Une des erreurs d'analyse les plus souvent entendues à propos de la crise est celle qui revient à en dater le début à il y a un an, lorsque le gouvernement américain et son ministre des finances, Henry Paulson, ancien CEO de Goldman Sachs, refusait d'amener sa garantie à Bank of America pour un éventuel rachat de Lehman Brothers, concurrent direct de GS, dirigée par l'homme le plus haï dudit Paulson, un certain Richard (Dick) Fuld.
Selon 90% des analystes "mainstream", la "tragique erreur" de Paulson, le non-sauvetage de Lehman, (B.of.A choisissant désormais de racheter un troisième canard boiteux de Wall Street, Merill Lynch), a été le révélateur de la fragilité des bilans bancaires, qui a précipité une chute des actifs financiers, mettant les banques trop faiblement garnies de fonds propres au bord de la faillite, obligeant les preux chevaliers étatiques du monde à un gigantesque plan d'injection d'argent du contribuable pour "sauver le système financier".
Inutile de préciser que cette interprétation n'est pas la mienne. Le lâchage de Lehman n'a fait que révêler une situation qui de toute façon ne pouvait qu'exploser.
La crise a commencé pendant la période de "fausse croissance" de l'économie américaine
On peut situer le début de cette crise au début des années 2000, et plus particulièrement à partir de 2003, quand commencent à être massivement octroyés des prêts hypothécaires à des personnes structurellement incapables de les rembourser. Je ne reviendrai pas sur les nombreuses explications de cette explosion du crédit, largement évoquées sur ce blog, mais j'en rappellerai les conséquences funestes.
La valeur d'une créance, du point de vue du prêteur, ne tient qu'à un seul facteur: la capacité du débiteur à honorer sa dette. Que l'engagement ne soit pas tenu et la créance ne vaut plus qu'une fraction de sa valeur initiale.
Face à un risque de défaut de paiement, le créancier utilise deux outils: le premier est une augmentation du taux d'intérêt "sans risque" d'un "premium", taux supplémentaire, calculé en fonction de la probabilité de défaut du débiteur, que le banquier estime statistiquement.
Mais pour le cas ou une situation exceptionnelle déjouerait la prévision fondée sur la statistique, la banquier va user d'un autre levier: il va prendre des garanties, comme par exemple une hypothèque sur la maison du débiteur.
Le banquier n'est pas un agent immobilier, et le banquier traditionnel et prudent sait très bien que pour que la garantie soit efficace, il doit l'exercer le moins souvent possible: s'il se retrouve à devoir saisir trop de maisons pour cause de défaillances trop nombreuses de ses emprunteurs, la valeur des maisons saisies finira par chuter, du fait d'un marché inondé de saisies. Aussi le banquier traditionnel ne considère la garantie hypothécaire que pour ce qu'elle est: une garantie, mais pas comme la source de création de valeur qui rend solvable son débiteur.
L'emrpunteur-débiteur ne pourra rembourser son prêt que s'il appartient à une chaîne de création de valeur capable de lui assurer une rémunération (salaire direct, différé, dividendes, revenus d'épargne, etc...) suffisante pour lui permettre de faire face à ses échéances.
Mais hélas, trop de banquiers, à la perception du risque totalement pervertie par moult interventions mal inspirées de l'état (voir ici), ont fini par croire, au vu des courbes de croissance stratosphériques de l'indice de Case-Schiller, que la maison apportée en garantie était l'instrument de création de valeur qui permettrait de rembourser la dette le cas échéant.
Or, la prise de valeur de ces maisons était purement artificielle, ce qui fait qu'environ 4 000 milliards de dollars de prêts ont été fondés non pas sur une capacité de remboursement des ménages, mais sur une prise de valeur infondée d'un bien garantissant le prêt.
