Aujourd'hui, malgré les efforts des intellectuels, auteurs et blogueurs libéraux, le libéralisme souffre d'une très mauvaise image dans une bonne partie de l'opinion. Mais ce que l'on nomme souvent "libéralisme" est-il réellement libéral ? Ne faudrait-il pas plutôt populariser le terme de "social-bourgeoisie" pour caractériser le système politico-économique que la sociologie des démocraties occidentales a fini par engendrer un peu partout ?
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Quand Jean François Kahn loue le "libéralisme classique"
La semaine dernière, j'ai entendu sur BFM Jean-François Kahn, fondateur de Marianne, peu
suspect de sympathies excessives pour nos idées, mais qui n'en est pas
moins un créateur d'entreprises "multi-récidiviste" tout à fait respectable, dire en substance (je résume de mémoire):
Naturellement, je pourrais m'emballer et dire qu'en affublant la soupe oligarchique actuelle du sobriquet de néo-libéralisme, JFK commet une erreur conceptuelle.
Mais passons rapidement sur l'aspect sémantique. Le fait est que l'appellation "néo-libéralisme" s'est imposée dans l'esprit du plus grand nombre. Et si l'on met à part la question du vocabulaire, importante, mais pas vitale, on ne peut guère contester à M. Kahn une certaine justesse dans son propos.
Le problème d'image du libéralisme, aujourd'hui, vient de ce que les excès du "capitalisme de copinage" qui est la norme actuelle en matière de gouvernance économique et sociale, n'ont pas de nom générique, aussi clairement identifiable que "capitalisme", "communisme", "socialisme", "libéralisme".
Trois systèmes, deux vocables
Depuis la chute des régimes fondées sur des idéologies extrêmes (socialisme nationaliste des fascistes ou des nazis, communisme), le débat sur les politiques économiques s'est cristallisé autour de deux partis pris idéologiques (quand bien même, exception bien française, les partis "crypto-collectivistes" et collectivistes assumés continuent d'incarner une voie électoralement non négligeable, jusqu'à continuer d'empêcher la refondation du PS autour de son pôle "social-libéral assumé", à l'instar des autres PS d'Europe).
Le premier, généralement référé comme "socialisme démocratique", entend, par une intervention "préventive" de l'état sur les agents économiques, et correctrice sur la répartition des revenus engendrés par les activités de ces agents, "faire mieux que le marché". Toutefois, ce socialisme, celui du SPD allemand d'après Bade-Gödersberg, reconnait dans le marché comme lieu d'échange des productions, dans le capitalisme, c'est à dire la propriété privée des moyens de production, et la garantie des droits de propriété afférents, une forme judicieuse d'organisation de la société économique, qu'il faut seulement corriger "à la marge".
Le libéralisme reconnaît également que marché, capitalisme et protection des droits de propriétés sont importants, et va plus loin en affirmant que ce sont les piliers essentiels de l'organisation sociale des communautés humaines. Les libéraux affirment que la volonté des socio-démocrates de vouloir corriger les "inefficiences" imputées au marché sont pleines de bonnes intentions, mais que les effets pervers produits par l'intervention préventive de l'état sur l'économie et sur la redistribution des revenus lorsque celle ci se montre excessive, en surpassent largement les bénéfices attendus. Les libéraux s'appuient pour cela sur des théories certes contestées par "le camp d'en face", mais dont l'application pratique a obtenu de bons résultats par le passé.
Cependant, la sociologie politique (cf. mon analyse de 2005) a fait que tant les socio-démocrates lorsqu'ils ont occupé le pouvoir, que la droite parlementaire, ont convergé vers un autre système, auquel nous peinons à donner un nom.
"Social Bourgeoisie" ?
J'ai essayé Kleptocratie, collusionnisme. Alain Madelin parle fréquemment de "capitalisme de connivence". Mais ces termes n'évoquent rien dans l'inconscient populaire. Pas plus que le terme de "conservateurs", trop connoté "droite morale américaine", totalement inadapté au contexte hexagonal.
Nicolas Sarkozy préfère parler de pragmatisme, ce qui voudrait faire croire que les socio-démocrates ou les authentiques libéraux, seraient de doux rêveurs. Ce n'est évidemment qu'une posture de marketing politique.
Je suggère donc de populariser, pour évoquer cette funeste troisième voie, le terme de "social-bourgeoisie", qui me parait parfaitement parlant, et mémorisable.
Pourquoi "Social Bourgeoisie" ?
