Signera, signera pas ? Vaclav Klaus, dans ses toutes dernières déclarations, semble admettre que si sa cour constitutionnelle juge le traité de Lisbonne compatible avec la constitution Tchèque, qu'il est chargé de protéger, alors il ne pourra pas s'opposer à la signature de l'infâme traité (voir les raisons de mon opposition au traité ici) jusqu'à une possible élection des conservateurs britanniques.Nous serons fixés au plus tard début novembre.
Vers l'adoption de l'infâme traité
Bref, les eurolâtres peuvent se réjouir, ils risquent bien de l'avoir, leur traité, le conseil des ministres européens et la commission tous puissants auront les coudées franches pour faire avaler n'importe quoi à un parlement européen godillot, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et les états n'exerceront leurs prérogatives que "dans la mesure ou l'union n'aura pas exercé les siennes", selon cette nouvelle définition de la "subsidiarité" inaugurée par ce grand homme du peuple qu'était Giscard d'Estaing .
Je sais, je sais, cette histoire m'énerve au plus haut point, et j'en oublie les arguments de fond. De tréfonds, même, tant on touche parfois au plus profond de la vacuité.
"Il faut renforcer l'Europe", me dit on, souvent au nom de raisons très superficielles, et très étatistes : "relancer la dynamique européenne" (Un super état pour relancer l'économie ?), "mener de grandes politiques européennes" (Au secours, une attaque de clônes de la PAC !!), "renforcer la place de l'Europe dans le monde" (c'est à dire ???), et ainsi de suite, les poncifs succèdent aux poncifs. Les eurolâtres, y compris chez certains libéraux-conservateurs, voudraient qu'on vote "pour l'Europe", et nous disent que s'opposer à Lisbonne, c'est être "contre l'Europe". Un vrai argument, profond, construit.
D'ailleurs, Klaus est présenté par nos bien pensants comme un "Euro-sceptique", limite "nationaliste", ce qui évite d'avoir à s'interroger sur ses motivations réelles, alors qu'il est un partisan d'une Europe des libertés, vous vous reporterez de ce point de vue à l'interview du président Tchèque par Henri Lepage. Mais il n'est pas fan de l'Union des élites européennes. Serait-ce si stupide ? Etre "Européen" ne signifie certainement pas être favorable à n'importe quelle Europe, mais cela semble trop difficile à comprendre pour un bien pensant européiste conditionné.
Comme si soutenir une constitution très médiocrement respectueuse des valeurs libérales pouvait être un acte d'amour pro-européen ! l'hyper-état européen, très peu pour moi, merci.
Das Volk mit Klaus
Rien ne dit que les élites politiques européennes sortiront grandies de cet épisode peu reluisant de la vie démocratique (?) continentale. Tous les gouvernements se sont abstenus de faire voter leur population sur ce traité qui aurait sans doute reçu quelques camouflets dans les urnes, à l'instar du projet de constitution Giscard dont il n'est qu'un avatar. L'idée Européenne va sortir affaiblie devant les populations, qui en tireront la conclusion que l'Europe qui se construit est celle des élites et de la bureaucratie mais que leur avis ne compte pas.
Ainsi, Klaus est soutenu à 65% par sa population, à en juger par les derniers sondages. Vous me direz: "bof, les sondages"... Mais croyez vous que son encore hypothétique capitulation, qui suppose que les promesses de rétorsion de Barroso, Sarkocescu et consorts, vis à vis de la république tchèque, aient été considérables, renforceront l'amour de la construction européenne dans l'opinion tchèque ?
Et en Allemagne ? Selon le sondage en ligne contenu dans cet article de Die Welt, qui est plutôt conservateur, le traité n'a pas bonne presse :
Deux allemands sur 3, avec plus de 7200 votants, considèrent que le traité est mauvais. Bon, ce n'est qu'un sondage en ligne, mais l'échantillon commence à être intéressant. Croyez vous que les allemands se réjouiront de voir que leur chancelière et leur parlement les ont délibérément court-circuités pour permettre à un traité qu'ils jugent mauvais de leur être imposé ?
