Article initialement publié sur mon second blog désormais à l'abandon, "crise publique", en 2008, et rapatrié sur ob'lib' par souci de rationalisation.
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It
is said that power corrupts,
but actually it's more true that power
attracts the corruptible.
The sane are usually attracted by other
things than power.
David Brin
Il est un aspect que je n’évoque quasiment pas (ou alors en termes très
feutrés) dans mon livre, parce qu’il n’existe aucune statistique à ce
sujet, et qu’il est donc impossible d’étayer un discours sur des
données solides, c’est celui de la corruption et du dévoiement de la
vie politique qu'entraîne l'inflation législative en matière de droit
du sol (urbanisme) et de construction (permis de construire). C'est en
outre un sujet tellement délicat qu'il ne peut être traîté qu'avec un
luxe infini de précautions en matière de langage. Mais au delà d'un
certain point, rester silencieux, c'est admettre l'inadmissible. Un
récent article de "Libération" et quelques écrits officiels me donnent
l'opportunité d'aborder ce sujet délicat.
Libération : "Mais pour qui roulent les empêcheurs de construire" ?
Les projets des promoteurs immobiliers doivent satisfaire à une foule de codes et textes opposables : code de l'urbanisme, code de la construction, code de la voirie routière, code de l'environnement, code rural (en campagne), et j'en oublie. Par conséquent, quelqu'un qui veut faire stopper un projet peut trouver "la petite bête" qui au minimum retardera, voire fera capoter, un projet de construction.
Libération relate un procès dans lequel plusieurs intervenants expliquent que cette particularité réglementaire française est exploitée par des gens très malins pour créer des caisses noires en toute légalité, afin de permettre un financement occulte des partis politiques. extrait :
Le recours contre un permis de construire est devenu un sport national. Il n’est pas réservé aux riverains ou aux écologistes soucieux de préserver leur environnement. Il est aussi pratiqué par des professionnels de l’immobilier, experts en dénichage de la petite bête, monnayant le retrait de leur procédure devant le tribunal administratif contre indemnisation par le promoteur attaqué. Les uns et les autres savent parfois s’entendre : leur transaction amiable, non imposable et transitant par la caisse des avocats, est alors l’occasion d’exfiltrer des fonds en tout bien tout honneur.
(...)
(Pendant le procès) L’un deux, Alain-Marie Germain, affirme que tout était arrangé depuis l’origine, qu’il s’agirait d’une prime de départ déguisée de son employeur, nette d’impôt. Il va plus loin : «J’affirme que dans toutes les affaires immobilières de plus de 20 000 m2 il y a un faux contentieux pour aboutir à des dommages et intérêts permettant de sortir de l’argent qui sera versé sur des comptes permettant le financement de partis politiques.»
Gageons
que ceux qui commenteront cette triste affaire vont nous ressortir que
"bien sûr, il n'y a jamais d'enrichissement personnel" derrière ces
combines, qui semblent monnaie courante... L'argument totalement
risible, mais c'est un autre sujet. D'autres écrits officiels
commencent à lever le voile sur un phénomène qui semble prendre une
ampleur inquiétante.
Urbanisme et corruption : ce que dit le SCPC
Comme l’a dit Max Falque lors du colloque "logement" de l’institut Turgot, lorsqu’un nuage d’or inonde de sa pluie bienfaitrice certains terrains et pas d’autres, certains sont tentés d’influencer le sens du vent. Il est donc logique que des transactions occultes se concluent entre celui qui souhaite valoriser son terrain et celui qui a le pouvoir de transformer quelqu’un en millionnaire ou en clochard.
Les lois d’urbanisme françaises, dont j’ai déjà par ailleurs largement critiqué les défauts, ont pour principal effet de créer une distorsion majeure entre terrains totalement inconstructibles (et sans perspective de constructibilité prochaine) et les terrains qui le sont. Dans les zones à très forte pression foncière, la différence de valeur entre ces terrains peut atteindre un facteur supérieur à 1000 !
De même, sur un terrain constructible, un permis peut être refusé
pour de multiples raisons, ce qui peut donner lieu à des transactions
occultes particulièrement lucratives lorsque les programmes concernés
se chiffrent à plusieurs dizaines de logements.
De nombreux témoignages me sont parvenus, laissant supposer que, vu les différences de prix atteintes entre différents classements de terrains, les phénomènes de corruption liés à l’urbanisme prennent une ampleur inquiétante.