"Socialiste", car cette doctrine politique est très interventionniste, elle est donc apparentée au socialisme. Cette forme particulière d'interventionnisme public très fort dans l'économie consiste à se montrer aussi dépensier que ne le seraient des socialistes purs et durs, et parfois plus que des socialistes réformateurs étrangers. "Bourgeoise", parce que les clientèles principales de ces interventions ne sont plus des familles modestes ou "ouvrières", comme aux débuts de l'essor du socialisme de masse, mais les milieux d'affaires les mieux connectés au pouvoir, c'est à dire les grandes entreprises, et surtout les banques et compagnies d'assurances, alliées indispensables des états qui creusent chaque année un peu plus le trou de leur dette publique. Ceci, afin, nous dit-on, de "favoriser l'économie et l'emploi".
Ces modes d'intervention politiques sont l'antithèse du libéralisme classique, qui dénie à l'état le droit de promouvoir des mesures sectorielles, de créer des rentes de situation législatives favorables aux grands groupes, de choisir les gagnants de la compétition économique, etc... Les qualifier de Néo-Libéralisme est donc totalement infondé. Pourquoi alors cette appellation insultante pour nos valeurs semble prévaloir dans le langage courant ?
Parce que les politiques promues par les socio-bourgeois prétendent "aider l'entreprise", elles viennent parfois s'opposer à des revendications syndicales ou à des "acquis sociaux" du passé. Ces remises en cause ne sont pas nécessairement mauvaises, si l'on se réfère aux nombreux effets pervers de ces "acquis" qui viennent réduire à néant les résultats qui en étaient attendus, du point de vue de leurs bonnes intentions. Mais cette opposition aux dogmes les plus forts des socio-démocrates donne beau jeu à ces derniers de qualifier les politiques "socio-bourgeoises" de "néo-libérales", car le terme libéral n' a pas bonne presse chez nous. C'est de bonne guerre que de tenter d'étiqueter ses adversaires sous une étiquette dont la consonance est, hélas, perçue comme péjorative par une bonne partie de l'opinion.
Le libéralisme a bon dos !
De fait, le "libéralisme" devient tenu pour responsable des échecs de cette social-bourgeoisie, et devient un gros mot pour beaucoup de gens de parfaite bonne foi, auxquels il est difficile de reprocher de ne pas avoir eu le temps ou l'envie de découvrir les écrits de nos vieilles reliques dont nous autres libéraux célébrons régulièrement la prescience: Bastiat, Mises, Hayek, Friedman... Dont les noms sont à peu près inconnus des trois quart de la population, ou alors associés à une sorte de doctrine satanique.
Répétons le une fois encore: la crise actuelle, loin d'être un échec libéral, est celui d'une connivence poussée à l'extrême entre régulateurs et politiciens d'une part, et grands groupes financiers de l'autre. Pour ceux qui ne seraient pas familiers du dossier "crise financière" de ce blog, rappelons en simplement les principales caractéristiques.
La bulle de crédit qui est en train de mettre à genoux l'économie mondiale a commencé parce que depuis trop longtemps, l'état américain (pour ne parler que de lui) a cru pouvoir substituer au "marché libre" un marché "régulé" du crédit supposé, en bonne logique sociale démocrate, réduire les risques de faillites des entreprises, de mauvaises allocation marginale des ressources que tout marché libre engendre, et faire mieux pour les plus modestes que ne l'aurait fait le marché. Les interventions publiques dans l'économie ont toujours pour but de "battre le marché". C'est pratique: lorsque ces interventions de l'état échouent, leurs promoteurs évoquent un "échec du marché" et demandent plus de régulations !
La banque, un secteur hyper-régulé, une régulation totalement inefficace
De fait, les réglementations applicables aux banques américaines comptaient plusieurs centaines de milliers de pages, et rien qu'à l'échelon fédéral, plus de 13 000 personnes travaillaient à temps complet à la "régulation des banques". Cela n'a pas empêché les cinq grandes banques d'affaires américaines qui ont le plus fait pour créer la bulle que nous connaissons d'user de leurs connexions politiques pour se faire octroyer des aménagements de réglementation leur permettant de maximiser leurs espoirs de gains, sans considération suffisante pour le risque qu'elles faisaient peser sur leurs actionnaires, leurs clients, leurs fournisseurs et leurs prêteurs. Et pour cause: les dirigeants de ces établissements, instruits par le passé et mis en confiance par leurs relations politiques, étaient certains de pouvoir compter sur le soutien de l'état, donc du contribuable, si leur prise de risque s'avérait hélas mal calculée. Cette façon d'opérer leur garantissait de gros bonus à court terme, et tant pis pour les petits actionnaires floués.
Si cela a le moindre rapport avec le "libéralisme classique" qu'évoquait Jean François Kahn, alors je suis un moine bouddhiste agent de la CIA.
