prêts pourraient ne pas pouvoir être refinancés.
Certes, les entreprises n'ont pas les mêmes "incitations" que les ménages à se mettre en défaut. Tous ces prêts ne finiront pas en pertes. Dans un certain nombre de cas, les emprunteurs râcleront les fonds de tiroir et réduiront le total de leur bilan. D'autres renégocieront avec leur banque, qui essaiera de trouver un compromis pour limiter les pertes. Mais sur les 3,5 milliards de dollars de prêts commerciaux en cours, le taux de défaillances pourrait atteindre, selon plusieurs banques, 6% au quatrième trimestre 2009, contre 1,7 au premier. Là encore, les défaillances risquent de toucher les prêts les plus coûteux, car les prix de l'immobilier commercial obéissent à la même logique que ceux de l'immobilier résidentiel: la rareté du terrain gouverne la taille de la bulle. 6% de prêts défaillants représenteront plus sûrement 9-10% de l'encours.
Là encore, quelle est le degré de contamination de l'ensemble du papier obligataire par ces prêts commerciaux ? Quelle est la part du sinistre détenue par les banques US ? Européennes ? Ces actifs toxiques ont ils déjà été repris dans le cadre du TARP ou des programmes de rachat d'actifs douteux par la FED ? Si oui, dans quelle proportion ? Celui qui trouve le renseignement gagne ma reconnaissance éternelle.
La dette du trésor : une bulle sur le dollar ?
Si votre optimisme n'est pas encore douché, voici le coup de grâce.
Selon cette étude très documentée d'un fonds d'investissement dénommé Sprott associates (PDF, 5 pages), le trésor US devra trouver des emprunteurs pour 2 000 milliards de nouvelle dette, à comparer aux 705 milliards de l'année précédente, ce qui était déjà beaucoup. Sans parler, évidemment, des dettes arrivant à échéance, dont il faudra que les emprunteurs les renouvellent.
Or, l'étude de Sprott montre que les détenteurs de dette, au mieux augmentent leur exposition lentement, en privilégiant l'augmentation des bons à court terme, au pire, réduisent leur exposition. Je pense qu'il y a une part de dramatisation dans l'étude Sprott (après tout, toutes ces liquidités injectées par la FED, les banques devront bien en faire quelque chose... Comme les prêter au trésor ?) mais la tendance qu'elle montre est tout de même réelle.
En effet, les fonds propres en débâcle des banquiers et assureurs réduisent leur capacité d'emprunt hors "injections". Or ces deux familles d'entreprises sont les principaux détenteurs de papier du trésor. Ensuite, les emprunteurs étrangers commencent à se montrer nerveux et n'ont pas massivement augmenté leurs avoirs entre décembre 2008 et avril 2009: +120 milliards environ, ce qui est insuffisant pour combler les nouveaux besoins d'emprunts US. Pis même: ils se renforcent de plus en plus en obligations à courts termes (treasuries) mais augmentent très peu leur portefeuille en Bonds et en Notes, malgré les émissions nombreuses déjà mises aux enchères.
"Mieux" encore, on apprend que les régimes de retraite ("social security"), ainsi que les assurances maladies publiques, qui investissaient leurs surplus en bons du trésor, seront vendeurs nets dans les années à venir, à cause des déficits naissants. Les caisses de retraite, et autres fonds mutuels, ne sont pas en meilleure posture.
Bref, hormis quelques investisseurs individuels, peu de groupes d'acheteurs seront prêts à tripler leurs avoirs dans les émissions du trésor. En tout cas pas aux taux actuels.
La FED, le pompier pyromane
Tous, sauf un: la FED. Bernanke l'a dit: la FED rachètera directement la dette au trésor par création monétaire si nécessaire.
Mais en déclarant que le "quantitative easing" ferait partie de sa panoplie anti-crise, la FED n'a fait que précipiter la défiance : les investisseurs ont peur pour la valeur future de leurs placements. D'ores et déjà les taux exigés à long terme remontent, provoquant une baisse de la valeur des bons déjà émis.