D'ailleurs, les commentaires de l'article de Die Welt sont éloquents. Environ 1/3 des commentateurs voudraient que les tchèques soient virés de l'Union, mais un autre tiers soutient Vakalv Klaus dans des termes sans ambiguité (le dernier tiers est celui que je ne comprends pas, mon allemand est un peu rouillé):
Danke Vaclav Klaus!
Bleiben Sie stark, Sie werden durch Cameron Unterstützung bekommen!
Klaus, unser Retter vor der Diktatur!
Klaus halte durch und kämpfe für die Freiheit.
Bravo Klaus !!!!!
Danke Klaus.
Du hast noch Rückrat.
Klaus ist der einzig wahre Europäer. Ich werde ihm demnächst via tschechische Botschaft meine Sympathie übermitteln.
Präsident Václav Klaus ist der letzte Kämpfer für Freiheit
Dank an Herrn Klaus für´s Nichtunterschreiben !
Klaus ist die letzte Hoffnung all derer, die nicht gefragt wurden. Und das sind die meisten unserer 400 Mio EU-Bürger.
Ich kann vor Klaus nur meinen Hut ziehen. Hoffentlich bliebt er gesund....
Klaus, bleiben Sie standhaft.
Vaclav Klaus ist die Stimme der zum Schweigen verurteilten Europäer, die den Lissabon-Vertrag nicht wollen.
La liste n'est pas exhaustive. "Sauveur de la dictature, dernier combattant de la liberté": voilà qui en dit long sur la façon dont nombre d'allemands voient l'Europe de Lisbonne.
La Pologne et la Lettonie viennent d'obtenir un assouplissement du plan climat Européen devant la cour de justice européenne, au motif de ce que la commission, dans sa proposition, avait outrepassé ses prérogratives contre celles des états souverains qui la composent. Mais dans une Europe ou "dès que l'Union a excercé ses prérogatives", les droits des états d'exercer les leurs sont considérablement amoindries, les polonais et les lettons auraient ils pu s'opposer à cette horreur bureaucratique qu'est le plan climat européen ?
Et si demain des mines de charbon polonais ferment parce qu'un obscur eurocrate (nommément Stavros Dimas, à ce jour) a décidé que le Charbon, ça rejetait trop de CO2, sans que le gouvernement polonais n'ait pu s'y opposer, croyez vous que l'idée Européenne en sortira grandie chez le mineur polonais ?
Le peuple ? Quel peuple ?
Mais les élites européennes semblent se moquer éperdûment de l'avis de leurs populaces. Les Irlandais, de guerre lasse, ont abdiqué. Le président Klaus risque de faire de même au nom de la république tchèque.
Le traité de Lisbonne donnera aux chefs de gouvernement européens encore plus de moyens de s'affranchir de l'accord de leurs peuples face à leurs choix politiques, en utilisant les institutions européennes pour court-circuiter leurs propres assemblées, via des directives européennes s'imposant aux exécutifs nationaux.
Croyez vous sérieusement, chers eurolâtres, que cela va RENFORCER l'Europe ? Lui INSUFFLER UNE NOUVELLE DYNAMIQUE ?
Je crois au contraire que lorsque l'Europe devra avancer sur des dossiers sensibles, se multiplieront des mouvements populaires de contestation, portant en germe des menaces d'explosion de l'Union, rien moins. Car tôt ou tard, le gouvernement d'un pays sera obligé, sous la pression de sa population, de défaire une décision de la commission, ce qui ouvrira les portes à une Europe des "directives à la carte", où chaque pays n'appliquera des traités et lois européennes que celles qu'il pourra appliquer. Ce qui rendra les dossiers "transversaux" totalement ingérables. Les délires climatologiques de l'Europe pourraient nous donner assez tôt l'occasion de nous en apercevoir.