Mais il y a pire. Depuis les années 30, les USA ont adopté une série de régulations étatiques du secteur bancaire qui ont conduit à faire reposer quasiment la moité du financement du crédit immobilier à une puis deux entités bénéficiant d'un statut particulier garanti par l'état, Fannie Mae et Freddie Mac. Lorsqu'en 1992, cette institution a été retirée de la tutelle du trésor pour être placée sous celle, plus politique, du département du logement, elle s'est vue imposer des quotas de prêts à des gens peu solvables pour des raisons purement politiques. Pour atteindre ces objectifs, les dirigeants de ces entreprises ont dû avoir recours à des innovations financières dont le but n'était pas d'améliorer l'efficacité du marché, comme le fait toute innovation ordinaire, mais de donner un goût de marché à des politiques qui n'en avaient plus tout à fait la couleur. Les dirigeants de Fannie et Freddie se sont d'ailleurs fort bien accommodés de cette contrainte, qui s'est traduite pour eux en bonus tout à fait considérables.
N'oublions pas également le rôle de la monnaie, débasée de toute contrepartie métallique depuis 1971 sous l'impulsion d'un gouvernement ayant trop fait marcher la planche à billets, et incapable de faire face à des demandes massives de conversion de dollars en or. La monnaie est gérée par des curiosités institutionnelles, les banques centrales, à la fois censées être indépendantes des pouvoirs politiques mais tellement interdépendantes des états, qui gèrent le prix de l'argent selon des modèles mathématiques hélas faillibles, à la manière d'un Gosplan soviétique.
Si tout ceci est libéral, je veux bien être changé en ours polaire et servir de fourrure à Al Gore.
Difficile de distinguer la social-bourgeoisie UMP ou PS...
Mais revenons aux doctrines politiques en présence sur notre échiquier politique. Tant les partis socialistes du monde démocratique que les partis de droite dont certains ont pu avoir une tradition plus libérale dans un passé lointain (et pas l'UMP, de toute façon) ont souvent évolué vers un modèle "social-bourgeois". La social-bourgeoisie de gauche affirme "ne pas aimer les riches" mais n'a pas dédaigné jouer au meccano financier lorsqu'elle était au pouvoir. La social-bourgeoisie de droite ne se distingue guère de son homologue de gauche.
Les deux se rejoignent par un recrutement dans des creusets élitistes communs, une croyance démesurée dans la nécessité, pour les élites publiques, d'organiser les relations inter-agents économiques, la gestion des finances par des taux de prélèvement ou d'endettement stratosphériques, des états tentaculaires, des dépenses publiques en hausse permanente... Le tableau ci-dessous, comparant l'évolution des dépenses publiques dans les grands pays de l'OCDE, montre clairement que la tendance de tous les états du monde est à la croissance de l'interventionnisme, et non à un retour vers un monde libéral.
évolution du poids des états
dans les économies occidentales
L'ultra ou néo-libéralisme triomphant n'est donc qu'un fantasme, un concept repoussoir pour tenter de diaboliser toute réforme de nos corporatismes. Ce n'est pas la réalité du monde d'aujourd'hui.
En France comme dans de nombreux autres pays, la droite et la gauche ne se distinguent que marginalement par quelques lois d'affichage un peu plus "pro-social" dans le cas des socialistes-bourgeois de gauche, et un peu plus pro "entrepreneurs" (plus MEDEF que CGPME, soit dit en passant) pour les sociaux-bourgeois de droite, qui tolèrent parfois une tranche d'alouette libérale dans leur pâté de cheval interventionniste.
L'échec de la social-bourgeoisie n'est pas celui des libéraux !
Rendons à la social-bourgoisie ce qui n'appartient pas au libéralisme, et ne devrait pas appartenir à la vraie sociale démocratie non plus. La collusion des élites financières et des grandes entreprises cotées avec les gouvernements, mère de nos ennuis actuels, fille de notre tradition centralisatrice et saint-simonnienne, est aujourd'hui le problème numéro un de notre modèle économique et sociétal.
Le nom de néo-libéralisme que Jean-François Kahn donne à cette collusion est impropre, mais il a raison de dire que cela n'a plus grand chose à voir avec le libéralisme originel.
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Lire également : Moraliser l'étatisme, agent infectieux du capitalisme
Plus ancien : Non, la droite française n'est pas libérale
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Compte tenu de l'absence de transparence de l'"Etat" , du bidonnage et de la manipulation permanente des données (Co2, réchauffement climatique, grippeA, les derniers exemples...), de la collusion et cooptation permanente des "élites", je pense que le terme de démocratie ne peut plus s'appliquer que trop superficiellement à la situation de la France. Par contre quand on voit l'amour passion immodéré des Français pour la fonction publique et pour la réglementation des moindres actes et pensées de la vie, dont ils sont pourtant conscients des dérives et des handicaps que cela engendre, il me semble que ceci devient structurel à la France. Combiné à notre socialisme silencieux je qualifierais plutôt notre situation de social-administratie.