Ajoutons que nombre de pays vont dans le même temps augmenter leur appel à l'épargne. Si l'Europe maintient sa ligne peu favorable (enfin, moins ouvertement favorable...) au Quantitative Easing, il n'est pas impossible que des prêteurs qui autrefois privilégiaient le dollar se reportent sur l'Euro.
Or, si le marché ne peut absorber la dette émise par le trésor US, la FED aura le choix entre laisser l'état US se déclarer en défaut de paiement (faillite déclarée), ce qui est très peu probable au vu de la philosophie de l'administration actuelle, soit racheter de la dette de l'état par QE à tour de bras (faillite masquée par dévaluation progressive du dollar). Et par conséquent, dès que cet argent reviendra dans les circuits financiers, au lieu de dormir dans des fonds de bilan bancaires, une forte inflation fera son très grand retour. Dans quelles proportions ? Je n'ai pas de boule de cristal sur moi.
Si cette hypothèse se vérifie, alors le dollar entamera un grand plongeon, qui surpassera largement le pic de 1,60$ / 1€ atteint au milieu de l'année 2008. Reste à prévoir le bon timing. Demain ? Dans 18 mois ?
Conclusion :
Si l'été sera chaud pour les vacanciers, la rentrée 2009-2010 sera bien plus que cela. Si la réplique du tremblement de terre de septembre 2008 sera peut être moins spectaculaire, elle ne sera pas moins dévastatrice, car les fondations du système financier ont été fortement endommagées par la première vague de sinistres.
Quant aux conséquences en dehors des USA d'un plongeon du dollar... Allez, je vous laisse partir en vacances, vous avez assez souffert.
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Et chez nous ?
Certains me diront que la France pourrait plonger avant les USA, puisque nous aussi multiplierons notre besoin de financement par 2 à 3 entre 2008 et 2009.
Certes, mais nous, nous ne pouvons pas imprimer des euros, du moins la BCE nele peut pas aussi ouvertement que la FED. Pas pour l'instant. Une incapacité à trouver des prêteurs signifierait donc tout simplement la banqueroute de l'état, avec des conséquences bancaires que je n'ose même pas imaginer. Les USA, eux, choisiront sans doute la voie de l'hyper-inflation, surtout s'ils sont persuadés de pouvoir la "contrôler", c'est à dire la maintenir sous les 20%.
Un report de prêteurs effrayés par le QE pratiqué par Bernanke vers l'Euro pourrait toutefois donner un répit à nos trésors européens. Mais peut être pas, et, de toute façon, ce soulagement serait de courte durée, vu l'aggravation des dettes dans toute l'union.
Sachant que d'autres états devraient plonger avant nous (l'Italie est encore plus mal en point), et que l'effet domino d'une telle faillite n'est pas modélisable avec mes faibles moyens...
En gros, "on est mal", mais on peine à deviner quelle est la première de ces bombes à retardement qui va exploser, et j'ai beau chercher la moindre raison d'espérer me tromper, je ne la trouve pas.
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Si vous voulez partir sur une note plus drôle, à défaut d'être optimiste, allez donc chez l'ami H16, particulièrement en forme ces derniers temps !
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> nous ne pouvons pas imprimer des euros, du moins
> la BCE ne le peut pas aussi ouvertement que la FED
C'est vrais. Mais apparemment la BCE ne se gène par pour ouvrir des lignes de crédit illimités aux banques pour qu'elles achètent des bons du trésors à tour de bras. Comme le fait remarquer à juste titre Philippe Herlin, c'est du pareil au même :
http://ladettedelafrance.blogspot.com/2009/07/comment-construire-une-bulle-sur-la.html
Sinon, je partage pleinement le point de vue de Vincent : je ne vois aucune raison pour qu'on échappe à la catastrophe. Certes, on a tous ce côté bien humain qui consiste à ne pas trop vouloir y croire, mais si on énumère des arguments rationnels, je ne vois vraiment pas comment on pourrait y échapper.
