Certaines rencontres laissent plus de souvenirs que plus que d'autres.
C'était en 2005, dans la bonne ville germanique de Gummersbach, près de Cologne, dans le district d'Oberbergischer Kreis, siège de la Friedrich von Neuman Stiftung. Comme quoi l'Allemagne pratique le multigutturalisme à un stade avancé. (je n'ai pas pu m'en empêcher. Désolé !)
J'assistai à mon premier grand rassemblement libéral mondial, organisé par l'ISIL. J'y étais intervenu au nom de l'institut Hayek pour exposer les déterminants de l'anti-libéralisme français.
Parmi les nombreux participants dont plusieurs sont restés depuis d'excellentes relations voire des amis, il en est une qui m'avait particulièrement marqué, et pour cause, elle avait subjugué l'ensemble de l'assistance, par une éloquence, un charisme, et, ce qui ne gâte rien, un charme hors normes. A l'issue de son speech, nous étions tous littéralement envoûtés, il n'y a pas d'autre mot.
June Arunga (wikipedia), originaire du Kenya et partageant sa vie entre son continent d'origine et Londres (à l'époque), venait de réaliser un documentaire diffusé par la BBC, intitulé "The devil's footpath" (le sentier du diable), expliquant par l'exemple pourquoi l'Afrique accusait un tel retard de développement sur le reste du monde. Le documentaire date de 2004, mais reste totalement d'actualité.
Vous vous en doutez, point de misérabilisme dans son propos, ou de doigt vengeur pointé vers les anciennes puissances coloniales. June a une façon bien particulière de dire que les problèmes de l'Afrique ont leur source en Afrique et chez les Africains, et que les stigmates d'un passé douloureux, entre esclavage et exploitation, ne peuvent en aucun cas être invoqués comme excuse de la faillite misérable actuelle de la plupart des dirigeants corrompus et totalitaires du continent noir. The devil footpath est une plongée dans un continent rongé par le protectionnisme, le socialisme, la corruption, la tyrannie, les guerres.
Si je vous parle aujourd'hui de cette femme remarquable, c'est parce que je découvre que "The Devil's footpath" est en ligne sur youtube, semble-t-il depuis ce mois d'Août. J'espère qu'il y restera et que cela a bien été fait en accord avec June. Mais je ne pouvais résister à l'idée de vous le faire partager.
Le film a été coupé en 6 parties, total environ 50 minutes. L'anglais y est assez facile à comprendre. Je vous insère la première ci dessous (lien youtube),
Pour voir la liste complète des 6 parties, cliquez ici !
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Je viens de finir de regarder la série de video. Pas mal du tout.
Et June Arungas que je ne connaissais pas est une émissaire inattendue et charismatique de la cause libérale en Afrique. J'ai trouvé cet article par exemple où elle explique sont parcours :
http://uhurunihaki.blogspot.com/2005/04/growing-up-in-kenya-june-arungas-story.html
C'est édifiant et particulièrement chargé d'espoir.
Son documentaire en tout cas fait bien ressortir l'élément fondamental qui manque en Afrique (et pas qu'en Afrique) : ce n'est pas l'énergie, ce n'est pas la volonté, ce ne sont pas les richesses, c'est l'Etat de Droit, the Rule of Law.
Apparemment elle a aussi participé à un documentaire controversé sur la globalisation (controversé ca veut dire qui ne vomit pas sur le capitalisme et la globalisation):
http://video.google.com/videoplay?docid=5633239795464137680#
Pas encore eu le temps de le regarder, mais je vais y jeter un oeil.
Rédigé par : ST | mardi 15 septembre 2009 à 12h11
"cela a bien était fait " heu été fait...
Rédigé par : mica | mardi 15 septembre 2009 à 23h05
Merci beaucoup pour ce documentaire, ça fait des années que je cherche ce genre d'explications sur l'Afrique venant "de l'intérieur" plutôt que d'occidentaux.
Dommage qu'il n'y ait pas de sous-titres en français pour partager ça en France. Faudrait que je me motive pour en faire.
Rédigé par : Naufrage | mercredi 16 septembre 2009 à 12h47
@ mica : merci !
