La folie des grandeurs financée par les banques d'état en images (source CNN - lien à utiliser si la vidéo ci dessous s'affiche mal, j'ai l'impression que les codes "embed" des chaines TV sont de plus en plus capricieux avec les configurations un peu anciennes):
La ressemblance avec l'Espagne, et surtout Dubaï, est frappante.
Certains observateurs estiment que la mutation géographique chinoise de la campagne vers la ville change les données du problème, et qu'il y a une demande réelle pour de tels méga-projets. Je crains toutefois que ces observateurs ne confondent demande potentielle et demande solvable. L'exemple d'Ordos, la ville fantôme, qui reste aux trois quart vides parce que sans emplois de proximité, devrait leur faire changer d'avis. En tout cas, la vidéo CNN Ci dessus montre que le gouvernement chinois n'a pas retenu la leçon.
Combien de projets artificiels comme celui ci gonflent artificiellement le PIB chinois, dont tout le monde feint de s'extasier ? Dans quelle proportion ? De la réponse à cette question dépend la force de la chute de l'économie chinoise lorsque les investisseurs, faute d'avoir vendu ou loué leurs programmes, cesseront de rembourser leurs emprunts. Simple secousse dans un "trend" haussier, ou crise très dure ? Difficile de le prévoir vu de notre petite France.
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Quelques réflexions incidentes - Peut on créer des villes géantes de zéro à partir d'une vision unique ? rappelons que le "rapport Attali" commandé par Nicolas Sarkozy au début de son mandat préconisait la création d'une dizaine "d'eco-polis", et que les fantasmes autour du "grand Paris" relèvent de la même folie des grandeurs de bâtisseurs étatiques qui, tels les grands pharaons totalement coupés des réalités, rêvent d'un monde parfait conforme à la vision parfaitement mégalomaniaque qu'ils ont de leur propre grandeur.
Une ville n'est pas une construction intégralement planifiable. Les
interactions entre bassins d'emploi, habitat, et millions de couples
origine-destination possibles selon les besoins et envies des milliers
d'individus qui la composent sont tout simplement impossibles à prévoir
et à modéliser.
Certes, d'un point de vue strictement
pratique, l'intervention publique préventive ne peut être totalement
éliminée du développement urbain, pour un tas de raisons que je
développerai plus tard. Mais entre la privatisation totale, impraticable,
et l'hyper-planification, le balancier doit clairement revenir vers
plus d'initiative privée non subventionnée, synonyme de projets
multiples de taille petite et moyenne, dont l'harmonie réside dans la
nécessité pour chaque projet de tenir compte de ce qui a été fait, de
ce que prévoient les concurrents, et de ce que la clientèle demande.
Vouloir créer des villes nouvelles géantes ex nihilo par l'injonction et l'investissement public, fut-ce en partenariat avec le secteur privé, n'est pas un fantasme neuf des dirigeants politiques de par le monde entier. Mais je peine à identifier des exemples de réussite. Si un lecteur pouvait me détromper ?
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Lire également:
China struggles against bust - The Daily Bell -
"Yao Zhizhong and He Fan, economists with the Chinese Academy of Social Sciences, also are concerned about China's exploding trade surplus. The country's exports jumped 17.7 percent in December from a year earlier.
"The export rebound will add significant momentum to China's growth, contributing about 7.5 percentage points to growth in GDP," Yao and He wrote. The two government economists aren't the only ones concerned about a bubble in China. Legendary short seller James Chanos is betting on a collapse there.
"Bubbles are best identified by credit excesses, not valuation excesses," he said recently on CNBC. "And there's no bigger credit excess than in China." We pointed out that a Chinese growth rate of 10 percent or more PER QUARTER year in and year out was not a testament to vibrant management but to unbridled money printing.
Bulle sur les prêts en Chine - Philippe Béchade, La Chronique Agora
Point "rassurant": les autorités chinoises ont augmenté les taux de fonds propres obligatoires des banques à 14,5%, soit nettement plus que dans les banques occidentales avant la crise. Cela suffira-t-il à amortir le choc ?
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"Mais je peine à identifier des exemples de réussite."
Brasilia, la capitale du Brésil, a été construite par le gouvernement dans la fin des années 50. Il me semble pas que la ville soit devenue une catastrophe au niveau économique, mais il est vrai qu'elle a été surtout développé pour supporter l'administration brésilienne.