Quant à l'Europe des libertés, elle semble moins que jamais être la priorité d'un Barroso, Sarkozy ou d'un Brown, quand bien même elle l'ait jamais été. Maintenant que le traité de Lisbonne leur donnera les moyens d'étouffer tout vélléité de résistance de dirigeants qui savent encore ce que liberté veut dire, croyez vous sérieusement que l'Europe continuera d'avancer vers une voie plutôt libérale, après un tel précédent ?
Qu'il me soit permis d'en douter.
Si Vaclav Klaus doit rompre sous la pression et signer le traité de Lisbonne, ce sera un jour très sombre pour les libertés futures des européens.
----------------
Pour approfondir:
"Quelle Europe pour un libéral (1)"
"Quelle Europe pour un libéral (2)"
L'UE vue par Vladimir Boukovski: "I have lived in your future, and it didn't work" !
-----------------
Il se confirme bien que Klaus a simplement cherché à sauver la face dans cette affaire en allant déterrer les décrets Benès de 1945 ce qui, avouons-le, est d'un pathétique achevé. Et rassurons le président tchèque: il a tort lorsqu'il affirme qu'il n'est plus possible de "faire marche arrière". Au contraire: Lisbonne organise une procédure de sortie de l'Union. Mais gageons que le rêve de Klaus est de pouvoir le faire sans demander l'avis de ses citoyens, tout comme il a organisé la séparation de la Tchéquie et de la Slovaquie sans les consulter…
Rédigé par : www.facebook.com/profile.php?id=624482698 | dimanche 18 octobre 2009 à 05h26
Espérons donc que lorsque le Traité de Lisbone sera en vigueur, la République Tchèque quittera l'Union pour devenir une Suisse de l'Europe Centrale. Dans la dictature qui se profile à l'horizon de l'Europe, Elle constituera au moins un havre pour ceux dont les libertés seront gravement menacées.
EOROPE, OUI ! NOUVEL ORDRE MONDIAL NON !
Rédigé par : michel | dimanche 18 octobre 2009 à 11h10
"D'ailleurs, Klaus est présenté par nos bien pensants comme un 'Euro-sceptique' "
Dans le meilleurs des cas, car en général les journalistes ne se gênent pas pour utiliser des adjectifs insultants comme mafieux, négationniste, mégalomane ou autoritaire. Voici un exemple dans un article récent du Figaro (qui est censé pourtant un journal de droite) :
Vaclav Klaus, le «docteur No» de l'Europe
http://www.lefigaro.fr/international/2009/10/14/01003-20091014ARTFIG00049-vaclav-klaus-le-docteur-no-de-l-europe-.php
Vous remarquerez que toutes les personnes qui ne sont pas en accord avec la politique européenne sont taxées toute de suite par les journalistes de ULTRA-libéral. Mais connaissent-ils seulement l'opinion de Vaclav-Klaus? J'en doute.
Les commentaires sont très intéressants, car ils défendent en majorité la position de Vaclav Klaus. Je ne suis pas un conspirationniste, mais je constate que les médias sont de plus en plus à la solde de lobbies qui veulent nous imposer une pensé unique.
Rédigé par : floyd | dimanche 18 octobre 2009 à 12h32
Bonjour,
On pourrait retourner votre argumentation en disant que vous même, vous pratiquez une certaine démagogie en caricaturant la pensée de ceux qui considèrent que l'Europe doit être fort politiquement et économiquement. Il me semble qu'on peut penser que dans le mouvement de la mondialisation, une Union forte, fédérée, est une bonne chose. A vous lire, on a l'impression que les partisans d'une telle solution, "Eurolâtres" (selon vos termes) sont tous de dangereux communistes, liberticides et fermés d'esprit. Pour ma part, j'adhérerai volontiers à votre vision si elle n'était pas à ce point caricaturale.