@ Naufrage: le site www.unmondelibre.org fournit beaucoup de traductions, de vidéos et de commentaires sur l'afrique par des intellectuels africains.
Rédigé par : vincent | jeudi 17 septembre 2009 à 08h05
@ST
« Ce qui manque en Afrique c’est l’état de droit ».
Et dans pas mal de pays (Italie du sud, Russie, pays Musulmans, partie de l’Amérique Latine).
C’est pas quelques choses qui s’apprend comme ça, c’est dans la mentalité profonde. C’est difficile à changer.
La première chose c’est de ne pas considérer le meurtre comme un moyen normal de résoudre les problèmes, y compris pour l’Etat. Tu ne tueras point ! Une fois que c’est acquis, le plus gros du chemin est fait.
Après c’est facile :
- Respect de la propriété privée.
- Respect des lois
- Respect de la parole donnée (contrat)
Rédigé par : jb7756 | jeudi 17 septembre 2009 à 17h01
@jb
> Et dans pas mal de pays (Italie du sud,
> Russie, pays Musulmans, partie de l’Amérique
> Latine).
absolument. Et j'irai jusqu'à dire, que c'est aussi qui manque le plus chez nous. Pas dans les mêmes proportions, certes, mais néanmoins, l'Etat de Droit est assez peu respecté dans les démocraties occidentales.
> C’est pas quelques choses qui s’apprend comme
> ça, c’est dans la mentalité profonde. C’est
> difficile à changer.
Personnellement je pense que c'est surtout dans la nature profonde de l'homme. Je pense que la majorité des gens ressente la violation de l'Etat de Droit, comme une injustice. Aussi, je ne pense pas qu'il faille forcément lutter contre des traits culturels si profonds. Mais il faut renverser des logiques de pouvoirs établi, et ca c'est difficile. Aussi difficile que chez nous de revenir sur les "acquis sociaux" de tel ou tel.
Rédigé par : ST | vendredi 18 septembre 2009 à 09h21
@ST
« l'Etat de Droit est assez peu respecté dans les démocraties occidentales. »
Oui enfin si il est pas respecté ici, il est respecté nul part. Faut pas rêver d’un monde parfait, ce serait terriblement chiant.
« Personnellement je pense que c'est surtout dans la nature profonde de l'homme. »
Les hommes sont un peu partout les mêmes, c’est l’éducation, au sens large (je dirais plutôt le software humain qui est acquis par de multiples interactions avec l’environnement) qui joue un rôle prépondérant. Les enfants imitent inconsciemment le comportement de leur parents.
Il faudrait déjà que les gauchistes arrêtent de raconter que tous les malheurs viennent de la colonisation, du capitalisme, etc… Ce n’est pas leur rendre service que de raconter de telles fables. Mais c’est pas sur ce site qu’on risque de les convaincre.
Pour l’Afrique, le niveau culturel est plutôt bas. On pourrait y aller comme au moyen age avec la peur de l’enfer diffusée par les prêtres mais c’est un peu démodé.
Un autre outil efficace qui fait évoluer les mentalités, c’est la souffrance. Au Liban après des années de guerre civile, il semble que la leçon ait été retenue. Comme en France après les guerres de religion.
En Russie Medvedev semble profiter de la crise pour écarter Poutine et ses copains militaristo-mafieux. Il parle de mettre fin au racket de l’administration et de la police sur la population. La population traumatisée par le bordel qui a suivi la chute de l’URSS, se laisse faire bien que la crise commence à provoquer des manifestations.
Il y a aussi un phénomène de ségrégations, les gens les plus capables s’enfuient des zones les plus pourries qui se dégradent encore (des quartiers mais aussi des pays) et renforcent les zones les plus riches et stables.
Rédigé par : jb7756 | vendredi 18 septembre 2009 à 14h26
Un autre avis fort intéressant sur l'Afrique et l'aide publique internationale, également par une Africaine qui connait son sujet :
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20090917trib000423177/dambisa-moyo-l-aide-publique-donnee-a-l-afrique-constitue-une-rente.html
Les arguments qu'elle développe pour les Etats Africains s'appliquent parfaitement aux individus sous perfusion du welfare state chez nous.
Rédigé par : ST | mercredi 30 septembre 2009 à 17h56