Mais je suis tout à fait d'accord qu'il est difficile de trouver un qualificatif simple et représentatif du réel français.
Rédigé par : ch | lundi 07 décembre 2009 à 09h20
Je trouve le terme "social bourgeoisie" très intéressant et recouvrant pratiquement toutes les conceptions erronées qui sont très bien diffusées aujourd'hui parmi la population Française.
Pour ma part, le seul défaut que je lui trouve est l'absence de connotation "écolo".
Voici donc ma proposition : "Social boboécologie"
Rédigé par : Seb Fargis | lundi 07 décembre 2009 à 09h54
Très interessant article qui va dans mon sens, d'ailleurs un lien sur la page fixe Q de Libéralisme aura été effectué : http://www.lumieres-et-liberte.org/pages/Q_de_LIBERALISME-1994975.html sur le blog "Lumières et Liberté. (J'espère que cela te va, ou dis moi ce dont tu préfèrerais comme copie entière), voire non copie.)
Pour être concis, minimaliste, l'histoire de la révolution de 1789, la toute première celle effectuée par les libéraux plus feutrée que la jacobine; ces dits libéraux faisaient parti de la bourgeoisie, voire petite noblesse, mais guère du peuple. L'abolition des privilèges alliée à la chute du malheureux Louis XVI était une réussite de ces libéraux et ainsi libérait le peuple du servage et de la famine...S'il y avait a donner un clivage de notre temps (et j'ai horreur de parler de clivage)ces libéraux, ces bourgeois, ne seraient-ils pas des sociaux démocrates progressistes plus que des conservateurs (toute proportion gardée). Robespierre, St-Just...les gauchos de l'époque grands spécialistes de la décapitation du Roi, sa cour comme des Girondins..Révolution de la Terreur,et, comme par hasard c'est cette révolution(celle du peuple) qui a permit à Engels,Marx comme à Lénine de prendre celle-ci comme une référence au socialisme. Ce système collectiviste incorporé à la république dans lequel inconsciemment nous vivons aujourd'hui et qui par ce seul fait reste en soi une exception culturelle française pour bien des actes et faits de notre démocratie (vaste hypocrisie).
Tout à fait d'accord avec Toi Vincent; Mais comment situerais-tu ces libéraux de 1789, sinon d'être des libéraux pour lequel je me bat ce jour?
Rédigé par : al de bx | lundi 07 décembre 2009 à 11h17
Le concept de social-bourgeoisie est intéressant.
La bourgeoisie dirige et distribue ce qu’il faut pour le peuple se tienne tranquille. C’est du clientélisme généralisé permis par la très forte productivité de notre économie.
Ce sont les excès clientélistes des dirigeants qui ont déséquilibré le système, pas vraiment le système en lui même.
Rédigé par : jb7756 | lundi 07 décembre 2009 à 12h00
Pas mal. Pour les libéraux, je propose ego-bourgeois. En effet, malgré tous les palabres intellectuels, qu'est-ce que le libéralisme sinon un simple égoïsme bourgeois.
Rédigé par : Arthur | lundi 07 décembre 2009 à 12h22
Bonjour
Je partage bien sur votre analyse concernant la forme spécifique de socialisme en vigueur dans notre pays. Toutefois, le terme " social-bourgeoisie " est très connoté. Les mots "social" et "bourgeoisie" furent massivement utilisés par les pères fondateurs du communisme pour disqualifier les "traitres socialistes " : le classique "social-traitre" par exemple ( voir Lénine, trotski ).
C'est une construction de combat. Elle peut avoir son efficacité mais plutôt dans le sens : trop de bourgeoisie, pas assez de social. On lit des choses semblables dans les forums du NPA.
Surtout, ce mariage de termes flous (comme aurait dit Hayek ) ne recouvre pas une réalité. S'il autorise la condamnation du "social-capitalisme", il ne sert pas, à mon avis, la cause du libéralisme.
Cher Vincent Bénard, je ne vais pas vous apprendre que les marxistes en général sont bien plus doués que les libéraux pour forger slogans et sophismes de combat. Détruire la liberté est plus facile, en mots ou en actes, que l'inverse.
Votre site est formidable et grand votre talent, continuez !
