Vivons Heureux en attendant la mort
Desproges
Chaque jour qui passe et une information vient culbuter l'autre, et les dernières faibles raisons d'espérer que la grande dépression tant redoutée n'aura pas lieu disparaissent.
Zone EURO
J'avais raté une information capitale (trop occupé à voir sombrer les USA), montrant que loin d'avoir une politique de création monétaire plus sérieuse que la FED, la BCE pratiquait elle aussi une forme de "quantitative easing" à grande échelle, mais à l'européenne, "en essayant de ne pas le dire".
Philippe Herlin rappelle donc que loin de maîtriser sa création monétaire, la BCE vient de prêter ex-nihilo ("injecter", en novlangue néo Keynesienne), le 23 juin, 442 milliards d'Euros à 1100 banques de l'union, au taux de 1%. Soi disant, officiellement, pour relancer le crédit, et la consommation. Que font les banques ? Elles le prêtent aux états à 3,3% et plus. Marge confortable, sur de telles sommes ! Ainsi, les états peuvent dépenser des quantités d'argent non gagné, malsain, sans contrepartie de création de valeur. De la fausse monnaie, mais légale, qui n'a pour seul objectif réel que de masquer (retarder ?) la situation de faillite des états.
A qui profite le crime ?
Comme Mises l'expliquait par la parabole du faux-monnayeur, celui qui est à la source de la création d'une fausse monnaie "parfaite", c'est à dire impossible à distinguer de la vraie, est à court terme vainqueur: il doit se dépêcher d'acheter n'importe quoi avec sa fausse monnaie avant que les autres agents économiques ne s'aperçoivent que les deux monnaies, vraie et fausse, circulent à flots bouillonnants et n'enclenchent une hausse des prix généralisée. Autrement dit, la BCE et les banques qui font la marge sur l'opération sont les grandes gagnantes car elles disposent d'une fenêtre de courte durée pour faire des achats et investissements massifs avec cette fausse monnaie.
Bien que les sommes en jeu soient moindres que celles créées par la FED, elles n'en sont pas moins porteuses d'un certain risque inflationniste : l'état réinjectera cet argent non gagé par de la création de valeur dans l'économie, par toutes sortes de politiques: sociales, relance, etc... Avant cette opération "injection", en mai, la banque de France notait que la masse monétaire européenne avait augmenté d'environ 5 à 8% en rythme annualisé, selon les agrégats considérés, sur le premier quadrimestre (PDF), alors que la croissance (la valeur ajoutée des échanges) est négative: cela veut dire que l'inflation menace, pour peu que la monnaie se remette à circuler à peu près normalement, ce que les dépenses des états en folie devraient contribuer à opérer. Les 442 milliards créés le 23 juin n'arrangent rien.
Et naturellement, à échéance de ces prêts (à court terme, le prêt est à un an), la BCE devra renouveler l'opération, car une interruption dans les flux d'argent facile provoquerait des mises en défaut des états vis à vis des banques prêteuses, elles mêmes incapables alors de rembourser la BCE... Vous avez dit "mouvement perpétuel" ou "spirale de l'inflation" ? Je n'ai aucune confiance dans la capacité des banques centrales à reprendre l'excès de monnaie qu'elles ont mise en circulation "en douceur".
Trop "optimiste" !
Bref, lorsque j'écrivais que le risque inflationniste dans la zone Euro était nettement plus faible qu'aux USA, j'étais bien trop optimiste. Disons qu'il est "à peine moins élevé" qu'aux USA. Quant à savoir si nous connaitrons une "grosse inflation" (ordre de grandeur des années 70) ou une "hyper-inflation" (dérive exponentielle des prix, façon Russie ou Serbie des années 90)... Je n'ose pas imaginer la seconde alternative, mais hélas, je ne puis formellement l'écarter.
Nous allons payer très cher, 40 ans après, la grande escroquerie du 15 Aout 1971. La seconde vague de la crise ne fait que commencer. Elle sera encore plus dure que la première.
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A l'automne 2008, j'avais déjà dit dans les commentaires de ce blog que la BCE avait créé de la monnaie ex nihilo pour que les banques européennes, confrontées à des retraits massifs de dépôts de la part de leurs clients, puissent tenir leurs engagements. C'était après la faillite de Lehman Brothers.
Cette création monétaire sans contrepartie de transactions commerciales (donc sans création de valeur ajoutée)est évidemment une hérésie financière, mais existe-t-il d'autres solutions pour empêcher les banques et les états de faire faillite ?