Rédigé par : floyd | mardi 26 janvier 2010 à 10h50
Ah, désolé, je n'avais pas encore cliquer sur le lien 'villes nouvelles géantes ex nihilo', qui parle justement de Brasilia
Rédigé par : floyd | mardi 26 janvier 2010 à 10h52
à une toute autre échelle 2 exemples: Tell el armana crée par Akhénaton en Egypte il y a 4000 ans abandonnée après la mort du pharaon et plus près de nous Versailles ( moi, j'aime bien Versailles et son coté petite ville de province aux portes de Paris)
Rédigé par : gilles | mardi 26 janvier 2010 à 11h34
Il y a pléthore de villes qui ont été créée par les pouvoirs public. D’une manière générale toutes les villes coloniales que ce soient celles des romains, des européens en Amérique, Afrique, Océanie… En Russie aussi dont Saint Petersbourg qui a coûté très cher. Et d’une manière générale tous les grands empires conquérants…
Mais c’est simple, si la ville est dans un endroit stratégique elle se développera. C’est souvent le cas car la ville est avant tout créée pour contrôler un territoire et donc on choisit le meilleur emplacement (Nouvelle Orléans, Kinshasa, Buenos Aires…).
Il y a quand même des villes créés dans des lieux sans intérêts stratégiques. Versailles en fait parti mais elle est quand même assez proche de Paris pour se maintenir. Fatehpur-Sikrî, capitale éphémère de l’Empire Mohogol en Inde, a été abandonnée car sans intérêt commercial ou stratégique (caprice de prince).
Les villes nouvelles autour de Paris sont toujours habitées mais en fait on devrait parler de quartiers nouveaux car elles sont toutes liées à Paris.
Là cette ville nouvelle chinoise comporte pas mal de tour « bas de gamme » et les logements chics sont bien moins nombreux. De plus on est dans une zone très peuplée et industrieuse. A mon avis ils trouveront des acheteurs même si ils sont obligé de casser les prix et de réduire les équipements de prestiges.
Dubaï c’est complètement différent. C’est un désert, il n’y a rien autour. Si le prix du pétrole devaient s’effondrer, si les tensions politiques, avec l’Iran, deviennent dangereuses, la ville pourraient devenir une ville fantôme.
Rédigé par : jb7756 | mardi 26 janvier 2010 à 12h52
@ JB: intéressante liste. J'avais complètement zappé Versailles et S.Petersbourg ! Toutefois, dans cette liste, quelles villes ont vu simplement leur noyau créé par action souveraine et le reste en développement plutot libre, et lesquelles ont été issues d'une planification très étendue ?
(on pourrait aussi citer la ville nouvelle qui a accueilli l'administration de malaisie à qqs km de kuala lumpur, dont j'ignore a peu près tout, même le nom).
Rédigé par : vincent | mardi 26 janvier 2010 à 19h39
D’une manière générale le pouvoir fait tracer les rues, souvent un plan en damier. Il place les monuments publiques (églises, forum, palais du gouverneur, mairie…), très souvent au centre. Dans le passé on construisait aussi des fortifications, maintenant ce serait plutôt une route périphérique. Il y a aussi toutes les infrastructures, ports, routes d’accès, adduction d’eau, électricité… Ces services publiques peuvent être plus ou moins affermé.
Ensuite ce sont des privés qui occupent les îlots en construisant des bâtiments suivant leur souhait et des règles urbanistiques (hauteur maximale, style architectural, zonage des activités polluantes…). En URSS le pouvoir faisait aussi construire les habitations ont juxtaposant des barres « HLM ».
Si on regarde Brasilia (Google Earth) le noyau de départ est très planifié y compris pour les habitations mais depuis de nouveaux quartiers se sont développés sans suivre le plan initial. Une ville ça vie et ça se transforme en permanence.
Rédigé par : jb7756 | mercredi 27 janvier 2010 à 11h25
J’ajouterai enfin que Paris a été presque entièrement reconstruite avec Haussmann sur ordre de Napoléon III. D’une ville médiévale sombre, mal desservie et réputée pour sa saleté on a fait une ville moderne qui a fait l’admiration du monde entier. Les immeubles Haussmannien devait suivre pour les façades sur rues un style stricte (hauteur standard, style néo classique, pierre calcaire, ardoise)
D’ailleurs pour la banlieue un plan Haussmann manque car le tissus urbain est vraiment mal fichu avec des routes étroites et peu cohérente issues des anciens villages.
Rédigé par : jb7756 | mercredi 27 janvier 2010 à 11h33
Une chose que je viens d'apprendre aujourd'hui,
Les sociétés chinoises comptabilisent les actifs immobiliers en fond propre y compris les banques....
Une bulle de l'immo a donc une influence encore plus grande sur les comptes que pour les sociétés en IFRS.
Surtout pour les banques qui peuvent réglementairement accorder beaucoup plus de crédit, je comprends mieux la croissance à 10%
Je vais essayer de chercher des liens en langue anglaise au moins sur le sujet
Rédigé par : vicken | jeudi 28 janvier 2010 à 16h44