On est dans une crise de la surconsommation par le crédit. Une crise de la consommation à crédit. Et si on regarde bien cet aspect là des choses, de ce point de vue là, ça ne fait qu'empirer. Regardez plutôt : le chiffre a été repris un peu partout, au premier trimestre de cette année, notre dette a cru au rythme insensé de 1 millards d'Euros par jour. Je reformule : 1 milliard d'Euros par jour. Ca fait 17 euros par jours et par français. Ca fait 500 € par mois et par français. Un demi smic net. Ca fait 2000 € par mois et par couple avec deux enfants. De dette. En plus. Depuis le début de l'année, pour maintenir leur niveau de vie, les français ont chacun (bébé compris) dépensés 500 € d'argent non gagné, non produit.
Ca veut dire que depuis le début de l'année, nous consommons 20% de plus que ce que nous produisons. Et le gouvernement se propose d'empirer les choses. C'est tellement absurde que s'en est confondant. On a beaucoup glosé sur les Américains qui se sont achetés de maisons trop grandes à crédit, des voitures à crédit et des écrans plasma à crédit. Et la crise leur tombe dessus, et le retour de baton c'est qu'ils devront vivre dans une maison qui n'aura pas 3 salles de bains, conduire des voitures plus petites et rendre leur écran plasma de 150 cm. Mais nous aussi vivons à crédit : nos écoles sont financés à crédit, nos hopitaux sont financés à crédit, nos routes sont financées à crédit, même nos retraites sont financées à crédit. Ce n'est pas de conduire des voitures plus petites qui nous guette. C'est de fermer des hopitaux, des écoles et payer les pensions avec des IOUs comme en Californie. L'ensemble de la société francaise ne tient que par notre capacité à emprunter au jour le jour pour payer nos factures. Que se passera t-il lorsque cette capacité d'emprunt s'arrêtera ?
Je veux d'ailleurs revenir à ce sujet sur un point souvent très mal compris. La plupart des gens se figurent que si d'aventure l'Etat Francais ne pouvait subitement plus emprunter, la seule conséquence serait que l'on serait contraint d'arrêter de dépenser plus que nos recettes, bloquer la dette à son niveau actuel et "juste payer" les intérêts au mois le mois. C'est on ne peut plus erroné. Le jour où la France ne trouve plus preneur pour ses bons du trésors, même un effort inoui pour bloquer nos dépenses au niveau de nos recettes n'empêchera pas la faillite et la cessation de paiement. Car la France comme tous les pays endettés, rembourse (une partie de) sa dette TOUS LES JOURS. Chaque fois qu'une tranche de bons du trésors arrive à échéance, ils sont remboursés avec l'argent de nouveaux emprunts, de nouvelles émissions. Le jour où l'on ne peut plus financer ces nouvelles émissions, ce ne sont pas seulement la charge des intérêts qu'il faut financer, c'est le remboursement progressif et forcé des obligations arrivées à échéance qu'il faut financer. Et ça, même la plus drastique des politiques de rigueur n'en serait pas capable.
Nous ne sommes capable de maintenir la dette à son niveau actuel qu'en ré-empruntant CHAQUE JOUR sur les marchés. Si l'on coupe notre capacité d'emprunt, ce n'est pas notre capacité à augmenter encore et toujours notre dette qui est obérée, c'est notre capacité même à simplement maintenir la dette à ce niveau qui est mise en cause instantanément. Les emprunts d'Etat, c'est pire qu'un crédit revolving. C'est une arme financière de destruction massive. Le réacteur de la centrale financière est en train de s'emballer, mais nos dirigeants sont moins préoccupés par le Tchernobyl économique qui nous guette, que par le moyen de profiter du surcroit du courant provisoirement généré par la fonte du noyau.
Rédigé par : ST | vendredi 03 juillet 2009 à 15h52
Analyses très stimulantes.
Juste une interrogation sur le commentaire précédent: pourquoi serait il inhumain de souhaiter assister à une crime systémique?
D'abord ça doit avoir de la gueule.