Les économistes autrichiens ont parfaitement théorisé cette mauvaise allocation de ressources qui se produit lorsque les banques centrales subventionnent le crédit en dessous de ce que serait sa valeur de marché. Selon eux, la crise commence non pas lors de l'éclatement d'une bulle, mais lors de sa formation, alors que les crédits qui la financent ne sont plus basés sur la capacité de l'économie à créer la richesse nécessaire à son remboursement. L'excès de dette non réellement remboursable mis sur le marché marque le début de la crise, quand bien même au début de sa formation, l'économie connaît l'euphorie du consommateur d'héroïne prendant les premiers shoots. Comme pour certaines maladies, ce n'est pas parce que la période d'incubation est longue que le sujet est sain...
Le déclencheur de la crise: le sauvetage de Bear Stearns.
On me répondra que même si la crise a couvé pendant les années d'expansion bullaire du crédit, le gouvernement américain, en lâchant Lehman pour des motifs dont la noblesse semble effectivement absente, a précipité une crise de confiance financière grave, alors que sans cela, il aurait été possible de négocier un "atterrissage en douceur" de l'économie, bien moins dramatique en terme d'emplois.
Là encore, qu'il me soit permis de douter.
La première banque dont les difficultés liés aux prêts "subprimes" furent révélées au public fut la banque d'affaire Bear Stearns, qui annonça plusieurs milliards de dépréciations d'actifs en Aout 2007, contraignant son CEO à la démission. Bear était déjà virtuellement insolvables dès Août 2007. Pourtant, la faillite de la cinquième des grandes banques d'affaires US n'allait être officialisée qu'en mars 2008, lorsque JP morgan annonçait son rachat, moyennant un prêt à des taux exceptionnellement bas octroyé par la FED.
Dès Août 2007, il apparut évident à nombre d'observateurs que le trésor et la Fed se mobilisaient pour trouver une solution évitant la fermeture brutale de Bear Stearns. La conclusion d'avril 2008 leur donnait d'ailleurs raison. Le signal était clair: la FED et le trésor aideraient les banques à ne pas sombrer. Le signal donné aux CEO non ou peu actionnaires de ces banques était clair: la fête pouvait continuer, inutile de passer en mode "gestion de crise", il fallait continuer d'engranger des gains à court terme, synonyme de fortes plus values sur stock options et autres bonus gigantesques, et attendre sagement que l'oncle Sam vienne à la rescousse avec les deniers du contribuable lorsque la loi de la gravité rattraperait les débiteurs insolvables.
Fannie et Freddie, malgré leur bilan se dégradant plus vite que la cote de George Bush dans les sondages, continuèrent leur folle politique de rachats de MBS douteuses. AIG continua comme si de rien était à encaisser des primes d'assurance sur ces produits dérivés au risque très mal calculé. Angelo Mozilo, le CEO de la banque Countrywide, termina de vendre les actions de l'établissement qu'il avait fondé en affichant des résultats douteux...
Surtout, peu de banques n'allaient faire l'effort de tenter de déboucler leurs positions dans des "mortgage backed securities" douteuses en essayant de les brader à des investisseurs aimant le risque (de vilains "spéculateurs", en langage médiatiquement correct) avec une décote importante, pour trouver le cash nécessaire au paiement de leurs propres dettes.
Le seul deal d'envergure de ce genre qui fut enregistré avant septembre 2008 fut le rachat par un fonds spéculatif Texan, dirigé par John Paulson - sans rapport familial avec celui qui officiait à la tête du trésor (Henry) - de titres de MBS de valeur nominale de plus de 3O milliards de $, pour seulement... 22% de ce nominal en juillet 2008, soit environ 6 milliards, versés à Merill, pris à la gorge. Et encore Merrill avait elle prêté à John Paulson les trois quarts de la somme nécessaire à ce rachat !
Mais la quasi certitude que la FED interviendrait pour les sauver n'a pas incité les banques à rechercher trop activement ce genre de deal, ou d'autres moyens de colmater les voies d'au en train de s'ouvrir. Au contraire, elles espéraient que des rachats subventionnés par le gouvernement se feraient à un bien meilleurs prix pour elles, car un bureaucrate du trésor jouant avec l'argent des autres et soumis à la pression politique serait un moins bon négociateur qu'un patron de Hedge Fund texan. Il s'est donc produit un gel du marché des MBS, conduisant les banques qui en détenaient massivement à en inscrire des pertes massives dans leurs comptes... La loi des conséquences inattendues avait encore frappé.