En 2006, deux avocats, Me Boitel (Nice) et Me Bouyssou (Toulouse), ainsi qu’un haut fonctionnaire du SCPC (Service Central de Prévention de la Corruption), ont présenté en séance plénière lors du colloque de l’ICREI (Aix en Provence) leurs expériences en matière de corruption et d’urbanisme. La plupart des exemples énoncés par le SCPC sont repris dans le rapport 2006 (PDF) de ce même organisme, dont voici quelques extraits (section "urbanisme" : pages 175 à 197) :
Lors de la délivrance de certains actes administratifs tels que les permis de construire, l’administration indique au demandeur quelles sont les prestations qu’il devra réaliser pour obtenir son autorisation ou son permis.
Ainsi, figurera par exemple sur ce document la réalisation d’un échangeur à niveaux séparés avec la voirie communale proche pour la construction d’un magasin de grande surface, la réalisation d’un certain nombre de places de stationnement non réservées aux habitants de l’immeuble pour l’obtention du permis de construire un immeuble à usage d’habitation.
Ces prestations sont en général nécessaires au fonctionnement de la réalisation projetée (cas de la grande surface) ou constituent une prestation susceptible de faciliter la vie des habitants du quartier (cas des places de parking). Il n’y a rien de répréhensible ni d’illégal dans cette demande formulée tout à fait officiellement. Le seul problème tient au fait que cette exigence doit être chiffrée avec précision et qu’elle n’est pas actualisable ou révisable.
Il est donc arrivé que le prix demandé pour la réalisation d’un échangeur à niveaux séparés desservant un centre commercial ait été largement sous-estimé par la collectivité. La commune qui avait pris en charge la maîtrise d’ouvrage de la réalisation de l’ouvrage se trouva donc à court de ressources financières après avoir effectué un peu plus de la moitié des travaux. Elle voulut demander un complément au responsable du centre commercial mais celui-ci saisit le tribunal administratif qui confirma l’impossibilité pour la commune de majorer le montant de la demande indiqué sur le permis de construire. Il fut donc nécessaire de trouver dans le budget communal la somme manquante.
Cette situation pose la question de la pertinence de l’estimation : l’erreur est-elle due à l’incompétence ou à une décision délibérée ? La commune n’ayant pas porté plainte par la suite, la Justice n’a pas eu à se saisir de cette affaire dans laquelle un « doute sérieux » peut subsister.
Autre exemple, "savoureux" si vous faites abstraction de votre situation de contribuable :
Le choix de la localisation des équipements publics futurs peut autoriser certaines « fantaisies », surtout s’il s’avère que l’équipement envisagé ne sera jamais réalisé pour diverses raisons.
Par délibération du conseil municipal, un « espace réservé » (pour l’extension du garage municipal) est inscrit sur le document d’urbanisme (PLU) de la commune, en face du garage existant. Quelque temps plus tard, un architecte, ami du directeur général des services, se présente et indique qu’il a un projet, en tout point conforme à la politique générale de la commune, qui pourrait être réalisé sur cet emplacement réservé. Bien entendu, il y ajoute une opération de construction immobilière. Le conseil municipal est convoqué, on lui présente le projet de l’architecte, il l’accepte.
Se pose alors la question de l’emplacement réservé car le projet ne correspond pas à la destination prévue pour cet emplacement réservé. On adopte donc une modification « mineure » du POS et l’espace réservé est transféré de l’autre côté de la rue. Il jouxte maintenant le garage municipal.
Quelque temps après, le conseil vote l’extension du garage municipal. Cette extension est réalisée sur l’emplacement réservé voisin : l’intérêt général de l’opération est évident. L’espace réservé est supprimé lors d’une autre « modification mineure » du PLU.
Un an plus tard, la municipalité et la politique de la commune changent : le garage municipal coûte beaucoup trop cher, on décide d’externaliser la prestation. C’est alors qu’intervient notre architecte, ami du directeur général des services, qui propose une « belle » opération immobilière sur ce vaste terrain. Le projet est adopté après un lobbying appuyé du directeur général des services.
Curieusement, sa fille pourra acquérir à un prix dérisoire le « logement témoin » entièrement équipé par le promoteur. Plus curieusement encore, le logement acquis par elle (au dernier étage avec vaste balcon) était visitable mais ne l’avait jamais été, toutes les visites s’effectuant dans un autre appartement situé au rez-de-chaussée qui, de ce fait, était, lui, sensiblement dégradé ce qui justifiait la diminution sensible de son prix de vente.
Oui, "curieusement", c'est le mot ! La gratification en "appartements témoins dégradés" est, semble-t-il, une technique souvent employée pour remercier une personne qui "a rendu un petit service"...