Ensuite on peut espérer que l'humanité qui n'avance qu'après de grandes catastrophes en tirera quelque leçon bénéfique.
Rédigé par : Le Nain Jaune | vendredi 03 juillet 2009 à 21h46
Vous avez pas honte de colporter des nouvelles aussi négatives. Il faudrait une loi…
Avec tout le mal que se donnent les médias pour nous faire oublier les vrais mauvaises nouvelles :
Réchauffement climatique, grippe A, crash d’avions, mort de Michael Jackson, élection en Iran, départ en vacances, météo, frémissement de l’immobilier (acheter bordel, puisqu’on vous dit que ça remonte, nom de nom)…
Je ne crois pas à une « catastrophe ». Si des grands états sont en défauts de paiement, la planche à billet reprendra la main, discrètement si possible (c’est déjà le cas si j’ai bien compris). Il faut éviter la panique : ayez confiance, ayez confiance…
Restes à savoir comment toute cette monnaie sera digérée et s’il y a super inflation (hyper-inflation me semble inapproprié), comment pourra t’elle s’enclencher. Pour l’instant les salaires sont gelé, non ?
Le plan des gouvernants c’est :
- d’abord sortir de la tempête par tous les moyens. Il faut relancer ou au moins stabiliser l’activité.
- réformer après en effaçant les dettes par la super inflation si nécessaire.
Rédigé par : jb7756 | vendredi 03 juillet 2009 à 23h00
@jb :
> Si des grands états sont en défauts de paiement,
> la planche à billet reprendra la main,
> discrètement si possible
si de grands etats sont en défaut de paiement, ca n'aura rien de discret, fais moi confiance.
> Il faut éviter la panique : ayez confiance,
Si la panique pouvait nous faire arrêter de consommer les richesses que nous avons pas, emprunter a tour de bras et ruiner notre avenir, va pour la panique. Est ce vraiment la panique qui nous guette ? Ou l'excès de confiance dans un système dévoyé et suicidaire ?
> Restes à savoir comment toute cette monnaie
> sera digérée et s’il y a super inflation,
> comment pourra t’elle s’enclencher. Pour
> l’instant les salaires sont gelé, non ?
Tout d'abord, non, il n'y pas encore de contrôle des prix ni des salaires. Ensuite, si le contrôle des prix et des salaires était une arme un tant soit peu efficace contre l'inflation, la super inflation ou l'hyper inflation, ca se saurait. S'il suffisait de bloquer les salaires pour stopper net l'inflation, même les tarés qui dirigent le Zimbabwe l'aurait fait depuis longtemps. L'inflation est un phénomène monétaire : les salaires et les prix n'ont rien à voir là dedans. L'impact de l'inflation sur les salaires et les prix, c'est effectivement leur hausse, mais la hausse de prix ne cause pas et n'est pas l'inflation, c'est sa conséquence. Bloquer les prix et les salaires en période d'inflation ne change rien au surplus de la masse monétaire, donc à l'inflation. Bloquer prix et salaire en période d'inflation n'a qu'un seul effet : créer des pénuries.
> Le plan des gouvernants c’est :
> d’abord sortir de la tempête par tous les
> moyens. Il faut relancer ou au moins stabiliser
> l’activité.
Oui : l'activité. Pas la consommation. L'activité. La production. Par l'investissement. Donc en évitant de capter tous les capitaux disponibles vers des dépenses de consommation via la redistribution et la dette étatique. L'inverse de ce que font les gouvernements, qui tuent l'activité, la production, en détournant le capital. La relance, c'est un mythe, ca n'a JAMAIS existé, JAMAIS fonctionné. Aussi vrais que l'argent ne pousse pas sur les arbres. Ceux qui courent après le mythe de la relance, c'est à dire créer de la richesse à partir de rien, sont les mêmes qui croient encore au moteur à mouvement perpétuel.