Hélas, le gouvernement américain a empêché que ne se mettent en place dès 2007 les mécanismes de purge de la crise. Ce n'est pas la lâchage de Lehman qui a causé la grande panique de septembre 2008, c'est le soutien inconditionnel à Bear Stearns.
Si le trésor et la FED avaient dit "no bailout" dès le départ...
Si, dès les premières difficultés de Bear, la FED et le trésor avaient dit: "débrouillez vous", les banques en difficultés auraient dû trouver les moyens de sauver leur existence toutes seules. Chapitre 11, restructuration des dettes et échange de dettes contre capital, fermetures brutales de banques de dépôt commandées par la FDIC et transfert des comptes courants et des actifs sains vers des banques en meilleur santé... Naturellement, nous nous apercevons aujourd'hui que les lois souvent hors du droit commun régissant la faillite bancaire ne sont sans doute pas adaptées à une crise financière de grande ampleur, mais la législation américaine de la faillite n'en constituait pas moins un bonne base de travail.
Et le fameux risque systémique, me direz vous ?
Une étude du professeur Helwege (PDF), pour le Cato Institute, montre que le risque systémique lié à une faillite des grandes banques d'affaire a été fortement surestimé. Ainsi, les créanciers de Lehman étaient très nombreux mais aucun n'avait de grosse ligne de débit chez cette banque, le plus gros créancier de Lehman, une banque japonaise, supportant un risque de 350 millions de dollars. Pas neutre, mais pas irrémédiable non plus, et l'on peut supposer qu'il en allait de même pour Bear Stearns.
Helwege estime que la contagion, si elle n'avait que peu de chance d'être financière, aurait pu être "informationnelle", comme elle le fut avec la faillite de Lehman: Toutes les banques ayant peu ou prou les mêmes compositions de passif (un des effets pervers des accords de Bâle décrits ici), et le même type de produits en portefeuilles, la faillite de l'une laissait croire aux marchés que toutes les autres étaient porteuses des mêmes fragilités.
Mais si les quelques mois entre les premières révélations des difficultés de Bear et sa faillite avaient été mis à profit pour mettre au point un dispositif de conversion en cascade de dettes contre capital (restructuration du passif), alors d'une part la faillite de Bear se serait produite alors que la bulle était un poil moins importante, et surtout l'annonce de sa faillite correctment gérée aurait rassuré les marchés sur la capacité du système à se désendetter et à rebondir par lui même.
En sauvant Bear, le trésor US a fait d'une part le choix d'une tentative de masquage des difficultés du système financier, en espérant que la crise ne soit que passagère. Mais après la faillite de Fannie, Freddie, AIG, sans oublier quelques banques commerciales, Paulson s'est rendu compte qu'aucun redressement de la situation conjoncturel n'était escomptable, et que si personne ne sifflait la fin de la récréation, les banques contaminées par les mauvais actifs auraient tenté de continuer la séance d'équilibrisme financier. Evidemment, le choix de la banque sacrifiée par Paulson s'est porté sur celle de son adversaire abhorré Dick Fuld, dans des conditions que d'aucun jugent totalement contraire à la loi américaine... Mais c'est une autre question.
Paulson aurait-il dû, ayant commencé sur un mauvais chemin avec Bear, s'y tenir coûte que coûte et ne pas laisser mourir Lehman ? Non. Car la chute de la banque New Yorkaise a enfin donné aux banques les plus fragiles un signal de retour à la raison. Si ce signal n'avait pas été donné à un moment ou un autre, un événement ultérieur aurait de toute façon déclenché une panique identique: Tôt ou tard, le trésor aurait dû lâcher un gros poisson, car ni la FED, ni aucun trésor du monde, n'auraient pu sauver toutes les banques si celles ci n'avaient lancé quelques efforts de réorganisation de leur bilan.