Concernant Vaklav Klaus, il n'est pas eurosceptique, je vous le concède. Il est simplement opposé à toute Union qui dépasse le cadre économique. Or il me semble qu'on peut être libéral et malgré tout envisager une solution possible d'Union politique en Europe. Quant à sa tentative de repousser la signature du traité, quitte à ressortir le dossier poussiéreux des décrets Benes sur les allemands des sudète, il me semble que cela ne rime à rien. (Au passage, Vaklav Klaus a une conception bien à lui du libéralisme lorsqu'il demande la reconnaissance de ces décrets...on ne peut pas dire que cela soit à porter au mérite des Tchèques.)
Concernant le vote irlandais, vous oubliez de rappeler un fait important : lors du premier vote, l'Irlande connaissant une croissance sympathique. "Pas d'Europe" pensaient-ils. Seulement la crise est passée par là depuis et les Irlandais se sont rendus compte, à juste titre je pense, que l'Europe est un bouclier puissant contre les fluctuations économiques et les krachs boursiers. Et je pense qu'il ne faut pas sous-estimer la prise de conscience des Irlandais des qualités de l'Union européenne, alors que celles-ci leur semblait surtout contraignantes lors du premier référendum.
Vous savez vous-même que le référendum est un instrument extrêmement contestable qui sert souvent les extrêmes, jouant sur la peur et la contre-information. On l'a d'ailleurs vu au sein des deux camps lors de la deuxième campagne du vote irlandais. Sa pertinence est donc extrêmement contestable. De plus, il remet en cause un principe simple : celui de la représentativité. Je pense donc qu'il ne va pas de soi que le référendum soit une bonne manière de voter ce traité constitutionnel.
Bref il me semble qu'on peut être libéral et en même temps approuver l'idée d'une Europe politiquement forte, ca ne fait pas pour autant de ceux qui se rallie à cette idée des Eurolâtres ou des néo-sovietiques. Effectivement, ce traité n'est pas parfait, soit. Mais le vote irlandais permet au mois une chose : de ne plus en parler, de passer à une nouvelle séquence politique et d'avancer.
Rédigé par : Ben | dimanche 18 octobre 2009 à 19h06
Ah, pour information :
"Vaclav Klaus ist die Stimme der zum Schweigen verurteilten Europäer, die den Lissabon-Vertrag nicht wollen."
se traduirait par :
Vaclav Klaus est la voie des Européens qui, condamnés au silence, ne veulent pas du traité de Lisbone
;) j'aime bien l'allemand moi
Rédigé par : Ben | dimanche 18 octobre 2009 à 22h02
la voix pardon...mon clavier a fourché...
Rédigé par : Ben | dimanche 18 octobre 2009 à 22h08
@ Ben : Enfin une opposition consistente. Merci.
Ma vision de l'Europe telle qu'elle évolue est surement plus négative que la votre. Mais l'adjectif caricatural me gêne.
tenez, prenez les déclarations de Martin schultz, patron du groupe socialiste au parlement EU, quand VK est venu causer à Strasbourg:
"We take note that a person who is totally isolated was applauded by a mixture of anti-Europeans and neo-fascists. He made a speech that shows he has no understanding of democracy or the workings of the European institutions. My message to Mr Klaus is that the Treaty of Lisbon will be put into effect."
là, on a un point de vue caricatural: toute personne s'opposant à LEurope du traité de Lisbonne est soit un néo fasciste, soit un anti européen. Qui est caricatural ?
Et c'est ce type d'argument qui nous est resservi ad nauseam quand nous expliquons inlassablement que le traité de Lisbonne ne va pas dans la bonne direction.
Qui est caricatural ?
Enfin, j'aimerai que quelqu'un m'explique les avantages d'une EU politique forte. Pour faire quoi ? sur les bases de quels principes ? Avec quel processus pour en déterminer les tenants et aboutissants ? quels "checks and balances" pour empêcher que l'exécutif "fort" ne devienne "déconnant" ? Ma lecture du traité ne me donne aucune réponse satisfaisante.