> réformer après en effaçant les dettes par
> la super inflation si nécessaire
L'inflation n'efface aucune dette : elle change juste celui qui doit supporter la perte. Une dette est une dette est une dette. On la rembourse (et c'est autant d'argent que l'emprunteur ne pourra dépenser), ou on fait défaut (et c'est autant d'argent que le créancier ne pourra pas dépenser). Mais ce qui a été dépensé a été dépensé. Ce qui a été consommé a été consommé. Le crédit, c'est un déplacement de la consommation des richesses dans le temps, ce n'est pas la multiplication des pains.
Rédigé par : ST | vendredi 03 juillet 2009 à 23h28
@ LNJ
"pourquoi serait il inhumain de vouloir assister à une crise systémique" (...) "Ensuite on peut espérer que l'humanité qui n'avance qu'après de grandes catastrophes en tirera quelque leçon bénéfique"
Mouais, mais bon, tout dépend quand s'arrête la crise: après 70 ans de dictature communiste par exemple, ou une toute chtite guerre de rien du tout, ou plus soft, l'allemagne de 1923, ou les rues avaient cessé d'être sures... je crains que dans un pays comme le notre, en cas de crise vraiment dure, les troubles ne soient pas que économiques...
Quant aux leçons de l'histoire, j'ai plutôt tendance à croire que nous les oublions bien vite. Je sais, en ce moment, je ne suis vraiment pas dans un bon trip.
@ JB 7756 :
c'est la question: super-inflation ou hyper-inflation ? Si la première option l'emporte, si le dérapage est "controlable", on est bon pour la crise des années 70 en pire, avec un point de départ moins bon. Beaucoup de drames individuels, mais peut être au bout du tunnel, comme le commentateur précédent le suggère, la lumière ?
Sinon, évidemment, tous les scénari du pire sont envisageables. l'hyperinflation heureuse, ça n'existe pas.
Sinon, "sortir de la tempête par tous les moyens" : les politiques actuelles, au contraire, nous y enfoncent au coeur.
Rédigé par : vincent | vendredi 03 juillet 2009 à 23h33
"Quant aux leçons de l'histoire, j'ai plutôt tendance à croire que nous les oublions bien vite."
Personne n'a tiré de leçon de la faillite du socialisme le plus dur. Celle du socialisme soft d'inspiration keynésienne, appliqué depuis un demi-siècle et dont ça va être la faillite planétaire, non plus. Si vous y rajoutez une bonne dose de protectionnisme, le cocktail risque d'être assez déguelasse à boire et malheureusement le pire est à venir.
@jb : la mort de MJ, c'est surtout une mauvaise nouvelle pour ses créanciers et pour ceux qui avaient acheté des places de concert.
Rédigé par : Théo2toulouse | samedi 04 juillet 2009 à 09h17
Mais comment expliquer que les commentateurs financiers ( encore ce matin sur Boursorama) font comme si tout ceci était une turbulence de plus qui sera vite surmontée ( en 2011,ça a un peu reculé depuis trois mois où l'on parlait de 2010).
Ils ne voient pas l'eau monter dans les coursives du paquebot?
Rédigé par : Le Nain Jaune | samedi 04 juillet 2009 à 10h14
@Le Nain Jaune :
Mais comment expliquer que les commentateurs financiers n'ont pas vu venir la crise des subprimes en 2007, ni la krach financier en 2008 ?
Les commentateurs financiers font peu ou pas d'analyse économique. Ils commentent. Ils cherchent apres coup une justification a ce qui s'est passé. Et ils vont dans le sens de la foule.
Ceux qui n'ont rien vu venir en 2007 et 2008 n'ont plus aucune crédibilité. Je ne les écoute ni ne les lis même pas.
> Ils ne voient pas l'eau monter dans les coursives du paquebot?
Même posté à la poupe du Titanic, en face de l'iceberg ils discuteraient sur la potentialité d'un retard de quelques heures à l'arrivée à New York.