Le rapport du SCPC évoque également les risques de corruption de la
vie politique locale liée à ces lois: certains élus n'hésitent pas à
faire classer les terrains de leurs opposants politiques en zone
inconstructible. J'ai moi même connu en région parisienne un candidat
centriste d'opposition à un maire issu, disons, d'un parti
idéologiquement très peu respectueux du droit de propriété, victime de
ce genre d'agissements. Après quelques temps de procédures judiciaires,
le tribunal administratif du coin l'avait rétabli dans son bon droit,
mais ce n'avait pas été simple. Et le maire en question n'a visiblement
pas été condamné à titre personnel, donc les éventuelles pénalités ont
été assumées par le contribuable. Pourquoi se priver d'essayer dans ces
conditions ?
Plus subtil (et également mentionné par le rapport du SCPC): une
municipalité peut placer, à proximité d'un quartier "ennemi", un
"emplacement réservé" pour installer une aire d'accueil des gens du
voyage, ce qui a pour effet immédiat de faire chuter de 30% et plus la
valeur des biens environnants. Et bien sûr, les acheteurs qui se
présentent alors savent que l'emplacement en question sera supprimé
lors de la prochaine révision du PLU, la municipalité n'ayant jamais eu
réellement l'intention de créer cet équipement à cet endroit : par ici
les bonnes affaires !
Le rapport du SCPC note en outre que la charge de la preuve est très difficile à établir, et que rares sont les affaires qui entrainent des condamnations au pénal : les tricheurs tendent à nourrir un sentiment d’impunité dont on dira prudemment qu’il n’encourage pas le civisme.
Etendue du désastre
Lors du colloque d’Aix, j’ai posé au représentant de l’état "la" seule question qui compte : le phénomène décrit était-il anecdotique, endémique, ou "entre les deux" ? Après les précautions d’usage indiquant qu’il n’était pas mandaté pour jeter l’opprobre sur l’ensemble des élus et des fonctionnaires, il indiqua que selon les données du SCPC, "le phénomène n’était ni anecdotique ni endémique, mais que la minorité de municipalités "à problèmes" ne pouvait plus être considérée comme marginale, avec de très fortes disparités géographiques". Notamment, certaines régions de l'est où la tradition de rigueur est encore prégnante, sont moins enclines au phénomène. Les zones à dominante rurale, où l'enjeu foncier est moins fort, et où "tout le monde connaît tout le monde", rendant plus difficile la dissimulation d'enrichissements inexplicables, sont également beaucoup moins touchées.
C’est alors que Me Bouyssou et Me Boitel, qui n’ont pas le même
devoir de réserve, affirmèrent de but en blanc : dans le sud de la
France, oui, le phénomène est endémique. Et de raconter quelques
anecdotes… croustillantes (et totalement "anonymisées", bien sûr).
Plusieurs professionnels de l’immobilier dans l’assistance témoignèrent alors des tentatives "d’approche" dont ils avaient fait l’objet. Ceux qui témoignent affirment généralement ne pas travailler avec ces municipalités, quoiqu’il leur en coûte, et se recentrer sur les marchés où la municipalité est propre. Si c’est exact, c’est tout à leur honneur. Mais tous n’ont pas autant de scrupules, ou ne peuvent tout simplement pas se les permettre.
La corruption, facteur d'immobilisme législatif ?
Ainsi, à l’issue d’une des conférences que j’ai données dans le cadre de la présentation de mon livre, une personne d’une bonne soixantaine d’années vint me voir, en me soulignant combien j’étais encore en dessous de la réalité en matière de corruption liée à l’urbanisme. Cette personne venait de prendre sa retraite, après toute une carrière dans la promotion immobilière (du moins s'est il présenté ainsi), et il semblait heureux de vider enfin son sac. Je résume en substance son propos tenu autour d’un bon repas, avec toutes les précautions qu’imposent le reporting d’une conversation très polémique, non enregistrée, et vieille de plusieurs mois.
En plus de 25 ans dans la construction de programmes de logements neufs, principalement en collectif, dans la région parisienne, j'ai dû parfois "arroser" pour débloquer un programme. Attention, pas partout, c'est, disons, une "minorité importante" de communes où cela se passe comme cela. Et ce ne sont pas forcément les maires. En fait, les personnes qui "profitent" sont parfois à rechercher du côté de certains adjoints ou de "la bonne personne" influente au sein des services techniques, même si le conseil municipal est bien tenu.
De droite ou de gauche, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Certains marchent au sexe, d’autre aux honneurs, d’autres à l’argent, d’autre à un peu de tout à la fois… C'est indépendant de la couleur politique.Les textes opposables sont tellement nombreux que quel que soit le projet présenté à l’approbation de la commune, il est possible de trouver une règle mal suivie justifiant la suspension du projet.