Rédigé par : Wynston | lundi 07 décembre 2009 à 12h46
Je vous trouve bien indulgent quand vous parlez de "bonnes intentions" pour les socio-démocrates. Au fond, ce n'est pas les bonnes intentions qui dominent mais l'envie, la jalousie et la haine de son voisin. C'est une pensée ultra matérialiste qui vise à haïr celui qui gagne plus que soit et c'est une pensée des plus égoïstes car elle se base sur l'espérance que la redistribution puisse faire jouir sa petite personne de plus de biens matériels sans se soucier que la société tout entière en paie très cher le prix.
Ensuite le terme de social bourgeoisie ne me semble que peu approprié. Ron Paul dans ces discours préfère simplement le mot "corporatisme" pour décrire cet état de fait.
Rédigé par : Khryron | lundi 07 décembre 2009 à 13h31
Composition du prix d'un bien :
- Les salaires ( quantité de travail direct et indirect incorporé dans un bien, c'est à dire prenant en compte le prix des outils, machines etc.. qu'il a fallu fabriquer, des matières premières qu'il a fallu transporter, etc.. )
- Les profits (rémunération du capital )
- Les impôts ( prélevés par l'Etat).
Supprime les 2 derniers points, ainsi tu fais passer la part des salaires dans le prix d'un bien à 100%.
Posons théoriquement le bien X dont le prix est composé de :
- 20% % de salaires
- 40 % de profit
- 40 % "d'impots/taxes"
Dans l'optique de l'abolition du capitalisme, la part du profit serait réduite à 0%.
Dans l'optique de l'abolition de l'Etat, la part des impots/taxes ( DANS NOTRE ETAT ACTUEL, cela ne signifie pas que par la suite les ex-salariés ne metteraient pas en commun des sommes monétaires au sein de fédérations ) serait réduite à 0%
CCL :
- Salaires 100%
- profit 0%
- impots/taxes 0%
Ainsi, la part des salaires dans le prix d'un bien a été multipliée par 5 sans que le prix de ce même bien n'augmente ou ne baisse. Votre capitalisme peut donc être abolie !
Rédigé par : Trotsky | lundi 07 décembre 2009 à 14h22
@trotsky
Une question : sans profit, comment faire évoluer l'outil de production ?
Et une seconde : vos chiffres sortent d'où ?
Rédigé par : Arkh | lundi 07 décembre 2009 à 16h15
@Trotsky :
Hou la la ... ca part vite en noeud de boudin là.
D'abord, pourquoi incorporer dans le vocable "salaire", le prix des outils et machines, c'est à dire ... le capital, et ensuite, mettre à part le profit ?
Ensuite, dois je vous rappeler que les profits (qui n'ont jamais été de 40% ou que ce soit bien sur), dans une société libérale concurrentielle, tendent mécaniquement vers 0 sous l'effet de la concurrence, le profit ne pouvant être recherchée que dans la fracture de courte durée qui permet un provisoire avantage concurrentiel.
Dernier point en vrac sur vos élucubrations étranges : il y a une chose que vous n'avez apparemment pas bien saisie. Le capitalisme, que vous souhaitez abolir, dans ce que vous décrivez, c'est cette chose que vous mettez dans la case salaire : "outils et machines qu'il a fallu fabriquer". Sans capital, on peut retourner faucher les champs à la main et confectionner nous même des vêtements dans des peaux de bêtes. Pour que le capital se forme, pour que les gens aient intérêt à épargner sous forme de capital ce qu'ils auraient pu consommer de suite, il faut que la privation de l'instant soit contrebalancée par une plus grande richesse demain. Le profit, c'est ça. On ne peut pas "abolir" le profit, c'est à dire le bienfait du capital accumulé. On peut evidemment décider de ne plus accumuler de capital, alors là oui, on ne sera plus capitaliste, c'est sûr.
Rédigé par : ST | lundi 07 décembre 2009 à 17h09
@Trotsky
40% de profit !!!! Vous vous croyez chez Microsoft ? (enfin vu votre pseudo c'est normal)
Un bon profit c’est environ 3 à 5%.
Le coté taxe / salaire est vicieux. Ainsi en Suisse on l’impression d’avoir un gros salaire mais il faut cotiser de son coté. En France si on additionne salaire net + charge salariale + charge patronale = pas si petit salaire que cela.
Rédigé par : jb7756 | lundi 07 décembre 2009 à 17h15
Laissez tomber, c'est un troll qui copie colle son message où il peut...
Et puis faudrait lui expliquer que ça fait bien longtemps que l'on sait que le concept de valeur travail est faux et que l'on a "découvert" la subjectivité de la valeur et le marginalisme des prix...