Rédigé par : ST | samedi 04 juillet 2009 à 11h47
Je crois qu'il y a un phénomène psychologique pour décrire cela: le refus d'envisager le pire (j'ai oublié le nom scientifique). L'esprit habitué à la recherche du plaisir se refuse à imaginer qu'il va falloir adopter des comportements différents, donnant une plus grande importance aux comportements de recherche de survie, avant de penser au fun.
On veut écouter l'orchestre jouer jusqu'à la fin.
@ ST : J'avais oublié ces putain de 442 milliards "injectés" dans les banques. Mon commentaire sur la zone euro se trouve donc être effectivement trop optimiste...
Rédigé par : vincent | samedi 04 juillet 2009 à 12h00
Bon pour résumer :
Des gens ont consommés plus que ce qu’ils pouvaient payer grâce à l’argent prêtés par les épargnants, les futurs retraités (fond de pensions), les chinois…
Dans un monde normal, les banques feraient faillites et les épargnants, futurs retraités, chinois seraient ruinés. Les gens endettes jusqu’au coup verraient leur bien saisi par les banques survivante pour tenter de dédommager les épargnants, futurs retraités, chinois…
On peut dire que cette situation serait assez chaotique.
Là on a décidé que les (grandes) banques ne feraient pas faillite. Donc on les bourre de liquidités créées artificiellement. La conséquence de tout cela est une inflation qui va confisquer une partie de la richesse des épargnants, futurs retraités, chinois mais d’une façon moins brutale.
Pour moi c’est la moins pire des solutions. Evidemment il aurait été mieux de ne pas s’y mettre mais c’est trop tard maintenant.
Et cessons de se comparer au Zimbabwe. Certes là-bas ils ont fait de la planche à billet mais ils ont aussi et surtout méthodiquement détruit leur appareil productif. Ce n’est pas notre cas.
Rédigé par : jb7756 | samedi 04 juillet 2009 à 12h46
@jb
> Des gens ont consommés plus que ce qu’ils
> pouvaient payer grâce à l’argent prêtés par
> les épargnants, les futurs retraités (fond
> de pensions), les chinois…
Parce que l'argent qui permet à la FED de racheter des bons du trésors c'est l'argent des épargnants ? Parce que l'argent que la BCE injecte dans les banques pour financer l'achat d'obligations d'etat c'est l'argent des fonds de pension ? Parce que l'argent qui a permis d'acheter des écrans plats à crédit aux chinois, et leur a permis eux d'épargner, c'est de l'argent préalablement épargné ?
Si l'argent emprunté était systématiquement de l'argent épargné (par autrui), on n'est serait pas là aujourd'hui. Une part énorme de ces crédits provient de crédits bancaires et in fine des banques centrales, et ces crédits n'ont pas de contrepartie en épargne. Cet excès de crédit provient de l'inflation. Cet excès de crédit EST de l'inflation.
On ne peut pas résoudre un excès de crédit (= un excès d'inflation) par de l'inflation (par plus de crédit).
L'inflation n'est pas la solution, l'inflation est le problème qu'on cherche à résoudre.
Enfin, je ne nous compare pas au Zimbabwe, je disais juste que si le blocage des salaires et des prix était une technique efficace de lutte contre l'inflation, ca ferait longtemps qu'on aurait stoppé l'inflation au Zimbabwe. Ce qui montre bien que l'inflation n'est pas un problème de prix à la base, mais un problème de crédit et de monnaie. L'impact sur les prix n'est qu'une conséquence.
Rédigé par : ST | samedi 04 juillet 2009 à 15h59
@ST
Vous avez déjà fait un super article sur l’effet de levier qui permet de multiplier l’argent via le dépôt fractionnaire. C’est vrai on fait de l’argent mais de l’argent virtuelle qui doit être remboursée.
La planche à billet c’est différent. On n’a pas à la rembourser. Je n’ai à rembourser personne si je paye mes dépenses avec des faux billets (sauf si je suis pris et encore si je suis solvable).
L’inflation planche à billet n’est pas l’inflation crédit.