Alors la question est la suivante : si j’ai une opération de 100 logements, pour un Chiffre d’Affaires prévisible de 30 Millions d’Euros, qui peut être retardée de deux ou trois ans si je ne paie pas, avec tous mes frais de structure qui tournent et l’argent qui ne rentre pas ; mais qu’au contraire je peux la débloquer en moins d’un an en versant 1 à 2% de la valeur du programme à celui qui le demande pour le débloquer, qu’est-ce que je fais ? J’ai un patron, qui a lui-même des actionnaires, qui ne peuvent pas se permettre de perdre de l’argent, alors que peut être mes concurrents, si j’ai des scrupules, pourront monter des opérations qui rentreront en compétition avec les miennes. Alors il est plus rentable de payer.
Et que l’on ne vienne pas me dire que je suis un pourri : si je ne paie pas, ce sont des dizaines de logements qui arriveront plus tard sur le marché, au détriment des familles qui cherchent à se loger, ce qui fera encore monter les prix. Sans parler des salariés de ma boite qui peuvent perdre leur boulot si l’argent rentre mal. La corruption, elle vient d’abord de ceux qui ont un pouvoir presque mortel sur notre activité en accordant ou refusant des autorisations…
Pour être exact, j'apporte ici un bémol: il y aussi des entrepreneurs malhonnêtes qui n'hésitent pas à menacer physiquement des élus ou des fonctionnaires qui s'obstinent à faire respecter honnêtement la loi. Il n'y a donc pas que des "bons" d'un côté et des "méchants" de l'autre. Mais terminons en avec la confession de notre constructeur:
Bien sûr, tout cela se paie : le bakchich, il faut bien l’intégrer dans les coûts. Mais il y a une telle pénurie de logements que même avec ça, les nouveaux programmes partent comme des petits pains. Bien sûr, les familles modestes sont exclues du marché, mais les responsables de cette situation, "plus ils en croquent, plus ils s’en moquent", quoiqu’ils en disent officiellement.
Ceux qui sont corrompus savent d’où vient leur bonne fortune. Ce seront ceux qui feront le plus de bruit, avec les meilleures raisons du monde, si vos propositions de libération foncière arrivent à intéresser nos politiciens. Environnement, architecture, paysage, "plan local de l’habitat"… tout sera bon pour discréditer votre idée.
Mais sans vouloir vous vexer, je ne crois pas que vos idées puissent franchir le cap du succès de curiosité. Trop de gens ont intérêt au système actuel, trop d’élus importants ont été d’abord des élus locaux qui ont participé à ce genre de combine. Vous reparlerez encore de la pénurie de foncier et de logements dans 10 ans.
Voilà qui ne peut guère rendre optimistes ceux qui veulent vraiment en finir avec la crise du logement et avec la multiplication des SDF qui se comptent maintenant en centaines de milliers. Mais vous comprendrez qu’il me renforce dans ma conviction que le choix de bâtir ou non sur un terrain doit être d'abord l’affaire du propriétaire, pas de l’élu local ou de ses employés.
Pour la première fois, un président de la république en exercice a évoqué dans un discours récent (Vendeuvre les Nancy, en décembre 2007) le problème de l'étranglement foncier comme un des points majeurs à résoudre pour en finir avec la crise du logement. Espérons que, contrairement aux prophéties énoncées plus haut, cette idée se traduira rapidement dans la loi (*), bien au delà du simple "succès de curiosité". Tant les familles modestes que l'éthique de notre vie démocratique ont tout à y gagner.
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(*) situation début 2010: eh non, toujours rien à l'horizon ! paroles, paroles, paroles...
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Tout a fait d'accord avec votre article, mais je mettrai tout de même un petit bémol: ok pour dimnuer le pouvoir des élus locaux sur le fait qu'un terrain soit constructible ou non (sorte de droit de vie ou de mort car cela peut multiplier ou diviser la valeur d'usage), mais par contre, les élus locaux ou nationaux devraient un peu plus faire respecter un code de l'urbanisme sèvere notament en ce qui concerne l'esthétique. Cela ne donnerait pas lieu a des bakchich parceque cela ne change pas trop la valeur d'usage, mais éviterait la prilifération anarchique de batiments laids. Et j'irai même plus loin: c'est a cause de la laideur que les gens se vautrent dans l'étatisme et donnent un blanc sein à des élus peu respectueux ni de la rigeur morale et ethique, ni du droit de propriété!
Rédigé par : Nam | jeudi 07 janvier 2010 à 19h35
@ Nam :
Je ne connais pas le détail de votre pensée, mais je pense que nous sommes globalement d'accord.