Bon, je vous accorde que l'UE ne deviendra pas l'URSS demain. Et je ne nie pas les apports positifs de l'UE (voyez mes deux liens en bas numérotés 1 et 2) - Je trouve simplement que l'inflexion lisboète n'est pas bonne, et ceux que je traite d'Eurolâtres, je leur reproche surtout d'être infoutus de me dire, libéralement parlant, ce que nous allons gagner à l'europe du traité de Lisbonne. parce que la réponse serait "rien" ? J'attends qu'on me prouve le contraire.
Enfin, allez dire aux suisses que le référendum favorise les extrêmes... Je vous trouve un peu... Non, allez, j'ose pas: "caricatural" ? "Ah monsieur, si on laisse les gens voter, ils vont sûrement être influencés par les extrêmes".
Ceci dit, vous avez raison, je suis de plus en plus désabusé par la démocratie "représentative", quand les "représentants" semblent à ce point déconnectés des "représentés". Et donc je tends à en contester la légitimité plus que d'autres, ce qui me rend parfois un poil excessif. Mais au quotidien, je dois bien faire avec...
Rédigé par : vincent | dimanche 18 octobre 2009 à 22h25
Je ne sais trop que penser sur l'Europe. En 2005 j'avais voté oui "du bout des lèvres". Je ne sais pas ce que je ferais si c'était à refaire.
Tout de même, je vois quelques points positifs :
- si un jour une sorte de gouvernement fédéral se profile, le poids politique de l'UE sur la scène mondiale (pour peu qu'une armée européenne digne de ce nom voit le jour) serait fortement accru (la France : p'tit bras actuellement);
- la plupart des pays européens, surtout les ex d'Europe Centrale et de l'Est sont nettement moins étatistes que nous, ce qui pourrait nous CONTRAINDRE à abandonner nos vieilles lunes collectivistes, nous français, nous FORCER à réformer le secteur public;
- si un tel Super-Etat voyait le jour, cela obligerait les Etats à plus de rigueur en matière de budget (je pense au pacte de stabilité de 3% maxi de déficit, allègrement ignoré par les pays cigales comme nous, ce qui pourrait à terme sauver l'Euro de l'implosion;
- harmonisation fiscale vers moins de fiscalité (version optimiste) ou vers un enfer fiscal à la française (version pessimiste)
Voilà, pas simple comme choix, chacun ayant des avantages et des inconvénients certains.
Rédigé par : MarcusVinicius | lundi 19 octobre 2009 à 11h13
Bonjour vincent et les autres commentateurs,
Je suis parfaitement d'accord avec vous : dans les deux camps, certains arguments sont caricaturaux et on a vite fait l'amalgame, du côté des pro-Lisbone, entre les opposants au traité et de dangereux fascistes...vous l'aurez compris, ce n'est pas ma lecture.
Quand au référendum, les récents évenements en Suisse quant à la vindicte des travailleurs français frontaliers me laissent toujours aussi sceptique concernant le référendum...Je ne suis pas très vieux, à peine 23 ans, mais si je me remémore le référendum sur l'Europe de 2005, j'ai souvenir d'un très grand fatras inaudible, une parodie de débat : Les arguments tiraient pratiquement tous vers les extrèmes. "Avec l'Europe, tout sera rose et chouette" contre "avec l'Europe, vous allez être réduits en esclavage, sans identité, livrés aux griffes des affreux ultra-libéraux", bref un grand n'importe quoi. Les voix qui tentaient d'élever le débat étaient invariablement rencardées au placard. Quoi qu'il en fut, c'est le souvenir que j'en garde.
Pour revenir à l'Europe, je vois des avantages important dans trois domaines, à condition (et nous parviendrons peut-être à un terrain d'entente là dessus vous et moi) que le bon sens guide les volontés...