Rédigé par : jb7756 | samedi 04 juillet 2009 à 16h46
@JB
sauf que ce qu'on appelle communément la "planche à billets" consiste bel et bien à accroitre une dette: soit en augmentant artificiellement la ligne de crédit des banques commerciales, soit en rachetant directement des bons du trésor par la Banque centrale.
Il y a donc bien, au départ, accroissement d'une dette. Sauf à considérer qu'il y a déjà accord entre l'état et la banque centrale pour planter le créancier particulier "banque centrale" à un moment donné, évidemment...
Rédigé par : vincent | samedi 04 juillet 2009 à 16h53
@Vincent
> Il y a donc bien, au départ, accroissement d'une dette.
> Sauf à considérer qu'il y a déjà accord entre l'état et la
> banque centrale pour planter le créancier particulier
> "banque centrale" à un moment donné, évidemment...
Si les banques centrales prête de l’argent qu’elles n’ont pas, la dette peut tendre vers l’infini sans problèmes. Dans 50 ans la dette des états pourrait atteindre 10, 100, 1000 fois le PIB et les nouveaux crédits pour payer la dette seront donné par la banque centrale sans rechigner.
Si on prend le budget de l’avant crise de la France, si on retire les intérêts de la dette, il est équilibré. Donc on peut continuer longtemps comme ça à faire semblant.
Rédigé par : jb7756 | samedi 04 juillet 2009 à 18h45
sauf que ce faisant, la monnaie émise par la banque centrale perd toute crédibilité. Tant que les gens sont persuadés que les euros qu'ils ont en main correspond bien à une valeur tangible, ils ont une certaine confiance. Dès qu'ils comprennent que la monnaie mise en circulation n'est que du papier basé sur rien, la vie économique part en couille: pourquoi investir et travailler si ça ne rapporte qu'une monnaie de singe que les gouvernements peuvent déprécier sans vergogne ?
Les phases de forte inflation sont marquées par un très grand attentisme des agents économiques, et si ça tourne à l'hyper inflation, c'est le prélude à de très grands désordres sociaux.
Rédigé par : vincent | samedi 04 juillet 2009 à 19h08
@Vincent
> sauf que ce faisant, la monnaie émise par la banque
> centrale perd toute crédibilité.
Certes mais :
1- On s’habitue à tout. Il y a pas mal d’état qui traîne des dettes supérieur à 100% du PIB (Japon, Italie) sans que cela ne provoque de panique. Il y a 50 ans on aurait considéré que c’était impossible.
2- Tous les grandes économies sont dans ce cas, à part les pays émergeants mais qui ont d’autres problèmes. L’investisseur est coincé.
3- Qui peut croire que cette dette sera payée un jour. On va dire un jour : on arrête cette comédie ou alors on va inventer les intérêt négatifs (on est déjà à 0%).
Rédigé par : jb7756 | samedi 04 juillet 2009 à 19h38
On peut vivre avec une forte inflation.La Turquie des années quatre vingt dix vivait durablement avec quatre vingt pour cent d'inflation ( nous ne savons toujours pas comment ils y arrivaient).
Mais un jour ou l'autre il faut en sortir et sinon ( et sauf en Turquie) ça se termine par l'explosion de la monnaie et donc de toute référence pour le calcul économique.
Rédigé par : Le Nain Jaune | samedi 04 juillet 2009 à 19h42
http://blogs.rtl.fr/aphatie/
aphatie, fait référence dans son blog à l'article des échos, relatant les difficultés de la france à émettre ses obligations, voir à prendre dans l'urgence des émissions à court terme.
Attention danger le vent qui précéde la tempête se lève.
Rédigé par : gordon | mercredi 08 juillet 2009 à 15h35
> "Même posté à la poupe du Titanic, en face de l'iceberg ils discuteraient sur la potentialité d'un retard de quelques heures à l'arrivée à New York"
Il est certain que si je suis posté à la poupe comment voir l'iceberg que je verrai mieux de la proue. Par contre même avec le vent en poupe je l'ai
dans le c..
Rédigé par : Bruno | vendredi 10 juillet 2009 à 03h04