Pour ma part, je pense que l'architecture la plus laide est souvent d'origine publique. Mais le privé n'y échappe pas toujours non plus, certes.
Vous avez bien cerné le problème. Il y a deux aspects dans la réglementation de l'urbanisme:
1 - où on peut construire
2 - ce qu'on peut construire.
Pour le point 1, vous avez bien compris mon point de vue.
Pour le point 2, j'estime que d'une part, la réglementation doit être autant que faire se peut définie en commun par les propriétaires eux mêmes au sein d'un ensemble foncier cohérent (principe des neighborhood communitites, par exemple) et que d'autre part la liberté tend à favoriser le beau sur le laid (notions certes subjectives, mais bon...) car l'individu est libre de faire du beau et a intérêt à ne pas être seul à trouver son oeuvre belle s'il veut la vendre.
alors que dans un régime de pénurie, même des cochonneries trouvent preneur...
mais cela mériterait de bien plus amples développements.
Rédigé par : vincent | jeudi 07 janvier 2010 à 22h14
Je ne suis pas aussi optimiste pour dire que les cochonneries finissent par disparaitre d'elles memes. Mais c'est un problème assez compliqué car cela repose sur quelque chose de subjectif. Donc déja qu'on a du mal à mettre tout le monde d'accord avec des arguments raisonnés, difficile de le faire sur des points ethétiques!
Donc encore une fois ce sont les "élus du peuple" qui ont le dernier mot, à défaut de débat.
La nouvelle taxe (facultative) sur la pollution visuelle me semble intérressante pour rendre l'espace public plus pratique et esthétique: il ne s'agit pas d'enlever les pancartes qui indiquent la fonction d'un commerce ou d'un site ("boulangerie", "quincaillerie", "meubles") mais de réduire au maximum les indications anarchiques ou sans intéret et qui "perdent" les passants et les clients potentiels.
Je pense que certaines règles ne sont pas forcément ennemies de la création de richesse et du libre commerce: lorsqu'on a crée un système de titre de propriété ou d moyens de payment, il a bien fallu faire respecter qqes règles pour faire foctionner le système.
Personnellement, pour l'environnement urbain, j'ai tendance à aimer la régularité d'une perspective, comme les perpectives haussmaniennes ou les perspectives avec des immeubles modernes mais qui gardent le même principe de régularité (dans les hauteurs, la largeur des immeubles, une voie plantés d'arbres). Mais certains préféreront les chocs, les discontinuités et les grands gestes architecturaux... Mais de toute façon le débat n'est pas ouvert au public, c'est entre politiques et grands architectes à la mode.
Rédigé par : Nam | vendredi 08 janvier 2010 à 01h39
@ Nam et Vincent,
Vous reconnaissez volontiers que l'esthétique est un concept subjectif mais vous préférez laisser la collectivité décider de ce qui est beau et ce qui est laid.
Je pense que l'idée même d'une taxe de "pollution visuelle" est potentiellement extrêmement dangereuse et prolonge beaucoup d'effets néfaste des actuels PLU et anciens POS.
J'avance mes arguments:
A. Je prends l'exemple des bâtiments construits par Antti Lovag (souvent à l'esthétique dérangeante), qui ont été successivement considérés officiellement comme très laids et très beaux (classement monument historique).
J'arrête là les exemples d'architecte géniaux qui n'auraient jamais pu s'exprimer avec de telles contraintes legales (imaginez Gaudi vivant aujourd'hui).
B. Si nous avions appliquer le POS et/ou votre idée de taxe de pollution visuelle depuis que l'homme existe, nous habiterions tous dans des huttes en torchis. Le premier à utiliser une tuile aurait été brûlé vif sur la place publique...
C. Pourquoi limiter l'imagination des propriétaires pour trouver des solutions pour construire ?
Les bâtiments dits à "énergie positive" necessitent par exemple de grands pans de murs extérieur de couleur noire. Est-ce joli ?
Si je veux que ma maison ne me coûte pas un euro de chauffage, et que je sacrifie pour cela l'esthétique actuelle, qui (et au nom de quoi) peut m'empêcher de faire me choix ?
Au plaisir de poursuivre cette discussion intéressante ;o)
Seb
PS: tout cela me fait penser au livre et au film de Ayn Rand 'Fountainhead' dans lequel, un architecte refuse que ses plans soient adaptés pour satisfaire la demande de la société.
Rédigé par : Seb Fargis | vendredi 08 janvier 2010 à 12h21
Je m'aperçois que dans mon commentaire précédent, je sorts un peu du sujet de l'article...