Rédigé par : Mateo | lundi 07 décembre 2009 à 17h42
Ce que je n'aime pas dans le terme social-bourgeoisie, c'est qu'encore une fois on utilise le mot "bourgeois" péjorativement.
Pourtant, la bourgeoisie a été le fer de lance du développement cohérent de la France au 18e et 19e siècles, aussi bien pour l'économie que pour la morale. La bourgesoisie, qui a déja subit les coups dur des sysème totalitaires du 20e siècles ne mérite pas cela à mon avis.
A l'époque de Bastiat, il n'y avait aucun mal a se définir comme "bourgeois". C'est quand même mieux que les assistés sociaux qui vivent dans les HLM, et les donneurs de leçon socialistes et verts.
Quoique malheuresement, moi qui suis foncièrement de droite, je suis d'accord sur un point avec les verts: je suis contre le nucléaire. Je ne comprend pas pourquoi tous les partis de droite soutiennent autant le nucléaire, le pire système étatiste et centralisateur qui pusse exister. Le nucléaire devrait être perçu comme le pire ennemi du libéralisme.
Bref, à la palce de social-bourgeoisie, je prpose: SOCIAL-IRRESPONSABILISME.
Rédigé par : Nam | lundi 07 décembre 2009 à 20h34
Ou bien socialisme tout simplement, étant entendu qu'une grande partie des politiques de droite sont des socialistes cachés, des socialistes qui s'ignorent.
Rédigé par : Nam | lundi 07 décembre 2009 à 20h37
La seule voie pour s'en sortir politiquement, nous peuple de droite, serait de réussir à faire perdre à la gauche ses bastions locaux: notament régions IDF et Mairies de Paris et de Lyon.
Ensuite viendra le temps de faire tomber les masques des gens de droite non-libéraux, par dessus tout adeptes du copinage avec le MEDEF et des monstrueux méchanos industriels.
Rédigé par : Nam | lundi 07 décembre 2009 à 20h47
@ seb: je pense que l'écologie n'est qu'un prétexte parmi d'autres, trouver un vocable trop proche de l'écologie serait purement conjoncturel.
Et puis "boboécologique" ne peut guère prétendre à une place dans un discours sérieux...
@ Autres, merci pour toutes ces remarques. Visiblement, la terminologie ne fait pas l'unanimité !
mais aucune propostion alternative ne me séduit vraiment. soit trop long à dire, soit pas immédiatement parlant.
@ Nam: d'accord sur votre première remarque, la bourgeoisie a eu un rôle très positif. Mais je cherche a souligner de façon parlante pour un public à la fois dans le contexte français et non nécessairement initié aux arcanes des philosophies politiques un concept qui évoque irrésistiblement "l'état providence pour les amis bien nantis".
toute proposition répondant aux critères suivant:
conceptuellement abordable
prononçable
pas vulgaire
facile à mémoriser,
est la bienvenue
Rédigé par : vincent | lundi 07 décembre 2009 à 20h54
Des idées:
LEFT-CITIZENSHIP;
LEFT-UPSTART;
THE NEW SOCIAL-UPSTART
Désolé pour l'anglais mais la traduction sonne mieux
AL'ain G
Rédigé par : al de bx | lundi 07 décembre 2009 à 21h27
Votre analyse est très intéressante. Elle recoupe à mon avis les remarques de Bayrou dans son Abus de pouvoir, certaines observations de deux sociologues de gauche dont je lis l'ouvrage actuellement et...ma propre analyse.
Rédigé par : L'hérétique | lundi 07 décembre 2009 à 22h16
Moi je dirais tout simplement des bureaucrates
Rédigé par : Petit Tonnerre | lundi 07 décembre 2009 à 23h58
Il existe déjà un nom pour ce "capitalisme de connivence". C'est le fascisme.
Rédigé par : Xavier M | mardi 08 décembre 2009 à 00h37
interventionisme me parait bien.
cordialement.
Rédigé par : daniel.sachet | mardi 08 décembre 2009 à 08h16
Je persiste à penser que "capitalisme de connivence" est le terme qui décrit le mieux le système. De plus, il fait, je pense, l'unanimité, autant chez les les libéraux que chez les gens de droite et de gauche.
Sinon, on pourrait parler de "connivalisme" ;)
PS: "interventionnisme" ne décrit pas un système mais une méthode.
Rédigé par : Mateo | mardi 08 décembre 2009 à 08h54
Matéo, salut
toujours aussi réaliste, cependant le terme de capitalisme qui ressort, j'ai peur qu'il soit galvaudé une fois de plus déjà que...Mercantilisme ne semblerait-il pas plus assimilé à ton terme?
