Je n'ai pas participé au concert de félicitations libérales au FDP allemand et à Mme Merkel, bien que leur élection me réjouisse, moi aussi. Toutefois, par le passé, tant de politiciens se sont montrés décevants entre leurs promesses électorales et leur bilan au pouvoir que j'attends de voir avant de m'extasier.
Au delà des communiqués de presse de félicitations, quelles conséquences peut on imaginer de ce changement de coalition gouvernementale ?
Tenter un pronostic sur l'avenir est risqué et vous condamne à être ridicule un jour où l'autre. Toutefois, je vais encore m'y fourvoyer. La principale conséquence, selon moi, de cette victoire, est qu'elle éloigne sensiblement le risque de sur-monétisation des dettes des pays européens par la BCE, car une telle coalition ne laissera pas les pays mal gérés détruire la valeur de l'Euro. Un des scénarios que j'évoquais (le n°2) en janvier concernant l'avenir des pays de la zone Euro, parait désormais très improbable.
Autrement dit, si la Grèce, l'Italie, l'Espagne, l'Irlande, ou la France (j'ai bien dit "ou") se retrouvent confrontés à une perte de confiance des investisseurs, augmentant le prix de leur dette et courant le risque de les placer en situation de défaut de paiement (en clair, une banqueroute d'état), alors il est peu probable, avec cette Allemagne là, qu'il y ait sauvetage des états en difficulté par rachat direct des dettes de la BCE, ou alors dans des plafonds très limités et pour une durée très courte.
Vous me direz qu'en Juin, la BCE l'a bien fait, mais quelque chose me dit que cette coalition gouvernementale là ne laissera pas le phénomène prendre de l'ampleur. Ce serait vécu comme une trahison par un électorat toujours marqué par l'histoire dramatique de la république de Weimar et de ce qui a suivi.
Le seul couac à cette prévision se produira si tous les vilains petits canards chutent en même temps (remplacer "ou" par "et" ci dessus), le premier entrainant les autres, et les banques allemandes étant lourdement touchées par Ricochet. Dans ce cas, même un duo Merkel-FDP pourrait choisir la voie de la facilité inflationniste, et tant pis pour 1923. Mais on n'en est pas là.
Régime sec pour les états ?
On peut donc raisonnablement estimer que la pression déflationniste va rester dominante en Europe encore quelques trimestres. Les entreprises vont devoir abaisser leurs coûts et se désendetter, car en phase de pression à la baisse des prix, l'augmentation du coût de la dette est à bannir, et les états endettés n'auront, eux, d'autres solutions que de réformer à la dure leur secteur public, à la manière des suédois dans les années 90, ou, à présent, de l'Irlande ou de la Californie. Sans quoi, la banqueroute est absolument inévitable !
Ce sont de très bonnes nouvelles, dans le fond. La richesse d'un pays s'accroit avec sa productivité. Or, l'hypertrophie des secteurs publics européens traduit que jusqu'ici, non seulement ces administrations publiques n'ont pas réellement participé à ces efforts de productivité, mais que leur expansion incontrôlée a "mangé" une part trop importante des fruits de la productivité améliorée du secteur privé.
En fermant vraisemblablement la porte du "bailout" des excentricités budgétaires des états mal gérés par l'inflation monétaire, la victoire d'une coalition conservatrice et libérale en Allemagne forcera et notre voisin et le reste de l'Europe à réformer vite et fort ses états vermoulus sous peine de banqueroutes aux effets imprévisibles.
Sauf, bien sûr, éclatement complet de la zone Euro, et une sortie de l'Allemagne "par le haut", revenant seule à un "Deutschmark" bien géré, et laissant les pays non sérieux avec un euro-croupion, et une monétisation accélérée des dettes de nature profondément inflationniste. Ce scénario est à mon sens le moins probable, car les politiques ne voudront pas prendre le risque d'un éclatement pur et simple de l'union européenne. Et pour une fois, j'espère ne pas me tromper !
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Comment Sarkozy va t-il faire accepter sa politique budgétaire et son fameux grand emprunt au nouveau gouvernement allemand ?