Je voulais confirmer que j'ai vécu personnellement les effets de la corruption dans un petit village. Le POS a été redessiné en fonction des possessions du maire et de ses amis, seuls quelques terrains appartenant à des personnes hors de son cercle d'influence ont été déclarés non constructibles et apparaissent comme enclavés dans le centre du village.
Un ami fournisseur de matériaux m'a affirmé que les tarifs de corruption de certains dirigeants de mairie étaient connus de tous. Il m'avait parlé d'un directeur des travaux de la mairie qui prenait systématiquement un 17% sur la fourniture de marchandise. Les valises de billets échangées de main à main, c'est pas que du cinéma !
Rédigé par : Seb Fargis | vendredi 08 janvier 2010 à 12h34
Seb, c'est dans quelle région ? Je ne veux pas stigmatiser la région PACA, mais on sent bien que tout est moins réglo là-bas. Dans l'exercice de mon métier, que je ne peux citer dans ce blog, je vois bien que les installations situées dans le Sud-est sont moins tip-top que celles dans le reste de la France, au détriment des populations.
Rédigé par : Nam | vendredi 08 janvier 2010 à 15h11
Languedoc-Roussillon...
Rédigé par : Seb Fargis | vendredi 08 janvier 2010 à 16h04
@ Seb Fargis:
1) 17% !! Jacques médecin est enfoncé.
2) Lorsque je parle de règles, je parle avant tout de règles contractuelles définies par des associations de propriétaires. J'ai encore en mémoire les neighborhood communities à Bellevue, en face de Seattle. Là bas, dans un "lotissement", pas deux maisons identiques, et des maisons de low-middle class cotoient des maisons de multi millionnaires sans que ça gène quiconque. Et pourtant, malgré cette diversité, il y a une "unité" réellement charmante. Les arbres, peut être ? Ou la vue sur le mont Rainier ?
Mais les règles qui s'appliquent ont été contractuellement acceptées par tous ceux qui ont choisi de vivre dans cette communauté.
Bon, depuis une 20 aine d'années, cette image d'épinal est quelque peu cassée par les règlementations imposées par l'état de Washington...
Revenons chez nous. Nous ne vivons pas dans un monde parfait, l'urbanisme contractuel n'est pas pour demain, et donc si règle de type "démocratique" (donc sujette à tous les biais de type "public choice" possibles et imaginables) il doit y avoir, autant qu'elle soit dessinée de façon à limiter les dégâts: donnons le point 2 de mon premier commentaire comme os à ronger aux dirigistes qui sommeillent chez 50% de la population (et je suis gentil) et soyons fermes pour ne pas céder sur le point 1...
Rédigé par : vincent | vendredi 08 janvier 2010 à 22h46
Oui, cela serait déja un gros progrès! En espérant qu'une ou deux régions repasse à droite (sauf en PACA qui serait un mauvais exemple tellement la situation est pourrie).
Rédigé par : Nam | vendredi 08 janvier 2010 à 23h24
"En espérant qu'une ou deux régions repasse à droite"
Pourquoi?
La droite française est aussi anti-libérale que la gauche…
Rédigé par : Mateo | samedi 09 janvier 2010 à 11h43
Anti-libérale, certes, surtout à l'époque de chirac avec son "droit au logement opposable" et raffarin avec provinciallité mal placée, mais le couple Fillon-Sarko essaye d'infléchir les choses. Le discours est déja différent même s'il ne va pas assez loin. Au moins la chute semble stoppée, du moins dans le discours, ce qui est un premier pas. Ne pas oublier que malheuresement les régionales 2010 sont bien partie pour etre un raz-de-marrez à gauche, donc si au moins on peut faire le gros dos avec du sarko-fillon, c'est déja vital pour le liberalisme dans ce pays.
Rédigé par : Nam | samedi 09 janvier 2010 à 14h01
Je trouve au contraire que Sarko est pire que Chirac, encore plus anti-libéral (au moins Chirac ne faisait rien, alors que Sarko ils applique toutes les débilités qu'on lui souffle): plus paternaliste, plus dirigiste, plus constructiviste… Il en devient la caricature du "chef", de "l'homme providentiel" de la pensée conservatrice.
Et ce gouvernement est en train de battre le record du nombre de taxes créées, si ce n'est déjà fait.
Rédigé par : Mateo | samedi 09 janvier 2010 à 18h00
Oui mais bon, pas au niveau de Delanoe et des socialistes quand même...
Rédigé par : Nam | samedi 09 janvier 2010 à 18h46
"Oui mais bon, pas au niveau de Delanoe et des socialistes quand même..."