Librement Vôtre
AL'1
Rédigé par : al de bx | mardi 08 décembre 2009 à 11h03
@Mateo :
Un autre soucis avec capitalisme de connivence, c'est qu'on suppose donc que c'est une forme de capitalisme, alors qu'une des caractéristiques de ce système est au contraire la volonté de substituer la dette au capital.
Finalement, j'aime pas mal le "Corporatism" que dénonce un Ron Paul, parce que ca pointe bien la collusion Etats - Grands Groupes, sans reprendre de terme propre au libéralisme, et ca permet de rappeler que les libéraux ne sont pas les défenseurs du CAC40 comme on voudrait le faire croire.
Rédigé par : ST | mardi 08 décembre 2009 à 11h39
Social-corporatisme ?
Corpo-socialisme ?
Je pense que c'est important de faire apparaitre le terme socialisme, qui cristalise toutes les tares decrites dans ce blog.
Rédigé par : Nam | mardi 08 décembre 2009 à 13h43
Social-clientelisme?
Rédigé par : Nam | mardi 08 décembre 2009 à 13h45
@ Al de Bx
Le mercantilisme a une définition assez précise, celle de la volonté d'avoir une balance commerciale positive par l'intermédiaire de politiques nationales. Cette théorie, fausse, n'est je pense plus défendue par quiconque de sensé aujourd'hui.
Enfin bref, cela ne désigne pas vraiment le système actuel, même si certains des moyens qu'elle préconise, tel le protectionnisme, sont malheureusement encore soutenus aujourd'hui.
@ ST
C'est vrai que le terme corporatisme désigne assez bien le système. Mais je crains qu'il soit mal compris par la majorité des gens.
Mais je trouve que l'expression "capitalisme de connivence" a une connotation péjorative plus forte.
Le grand avantage que je trouve à cette expression est justement de montrer que les libéraux ne défendent pas n'importe quelle forme de capitalisme, et certainement pas les formes de capitalisme qui violent les principes libéraux, comme c'est le cas pour le capitalisme de connivence.
PS: j'entends ici "capitalisme" par sa définition la plus générale, à savoir la propriété privée des moyens de production. Cela s'applique bel et bien au capitalisme de connivence.
Rédigé par : Mateo | mardi 08 décembre 2009 à 16h57
Il ne faudra pas confondre sur ce thème, ce mot de "bourgeoisie"c'est bien entendu son sens libéral très rare, très peu connu que Smith appelait "la socièté civile"par opposition à l'époque de l'Etat. Hegel même faisait la même distinction, il parlait de "die bürgerlische Gesellschaft" soit la socièté civile-bourgeoise. A savoir, à l'originel le terme latin "burgensia" était une taxe des gens des villes.Philosophiquement c'est un terme qui aura évolué siècle ^par siècle. Si vous voulez des infos sur le sujet, merci de précisez la période.
Rédigé par : al de bx | mardi 08 décembre 2009 à 17h45
J'aime bien cette expression de "capitalisme de connivence" : elle met bien en valeur que certaines entreprises et surtout leurs gestionnaires (qui ne sont en rien des entrepreneurs), qui viennent presque tous de la fonction publique profitent de leur position pour s'en mettre plein les fouilles.
j'avais pensé également à "communisme privatisé" : des entreprises fusionnent et grossissent pour arriver à des situations de monopoles, pour devenir "too big to fail" et s'attirer l'aide de l'Etat dès qu'il y a une couille dans le potage : on privatise les profits et on socialise les pertes dans l'irresponsabilité la plus totale.
Rédigé par : Théo2Toulouse | mardi 08 décembre 2009 à 18h46
Vincent, bravo pour votre papier qui est excellent, comme à l'habitude. Mais je suis de ceux qui regrettent que vous ayez utilisé le terme de "social-bourgeoisie". En agissant ainsi vous contribuez aux détournements de sens et de concepts dont nos adversaires se régalent. Le concept de "bourgeoisie" implique certaines valeurs, qui sont précisément de plus en plus dévalorisées dans ce monde de "capitalisme de connivence" envahissant. Reportez-vous à la thèse de Deirdre McCloskey dont j'ai publié la communication à la MPS au mois d'Octobre. De tous les termes proposés, celui qui me parait peut-être le plus approprié est celui de "capitalisme de connivence", qui est la meilleure traduction du terme américain "corporatism".