Malheureusement, la suite de décision totalement incohérentes (promulgation rocambolesque du plan Tarp, puis abandon de certains volets, mais reprise de ces volets par la FED) n'ont pas permis que ce travail de purge soit correctement mené à bien, d'où une situation des banques qui reste très fragile, laissant craindre une nouvelle vague de défaillances, le nombre de banques considérées comme "en situation difficile" par la FDIC augmentant semaine après semaine, et les ménages américains étant de plus en plus nombreux à faire défaut sur leurs dettes.
L'état spéculateur n'est pas très performant !
Pour la petite histoire, lorsque Paulson (Hank) a commencé à racheter des MBS douteuses aux banques dans le cadre du plan TARP, à un prix estimé entre 40 et 60 cents par dollar de nominal (en toute opacité, les opérations de rachat n'ont pas été rendues publiques...), il a affirmé que le trésor ferait à terme une grande affaire, car jamais les pertes des MBS n'atteindraient 40 cents par dollar, et le cours des MBS finirait par se redresser... Espérons qu'il soit patient, car aujourd'hui, le papier émis par les MBS en 2007 se négocient 28 cents/1$ de nominal si elles étaient notées AAA lors de leur émission, et 4 cents/1$ si leur cotation était AA...
Paulson (Hank) aurait sans doute mieux fait de laisser Paulson (John) et ses amis spéculateurs racheter par paquets les MBS les plus douteuses pour environ 20-25 cents/1$, voire moins, et renégocier avec les ménages endettés dont les versements alimentent la MBS un rééchelonnement des dettes, voire un abandon partiel de créance, moyennant quelques aménagements contractuels, pour sécuriser un remboursement de 50 à 60, et ainsi stabiliser la situation de nombre de ménages endettés, le tout sans jamais faire appel au contribuable, sans endetter ses enfants pour un siècle, sans plan d'aide aux ménages endettés qui multiplient les effets pervers...
Laisser Bear Stearns faire faillite et faire en sorte que le processus de restructuration ou liquidation soit rapide et efficace aurait sans le moindre doute amoindri la panique financière et considérablement contribué à assainir la situation.
Bien sûr, l'on pourra me faire remarquer à juste titre que la sale habitude du sauvetage de la finance défaillante par le contribuable a commencé bien avant: sauvetage des saving and loans en 1989 (sous Bush Père), du fonds LTCM en 1998 (sous Clinton)... Les racines du mal sont profondes. Mais lorsque la l'administration a eu un premier choix crucial à faire concernant cette crise ci, c'est lors de la découverte des difficultés de Bear Stearns en 2007.
Gonflement d'une bulle non fondée sur de la création de valeur dès l'an 2000, et refus de révéler l'étendue des dégâts lors du début de l'affaire Bear Stearns en 2007, sont les éléments clé du commencement des deux phases de la crise, et de la forme dramatique qu'elle a prise.
Dater le début de cette dernière à la faillite de Lehman Brothers est donc réducteur et n'aide en rien à comprendre cette crise ni à poser les bons diagnostics.
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Merci, et félicitons au bon docteur Bénard pour la justesse de son diagnostique...
La tumeur est-elle localisée(donc opérable), ou le cancer, généralisé, condamne-t-elle le malade a terme?...
Rédigé par : toda | mercredi 16 septembre 2009 à 08h06
Ca c'est de la synthèse, avec en prime le recul sur l'année passée. Ca rafraichit les mémoires et il est plus facile de remettre tout ca en perspective une fois les événements passés.
Maintenant, il faudra encore attendre un tout petit peu pour vérifier qui a raison de ceux qui pensent que malgré tout l'action du trésor US, de la FED, et ici des gouvernements et de la BCE aura permis de sauver les meubles (comme l'avancent ceux qui voient dans les cours de la bourse la preuve d'une sortie de crise), et ceux qui pensent que ces gesticulations n'ont rien résolu à la situation financière des banques, peut être même qu'elle l'a empiré, tout en dégradant sévèrement la situation financière des Etats.
@toda : le malade est condamné. Mais il a des enfants, et on peut penser que le cancer n'a pas d'origine génétique, et que si ces enfants évitent de fumer comme des sapeurs, de boire comme des trous et de manger comme des cochons, on peut espérer qu'ils ne développent pas la même maladie. Encore faut il qu'ils s'extirpent de leur carcan culturel pour ne pas reproduire le schéma comportemental de leurs ainés.