Va-t-on vertueusement, si les équilibres financiers finissent par se rétablir (quand ???), détruire cet excédent de mauvaise monnaie ? Rien de moins sur, car l'inflation forte qui résulterait de l'excédent de masse monétaire permettrait à ceux qui ont des dettes de s'en tirer à bon compte. Les gagnants: les états et les banques surendettés. Les perdants, tous ceux qui ont des revenus ou de l'épargne, puisque les pouvoirs d'achats seront laminés. S'achemine-t-on vers un monde où les pouvoirs d'achat des habitants des pays en voie de sous-développement, les notres, s'égaliseront progressivement avec ceux des pays en développement ? C'est ce que souhaitent depuis plusieurs décades les aristocrates d'un néo-féodalisme "global", conçu entre autres au sein du Club de Rome,qui peu à peu se développe au détriment du capitalisme et qui tue le libéralisme et la démocratie: un monde où 9 milliards de serfs, la plèbe globale, travailleront pour cent mille seigneurs.
Rédigé par : michel | jeudi 09 juillet 2009 à 05h42
Il doit bien y avoir une contre partie à "l'injection" de ces 442 milliards dans les bilans des banques. Normalement les banques centrales interviennent en achetant ou vendant des actifs. Dans ce cas la BCE n'a-t-elle pas acheté des actifs (pourris?) aux banques pour ce montant? Bien sur cet achat peut-être assorti d'une obligation de revente aux banques dans un an à un prix majoré de 1%, d'où l'allure de simple prêt que prend cette opération. On appelle cela pension, je crois. Ce serait intéressant de décortiquer complètement cette opération pour vraiment comprendre et pouvoir apprécier son caractère inflationniste.
Rédigé par : Jacques Peter | jeudi 09 juillet 2009 à 09h35
Donc, doit-on donner comme conseil de dépenser ses (maigres) économies durement gagnées dans de la denrée alimantaire non périssable (boîtes de conserve et Snickers) et en armes de protection (car les "mecs des cités" vont sûrement en profiter) ?
@ Michel
"La plèbe globale"...
Et le totalitarisme nouveau est arrivé !
Ca me fait penser au consensus qui est de dire qu'Hitler était le mal absolu et que sachant cela, on se justifie de toute action menée, quelle qu'elle soit, contre ce qu'il a représenté.
Mais Hitler (et consorts, comme Staline ou Mao) est mort, ainsi que tout le contexte qui l'a permis d'arriver au pouvoir.
Mais Hitler (et consorts) a gagné, dans le sens où ses idées de base, sa manière de faire sont restées. Le totalitarisme évolue dans le temps et assimile ce qui s'est passé avant. Si un nouveau "Hitler" voulait aujourd'hui instaurer un système d'essence totalitaire, on peut être sûr que se fera d'une autre manière.
Pour moi, l'asservissement se fait par :
- le politiquement correct et la discrimination positive (dans tous les domaines)
- l'obsession de la régulation
- le multiculturalisme exacerbé (ou la "tolérance et l'ouverture d'esprit")
- la religion écologique
Voilà le "Bien" de nos jours et malheur à vous si vous osez prétendre le contraire.
J'ai conscience que je risque de me faire passer pour un réactionnaire, voire un "raciste" (l'insulte ultime de nos jours), mais osons le dire :
"Avoir l'esprit ouvert, ce n'est pas de l'avoir à toutes les sottises."
Rédigé par : Mr_Zlu | jeudi 09 juillet 2009 à 10h22
@Jacques Peter :
> Il doit bien y avoir une contre partie à
> "l'injection" de ces 442 milliards dans les
> bilans des banques.
Je crois qu'il s'agissait de prêts. Ces prêts ont surement des collatéraux, mais probablement ces collatéraux (des créances aujourd'hui douteuses) ne valent pas grand chose.
> Ce serait intéressant de décortiquer complètement
> cette opération pour vraiment comprendre et
> pouvoir apprécier son caractère inflationniste.
Certes, mais pour moi, cette opération n'a pas "un caractère inflationniste". Cette opération EST de l'inflation. Pure et simple. Mais les banques centrales savent elles faire autre chose ? Là est la vrais question.
Je partage totalement l'analyse et les conclusions, certes peu réjouissantes de Vincent.
Michel un peu plus haut pose la question : "existe-t-il d'autres solutions pour empêcher les banques et les états de faire faillite ?"
Le problème c'est que ce n'est pas une solution pour empêcher banque et état de faire faillite, c'est une solution pour garantir leur faillite à terme. L'excès de crédit et l'inflation n'est pas le remède, c'est la maladie.