Je n'en suis même pas sûr pour Delanoë… Et je suis persuadé que des socialistes comme DSK ou Bockel sont moins anti-libéraux que Sarko.
Rédigé par : Mateo | samedi 09 janvier 2010 à 23h15
J'habite à Paris je peux te dire que Delanoe est le pire de tous parmi la clique de planificateurs tyrannique.
Par exemple, j'habite dans un quartiers du 15e ou c'éatit assez facile de se garer avant parcequ'il y a pas mal de copro des années 70 avec des niveaux de sous-sol en parking. Mais Delanoe a tellement supprimé de stationnement pour les handicapés (tjs vides d'ailleurs) et pour les 2 roues (vides également) que c'est devenue impossible de se garer, comme dans les quartiers avec aucun parkings.
Et puis quand même, avec Delanoe et Anne Hidalgo, on a jamais fait autant de HLM, des zones entières transformé d'un claquement de doigt socialiste en clichy-sous-bois. C'est un véritable massacre! Delanoe et Chirac ont massacré le bien vivre et la sécurité à Paris avec leurs HLM.
Rédigé par : Nam | dimanche 10 janvier 2010 à 15h04
Ce qu'il faut comprendre, ce que j'ai mis du temps a comprendre, c'est que les planificateurs les plus terribles se cachent derrient les apparences les plus bonhommes et les plus sympathiques au premier abord. Il ne faut pas se fier aux apparences...
Rédigé par : Nam | dimanche 10 janvier 2010 à 15h08
Vincent, je pense vraiment que la cause principale de l'anti-libéralisme en France est la confusion qui existe dans ce pays entre libéralisme économique et libéralisme des moeurs.
Alors que les deux ne vont pas de paire, et même s'opposent. Les gens qui sont libéraux de moeurs passent leur temps a se chercher des copines et sont de fait dans la seduction, ce qui prend tout leur temps et donc les empechent de s'occuper de leur famille, des leurs grands parents, leurs enfants etc. Aux USA, bcp de gens qui sont pour le liberalisme economique sont egalement très strictes sur la morale (au moins en apparence, ce qui est deja bcp) et donc non-liberaux au ses des moeurs.
Ce qui me fait arriver a cette these c'est l'echange plus haut. Pour les profanes, Delanoe est considéré comme libéral, mais en fait c'est tout l'inverse, c'est un horrible planificateur et donc pas du tout liberal au sens economique. Les gens de la rue le disent liberal parcequ'il est liberal au sens des moeurs.
Bref, la confusion fondamentale entre libéralisme économique et libéralisme des moeurs, deux concept qui n'ont rien a avoir, et même s'opposent, est tres certainement la raison pour laquelle en France, le terme ambigu de "liberalisme" a si mauvaise presse et reste si minoritaire...
Rédigé par : Nam | dimanche 10 janvier 2010 à 21h14
@ Nam: je vous trouve un tantinet trop tranché sur ce coup là.
On peut être "libéral" de moeurs sans être soi même "libertin", c'est à dire que l'on peut accepter qu'autrui fasse d'autres choix de vie que ceux de la majorité, sans soi même sauter sur tout ce qui bouge. On peut être très "libéral" au sein d'un couple sans être "partouzard échangiste zoophile"...
la "morale" libérale consiste à ne rien obtenir d'autrui par coercition et tromperie. Ceci dit, quelle est la part de tromperie dans tout acte de séduction ? très bon sujet pour le bac de philo !
la morale libérale impose juste le respect de ses engagements. Mais si dans un couple (un trio, un quatuor) l'engagement comporte des termes plutôt "libertins" acceptés réciproquement, cela n'a rien de problématique.
Quant à Delanoe, c'est surtout (1) un politicien (2) une girouette (3) un type avec des tendances autocratiques -
Quant à ce qu'il dit... J'en ai déjà parlé dans ce blog d'ailleurs (moteur de recherche). Son action à paris est effectivement tout sauf libérale. Mais ses déclarations "libérales" d'avant crise ont au moins permis de "détabou-iser" le mot "libéral". c'est toujours ça de pris !
Rédigé par : vincent | dimanche 10 janvier 2010 à 22h13
@ Nam
Oula, vous dérapez!
Le libéralisme c'est tout le contraire! La liberté ne se saucissonne pas, il n'y a pas d'un côté la liberté des moeurs et de l'autre la liberté économique. La liberté est une et indivisible.