Rédigé par : ST | mercredi 16 septembre 2009 à 09h40
@ Vincent
J'apprécie beaucoup votre approche didactique, mais j'ai quand même une question à poser.
En admettant que je ne fasse pas de critique de votre article en implorant un point de vue historiciste, il y a quelquechose qui me turlupine.
Quand on voit ce qu'il s'est passé en 29 et en 2007/2008 il y a un parallèle frappant. Il est toujours dit, plus tard, études à l'appuie et manifestement avec raison que la politique adoptée fût mauvaise; interventionisme, électoralisme etc.
Mais comment expliquer à l'opinion et au secteur économique qu'une gangraine du doigt de pied doit forcément se traduire par une amputation du tibia et du perronet pour justement éviter une ablation de la jambe ?
En d'autre mots, n'est-il pas inéluctable que chaque situation qui parait à posteriori mal gérée le soit à cause justement de cet effet d'optique ?
Il est évident, ou presque, aujourd'hui que d'avoir sacrifié 50% de la valeur des actifs au moment T0 aurait arrêter l'hémoragie au moment T1. Mais comment l'anticiper clairement quand justement nos medecins malgré eux ne savent que tout faire pour limiter la casse ?
Et c'est le même problème partout, finalement; Munich en 38, l'éternel Mari.
Est-ce une règle que l'on doit maintenant considérer systématiquement; que de couper l'arbre en entier quand une branche est pourrie, pour épargner le reste du verger ?
Rédigé par : Vadrouille | mercredi 16 septembre 2009 à 10h16
Je désespère de ne pas lire ou écouter une analyse comme celle de Vincent dans la presse traditionnelle! A la place toujours le même baratin de plus en plus raccourci. Hier sur Fr2 c'est la faute à la faillite de Lehman si le chômage atteint les 10%... Pitoyable cette inculture économique qui fait de gros dégâts malheureusement.
Des nouvelles de Ron Paul pour l'abolition de la Fed. Bravo à lui s'il arrive juste à obtenir l'audit cela serait déjà pas mal !
At the core of a congressional push to audit the Federal Reserve are activists with a larger purpose: to abolish the central bank.
Thousands of Americans are joining protests and lobbying their lawmakers in pursuit of the ultimate goal of replacing the Fed with a money system backed by gold or other commodities.
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Ron Paul photo
Associated Press
A movement to abolish the Fed was largely inspired by Rep. Ron Paul, left, addressing an audience about a health-care overhaul on Aug. 12, 2009.
Ron Paul photo
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Largely inspired by Rep. Ron Paul, the Texas Republican whose latest book, "End the Fed," will be released Wednesday, the movement draws its strength from people who want a sharp shift away from government dependency and toward a truly free-market economy.
Among the activists backing the cause is Isaiah Matos, the superintendent of a luxury high-rise building in New York City. Mr. Matos was an antiwar protester earlier this decade before he became a libertarian. Through neighborhood groups in Queens organized using Meetup.com, Mr. Matos met other Ron Paul backers who shared his distrust for the central bank and a currency backed only by a government's promise.
"I believe in a commodity-backed currency," said Mr. Matos, 30 years old. "In college, I didn't understand how we could move from gold to paper."
Mr. Paul's entrance into politics was driven by a similar concern. He decided to run for Congress in the early 1970s after President Richard Nixon ended the U.S. dollar's ties to gold. His long-term goal is a return to a commodity-backed dollar, allowing the currency to be redeemed for gold. Through his constant attacks on the central bank, Mr. Paul is drawing backers nationwide who also criticize the Fed for supporting Wall Street and bailing out financial institutions.
Mainstream economists generally credit the Fed for moderating economic cycles and mitigating the fallout from financial shocks. The central bank serves as the nation's lender of last resort, preventing runs on commercial banks by using its ability to create credit. The Fed influences interest rates as part of its mandate to balance inflation and unemployment. Mr. Paul and his followers say all of that should be left to market forces.