Rédigé par : ST | jeudi 09 juillet 2009 à 11h01
S' agit il d' une injection ou d' un simple roulement de positions assorti d' un plan de communication? Il me semble avoir entendu les deux versions.J' y regarderais a deux fois avant de prendre définitivement position.Les information sont surement disponibles directement à la source c' est à dire à la BCE.
A voir et merci à Mr Benard pour ce site que je consulte régulierement depuis un moment déja
Rédigé par : steph | vendredi 10 juillet 2009 à 01h59
http://www.pro-at.com/analyse-bourse/technique-442-milliards-...-RAS-1-9126.html
Rédigé par : steph | vendredi 10 juillet 2009 à 04h30
@steph :
Précision en effet intéressante. Ceci dit, cela reste une modification de comportement de taille. En repoussant d'un an la renégociation des intérêts ultra faibles proposés en échange de collatéraux douteux, sur des emprunts dont tout le monde y compris l'auteur de votre article s'accorde à dire que les banques ne sont pas en mesure de les rembourser, et qu'elles sont contraintes de réemprunter pour rembourser (roulement de prêts), c'est un sacré cadeau de la part de la banque centrale. Cela participe manifestement de la volonté d'aider les banques à augmenter leur effet de levier en réduisant leur exposition au risque, avec les résultats que l'on connait (cf mon dernier article http://www.objectifliberte.fr/2009/06/regulation-bancaire-histoire-dun-echec-programme.html). C'est toujours la même fuite en avant.
Rédigé par : ST | vendredi 10 juillet 2009 à 16h00
A mon avis il est inutile de fantasmer sur la faillite d’un grand état. Jamais la BCE n’en laissera un faire faillite, les conséquences seraient trop terrible. La planche à billet c’est moins risqué.
Mais j’aimerai vous faire réfléchir sur un avenir finalement plus proche qu’on peut penser. Voici des démos d’un IVR (système de Hot Line téléphonique automatisé) assez révolutionnaire :
http://www.smartaction.com/demos/
C’est bien simple les réponses de ce système sont parfaite, si la voix ne paraissait pas synthétique, on pourrait croire qu’il s’agit d’un opérateur humain. Les connaisseurs apprécieront et ceux qui ont essayé la reconnaissance vocales de Windows Vista (une merde) verront immédiatement la différence. En fait le logiciel derrière cela imite le fonctionnement du cerveau humain et travaille par apprentissage et non par programmation.
Le créateur de ce système, Peter Voss, se donne 8 ans pour parvenir à niveau intellectuel humain : http://www.acceleratingfuture.com/people-blog/2009/toward-real-ai/
Ce personnage très original et aussi très doué (techniquement et commercialement) est sûrement le mieux placé pour savoir même si des considérations commerciales viennent parasiter son propos (il peut minorer son diagnostique pour ne pas s’attirer trop de concurrents, ou alors l’exagérer pour attirer des investisseurs, difficile de savoir).
Jusqu’ici l’Homme a su toujours trouver sa place à coté de la Machine. Mais à partir du moment ou la Machine est plus compétitive dans TOUS les domaines et même autonome vis à vis de l’Homme, ou est donc notre place ? Cela vaut d’un point de vue économique comme philosophique. Déjà les call-center « humain » peuvent se faire du soucis.
Je juge que les propos de Peter Voss sont crédible et donc je m’attends à ce qu’avant 2020 notre monde subisse une révolution dont on peine à mesurer l’étendu et l’imminence.
Rédigé par : jb7756 | samedi 11 juillet 2009 à 12h43
@jb :
> A mon avis il est inutile de fantasmer sur la
> faillite d’un grand état. Jamais la BCE n’en
> laissera un faire faillite, les conséquences
> seraient trop terrible. La planche à billet
> c’est moins risqué.
La planche a billet ne peut aucunement empecher une faillite d'un etat. C'est eventuellement une modalite de cette faillite, mais en aucun cas un echapatoire ou un remede.
En outre, le jour ou un grand etat fera face au mur de sa dette, la planche a billet ne sera d'aucun secours. On ne peut pas substituer comme ca les creanciers d'un etat et les remplacer par de la creation monetaire sans voir l'economie s'effondrer.
L'inflation sera une cause majeure de la faillite des Etats, pas une quelconque strategie possible d'evitement.
ST.
Rédigé par : ST | samedi 11 juillet 2009 à 14h35
Bon j’ai fait un bide là au dessus (voir 2 post plus haut et surtout écouter les démos). Pourtant l’Intelligence Artificielle, la vrai, cela semble relativement imminent (horizon 2017, 2030 si on est très prudent) et c’est évidemment important. Penser aux conséquences économiques d’un travail intellectuel quasi gratuit !
Rédigé par : jb7756 | lundi 20 juillet 2009 à 19h24