Premier avantage en terme de diplomatie. Une Europe forte politiquement, c'est une Europe qui a une politique étrangère commune, avec une armée commune. Il me semble qu'une voix forte de près de 400 millions de personnes est tout sauf négligeable. Le poids d'un tel ensemble serait très fort sur le plan des relations internationales. A charge cependant de prévoir des conditions bien spécifiques notamment en cas d'envoi d'un contingent militaire (majorité des 2/3?, possibilité de ne pas fournir de soldats pour les pays refusant une intervention?), bref, tout reste à inventer dans ce domaine mais le poids d'une telle Europe me semble extrèmement puissant, capable d'influer sur les grands débats qui se poseront à nous dans le futur. Nettement plus en tout cas que ne le pourront les pays isolés.
Deuxième avantage en termes économiques. Je suis pour l'instauration d'une préférence communautaire européenne. L'Europe étant restreinte et bien délimitée, il me semble possible d'organiser un grand marché intérieur harmonisé, libre et respectueux de la concurrence. Dans ce domaine, des progrès sont encore à faire, notamment avec les pays de l'Est, sur la PAC, etc. Mais l'Europe a prouvé, je crois, qu'elle est un amortisseur de crise majeur. Sans l'Europe, les répercussions de la crise auraient été autrement plus dramatiques. J'en suis convaincu. D'autre part, l'Euro démontre de plus en plus ses formidables capacités. Je lisais récemment un article expliquant que les chinois réflechissent à un Euro bis au niveau mondial, capable de se substituer au dollar pour indexer les monnaies de façon à être moins dépendant des Américains. C'est sans doute un peu chauvin comme approche, mais pour ce que j'ai pu voir et entendre au cours de mes voyages, les non-européens admirent et nous envient cette construction économique. Ca n'est pas rien et profondément novateur dans l'Histoire. méfions-nous donc de ne pas jeter le bébé et l'eau du bain.
Dernier avantage, l'Europe ne pourrait-elle pas être un gardien culturel fort ? Dans un monde qui tend à se lisser et à la confusion des valeurs, il me semble que l'Europe peut se démarquer par une culture commune qui lie ensemble les pays, au delà de leurs différences.
Voila ce qui me semblent des avantages forts d'une Union fédérée. Le libéralisme ne s'oppose pas necessairement à une Union fédérale. Si cette Union vise à harmoniser plutôt qu'à imposer, tout en laissant une marge de manoeuvre suffisamment large aux Etats pour conserver un certain nombre de spécificités culturelles, je pense qu'une voie est possible. Même une voie libérale... ;)
Mais je m'emporte ! je m'emporte :) je vous laisse me répondre ;)
Rédigé par : Ben | lundi 19 octobre 2009 à 17h15
@Ben
"Quand au référendum, les récents évenements en Suisse quant à la vindicte des travailleurs français frontaliers me laissent toujours aussi sceptique concernant le référendum.."
Il ne faut pas tout confondre. Il s'agit ici d'une élection de parlementaires, et non pas d'un référendum, qui concerne uniquement Genève et pas toute la Suisse. Un parti clairement anti-frontalier, le MCG est devenu un parti assez important à Genève, mais il reste clairement minoritaire.
Mais chaque fois que la Suisse a voté des lois sur les étrangers, elle a toujours voté pour l'ouverture des frontières (sauf exception. Je ne me souviens pas des chiffres exactes, mais la Suisse doit être un des pays d'Europe de l'ouest ou il y a le plus d'étrangers.
Rédigé par : floyd | lundi 19 octobre 2009 à 19h11
J'avoue, je faisais un peu de provoc'
Il n'empêche. Je ne fais pas confiance au référendum pour valider de grandes orientations.
Rédigé par : Ben | lundi 19 octobre 2009 à 19h38
"Quand au référendum, les récents évenements en Suisse quant à la vindicte des travailleurs français frontaliers me laissent toujours aussi sceptique concernant le référendum..." (Ben)
Oui, enfin en somme, le référendum ne serait acceptable que s'il confirmait votre opinion à vous.
Etre opposé à l'immigration, ou à la délinquance, ou à la conquête de sa patrie par le djihad islamique, ce serait une forme d'extrémisme.