After last fall's election, Mr. Matos helped launch what became a series of rallies outside Fed buildings. The first came on Nov. 22 outside the New York Fed, with a crowd he estimated at 500 after picking up people in a march past Wall Street. He said twice as many people attended a larger rally in April, coordinated with protests outside other regional Fed banks nationwide.
By then Mr. Paul had introduced his legislation to audit the central bank, including its monetary-policy operations, which are now outside congressional scrutiny. To draw a wider base of followers, Mr. Matos's group changed the name of its rally from "End the Fed" to "Audit the Fed."
"End the Fed is a little too drastic for the mainstream," Mr. Matos said. "Sometimes it's not what you say. It's how you say it."
Mr. Matos joined other activists Tuesday in delivering petitions supporting the Fed audit to U.S. Senate offices in Washington and around the country. House lawmakers are planning to include an audit in legislation this fall, but the path in the Senate is unclear.
Fed officials say opening their monetary-policy deliberations to congressional review would cast doubt on their independence and ability to raise interest rates when necessary. That could stoke inflation, they say, raising borrowing costs for the government and consumers.
Mr. Paul's backers share the view that the Fed's ability to create money violates the intent of the Constitution. They say fiat currency, which isn't backed by commodities, threatens civilization by helping governments finance wars and laying the groundwork for financial crises. And they expect the vast expansion of the Fed's balance sheet during the financial crisis to spur rampant inflation down the road, even though central-bank officials say they can withdraw the money when needed.
"The Fed will self-destruct," Mr. Paul said in an interview. "This economy is going to get worse and this dollar is going to get a lot worse."
Campaign for Liberty, Mr. Paul's main political group, which claims 200,000 members, says auditing the Fed is its top legislative priority this year. The congressman calls an audit a "stepping stone" that would shed light on the central bank's operations and ultimately lead to a popular backlash. His audit effort has enlisted more than 300 House and Senate backers and a long list of groups, though few want to kill the Fed entirely.
Skip Cook, 63, a roofing salesman in Little Rock, Ark., said he has written to his local newspaper and his lawmakers "incessantly" to cajole his representatives into backing the audit legislation.
Mr. Cook, who spent a decade as a fixed-income broker, said the Fed's actions create long-term risks to the economy instead of preventing them. "What's it going to be like next time when they've put a couple trillion dollars of fiat money into this economy and the chickens come home to roost?" said Mr. Cook.
Abolishing the Fed may be a long-term goal, but Mr. Cook said more and more people are joining the cause. "The environment now because of the outrage is so ripe for people to entertain this information," he said. "Pain brings a lot of people into the auditorium."
Write to Sudeep Reddy at [email protected]
Rédigé par : vicken | mercredi 16 septembre 2009 à 10h22
@Vadrouille :
> En d'autre mots, n'est-il pas inéluctable que
> chaque situation qui parait à posteriori mal
> gérée le soit à cause justement de cet effet
> d'optique ?
Vous avez en parti raison. Mais le problème est ailleurs : si on part du postulat que "l'Etat doit faire quelque chose", alors oui, on arrive quasi systématiquement aux solutions qu'on a vu dans cette crise. Ce qu'il faut rétablir, ce n'est pas l'idée difficilement vendable que l'Etat doit laisser tomber telle banque ou telle entreprise (comme si c'était un action délibérée, comme si l'Etat poussait telle société dans le gouffre), mais l'idée qu'il n'est pas dans les prérogatives de l'Etat de faire ces choix. Ce qu'il faut rétablir, c'est l'Etat de Droit.
Il est injuste que l'Etat sauve les banques plutot que l'épicier en bas de chez moi. Injuste qu'il paye le chomage technique généralisé de 100% du personnel jusqu'à la fin de l'année chez Renault, et qu'il ne le fasse pas pour l'imprimeur au coin de la rue. Injuste qu'il déverse 6 millions d'euros pour assurer la reprise de Mollex mais pas pour telle ou telle autre entreprise plus anonyme. Et comme il est tout bonnement impossible que l'Etat fasse autant qu'il fait dans les cas les plus visibles pour l'ensemble des entreprises de ce pays, il faut qu'il s'abstienne point à la ligne. L'Etat n'est pas en charge de l'économie de la France. Ce n'est pas sa responsabilité. En tout cas ca ne devrait pas l'être.