Personnellement, ce qui me frappe est qu'en fait on reconstitue de plus en plus une société de type Ancien Régime, dominée non plus par une noblesse de naissance, mais par des oligarchies qui tendent à se reproduire, et qui financent leurs trains de vie, comme sous la Monarchie finissante, d'une part, par la multiplication de franchises protectionnistes accordées à des professions ou des activités (par la voie de la prolifération des réglements), d'autre part par l'imposition d'une foultitude de nouvelles taxes sur tout et n'importe quoi qui ressemblent fort à la réactivation des droits féodaux du 18ème siècle à l'origine de la Révolution.
Rédigé par : hlepage | mardi 08 décembre 2009 à 19h50
Bon allez:
Secret Capitalism-Social
Le social-capitalisme de connivence
le néocapitalisme-socialiste
le néocapitalisme-Etatisme
Rédigé par : al de bx | mardi 08 décembre 2009 à 20h04
@Nam
J'ai essayé plusieurs combinaisons de termes mais aucune ne m'a pleinement convaincue...
Corpo-socialisme
remporte de loin mon suffrage.
Il inclut 2 mots à connotation négatives que l'on a pas l'habitude de voir ensemble un peu comme socialiste de droite. Il se mémorise donc mieux.
Facile à décliner, personne n'a envie de se définir comme "corpo-socialiste", alors que "social-bourgeois", j'ai des doutes...
Rédigé par : L'ami du laissez-faire | mercredi 09 décembre 2009 à 00h15
@ L'ami du laissez-faire
Malheureusement nombreux sont ceux qui ne voient aucune connotation négative dans le terme "socialisme"...
D'autre part, peu nombreux sont ceux capables de percevoir le côté "socialiste" des politiques de droite car pour la majorité des gens socialisme = politique d'aide aux plus démunis...
Rédigé par : Mateo | mercredi 09 décembre 2009 à 09h53
Esping-Andersen considère qu'il existe trois types d'Etats providence :
* Le modèle universaliste de l'Etat-providence (ou social-démocrate) assure à l'ensemble de la population un niveau de protection sociale élevé financé par l'impôt. L'absence de revenus liée à la maladie, à la retraite etc. est largement compensée. Les individus sont peu dépendants, pour vivre, de leur insertion sur le marché du travail : il y a une forte « démarchandisation ». Historiquement, ce modèle est beveridgien et est particulièrement présent dans les pays scandinaves.
* Le modèle libéral ou résiduel de l'Etat-providence assure un faible niveau de protection sociale souvent réservé aux plus pauvres et financé par l'impôt. La couverture des risques sociaux dépend largement de l'insertion des individus sur le marché du travail leur permettant de gagner des revenus finançant une couverture privée. Ce système est donc peu « démarchandisé ». Historiquement, ce modèle est beveridgien et est présent aux Etats-Unis, au Canada et en Australie.
* Le modèle corporatiste ou «conservateur» de l'Etat providence assure une protection sociale aux individus ayant cotisé donc travaillé. La « démarchandisation » est donc moyenne : les aides accordées sont relativement importantes mais dépendent du revenu antérieur (donc du statut socioprofessionnel sur le marché du travail). Historiquement ce modèle est bismarkien et est présent largement en France et en Allemagne.
Rédigé par : al de bx | mercredi 09 décembre 2009 à 16h03
Néo-fascisme/social de gauche
Le nouvel ordre social corporatiste
Rédigé par : al de bx | mercredi 09 décembre 2009 à 17h17
Je crois que j'ai trouvé:
Le néo-corporatiste d'Etat social,
je crois même que cela existe en Belgique
Rédigé par : al de bx | mercredi 09 décembre 2009 à 17h21
Que pensez-vous de "capitalisme de privilèges"?
Ou bien "privilégisme"?
Rédigé par : Mateo | mercredi 09 décembre 2009 à 21h03
j'aime bien
"Privilégisme"
"capitalisme de faveurs"
Rédigé par : al de bx | mercredi 09 décembre 2009 à 21h21
Je propose apparachisme ou nomenclaturisme.
L'inconvénient du terme social-bourgeoisie est qu'il semble renvoyer davantage à une classe sociale qu'à un système politique ou économique. Ou alors il faudrait dire "social-bourgeoisisme" mais ce n'est pas très joli.
Rédigé par : Bob Shar | jeudi 10 décembre 2009 à 00h33
clientelisme?
Rédigé par : daniel sachet | jeudi 10 décembre 2009 à 10h18
social-élitisme ?
Rédigé par : vincent | jeudi 10 décembre 2009 à 21h51
Le social intello-capitalisme
L'intello-capitalisme
Capitalisme corpo-intello
Le social intellectualisme
Rédigé par : al de bx | vendredi 11 décembre 2009 à 00h17
Bon alors,
Vincent quel choix?
AL'1
Rédigé par : al de bx | lundi 14 décembre 2009 à 21h00