Rédigé par : Blanc Cassis | dimanche 04 octobre 2009 à 04h45
A noter, l'excellente dernière chronique de Marc Fiorentino - 02/09 - sur les plans de relance.
http://nr.proxycast.org/m/media/254054201588.mp3?c=information&p=BFM&l3=information&media_url=http%3A%2F%2Fpodcast.bfmradio.fr%2Fchannel1%2F20091002_fiorentino_1.mp3
Sur BFM
http://www.radiobfm.com/podcast/podcast.php?id=1
Rédigé par : L'ami du laissez-faire | dimanche 04 octobre 2009 à 07h37
@ALF : C'est d'autant plus savoureux que M. Fiorentino, il y a un an, réclamait un New Deal à corps et à cri...
Rédigé par : vincent | dimanche 04 octobre 2009 à 09h54
> Le seul couac à cette prévision se produira si
> tous les vilains petits canards chutent
> en même temps
Si l'un doit tomber, j'ai bien peur qu'un effet domino ne précipite toute une série d'autres Etats dans sa chute. On a une floppée d'Etat en situation de faillite virtuelle : il ne faudrait pas forcément grand chose, comme un série de faillites bancaires, pour faire tomber le premier domino et lever le voile sur des situations peu enviables.
Maintenant, ceci étant dit, on ne peut que se féliciter de cette victoire d'un courant libéral : il témoigne d'un revirement progressif des opinions qui commencent à se défier progressivement des solutions Etatiques. On peut voire poindre de nombreux petits exemples deci delà. C'est encourageant. On est loin d'un revirement idéologique franc, mais c'est le début de quelque chose.
Rédigé par : ST | dimanche 04 octobre 2009 à 11h50
@ ST
Oui, c'est le moment pour les libéraux de se regrouper, se solidariser et diffuser leur message de liberté et de respect de l"être humain. la pensée unique dominante va s'effondrer avec un double échec sur le changement climatique et l'exploitation honteuse des pandémies.
Il se trouve que les seuls à être non compromis dans ces deux dossiers pourris, ce sont les libéraux. C'est le moment de diffuser notre message sous une forme audible du plus grand nombre.
Il faut le faire sous une forme concrète, simple, et montrant tout ce que nous avons à gagner en défendant la LIBERTE individuelle, et la capacité du libéralisme à produire des richesses qui profitent au plus grand nombre.
Il ne faut pas que la crise, MAJEURE et INELUCTABLE, qui se profile ne débouche sur un vide politique conduisant à l'anarchie. Il faut que les mouvements libéraux actuels, bien ténus hélas, se montrent capables de coopérer avec tous ceux qui vont comprendre où le vent tourne. Notre futur n'est pas de détruire ce qui existe, mais d'amener ce qui existe à envisager nos conceptions, et nous entendre avec eux.
Rédigé par : michel | dimanche 04 octobre 2009 à 12h35
Eclatement de l’Euro : très improbable, l’Allemagne est trop dépendante de ses voisins.
Défaillance d’un état : très improbable car trop risquée pour l’ensemble de l’Europe, la planche à billet y pourvoira. Peut être fera t’on un exemple (Grèce ?) mais c’est risqué.
Les cotés les plus absurdes de la politique européenne seront peut être rognés :
plus de nucléaire
plus d’OGM
moins d’écolo bobos
Mais ce que les Allemands risquent, c’est de bosser plus pour payer les dettes de leur voisins. Merci les Allemands !
Rédigé par : jb7756 | dimanche 04 octobre 2009 à 12h45
@michel:
puissiez vous avoir raison !
> Il se trouve que les seuls à être non compromis
> dans ces deux dossiers pourris, ce sont les
> libéraux.
j'ajouterai que dans cette crise mondiale, les libéraux ne sont compromis qu'à la hauteur des écarts qu'ils ont acceptés par rapport aux idéaux qui auraient du rester les leurs.
L'analyse des causes de la crise renforce les libéraux les plus fidèles à la philosophie originelle qui les animaient.
Rédigé par : ST | dimanche 04 octobre 2009 à 14h56
Très bon article, en tout cas pour moi, je suis 100% d'accord avec cette analyse. Je pense toutefois qu'on échappera pas à de l'inflation, mais limitée et contrôlée, en parallèle avec la réduction du poids des Etats.
Rédigé par : Stephane Laborde | dimanche 04 octobre 2009 à 15h52
@jb7756
Je pense que les allemands travaillent deja pour nous, et depuis un certain temps. Il me parait tres clair que sans eux, l'euro n'existerait plus.
Rédigé par : Monoi | lundi 05 octobre 2009 à 17h42