Le problème de l'opinion publique est mal posé si on le considère en terme d'Etat omnipotent qui doit régler tous les problèmes de la terre. La vrais question n'est pas s'il en a le devoir, mais s'il en a simplement le droit. La constitution américaine avait ainsi été écrite de manière à ne pas donner de tels droits à l'Etat Fédéral, pour que la question ne se pose même pas. Force est de constater qu'après deux siècles de dérives progressives, les législateurs et l'éxécutif s'en contrefichent, prenant à témoins le caractère démocratique de leurs politiques. Ce qui fait dire aux rares tenant de la lettre de la constitution, qu'avant d'être une démocratie, les Etats Unis sont une République Constitutionnelle, un Etat de Droit. En tout cas devrait l'être.
Il est un moment où l'on doit cesser de se demander qu'elle doit être la direction de telle ou telle politique, mais plutot se demander ce qui doit etre ou ne pas etre dans le cadre du choix politique. Ce dont nous avons besoin, ce n'est pas une autre politique, c'est moins de politique.
Rédigé par : ST | mercredi 16 septembre 2009 à 13h04
dans ce cas là; sur quelles bases repartir ?
Parce que c'est une maladie avec une période d'incubation de plusieurs générations qu'il faut endiguer...
Quel est le système le plus probant pour garantir les libertés de chacun, faut-il considérer des personnages comme Ken Lay des impondérables de l'équation ?
Puisque ce sont des gens comme lui qui mettent à mal l'interprétation du courant libéral dans l'opinion...
Rédigé par : Vadrouille | mercredi 16 septembre 2009 à 15h25
Lundi 14 Septembre
Michel Camdessus, Président du Fonds monétaire international du 16 janvier 1987 au 14 février 2000, Gouverneur honoraire de la Banque de France.
Déclare sur BFM qu'il fallait faire que Lehman tombe pour changer les comportements.
http://podcast.bfmradio.fr/channel11/20090914_interview_1.mp3
Rédigé par : L'ami du laissez-faire | mercredi 16 septembre 2009 à 20h11
Chapeau bas, Vincent ! Ce texte est magistral ! le Prix Nobel d'Economie devrait vous être décerné (à ma connaissance, jamais Krugman n'a écrit un texte aussi documenté, argumenté et brillant).
Rédigé par : michel | mercredi 16 septembre 2009 à 21h54
@ AdLF: je ne l'avais pas entendu, mais ça fait plaisir ! merci !
@ Michel : c'est trop de compliments. Faut tout de même pas sous estimer PK... dont les trvaux de jeunesse étaient d'un tout autre niveau.
@ Vadrouille, intervention 1 : en complément de l'excellente réponse de ST -
D'une façon générale, le médecin qui doit diagnostiquer la gangrène et opérer avant qu'il ne soit trop tard connaît, à un instant T, la procédure qui permet le mieux de limiter les dégats. Au fur et à mesure que la science progresse, il peut détecter la gangrène plus tôt. Mais il s'entraine avant, parce qu'il est prévoyant.
Nos hommes d'état ne font jamais, contrairement aux médecins ou aux pompiers, ou aux pilotes d'avion, d'exercices de crise. Que se passe-t-il si... et on teste un cas grave. Et on fait évaluer à l'avance des scénarios de réponse.
Et on écrit par avance des textes qui permettront de "streamliner" le processus de restructuration du capital d'une faillite bancaire. Et le jour ou ça arrive, hop, ça passe comme une lettre à la poste. C'est (presque) ce que fait la FDIC avec les banques de dépôt.
Là, nos diafoirus se plantent, parce qu'ils n'ont jamais pensé à la façon dont ils réagiraient à une situation foireuse. Alors ils improvisent...
Encore un argument contre l'intrusion de l'état exécutif dans ce genre de situation. La faillite devrait rester un process essentiellement judiciaire et contractuel.
Rédigé par : vincent | mercredi 16 septembre 2009 à 23h00