Et c'est bien ça que les gens ne comprennent pas en France: ils pensent que libéralisme = libéralisme économique (dans le meilleur des cas). Pour la même raison, beaucoup croient que le libéralisme est "de droite"…
Puisque vous parlez des USA, ceux que vous décrivez ne sont pas des libéraux, mais des conservateurs favorables à la liberté économique. Les libéraux classiques là-bas sont appelés "libertarians" (car les libéraux se sont fait "volé" le terme "liberal", qui les personnes appartenant à l'aile gauche du parti démocrate) et ils sont assez minoritaires.
Le libéralisme est une philosophie du droit (basée sur les droits naturels), et la liberté économique, la liberté politique, la liberté des moeurs en sont des CONSÉQUENCES.
Allez, quelques liens pour découvrir le libéralisme:
- le libéralisme pour les débutants: http://www.dantou.fr/liberalisme.htm
- la définition du libéralisme selon Vincent Bénard ;) : http://www.objectifliberte.fr/2003/05/libralisme-dfin.html
- sur la bible du libéralisme en ligne, Wikibéral, bien que je trouve que cet article est loin d'être le meilleur: http://www.wikiberal.org/wiki/Libéralisme
Rédigé par : Mateo | dimanche 10 janvier 2010 à 23h42
Oui, pour ce que j'appel "libéralisme des moeurs", il faudrait peut-etre trouver un autre terme. J'entendais par là: tout ce qui s'oppose à la morale et tout ce qui s'oppose à la bourgeoisie. En général cela va de pair avec la recherche de la jouissance immédiate.
Par exemple, entrait dans ma définition "libéralisme des moeurs" les gens de jeudi noir qui squattent les appartement d'une vielle dame sans défense à la place des Vosges en bafouant le droit de propriété.
Rédigé par : Nam | lundi 11 janvier 2010 à 13h42
A mon avis c'est important pour etre bien compris par les auditeurs de l'excellente radio courtoisie par exemple.
Ceux-ci sont, en général, favorable au libéralisme économique (favorables au droit de propriété notamment), mais défavorable au "libéralisme des moeurs" représenté par notre homo-festivus Delanoe.
Rédigé par : Nam | lundi 11 janvier 2010 à 13h45
A titre personnel le libéralisme des moeurs ne me dérange pas plus que cela, mais il ne faudrait pas que cela galvaude le terme "libéral".
Rédigé par : Nam | lundi 11 janvier 2010 à 13h48
@ Nam
Je pense que vous faites référence aux libertaires, alors.
Les libéraux n'ont rien contre le libéralisme des mœurs. J'entends ici par "libéralisme des mœurs" le fait de faire ce que l'on veut de son corps tant que cet usage ne porte pas atteinte aux droits d'autrui. Et ce, même si cet usage va à l'encontre de la "morale" dominante.
Les libéraux rejoignent sur ce point certaines positions "gauchistes", comme la légalisation des drogues dites "douces", par exemple.
Rédigé par : Mateo | lundi 11 janvier 2010 à 14h15
Mais les libéraux sens économique, au sens de l'organisation de la société (sujet qui nous interresse ici) n'ont absolument rien contre la morale et la bourgeoisie, bien au contraire.
Une bonne gestion économique, que se soit sur le plan personnel ou concernant les affaires publiques respose sur certains principes moraux et la bourgeoisie est un objectif à atteindre.
Rédigé par : Nam | lundi 11 janvier 2010 à 15h18
Les libéraux ne veulent, par définition, imposer aucune morale. C'est une des (la?) différence(s) fondamentale(s) avec les constructivistes de droite et de gauche.
Pour les libéraux, la morale est une affaire purement individuelle, et l'état n'a pas à en privilégier (décourager) ou en imposer (interdire) une plutôt que l'autre.
Le référent est ici encore le respect des droits naturels.
Rédigé par : Mateo | lundi 11 janvier 2010 à 16h55
Bonjour a tous !!!
Nous ont galère pour avoir le droit de construire sur notre terrain
On a 2000 m² , on pensai pouvoir construire tranquille et bien non .
La mairie c fait une joie de nous mettre un emplacement réservé donc on a plus 2000 m² donc nous ne pouvons construire qu'avec le tout à l'égoût sauf que du fait que l'état a sucré la taxe professionnelle le budget est gelé donc pas de tout à l'égout .... Comment ne pas devenir fous !!!!
Rédigé par : C.L. | jeudi 01 avril 2010 à 16h34
Bienvenue dans le monde merveilleux du droit du sol à la française... Et le pire est que je ne vois pas la moindre perspective d'amélioration de la situation.
Bon courage à vous contre votre mairie. A noter: les avocats spécialisés en Droit des sols sont soit mauvais soit très chers ce qui n'arrange rien...
Rédigé par : vincent | jeudi 01 avril 2010 à 23h45