C'est curieux, mais moi je trouve que c'est plutôt la volonté enragée des immigrationnistes de nous voler nos patries, contre la volonté évidente des peuples, qui est une forme d'extrémisme.
Je trouve que c'est plutôt la priorité donnée aux délinquants sur les honnêtes gens qui est une forme d'extrémisme.
Je trouve que c'est plutôt l'islam que le christianisme qui est une idéologie extrémiste.
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 19 octobre 2009 à 19h56
@ Ben: il est évident que nous avons quelques divergences fondamentales, notamment sur la défense commune et sur la préférence communautaire. Effectivement, votre vision suppose un exécutif européen plus fort que la mienne. Je ne développe pas, ce sont des sujets (surtout le second) déjà souvent traités ici.
Quant à la culture commune entre les estoniens et les portugais, elle ne peut que se fonder sur la reconnaissance de racines libérales judéo-chrétiennes de l'Europe. Or, l'Europe politique actuelle veut occulter ces fondements pour cause de political correctness. Je ne vois donc pas en quoi l'Europe, dans ces conditions, peut être facteur de ciment culturel entre les peuples. Ajoutons que le socle culturel commun n'est pas un gage de "ciment", comme hélas notre histoire l'a largement prouvé.
(et d'une façon générale, la presse française - et suisse romande aussi - est d'une malhonnêteté crasse lorsqu'elle relate les positions de l'UDC - j'en ai parlé aussi, recherchez "blocher" sur le moteur de recherche du blog - Les extrêmistes en suisse sont ultra minoritaires)
Rédigé par : vincent | lundi 19 octobre 2009 à 22h15
Les dernières prises de position de l'UDC dont j'ai pris connaissance (je mets à part les questions qui fâchent sur l'immigration et l'islam) me paraissent empreintes d'une modération, d'un bon sens et d'un libéralisme très paysans et très suisses.
Par exemple, non à un obscur accord avec l'Union européenne portant sur je ne sais quelle opération de propagande politiquement correcte auprès des écoles : cela créerait des dépenses inutiles, subordonnerait la Suisse à l'UE sans qu'elle n'ait voix au chapitre, tout cela sans aucun bénéfice discernable.
En revanche, oui à des subventions permettant de développer les aéroports régionaux : la Suisse est en crise économique comme tout le monde, l'exportation est vitale pour le pays, c'est un emploi judicieux des fonds publics.
Un parti comme l'UDC serait tout à fait bienvenu en France.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mardi 20 octobre 2009 à 04h11
Bonjour à tous,
@Vincent : Je ne l'ai pas évoqué dans mon premier commentaire, mais l'envie m'en chatouillait le clavier : N.A.T.U.R.E.L.L.E.M.E.N.T ! Le socle commun de l'Europe passe necessairement par une reconnaissance des valeurs judéo-chrétiennes qui cimentent et harmonisent les sociétés de la plupart des pays européens aujourd'hui. Je n'ai pas soulevé ce point pour ne pas embrayer sur un débat récurrent concernant le conflit racines judéo-Chrétiennes/Islam. Mais je suis parfaitement d'accord avec vous sur ce point.
Pour aller plus loin, je pense qu'il faut également reconnaître l'héritage culturelle des Lumières qui englobe au moins la partie occidentale de l'Europe, sinon l'entière Union. D'où une séparation relativement acceptée du religieux et du politique (je n'irais pas jusqu'à dire que la Pologne ou l'Espagne sont laïques, mais que les Cultes religieux ont une influence globalement plus faible sur le Politique en comparaison d'autres régions du globe).
Je suis d'accord également avec vous sur l'impasse que fait le mini-traité (à la demande notamment de la France) sur ces racines. De là à dire que tout est à jeter dans cette initiative...Mais nos dirigeants seraient bien inspirés de creuser un peu la question de l'identité culturelle de l'Europe...
Rédigé par : Ben | mardi 20 octobre 2009 à 11h21